14/02/2010
Des vieux parlent (et c'est intéressant)
11:09 Publié dans carottages littéraires, polar | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : ungaretti, yoda, malet, surréalisme, italie, caza, pat caza, montherlant, hemingway, bukowski
11/02/2010
Jeudi
20:03 Publié dans où mon taux d'adrénaline augmente | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ange, marignac, mailer, machisme, angel, massive attack
08/02/2010
Une nouvelle critique de "ROCOCO TOKYOÏTE"
FANTAISIE NIPPONE
Mieux vaut ne pas chercher dans Rococo Tokyoïte une narration bien ordonnée et une description du Japon façon carte postale. Rien de cela dans ce court roman de Clément Bulle. C'est plutôt une sorte de conte cruel, où se croisent des personnages improbables animant une histoire à dormir debout, menée à 200 à l'heure. On y rencontre un ex-amateur français de concrétions métalliques enlevé dès son arrivée au Japon pour être transformé en espion modèle ; une courtisane friande de membres humains qu'elle s'autogreffe après avoir mis à mort ses victimes ; ou encore quelques Yakusas experts en torture. Tout ce petit monde évolue dans un Japon inhospitalier et gris. Un univers surprenant qui mérite d'être découvert. D'autant qu'il porté, emporté même, par l'écriture de Clément Bulle. Avec sa phrase soigneusement chamboulée, multipliant les jeux de mots, elle se met au diapason de cette ambiance étrange, comique et poétique.
Nicolas Blondeau
Article paru dans le numéro de février de "LIVRE & LIRE"
09:27 Publié dans a.4) EDITEUR | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : rococo tokyoïte, bulle, livre et lire, japon
01/02/2010
Trois "Mortelles randonnées" signées Pascal Garnier
On peut compter sur l’auteur de « Nul n’est à l’abri du succès » et des « Hauts du bas » pour appuyer là où cela fait mal. Et rire parfois. C’est à cela que l’on reconnaît une page de Garnier, à sa façon de nous placer devant cette alternative : doit-on en rire ou en pleurer ? Doit-on en rire ou en pleurer de ce Bernard Ferrand, 22 ans et deux doigts en moins ? Doit-on en rire ou en pleurer de ce Simon Marechall, tueur à gage vieillissant ? De cette ville thermale, théâtre de leur rencontre, « riche de six sources, la Constantine, la plus vertueuse dans les surcharges pondérales (…), la Précieuse pour les traitements hépatiques, la Dominique très utiles dans les anémies (…), la Désirée, utilisée pour ses vertus laxatives, la Rigolette, prescrite dans les colites, la Camuse à utiliser en cas de paresse digestive. »
Bertrand et Simon. Le vieux tueur à gage embauche le jeune homme comme chauffeur. S’en suit un road-movie provincial dont Garnier a le secret, sorte de Twin Peaks Chabrolien. Très vite, nos deux (anti) héros devront faire avec des passagères clandestines : une jeune mère abandonnée et son bébé. Au bout de la route, il y aura pour le toujours vert Simon Marechall la redécouverte des larmes, et pour le même pas trentenaire Bernard Ferrand la possibilité d’une nouvelle vie malgré un retour à Vals-les-Bains où « il y a toujours le casino, des promenades, le château de Cros, les coulées basaltiques et Jean Ferrat ».
Pascal Garnier ne déroge pas à sa propre règle. Son dernier roman est, comme les précédents, une histoire de « naufragés que le hasard aurait réuni sur une île déserte ».
F.Houdaer
« Comment va la douleur ? »
de Pascal Garnier
éditions Zulma
192p., 16€
ISBN 2 84304 377 8
Au commencement, il y a la fin de la guerre. « Été 44. (…) On pourrait croire qu’il ne s’est rien passé ». Les drapeaux « ne sont plus bleu, blanc, rouge mais plutôt mauve, beige et rose fané ». Tout l’art de Pascal Garnier est déjà là, qui dépasse de loin le sens du détail. Des hommes « avec leur fusil de chasse encore plein de paille et leur brassard FFI de la dernière heure » tondent un trio d’amies. Des femmes que Garnier fait se perdre de vue puis se retrouver quarante ans plus tard grâce ou à cause de quelques contretemps. Pas n’importe où : sur l’épicentre de leur humiliation, une bourgade du bord de Cher.
Pour Garnier, aujourd’hui se conjugue au passé simple, et les souvenirs de guerre qui ponctuent le récit au présent. Ce choix n’a rien de gratuit. Une fois ouverte sa « Parenthèse », il sait qu’il lui faudra bien la refermer, et il n’ignore pas que le réalisme de son récit se renforce à chaque coïncidence troublante (par exemple, tous les allemands croisés dans le roman, même à 40 ans de distance, s’appellent Manfred). Héritier de Maupassant et de Simenon, Garnier sait aussi bien croquer certains ruraux dans toute leur cruauté, que camper des personnages féminins riches d’une force proportionnelle à leurs meurtrissures.
« Trois vieilles chouettes sur une branche pourrie. (…) Au fond, toutes ces années passées n’avaient fait qu’une grande boucle pour les ramener à ces trois gamines qui formaient une espèce de bande dans la cour de la récréation. Sûr qu’on devient ce qu’on a été. »
Et quand les animaux se mettent à parler à un personnage qui s’enlise (au sens propre du terme), comment ne pas songer à l’univers sombre et bucolique de « La nuit du chasseur », où la faune la plus glauque offre une sorte de réconfort après que l’humanité ait démontré toute sa saloperie.
Une dernière précision, et d’importance. Le roman se conclut sur la phrase : « Je suis heureux ». Est-ce bon signe ? se demanderont les afficionados de Garnier.
F.Houdaer
Parenthèse
De Pascal Garnier
Editions Plon
184p., 16 euros
ISBN 2 259 19978 X
Il faut oser. Il faut oser commencer un roman par la phrase : « Moi aussi, je connais Agen ! ». Pascal Garnier le fait, sans se poser de question. Et son lecteur, en confiance, de le suivre. « On évoque Agen, distraitement, au cours d’un dîner en ville, sans se douter qu’en fait, on l’invoque, et là, c’est autre chose ! » est-il utilement rappelé à la page 143 mais à ce stade là de l’histoire, il est déjà trop tard pour ses personnages, trop tard pour faire marche arrière.
Cela a pourtant (trop ?) bien commencé. Par des retrouvailles père-fille. Certes, le père aime s’accouder à la rambarde d’un pont pour s’abîmer dans la contemplation d’une autoroute. Ou rêver sur le bout du monde même si « le bout du monde devait ressembler à certains petits coins de Bretagne. C’était un peu décevant. » Certes, la fille sort de l’hôpital psy. Tous deux partent, ensemble. Avant que de se perdre tout à fait. Et il existe mille et une façons de se perdre. Surtout dans un roman de Garnier.
Le lecteur a le temps de souffler, de s’arrêter sur des détails savoureux. Le courant d’une rivière « charrie des débris de polystyrène », l’intérieur d’une voiture se caractérise par « un mélange d’odeurs contradictoires, pin, lavande, eau de Javel et maroilles », on trouve un bar « où il fait chaud et jaune comme dans un œuf ». Autant de traces de l’humour si particulier de l’auteur (il y aura bien, un jour, une thèse universitaire sur ce sujet… que l’on pourra titrer « Il vaut mieux en rire qu’en pleurer »).
Le roman est une suite d’étapes dans des villes typiques de l’univers de Garnier. Une station-balnéaire en pleine saison morte, par exemple. L’occasion d’une page d’anthologie sur les cerf-volants, les liens qui relient les choses et les gens. « Un jour, il faudrait bien inventer le ciseau à couper les ficelles, toutes les ficelles, celles qui nous lient étroitement les uns aux autres et abolir du même coup la loi de la pesanteur ».
Autre morceau de bravoure : Garnier nous dépeint l’anatomie de quelques piliers de comptoir pour nous donner à voir un strip-tease digne de l’émission du même nom ainsi que d’une toile de James Ensor.
Mais le meilleur (et le pire) reste à venir. L’escapade familiale va progressivement tourner au road-movie criminel. « Le Grand Loin » s’apparente moins aux précédents « romans gris » de Garnier, qu’à un authentique roman noir. Garnier, plus qu’un grand auteur, est un grand « ôteur », et joue de l’ellipse pour tendre son récit… façon de jouer avec les nerfs de son lecteur. Jusqu’au moment où il ne peut laisser dans l’ombre plus longtemps l’atrocité de certains destins.
F.Houdaer
« Le Grand Loin »
de Pascal Garnier
Éditions Zulma
162 p.
ISBN 978 2 84304 498 4
05:45 Publié dans où je lis, polar | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : garnier, comment va la douleur, parenthèse, le grand loin, zulma, maupassant, simenon, ferrat
27/01/2010
Mai 68 (à Lyon) vu par Calaferte
« En 1968, je travaillais à la radio, je faisais des émissions littéraires et de la chronique. Je dois dire que j’ai été comme tout le monde : je n’ai rien compris. La première image fut une concentration de cars de police et de C.R.S. aux alentours de la préfecture de Lyon. Les premiers troubles commençaient à Paris. Personne n’avait véritablement cru au caractère émeutier de la chose. On a été les uns et les autres très longs à comprendre qu’il y avait –mais cela reste à éclaircir- un désir quelque part de renverser une vieille société incarnée par un vieil homme. Et il y a eu l’explosion. A ce moment-là, j’ai essayé de faire un effort de compréhension pour saisir ce que désirait cette jeunesse. J’ai même pensé à un moment donné que c’était un nouvel effort chrétien. Je me trompais complètement. Ensuite, nous sommes passés au degré de la fantaisie. L’art dans la rue, etc., tous ces discours de l’époque. J’ai replié mes ailerons et je me suis dit attendons que ça passe. Nous étions en pleine connerie. Effectivement, ça a passé. Mais l’explosion a été revigorante.
Ce fut la grève à la radio. Cela m’a permis d’écrire dans mon jardin Campagnes. Les choses se sont tues et le travail à la radio a recommencé comme auparavant. Un coup pour rien. »
Louis Calaferte, extrait de « Une vie, une déflagration / Entretiens avec Calaferte » de Patrick Amine
22:42 Publié dans carottages littéraires, LyonnÈseries | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : mai 68, lyon, calaferte, amine, police, c.r.s
26/01/2010
Tout ça...
22:10 Publié dans où sont rangées diverses notules incasables | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : atelier d'écriture, i married an artist, banquier, prison, hypnose, hypnotisme
14/01/2010
ECRIRE, LOIN DE FACEBOOK ET DE SES TENTATIONS...
10:22 Publié dans où sont rangées diverses notules incasables | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : facebook, écriture, écrire
12/01/2010
La course ?
" La beauté ne prend plus le temps de naître sous nos yeux, puisque l'accélération et le gâchis que l'on fait de tout nous empêchent de regarder autour de nous et surtout en nous. (...) Les cinéastes qui comptent sont ceux qui nous rappellent à l'ordre. Ils nous aident à voir plus clair et plus près. Ils nous enseignent la patience et la vigilance. Ils nous fortifient pour nous aider à ouvrir les yeux sur un monde qui doit de toute façon poursuivre sa trajectoire, même si la désillusion et la mort figurent parmi les étapes du voyage. "
12:52 Publié dans où je zieute des images qui bougent | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : blain, beauté, ordre, accélération, course, the host, voyage, mort, cinéma, cinéaste
10/01/2010
JEU DE MASSACRE
De son pistolet d’arçon, Robespierre vise quelques pipes de terre. Saint-Just le rejoint et la dispute peut commencer. Robespierre est noir, Saint-Just un blanc très maigre et portant la djellaba. Nous sommes à la veille du centenaire de la Révolution, et Rimbaud fait répéter à des proches un drôle de drame. Rimbaud ne décolère pas, et la pièce s’en ressent. Ne porte-t-il pas le bonnet phrygien ? Et où sommes-nous exactement ? Dans quel asile, quel repaire de voleurs ? De quelle scène est-il question ? À quel narrateur avons-nous affaire (« je suis le parfait cobaye, votre meilleur spectateur ») ?
S’en mêlent Fouché puis David en action, en peinture. « David, c’est Verlaine. Du verbe, rien que du verbe, et de la couardise à revendre. » Quelle histoire ! Il n’est que de découvrir celle de la genèse de ce texte que Gérard Guégan nous résume dans une brève préface. Dans un monde de faux-semblants, il se livre à un jeu où ne tombent pas que des masques.
Un texte souverainement libre, un de plus, publié aux jeunes éditions "A rebours".
06:20 Publié dans où je lis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : guégan, robespierre, rimbaud, fouché, saint-just, david, verlaine, éditions à rebours, rimbaud et saint-just font du théâtre, gérard guégan