UA-136760349-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

11/09/2011

QUE FAISIEZ-VOUS LE 11 SEPTEMBRE 2001…

… QUAND VOUS AVEZ APPRIS L’INCROYABLE NOUVELLE ?

 

 

j’enfouissais dans le sol

 

très précisément sous le gazon du square

 

qui jouxte mon immeuble

 

la photo de mon éditeur

 

toute piquetée de trous d’aiguilles

 

elle était accompagnée

 

d’une statuette de terre

 

sur laquelle j’avais pissé une semaine durant

 

en récitant une litanie injurieuse

 

je commençais à couvrir de terre

 

la face de mon éditeur

 

quand mon portable a sonné

 

pour m’apprendre le sort des Twin Towers

 

 

si

 

dans les mois qui ont suivi

 

le responsable des attentats du 11/09

 

n’a pas été arrêté

 

mon éditeur lui

 

a connu les pires tracas

 

des huissiers ont débarqué dans ses locaux

 

posé des scellés sur ses ordinateurs

 

tandis que je rêvais à deux piles de livres

 

deux piles de livres assez grandes

 

pour briser ses pieds

 

en lui tombant dessus

 

 

moralité ?

 

ben laden court toujours

 

et vu l’importance de sa progéniture

 

le jour de la fête des pères

 

doit être un sacré bon moment à passer

 

pour lui

 

(Lyon, le 26 février 2009)

23/08/2011

MAKING-OFF

la fenêtre de mon bureau

donne sur un chantier tout frais

cela ne ressemble encore qu’à un vaste trou

j’ai compté cinq types différents d’engins

à s’être donnés rendez-vous en bas de chez moi

plusieurs équipes sont sur le coup

même si la plupart n’ont

pour le moment

fait que de se croiser

et prendre leurs marques

moi

le seul effort que je me suis demandé

est de prendre une photo par jour

de l’avancée des travaux

 

je n’ai pas tenu la promesse

que je m’étais faite

 

depuis

j’observe le boulot des gars

non sans une certaine aigreur

j’applaudis

à la pluie

qui vient contrarier la bonne marche du chantier

mais cela ne suffit pas

la place en bas de chez moi finira bien par être refaite à neuf

et ce jour-là

je n’aurai plus qu’à partir

 

extrait de "ENGEANCES" à paraître en janvier aux éditions La Passe du Vent

25/06/2011

OÙ JE DÉCOUVRE QUE JE NE SUIS PAS UN POÈTE FRANÇAIS

si j’en crois cet ami

 

je me fondrais parfaitement dans le paysage littéraire québécois

 

ou belge

 

c’est sûr

 

mais pas dans l’hexagonal

 

je semble ne pas m’en rendre compte

 

et surtout

 

surtout

 

mes poèmes sont incorrigiblement narratifs

 

mes références ?

 

pas assez

 

ou trop

 

Apollinaire

 

Cendrars

 

sûr qu’ils ne sont pas français quand on y regarde de plus près

 

et je n’évoque même pas Brautigan et les autres

 

je ne puis que donner raison à cet ami

 

qui ignore à quel point il met dans le mille

 

j’espère qu’il sera là

 

pour enregistrer mes dernières paroles

 

ce FUCK MALLARMÉ

 

que j’aimerais pouvoir lâcher

 

in extremis

 

 

F.Houdaer

16/06/2011

2009

cela s’est passé l’année

où j’ai commencé à porter des chemises à fleur

oh rien de trop voyant

nulle couleur criarde dans mes tenues

juste des motifs végétaux

des tulipes stylisées

pour qui savait voir

des arabesques de terre et de bronze

je voulais bien devenir un homme vert

à condition de garder une certaine classe

je connaissais encore le nom du président de la république

j’étais encore capable d’énumérer

ma date de naissance

mon code de carte bleue

je n’avais vu de tsunami

qu’au cinéma

 

F.Houdaer

12/06/2011

"QUELLE PLACE POUR L’AUTEUR ?"

Comme promis, l'article publié dans le numéro de juin de "LIVRE & LIRE", le journal de l'Arald:

 

"QUELLE PLACE POUR L’AUTEUR ?

Fichue bonne question, qui mérite une fichue bonne réponse. Plurielle.

L’auteur, je le vois…

a) jamais très loin d’une cafetière.

b) dans une boutique Corep. La scoliose penchée sur la photocopieuse (pas du tout comme une secrétaire lascive). La même position que quinze années plus tôt, lors qu’il reproduisait en x exemplaires son premier manuscrit.

c) dans une salle des profs (énième atelier d’écriture à animer dans un bahut), lieu emblématique, pas forcément glauque mais où la non-beauté atteint sa forme d’expression la plus achevée (des chaises aux classeurs). Où trône aussi une photocopieuse, celle-là même que l’auteur, selon toute logique, finira par épouser.

Quelle place pour l’auteur ? Pas n’importe où. Le lieu compte, le micro-climat joue en sa faveur ou en sa défaveur (on s’est beaucoup moqué de Nietzsche et de ses écrits météorologiques sur le sujet, on a eu tort).

Après, on peut bien parler d’épreuves nécessaires, histoire de voir ce qui résiste à l’inconfort. On peut…

On ne connait pas toujours la place de l’auteur, mais on sait où il habite. Les huissiers finissent toujours par le trouver.

Ce n’est pas le plus important.

Quant bien même aurait-on réussi à cartographier l’écriture et ses différents territoires, l’auteur ne risquerait pas d’y trouver sa place marquée d’un gros point rouge  « VOUS ÊTES ICI ».

Quelle place pour l’auteur ? Question risible ou à pleurer ? À creuser, en tout cas… à la faveur d’une dispute avec un ami intermittent au sujet du fameux « statut », d’une cuite avec un libraire au dos précocement fragilisé, d’une amende à régler auprès d’une bibliothécaire puisque « non, Monsieur, quand on emprunte un livre de la Pléïade, ce n’est pas pour le lire dans son bain et le faire tomber dans l’eau ».

La place de l’auteur, dans tout cela ? La mienne ? Au sein d’une chaîne, indiscutablement. Celle du livre, à l’intérieur de laquelle on ne sait parfois plus, de l’éditeur, du libraire ou de l’auteur, qui est le boulet de qui.

 

F.Houdaer "

 

09/06/2011

PAROLE D'HOMME

j’aimerais signer un traité

un jour

j’ignore quelle serait sa nature

mais ce traité

je le vois rédigé sur un papier de qualité

sur une feuille qui applaudirait au vent

alors qu’on me la tendrait avec le stylo

et le vent aiderait l’encre à sécher plus vite

nulle question de pacte

avec quelque force démoniaque que ce soit

mon rêve est celui d’un accord

trouvé entre hommes de bonne volonté

pour être honnête

plus je regarde mon film

avec toute l’attention qu’il requiert

et plus je doute de ma volonté de respecter ce traité

relisez le début de ce poème

où j’exprime le souhait de signer un traité

et non de le respecter

à présent

je suis sûr d’ordonner la destruction des villages

à présent

je me vois rire

et il y a beaucoup de fumées et de cris

qui montent de la plaine

et je ne suis ni Néron ni Custer

je suis juste un type travaillé par des songes récurrents

 

F.Houdaer, in "ANGIOMES" (éd. La passe du Vent)

02/05/2011

VIA TÉVÉ

au bout du fil

une amie m’apprend la mort de Pierre Siniac

comment l’on a retrouvé son corps

un mois après son décès

dans le H.L.M de province où il vivait

en reclus

au moins Céline disposait-il à Meudon

d’un bout de jardin et de quelques grilles

je branche la télé

pour trouver confirmation de cette triste nouvelle

partout

sur toutes les chaînes

il y a des héros

américains

qui prennent la fuite comme des innocents

injustement accusés

et tout autour d’eux

des déploiements de forces armées

pour les traquer

souvent

de la musique accompagne le mouvement général

toujours

la bavure est évitée de justesse

le happy-end sauvé

le héros innocenté

le méchant qui a violé un bus scolaire tout entier

haché menu

je ne vois pas pourquoi cela changerait

 

F.Houdaer, extrait de "ENGELURES"

27/07/2010

IN SITU

un ami auteur

organise un petit salon du livre

dans la petite ville

dont il est originaire

je le retrouve tout chose

il m'explique

que le bled est le berceau

de toute sa famille

le petit stade porte le nom de son grand-père

la petite caserne de pompier porte le nom de son père

mon ami prend une option

sur la petite bibliothèque

tout sauf l'école primaire

me précise-t-il

 

F.Houdaer

25/05/2010

WHAT'S UP, DOC ?

Et ? On signale la sortie d'un nouveau livre dans la collection dont je m'occupe. .

Et ? Après "ANGIOMES" et "ENGELURES", un extrait de "ENGEANCES" (mon prochain recueil, plus politique que les précédents) à lire ici.

Et ? S'arrêter là. Ne pas laisser sortir l'oiseau bleu.