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29/05/2009

Musset on wire

« Figure-toi un danseur de corde, en brodequins d’argent, le balancier au poing, suspendu entre le ciel et la terre ; à droite et à gauche, de vieilles petites figures racornies, de maigres et pâles fantômes, des créanciers agiles, des parents et des courtisans, toute une légion de monstres, se suspendent à son manteau et le tiraillent de tous côtés pour lui faire perdre l’équilibre ; des phrases redondantes, de grands mots enchâssés cavalcadent autour de lui ; une nuée de prédictions sinistres l’aveuglent de ses ailes noires. Il continue sa course légère de l’Orient à l’Occident. S’il regarde en bas, la tête lui tourne ; s’il regarde en haut, le pied lui manque. Il va plus vite que le vent, et toutes les mains tendues autour de lui ne lui feront pas renverser une goutte de la coupe joyeuse qu’il porte à la sienne. Voilà ma vie, mon cher ami ; c’est ma fidèle image que tu vois. »

Alfred de Musset, « Les caprices de Marianne »

23/01/2005

Anouilh et Audiberti, champions du monde

Recopiées dans mon disque dur depuis belle lurette, ces phrases somptueuses signées Anouilh et Audiberti. Question: où les ai-je repêchées ? Ce n’est pas un jeu… Je l’ignore vraiment.  Qui me rafraîchirait la mémoire ?        

“ Je veux que tout redevienne difficile, qu’on paie tout soi-même, l’amour et la liberté, et que ça coûte cher. ” 

Jean Anouilh

               

“ La rage de découvrir une droite et une gauche dans le strict domaine du style ne se recommande, certes, d’aucune science, d’aucune méthode. Il n’est pas interdit, néanmoins, de constater que l’aisance, la fluidité, disons “ aristocratique ” de la plupart des écrivains du XVIIIème siècle, reliées à la prose incolore et suprêmement aisée de Fénelon et de Mme de La Fayette , se prolongea jusqu’à nous dans un certain ton élégant, désinvolte, volontiers bâclé, où se restitue le langage parlé d’une bonne société altière et bien-disante. Cette formule rassemblerait à la fois Lamartine, Alfred de Musset, les gens qui écrivent leurs mémoires, tous ceux qui pratiquent un rythme moralement “ impair ” à la fois coulant et entrecoupé, talon rouge même si le signataire s’appelle Verlaine. A cette formule s’opposerait le martèlement laborieux, cordonnier, forgeron, “ prolétaire ” de certains, Michelet, Hugo, Péguy. Ceux-là, par une sorte de hantise matérielle et carrée de la phrase, quels que soient par ailleurs les souffles qui les portent, ceux-là suggèrent la C.G .T. Chateaubriand est à cheval sur eux et sur Talleyrand. Ces forgerons prosodiques engendrent Jaurès. Zola frappe à leur porte. Ils montrent sans cesse leurs bras, leur sueur. Ils ont, au moins, un prédécesseur, Bossuet. En effet Bossuet, comme Hugo, fait valoir le muscle. Il brandit le marteau. Mais Stendhal (…), comme Saint-Simon, tout en passant sa vie à écrire, donne l’impression qu’il n’en a pas le temps, requis par des rendez-vous, des bains à prendre, des pédicures, des archevêques. Leconte de Lisle, travaillant ses vers sous un étau, serait un écrivain de gauche. De droite, Jean Paulhan, pour autant qu’il feint de pondre du bout des doigts. De droite aussi Drieu La Rochelle , toujours à la limite de la faute d’orthographe, par dandysme subtil, par brillant laisser-aller. Mais cette division, je le répète, n’a quelque sens qu’en cuisine écrivassière pure. ”

Audiberti

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