09/11/2014
C’EST CELUI QUI DIT QUI
je demande peu de choses à mes frères
je leur demande beaucoup
je leur demande tout
mais pas ce qu’ils s’imaginent
de l’imagination de toute façon
ils en ont peu
et le peu qu’ils ont
ils ne savent s’en servir
que pour réduire leur monde
je demande peu de choses à mes frères
mais je connais le rôle infiniment précieux
infiniment terrible
qui est le leur
dans ma vie
une fois qu’ils l’ont rempli
sans même s’en être rendus compte
je n’ai plus qu’à aller courir dans mon quartier
de façon à dessiner de drôles de figures au milieu des immeubles
à tenter des trajectoires capables de changer la ville
le monde
et le fond de mon cœur
et ce qui le ronge trop facilement
Extrait de "FIRE NOTICE".
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En savoir plus ? Cette notule...
18:10 Publié dans a.2) MES TEXTES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fire notice
21/10/2014
POUR L’ANECDOTE
à quinze ans
grâce à mon premier job
formidablement pénible
je me suis offert les services
du seul prof digne de ce nom
que j’ai connu dans mon adolescence
une machine
un magnétoscope
je me suis passé
« Massacre à la tronçonneuse »
et
« Le journal d’un curé de campagne »
dans la même journée
aujourd’hui
j’écris de la poésie
09:15 Publié dans a.2) MES TEXTES | Lien permanent | Commentaires (0)
09/10/2014
ÉLOGE DU CAPITALISME
ÉLOGE DU CAPITALISME
(à Jérôme Leroy)
quand nos filles seront toutes des putes
quand elles vendront toutes leurs petites culottes sales
sur Internet
au plus offrant
cela fera toujours moins de lessive à faire
pour leurs parents
extrait d'un recueil à paraître aux Editions Les Carnets du Dessert de Lune
08:05 Publié dans a.2) MES TEXTES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jérôme leroy
10/09/2014
POURQUOI ELLE ?
je comptais beaucoup
sur le film que nous allions voir ensemble
pour la fragiliser
j’espérais ne faire qu’une bouchée d’elle
à la sortie du cinéma
la toile ?
on la disait commise par un disciple de Jodorowsky
et de Zulawski
on en parlait comme du film le plus dérangé
et le plus dérangeant
de toute l’histoire du septième art
las
quand nous avons retrouvé la lumière du jour
sur le trottoir
nous avons lu
chacun dans le regard de l’autre
l’ennui qui nous avait travaillé deux heures durant
et maintenant ?
elle attendait visiblement à ce que je fasse
quelque chose
pour sauver la situation
et l’après-midi
et nos vies
j’ai regardé son visage
bronzé comme il ne l’avait jamais été
cela ne me plaisait pas
je savais qu’elle n’avait pas gagné son hâle sur une plage
mais dans son jardin
elle se vantait de mener une vie parallèle de paysanne
mais s’il y avait bien une pensée que
pour rien au monde
je n’aurais avouée
c’était que j’étais prêt à m’encalminer à la campagne
pour la voir chaque jour
s’agenouiller dans la terre
même si l’aventure devait avoir un coût exorbitant
même si cela devait finir dans le sang
du sang nous venions d’en voir plein l’écran
aucun de nous n’en avait été effarouché
F.Houdaer, extrait d'un recueil à paraître aux Carnets du Dessert de Lune
15:32 Publié dans a.2) MES TEXTES | Lien permanent | Commentaires (0)
30/08/2014
GARE DE L’EST
si j’en crois Fénelon
ma langue est un patrouillis de grec
de latin
d’allemand
sans oublier des restes de gaulois
ou de celte
comme bruyère
goéland
épervier
fauteuil
si j’en crois Laborit
je ne suis qu’un fuyard
si j’en crois Nietzsche
il ne faut pas faire confiance aux poètes
si j’en crois le tableau des départs de la S.N.C.F
j’ai raté mon train
si j’en crois ma peau
je vais aborder cette femme assise contre le distributeur de sucreries
F.Houdaer, extrait d'un recueil à paraître aux Carnets du Dessert de Lune
11:15 Publié dans a.2) MES TEXTES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gare, carnets du dessert de lune, nietzsche, laborit, fénelon, sncf
13/08/2014
Plus qu'un bon souvenir...
C'était il y a (déjà) cinq mois, mais le youtubage est tout frais (que le meilleur des hôtes, F-X Farine, soit ici encore remercié) :
Les blogs de Sophie G-Lucas et de Marlène Tissot figurent dans la colonne des liens, sur la gauche de mon blog.
00:34 Publié dans a.2) MES TEXTES, planches | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sophie g.lucas, marlène tissot, françois-xavier farine, lille
30/07/2014
Il y a des textes de circonstances...
... Il n’y a peut-être que cela…
Pendant une dizaine d’années, tout auteur Rhône-Alpin a pu postuler à une résidence d’auteur Montréalaise (comme il s’agissait d’un échange, un auteur Québécois se rendait à Lyon à chaque printemps, c’est comme cela que j’ai pu retrouver, entre autres, François Barcelo).
Après Patrick Laupin et avant Patrick Dubost, j’ai eu la chance de décrocher cette résidence lors de l’hiver 2002-2003. C’est peu dire qu’elle a été déterminante, puisque je l’ai obtenue en tant que « romancier » et j’en suis revenu, sinon « poète », en tout cas bien gagné par le virus de la poésie (c’est là-bas que j’ai écrit la plupart des textes de « ANGIOMES »).
Quand cet échange de résidence a été supprimé voilà quelques années, pour des raisons budgétaires et très soudainement (sans que les auteurs de Rhône-Alpes ne protestent), l’Arald a demandé aux anciens bénéficiaires du studio-avec-vue-imprenable-sur-le-Carré-Saint-Louis-et-Mont-Royal un texte évoquant leur parenthèse Montréalaise. Le mien, comme celui des autres, a été publié dans une plaquette aujourd’hui introuvable. Je le copie-colle aujourd’hui sur mon blog :
CONTE À REBOURS
Nature of request : Visit of Mr Jean-Pierre Houdaer, QS Supervisor, BSN / Mr A.Chauvel, Quality Director, Cordon Blue Int.
September 13, 1976
Mr Houdaer, QS supervisor of BSN in France will be visiting Brockport on September 13. He will be accompanied by Mr Alan Chauvel who will be acting as his interpreter. During Mr Houdaer’s visit, he would like to review the QA Department function, organization and procedures at the Brockport plant.
J’ai sept ans et tu pars au Canada-Québec (pas moyen de comprendre à l’époque s’il s’agit d’un seul et même pays, personne pour m’expliquer autour de moi). Tu pars visiter des usines, les chutes du Niagara. Le boulot avant tout. D’abord, les usines.
1976 : ce voyage organisé dans le cadre de l’office franco-québécois a pour but d’étudier les méthodes nord-américaines de contrôle et gestion de la qualité et de comparer celles-ci aux méthodes européennes.
Tu observes, interroges, griffonnes dans un petit carnet des lignes que je ne lirai que vingt-cinq ans plus tard :
Les normes de l’État Canadien imposent que l’ASSURANCE QUALITÉ du produit final ((les 10% du personnel) ne dépende pas de la production.
Est-ce pendant ton séjour à l’étranger que je décide de devenir écrivain ? Je n’en suis pas sûr. L’âge correspond pourtant. J’ai sept-huit ans et je me lasse de mettre en scène la crémation de Playmobil sur leur lit de Lego.
Tu as 33 ans quand tu atterris en Amérique du Nord. J’ai 33 ans aujourd’hui, et je pars dans un mois. Je me prépare. Je lis. Je relis dans tous les sens (Barcelo, Ducharme, Laferrière), je me marie et je tapisse les murs de la salle des fêtes de textes de québécois (Miron, Giguère, Duguay, Morency, Aquin), je punaise des poèmes jusque dans les toilettes, c’est presque trop, il y a de quoi en faire retourner plus d’un dans sa tombe… Et toi, que pouvait-on lire le jour de ton mariage ?
J’effectue une recherche sur Internet et me débrouille comme un plouc. Je tape « Québec », lance ma demande et obtiens 3 840 000 réponses. Ma fille vient m’embêter. Elle pose ses pieds sur les miens, je la saisis par les poignets et nous marchons ainsi dans l’appartement. Avec ce poids supplémentaire à soulever, mes chevilles souffrent. À cet instant, je dois peser aussi lourd que toi à mon âge, à la veille de partir.
L’opérateur de production est responsable de la qualité produite. Toutes ses fiches de travail sont vérifiées par le contrôle qualité. Il possède des fiches de contrôle statistique à remplir.
Tu notes pourcentages, températures et indices de toutes sortes. Tu remplis ton petit carnet de schémas que je ne parviens pas à lire. On dirait des croquis réalisés par un Ufologue sous acide.
PROFIL DES PARTICIPANTS :
12 responsables de départements qualité (ou chefs de service contrôle) dans les secteurs industriels suivants :
- industrie spatiale (CNES) et nucléaire (CEA)
- matériels électriques et électroniques
- matériels électromécaniques et mécaniques
- autres secteurs : fonderie – caoutchouc / plastique – verrerie / emballage
Tu entres dans cette dernière catégorie. Vous êtes douze. Un bon chiffre.. Le même que celui des apôtres dont maman ne cesse de me rabâcher les Actes, le même que celui des salopards dans ce film que l’on m’interdit de voir.
Moi, en tout cas, je pars seul. Pascal Garnier – plus d’une résidence d’auteur à son actif – m’a dit « Seul avec ta bite et ton couteau ». L’expression m’a plu.
Tu pars au Canada et en reviens riche de mille diapos. Tu retrouves tes enfants. Et après ? Les vois-tu seulement grandir ? Je suis déjà adolescent. Asphyxie, poche d’oxygène sous la banquise, asphyxie, poche d’oxygène, j’entends que l’on gratte la glace au-dessus de moi. C’est Réjean Ducharme qui s’active. Sortie du Déclin de l’empire américain et de Jésus de Montréal sur les écrans français. Et toi, tu es où pendant ce temps ?
Jour J moins 30 avant le début de ma résidence montréalaise. Je me prépare (je l’ai déjà écrit). Je me prépare à l’idée de te téléphoner. Te reste-t-il un adapteur-transformateur à me prêter avant mon départ ? Voilà, je sais quelle première question te poser, je sais par où commencer quand je t’auraiau bout du fil. Pour le reste…
08:38 Publié dans a.2) MES TEXTES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : québec, père, montréal, dubost, barcelo, laupin, niagara, résidence d'auteur
05/04/2014
EZRA POUND
mon livre n’a pas fait sonner les portiques de sécurité
avant que je n’embarque dans l’avion
il aurait dû
06:05 Publié dans a.2) MES TEXTES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pound, ezra pound, aéroport
03/04/2014
Poème de saison
QUAIS DU POLAR
ils ont mis le pognon
ils ont mis les auteurs
la signalétique
les stands
les piles de flyers
les piles de bouquins
les caisses des libraires
les agents de sécurité
ils ont mis
tous les moyens
pour faire un gros festival du genre
ils ont installé l’ensemble
au Palais de la Bourse
autrement appelé Palais du Commerce
un symbole tellement gros
que personne n’a tiqué
en ce temps de crise
une armée de bénévoles
s’échine sur le pont
comme quoi
le polar peut faire des miracles
les organisateurs de ce Barnum
sont de sacrés professionnels
11:21 Publié dans a.2) MES TEXTES | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : lyon, polar, palais du commerce, palais de la bourse, salon du livre, barnum