30/08/2014
GARE DE L’EST
si j’en crois Fénelon
ma langue est un patrouillis de grec
de latin
d’allemand
sans oublier des restes de gaulois
ou de celte
comme bruyère
goéland
épervier
fauteuil
si j’en crois Laborit
je ne suis qu’un fuyard
si j’en crois Nietzsche
il ne faut pas faire confiance aux poètes
si j’en crois le tableau des départs de la S.N.C.F
j’ai raté mon train
si j’en crois ma peau
je vais aborder cette femme assise contre le distributeur de sucreries
F.Houdaer, extrait d'un recueil à paraître aux Carnets du Dessert de Lune
11:15 Publié dans a.2) MES TEXTES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gare, carnets du dessert de lune, nietzsche, laborit, fénelon, sncf
23/01/2005
Anouilh et Audiberti, champions du monde
Recopiées dans mon disque dur depuis belle lurette, ces phrases somptueuses signées Anouilh et Audiberti. Question: où les ai-je repêchées ? Ce n’est pas un jeu… Je l’ignore vraiment. Qui me rafraîchirait la mémoire ?
“ Je veux que tout redevienne difficile, qu’on paie tout soi-même, l’amour et la liberté, et que ça coûte cher. ”
Jean Anouilh
“ La rage de découvrir une droite et une gauche dans le strict domaine du style ne se recommande, certes, d’aucune science, d’aucune méthode. Il n’est pas interdit, néanmoins, de constater que l’aisance, la fluidité, disons “ aristocratique ” de la plupart des écrivains du XVIIIème siècle, reliées à la prose incolore et suprêmement aisée de Fénelon et de Mme de La Fayette , se prolongea jusqu’à nous dans un certain ton élégant, désinvolte, volontiers bâclé, où se restitue le langage parlé d’une bonne société altière et bien-disante. Cette formule rassemblerait à la fois Lamartine, Alfred de Musset, les gens qui écrivent leurs mémoires, tous ceux qui pratiquent un rythme moralement “ impair ” à la fois coulant et entrecoupé, talon rouge même si le signataire s’appelle Verlaine. A cette formule s’opposerait le martèlement laborieux, cordonnier, forgeron, “ prolétaire ” de certains, Michelet, Hugo, Péguy. Ceux-là, par une sorte de hantise matérielle et carrée de la phrase, quels que soient par ailleurs les souffles qui les portent, ceux-là suggèrent la C.G .T. Chateaubriand est à cheval sur eux et sur Talleyrand. Ces forgerons prosodiques engendrent Jaurès. Zola frappe à leur porte. Ils montrent sans cesse leurs bras, leur sueur. Ils ont, au moins, un prédécesseur, Bossuet. En effet Bossuet, comme Hugo, fait valoir le muscle. Il brandit le marteau. Mais Stendhal (…), comme Saint-Simon, tout en passant sa vie à écrire, donne l’impression qu’il n’en a pas le temps, requis par des rendez-vous, des bains à prendre, des pédicures, des archevêques. Leconte de Lisle, travaillant ses vers sous un étau, serait un écrivain de gauche. De droite, Jean Paulhan, pour autant qu’il feint de pondre du bout des doigts. De droite aussi Drieu La Rochelle , toujours à la limite de la faute d’orthographe, par dandysme subtil, par brillant laisser-aller. Mais cette division, je le répète, n’a quelque sens qu’en cuisine écrivassière pure. ”
Audiberti
22:05 Publié dans carottages littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : audiberti, anouilh, fénelon, madame de la fayette, musset, verlaine, michelet, hugo, peguy, stendhal, drieu la rochelle, zola, saint-simon