30/08/2014
GARE DE L’EST
si j’en crois Fénelon
ma langue est un patrouillis de grec
de latin
d’allemand
sans oublier des restes de gaulois
ou de celte
comme bruyère
goéland
épervier
fauteuil
si j’en crois Laborit
je ne suis qu’un fuyard
si j’en crois Nietzsche
il ne faut pas faire confiance aux poètes
si j’en crois le tableau des départs de la S.N.C.F
j’ai raté mon train
si j’en crois ma peau
je vais aborder cette femme assise contre le distributeur de sucreries
F.Houdaer, extrait d'un recueil à paraître aux Carnets du Dessert de Lune
11:15 Publié dans a.2) MES TEXTES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gare, carnets du dessert de lune, nietzsche, laborit, fénelon, sncf
13/08/2014
Plus qu'un bon souvenir...
C'était il y a (déjà) cinq mois, mais le youtubage est tout frais (que le meilleur des hôtes, F-X Farine, soit ici encore remercié) :
Les blogs de Sophie G-Lucas et de Marlène Tissot figurent dans la colonne des liens, sur la gauche de mon blog.
00:34 Publié dans a.2) MES TEXTES, planches | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sophie g.lucas, marlène tissot, françois-xavier farine, lille
30/07/2014
Il y a des textes de circonstances...
... Il n’y a peut-être que cela…
Pendant une dizaine d’années, tout auteur Rhône-Alpin a pu postuler à une résidence d’auteur Montréalaise (comme il s’agissait d’un échange, un auteur Québécois se rendait à Lyon à chaque printemps, c’est comme cela que j’ai pu retrouver, entre autres, François Barcelo).
Après Patrick Laupin et avant Patrick Dubost, j’ai eu la chance de décrocher cette résidence lors de l’hiver 2002-2003. C’est peu dire qu’elle a été déterminante, puisque je l’ai obtenue en tant que « romancier » et j’en suis revenu, sinon « poète », en tout cas bien gagné par le virus de la poésie (c’est là-bas que j’ai écrit la plupart des textes de « ANGIOMES »).
Quand cet échange de résidence a été supprimé voilà quelques années, pour des raisons budgétaires et très soudainement (sans que les auteurs de Rhône-Alpes ne protestent), l’Arald a demandé aux anciens bénéficiaires du studio-avec-vue-imprenable-sur-le-Carré-Saint-Louis-et-Mont-Royal un texte évoquant leur parenthèse Montréalaise. Le mien, comme celui des autres, a été publié dans une plaquette aujourd’hui introuvable. Je le copie-colle aujourd’hui sur mon blog :
CONTE À REBOURS
Nature of request : Visit of Mr Jean-Pierre Houdaer, QS Supervisor, BSN / Mr A.Chauvel, Quality Director, Cordon Blue Int.
September 13, 1976
Mr Houdaer, QS supervisor of BSN in France will be visiting Brockport on September 13. He will be accompanied by Mr Alan Chauvel who will be acting as his interpreter. During Mr Houdaer’s visit, he would like to review the QA Department function, organization and procedures at the Brockport plant.
J’ai sept ans et tu pars au Canada-Québec (pas moyen de comprendre à l’époque s’il s’agit d’un seul et même pays, personne pour m’expliquer autour de moi). Tu pars visiter des usines, les chutes du Niagara. Le boulot avant tout. D’abord, les usines.
1976 : ce voyage organisé dans le cadre de l’office franco-québécois a pour but d’étudier les méthodes nord-américaines de contrôle et gestion de la qualité et de comparer celles-ci aux méthodes européennes.
Tu observes, interroges, griffonnes dans un petit carnet des lignes que je ne lirai que vingt-cinq ans plus tard :
Les normes de l’État Canadien imposent que l’ASSURANCE QUALITÉ du produit final ((les 10% du personnel) ne dépende pas de la production.
Est-ce pendant ton séjour à l’étranger que je décide de devenir écrivain ? Je n’en suis pas sûr. L’âge correspond pourtant. J’ai sept-huit ans et je me lasse de mettre en scène la crémation de Playmobil sur leur lit de Lego.
Tu as 33 ans quand tu atterris en Amérique du Nord. J’ai 33 ans aujourd’hui, et je pars dans un mois. Je me prépare. Je lis. Je relis dans tous les sens (Barcelo, Ducharme, Laferrière), je me marie et je tapisse les murs de la salle des fêtes de textes de québécois (Miron, Giguère, Duguay, Morency, Aquin), je punaise des poèmes jusque dans les toilettes, c’est presque trop, il y a de quoi en faire retourner plus d’un dans sa tombe… Et toi, que pouvait-on lire le jour de ton mariage ?
J’effectue une recherche sur Internet et me débrouille comme un plouc. Je tape « Québec », lance ma demande et obtiens 3 840 000 réponses. Ma fille vient m’embêter. Elle pose ses pieds sur les miens, je la saisis par les poignets et nous marchons ainsi dans l’appartement. Avec ce poids supplémentaire à soulever, mes chevilles souffrent. À cet instant, je dois peser aussi lourd que toi à mon âge, à la veille de partir.
L’opérateur de production est responsable de la qualité produite. Toutes ses fiches de travail sont vérifiées par le contrôle qualité. Il possède des fiches de contrôle statistique à remplir.
Tu notes pourcentages, températures et indices de toutes sortes. Tu remplis ton petit carnet de schémas que je ne parviens pas à lire. On dirait des croquis réalisés par un Ufologue sous acide.
PROFIL DES PARTICIPANTS :
12 responsables de départements qualité (ou chefs de service contrôle) dans les secteurs industriels suivants :
- industrie spatiale (CNES) et nucléaire (CEA)
- matériels électriques et électroniques
- matériels électromécaniques et mécaniques
- autres secteurs : fonderie – caoutchouc / plastique – verrerie / emballage
Tu entres dans cette dernière catégorie. Vous êtes douze. Un bon chiffre.. Le même que celui des apôtres dont maman ne cesse de me rabâcher les Actes, le même que celui des salopards dans ce film que l’on m’interdit de voir.
Moi, en tout cas, je pars seul. Pascal Garnier – plus d’une résidence d’auteur à son actif – m’a dit « Seul avec ta bite et ton couteau ». L’expression m’a plu.
Tu pars au Canada et en reviens riche de mille diapos. Tu retrouves tes enfants. Et après ? Les vois-tu seulement grandir ? Je suis déjà adolescent. Asphyxie, poche d’oxygène sous la banquise, asphyxie, poche d’oxygène, j’entends que l’on gratte la glace au-dessus de moi. C’est Réjean Ducharme qui s’active. Sortie du Déclin de l’empire américain et de Jésus de Montréal sur les écrans français. Et toi, tu es où pendant ce temps ?
Jour J moins 30 avant le début de ma résidence montréalaise. Je me prépare (je l’ai déjà écrit). Je me prépare à l’idée de te téléphoner. Te reste-t-il un adapteur-transformateur à me prêter avant mon départ ? Voilà, je sais quelle première question te poser, je sais par où commencer quand je t’auraiau bout du fil. Pour le reste…
08:38 Publié dans a.2) MES TEXTES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : québec, père, montréal, dubost, barcelo, laupin, niagara, résidence d'auteur
05/04/2014
EZRA POUND
mon livre n’a pas fait sonner les portiques de sécurité
avant que je n’embarque dans l’avion
il aurait dû
06:05 Publié dans a.2) MES TEXTES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pound, ezra pound, aéroport
03/04/2014
Poème de saison
QUAIS DU POLAR
ils ont mis le pognon
ils ont mis les auteurs
la signalétique
les stands
les piles de flyers
les piles de bouquins
les caisses des libraires
les agents de sécurité
ils ont mis
tous les moyens
pour faire un gros festival du genre
ils ont installé l’ensemble
au Palais de la Bourse
autrement appelé Palais du Commerce
un symbole tellement gros
que personne n’a tiqué
en ce temps de crise
une armée de bénévoles
s’échine sur le pont
comme quoi
le polar peut faire des miracles
les organisateurs de ce Barnum
sont de sacrés professionnels
11:21 Publié dans a.2) MES TEXTES | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : lyon, polar, palais du commerce, palais de la bourse, salon du livre, barnum
28/01/2014
Premières planches
" je déroule ma scène
un tapis Ikea 125 X 195 cm
je n’ai pas purifié l’emplacement
en l’inondant d’un mélange de bouse de vache
d’eau
et de boue
le metteur en scène ne m’a pas poussé jusque là
il ne se prend pas pour Peter Brook à ce point
quant à l’auteur
il parle d’un lieu neutre
de trois portes semblables
de personnages déjà en scène
à tricoter et à jouer aux cartes
c’est comme ça qu’Anouilh plante le décor
il rajoute aussi que le Prologue se détache
et s’avance
alors je me détache
et m’avance
pour déclamer mon monologue
trois pleines pages à dire
à articuler
pour annoncer le programme de la pièce
pour tuer tout suspense
le drame ne comporte pas le moindre épisode comique
Antigone s’appelle Antigone
et il va falloir qu’elle joue son rôle jusqu’au bout
les pestateurs doivent s’attendre
à plus d’une heure de pestacle
sans pouvoir respirer
personne ne sortira vivant
de la pièce
le public reste froid
face à mes annonces
est-ce bon signe ?
mon message est-il bien passé ?
au moins mes parents
ne se sont pas déplacés
des profs baillent dans la salle
quand j’évoque le titre princier d’un personnage
qui ne lui donne que le droit de mourir
je vais au bout
finis les présentations
sans oublier personne
présente même les types rougeauds
qui jouent aux cartes
les gardes
pas de mauvais bougres
même si tout à l’heure
ils vous empoigneront tranquillement les accusés
je retourne dans les coulisses
où une apprentie comédienne me lâche
on a cru que tu finirais jamais
mais pour le reste
t’étais bien
t’étais audible "
extrait de "NO PARKING NO BUSINESS" (à paraître en mars aux éditions Gros Textes)
17:48 Publié dans a.2) MES TEXTES, planches | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : jean anouilh, antigone, no parking no business
07/11/2013
TROP FORT LOUIS-FERDINAND
le plus bel hommage officiel
jamais rendu à un écrivain français
a été rendu un jour de 2011
le jour où un ministre de la culture
neveu de président de la république
a radié Céline
de la liste des célébrations nationales
apprenant la nouvelle grâce à mon autoradio
je me souviens avoir fêté cela
à la bière chaude
sur le parking d’un supermarché
mes enfants ne comprenaient pas ce qui m’arrivait
mais ils avaient l’air ravi pour moi
ce sont des gosses formidables
tels que n’en aura jamais le politique cité plus haut
14:51 Publié dans a.2) MES TEXTES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : céline, louis-ferdinand céline, frédéric mitterrand
31/08/2013
Jeudi 29 août
ces cons allaient nous entraîner
dans une nouvelle guerre
à la remorque d’une grande puissance
et ce jour-là
je n’en pouvais plus de cette bêtise
de cette servilité
aussi me trouvais-je à ma place
dans cette manif
où il n’était pas difficile
de se compter
nous étions si peu nombreux
que les flics avaient renoncé à nous surveiller
j’avais passé les heures précédentes
à battre le rappel parmi mes amis
surtout parmi les poètes
pas un n’avait répondu à mes messages
ne serait-ce que pour dire qu’il n’était pas disponible
ou pas d’accord avec ma lecture des évènements en cours
ils étaient sans doute très occupés
la proximité de la rentrée scolaire
des courses à faire
une compote à finir de mixer
ce genre de choses
11:21 Publié dans a.2) MES TEXTES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : syrie, guerre
23/08/2013
Séjour parisien
j’ai essayé de retrouver la librairie
l’adresse que je conservais
est aujourd’hui celle d’un vendeur de bouffe
kebab – tacos – pizza – falafel
il y en a pour tous les goûts
sauf pour les miens
avant je me serais rempli la panse
pour combler ma frustration
mais aujourd’hui
je m’assois sur le trottoir d’en face
et plisse des yeux
22:19 Publié dans a.2) MES TEXTES, mes clics sans mes claques | Lien permanent | Commentaires (2)