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27/10/2025

"L'aventure..."

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J'écoutais, à moitié ravi, cette discussion qui m'ennuyait. Depuis que le chirurgien de marine fréquentait assidûment notre toit, l'aventure me harcelait comme une fille coquette un jeune niais de belle figure. Je reconstruisais notre hôte dans sa vie passée. Je l'imaginais à bord des grands vaisseaux célèbres et j'entendais sa voix, qui me dominait, prodiguer les encouragements d'usage aux matelots blessés. J'essayais toujours, quelques fois vainement, de le ramener vers ce passé haut en couleur. Il donnait parfois dans mon piège et s'émerveillait des images qu'il déroulait au coin du feu. Mais il concluait toujours comme mon père que l'aventure était une duperie, plus exactement une rêverie particulière, et que les professions qui paraissaient les mieux faites pour la retenir étaient les premières à la réduire à néant.
"L'aventure, disait-il, c'est un divertissement spirituel pour des commis de bureau ou des adolescents trop choyés par leurs parents."

22/10/2025

Le 22 octobre...

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Le 22 octobre 1984, Henri Michaux était incinéré au Père Lachaise. Du monde à la cérémonie (ce n'était pas l'enterrement de L-F.Céline), des amis, des peintres, des éditeurs... mais AUCUN ECRIVAIN présent sur les lieux (excepté son ami Cioran avec lequel il avait tant ri !).

 

17/10/2025

"Ton stylo..."

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- Ton stylo n'est pas trop gros pour écrire de la poésie ?
- "Gros" ?
- Ton 4 Couleurs, entre tes doigts, là...
- J'ai l'habitude de m'en servir.
- Tu as "l'habitude" d'écrire de la poésie ?
- C'est quelque chose... une sorte de rendez-vous régulier, disons.
- Avec qui ?
- Ca, je ne peux pas le prévoir. Ca toque à la porte, je l'ouvre en tirant, je vois ce qui vient à moi... J'ai lu un vieux roman de S-F dernièrement. L'histoire d'un gars dont la maison faisait office de... porte interstellaire. Comme un sas, une gare entre deux mondes. Bref, des E.T. multiples et variés débarquaient chez lui, ne faisaient que passer... Le gars ne pouvait jamais prévoir si c'était un martien ou une vénusienne - voire une bestiole d'une provenance plus lointaine encore - qui allait fouler son tapis.
- C'est censé me renseigner sur ta poésie, cette comparaison ?
- O.K. Tu préfères que je te parle d'indicible ?
- Oui. Et que tu changes de stylo.
 

13/10/2025

Remise à niveau (english) #195

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12/10/2025

"Les anges..."

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Les anges qui, de façon générale, ne s'intéressent pas aux statistiques, n'en savent pas moins qu'il y a trois pour cent des humains (certains supposent que c'est sept pour cent) qui agissent, et c'est à cause d'eux que se produisent dans le monde tous les meilleurs évènements (et les pires !). Le reste, la majorité des gens, vivent sans accomplir aucun acte.
C'est à cette espèce rare de ceux qui agissent qu'appartenait la petite Génia Reznikova, qui avait accompli son premier acte important à l'âge de sept ans en se coupant elle-même la natte que sa mère, une personne aux idées des plus traditionnelles, avait laissé consciencieusement pousser à sa fille pour son entrée à l'école. Et c'est justement la veille de son premier jour d'école, le 31 août, que la petite Génia de sept ans avait coupé à la racine sa natte déjà tout à fait convenable.
 
(trad. Sophie Benech)
 

06/10/2025

Cliffod D. Simak

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Les étoiles erraient seules dans l'espace, se disait Enoch. La distance à laquelle elles se trouvaient, ce qu'elles étaient, pourquoi elles existaient, il n'en savait rien. C'était un autre monde - non, il faisait erreur : de nombreux autres mondes. Il y avait là-bas des peuples, sans doute de maintes sortes, un par étoile, peut-être. Et l'un de ces individus assis dans sa cuisine attendait que la cafetière bouille, que les oeufs et le jambon finissent de frire.
- Mais pourquoi avait-il demandé. Pourquoi ?
- Parce que nous aimons voyager, avait répondu Ulysses. Il nous faut un relais ici. Nous voulons faire de votre maison une station, et de vous, son gardien."
 
Au carrefour des étoiles de Clifford D.Simak (nouvelle traduction signée Pierre-Paul Durastanti)
 

04/10/2025

Résurrection de ma chaîne Youtube

N'hésitez pas vous y abonner et à liker.
Dans les prochaines vidéos, j'évoquerai d'autres ouvrages que les miens (ce sera plus confortable pour moi).
 

02/10/2025

Recevoir la réponse négative d'un éditeur...

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... et penser à Ed Wood.
 

01/10/2025

"Il est arrivé devant ma porte une nuit..."

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Il est arrivé devant ma porte une nuit, mouillé, maigre, blessé et terrifié : un chat blanc, louche, sans queue. Je l’ai fait entrer, je lui ai donné à manger… et il est resté.
Il a fini par me faire confiance, jusqu’au jour où un ami a monté la rampe du garage… et l’a renversé.
J’ai emmené ce qu’il restait de lui chez le vétérinaire, qui m’a dit : « Il n’a pas beaucoup de chances… donne-lui ces comprimés… sa colonne est brisée ; elle l’était déjà avant, mais d’une manière ou d’une autre, elle s’était ressoudée. S’il survit, il ne marchera Jamais. Regardez ces radios : on lui a tiré dessus, là, voyez ? Les plombs sont encore là… Et autrefois, il avait une queue, mais quelqu’un la lui a coupée… »
Je suis rentré avec le chat. C’était un été brûlant, l’un des plus chauds depuis des décennies. Je l’ai installé sur le carrelage frais de la salle de bain. Je lui donnais de l’eau et ses médicaments, il ne mangeait pas, ne touchait même pas à l’eau. Alors je trempais mon doigt dedans pour lui humidifier la bouche.
Et je lui parlais. Je ne le quittais pas. Je passais des heures dans la salle de bain à lui parler doucement, à le toucher avec délicatesse. Il me regardait de ses yeux clairs, bleus et louches. Et les jours ont passé.
Un jour, il a bougé : il s’est traîné en avant avec ses pattes avant, les arrière ne répondaient pas. Il a réussi à atteindre la litière, à s’y hisser tant bien que mal. C’était comme si une trompette sonnait la victoire, dans la salle de bain et dans toute la ville.
Je me suis vu en lui. Moi aussi, j’en avais bavé — pas autant, mais assez quand même.
Et puis, un matin, il s’est levé. Il a tenu debout, est retombé, m’a regardé.
« Tu peux le faire », je lui ai dit.
Il a continué, tombait, se relevait, jusqu’à ce qu’enfin, il fasse quelques pas. Il titubait comme un ivrogne ; ses pattes arrière refusaient d’obéir, il retombait, se reposait… puis recommençait.
Tu connais la suite : aujourd’hui il va mieux que jamais — toujours louche, presque édenté, mais il a retrouvé sa grâce. Et ce regard… ce regard n’a jamais disparu.

Et parfois, on m’invite à des interviews. On veut m’entendre parler de la vie, de la littérature. Alors je suis un peu ivre, je prends dans mes bras mon chat louche, criblé de plombs, écrasé et sans queue, et je leur dis :

« Regardez, regardez ça ! »

Mais ils ne comprennent pas. Ils disent des trucs comme :

« Et vous dites que Céline vous a influencé ? »
« Non », je réponds. Et je soulève le chat :
« C’est ça qui m’influence. Ce genre de choses. Cela, lui ! »
Je le secoue doucement, je le tiens dans la lumière trouble et alcoolisée, il reste calme. Il sait.
C’est là que l’interview se termine. Et même si parfois je ressens une certaine fierté quand je vois les photos ensuite — moi, et lui, ensemble sur l’image… Lui aussi sait que tout cela est idiot. Mais que d’une manière ou d’une autre, ça aide. »
 
Charles Bukowski