17/12/2019
"Les poètes que nous aimons sont des héros de roman noir"
Il y a trois ans, Jérôme Leroy et moi nous enfermions pendant trois jours dans un hôtel nantais (rien de sexuel), sur l’invitation de l'association "Fondu au noir" et la Maison de la Poésie… de Nantes. Nous avons commis ces LITANIES SANGLANTES ("Les poètes que nous aimons sont des héros de roman noir".). Les avons partagées sur scène. Avons été enregistrés (ce que j’ignorais, c’est Jean-Baptiste Cabaud qui vient de m’envoyer le lien de la vidéo).
Poésie & polar - Lecture à deux voix, de Jérôme Leroy et Frédérick Houdaer from Maison de la Poésie Nantes on Vimeo.
06:41 Publié dans a.2) MES TEXTES, C’est quoi, la poésie ? C’est ÇA, Ducon !, planches, polar | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jérôme leroy, fondu au noir, maison de la poésie de nantes, poésie et polar, guillevic, villon, pirotte, brautigan, calaferte, pasolini, verlaine, apollinaire, rimbaud
15/08/2017
Valéry # 2
L’histoire des Lettres est aussi l’histoire des moyens d’existence de ceux qui ont pratiqué l’art d’écrire « à travers les âges ». On y trouve toutes les solutions possibles du problème de vivre en dépit de l’esprit qu’on a : la flatterie, la louange des grands, des riches ou du peuple ; la mendicité ; l’escroquerie ; le vol à main armée ; l’exploitation des femmes ; l’extorsion de fonds sous menace ; l’exercice de professions quelconques, auxquelles on dérobe le temps de songer et d’écrire. (…)
En somme, Homère mendiait ; Virgile avec Horace flattaient ; Villon pillait ; l’Arétin savait bien des choses… Sous Louis XIV, on vise aux pensions. Que de parasites sous Louis XV ! Balzac s’épuise en faillites savantes. Lamartine quête. Verlaine vit d’expédients et d’aumônes.
Paul Valéry
06:03 Publié dans où je lis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : valery, paul valéry, homère, virgile, villon, balzac, lamartine, verlaine
28/05/2013
Une anthologie de gars qui ont fait pleurer leur mère
De François Villon, "tout aux tavernes et aux filles" et devant répondre d'un "homicide de chaude mêlée" à Jean Genet , d'Apollinaire (qui ne s'en remettra pas) à Verlaine, sans oublier Brasillach (Ô, mon Dieu !) & Maurrras (re-Ô, mon Dieu !), tout un panorama d'auteurs que ne font même plus semblant de lire les profs de français d'aujourd'hui.
Verlaine en prison ?
« Quand il ne trie pas de café, il lit la Bible, il traduit Shakespeare, donne des leçons de français à son gardien ; il rêve de théâtre, correspond avec Lepelletier qui, en France, édite les Romances sans paroles à 500 exemplaires dont il organise très soigneusement le service de presse en graduant les « hommages de l’auteur » et le « bien cordialement ». Aucun des destinataires ne lui répond. Pas un article ne fait mention du livre. Il est mort pour le Tout-Paris littéraire. »
Il sort de prison le 16 janvier 1875. Sur sa fiche de « comptabilité morale », on peut lire à la date de sa libération :
« Pratique religieuse, religieuse à la fin
Métier appris : néant
Aptitude au travail : néant
Caractère : faible
Moralité : assez bonne
Conduite : régulière
Amendement : probable »
13:00 Publié dans où je lis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poètes en prison, jean genet, brasillach, françois villon, charles d'orléans, verlaine, maurras
10/01/2010
JEU DE MASSACRE
De son pistolet d’arçon, Robespierre vise quelques pipes de terre. Saint-Just le rejoint et la dispute peut commencer. Robespierre est noir, Saint-Just un blanc très maigre et portant la djellaba. Nous sommes à la veille du centenaire de la Révolution, et Rimbaud fait répéter à des proches un drôle de drame. Rimbaud ne décolère pas, et la pièce s’en ressent. Ne porte-t-il pas le bonnet phrygien ? Et où sommes-nous exactement ? Dans quel asile, quel repaire de voleurs ? De quelle scène est-il question ? À quel narrateur avons-nous affaire (« je suis le parfait cobaye, votre meilleur spectateur ») ?
S’en mêlent Fouché puis David en action, en peinture. « David, c’est Verlaine. Du verbe, rien que du verbe, et de la couardise à revendre. » Quelle histoire ! Il n’est que de découvrir celle de la genèse de ce texte que Gérard Guégan nous résume dans une brève préface. Dans un monde de faux-semblants, il se livre à un jeu où ne tombent pas que des masques.
Un texte souverainement libre, un de plus, publié aux jeunes éditions "A rebours".
06:20 Publié dans où je lis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : guégan, robespierre, rimbaud, fouché, saint-just, david, verlaine, éditions à rebours, rimbaud et saint-just font du théâtre, gérard guégan
23/01/2005
Anouilh et Audiberti, champions du monde
Recopiées dans mon disque dur depuis belle lurette, ces phrases somptueuses signées Anouilh et Audiberti. Question: où les ai-je repêchées ? Ce n’est pas un jeu… Je l’ignore vraiment. Qui me rafraîchirait la mémoire ?
“ Je veux que tout redevienne difficile, qu’on paie tout soi-même, l’amour et la liberté, et que ça coûte cher. ”
Jean Anouilh
“ La rage de découvrir une droite et une gauche dans le strict domaine du style ne se recommande, certes, d’aucune science, d’aucune méthode. Il n’est pas interdit, néanmoins, de constater que l’aisance, la fluidité, disons “ aristocratique ” de la plupart des écrivains du XVIIIème siècle, reliées à la prose incolore et suprêmement aisée de Fénelon et de Mme de La Fayette , se prolongea jusqu’à nous dans un certain ton élégant, désinvolte, volontiers bâclé, où se restitue le langage parlé d’une bonne société altière et bien-disante. Cette formule rassemblerait à la fois Lamartine, Alfred de Musset, les gens qui écrivent leurs mémoires, tous ceux qui pratiquent un rythme moralement “ impair ” à la fois coulant et entrecoupé, talon rouge même si le signataire s’appelle Verlaine. A cette formule s’opposerait le martèlement laborieux, cordonnier, forgeron, “ prolétaire ” de certains, Michelet, Hugo, Péguy. Ceux-là, par une sorte de hantise matérielle et carrée de la phrase, quels que soient par ailleurs les souffles qui les portent, ceux-là suggèrent la C.G .T. Chateaubriand est à cheval sur eux et sur Talleyrand. Ces forgerons prosodiques engendrent Jaurès. Zola frappe à leur porte. Ils montrent sans cesse leurs bras, leur sueur. Ils ont, au moins, un prédécesseur, Bossuet. En effet Bossuet, comme Hugo, fait valoir le muscle. Il brandit le marteau. Mais Stendhal (…), comme Saint-Simon, tout en passant sa vie à écrire, donne l’impression qu’il n’en a pas le temps, requis par des rendez-vous, des bains à prendre, des pédicures, des archevêques. Leconte de Lisle, travaillant ses vers sous un étau, serait un écrivain de gauche. De droite, Jean Paulhan, pour autant qu’il feint de pondre du bout des doigts. De droite aussi Drieu La Rochelle , toujours à la limite de la faute d’orthographe, par dandysme subtil, par brillant laisser-aller. Mais cette division, je le répète, n’a quelque sens qu’en cuisine écrivassière pure. ”
Audiberti
22:05 Publié dans carottages littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : audiberti, anouilh, fénelon, madame de la fayette, musset, verlaine, michelet, hugo, peguy, stendhal, drieu la rochelle, zola, saint-simon