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01/12/2018

What's new, doc ? Cioran !

Jamais fait partie des Cioranophiles, ni des Cioranophobes. Pourtant, je me suis régalé à la lecture de ses "Entretiens". Au point d'éclater de rire (je ne me paye pas de mots) devant certaines de ces pages.

Pour ceux "qui ne verraient pas le rapport", je recopie les premières lignes du premier entretien:

 

François Bondy : Comment avez-vous eu cet appartement au sixième étage, d’où l’on a une vue magnifique sur les toits du quartier latin ?

Cioran : Grâce au snobisme littéraire. J’en avais assez depuis longtemps déjà de ma chambre d’hôtel de la rue Racine et j’avais demandé à une agente immobilière de me chercher quelque chose, mais elle ne m’avait rien montré. Je lui ai alors envoyé un livre que je venais de faire paraître, avec une dédicace. Deux jours plus tard, elle m’a conduit ici, où le loyer –croyez-le ou non- vaut à peu près cent francs, ce qui correspond à mes moyens d’existence. C’est comme cela avec les dédicaces d’auteurs. La séance de la signature chez Gallimard, chaque fois qu’un livre paraît, est une chose qui m’ennuyait et une fois j’ai négligé de signer la moitié de mon contingent de livres. Je n’ai jamais eu d’aussi mauvaises critiques. C’est un rite et une obligation. Même Beckett ne peut pas s’y soustraire. Joyce n’a jamais pu le comprendre. On lui avait dit qu’à Paris un critique attend toujours une lettre de remerciement de l’auteur quand il en a dit du bien. Et une fois il a consenti à envoyer à un critique qui avait publié une étude importante sur lui une carte de visite avec ses salutations. Mais l’autre a trouvé cela trop laconique et n’a plus jamais rien écrit sur Joyce.

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Dans un autre registre (et dans un autre entretien du livre), Cioran évoque de façon émouvante la figure d'un ami :

 

Esther Seligson : Quelle a été votre relation avec Michaux ?

Cioran : Je l’ai connu il y a plus de trente ans. Nous nous sommes très bien entendus, et nous avons toujours été amis. Nous parlions des heures au téléphone, et nous nous voyions tout le temps. L’âge en lui ne comptait pas, car il a toujours été vif, combatif, critique et drôle, curieusement épargné par la vie. Je me sentais plus vieux que lui. Il n’avait pas cette amertume qui nous vient avec les années, et je le surprenais souvent en flagrant délit d’optimisme. Il était très railleur et ironique. Il donnait l’impression d’être hors du monde, mais en fait, il était toujours au courant de tout, du cinéma, surtout. Sa vie a été une réussite, puisqu’il a fait exactement ce qu’il a voulu. Il a écrit, approfondi. Ce n’était pas un raté (la plupart d’entre nous le sommes dans une certaine mesure. Pour moi, la réussite est justement d’être un raté, encore que j’eusse pu mieux faire), et c’est pour cela que sa mort n’a rien de triste. (…) Je lui reprochais de s’affliger de la probable disparition de l’homme ; cet aspect naïf de la part d’un être aussi lucide et intelligent me surprenait.

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28/11/2018

Biscuits # 3

Vous pouvez questionner (ou éclairer) ces quelques pistes en commentaire !

 

26/10/2018

Lectures & relectures du moment (fin octobre 2018)

Cette semaine : du neuf, de l'occase + des bouquins & dvd glanés à la bibliothèque municipale, etc. D'une anthologie de poésie amérindienne contemporaine établie et traduite par Béatrice Machet à un essai inédit et récent sur Drieu... au mode d'emploi de ma bagnole récemment achetée.

L'ouvrage le plus important de cette tablée n'est pas décrit dans cette liste.

 

22/06/2018

Dobermann

La grande Gina, le regard fuyant, sachant plus trop quoi faire, enfila son velours, fute hivernal, qu’elle se collait quotidiennement sur la peau dès qu’elle mettait son rongeur en veilleuse. Décarrer en jupe fendue et balconnet dentelle, c’était pas son genre. Merci bien. Pour mettre les locataires de son immeuble, véritable village aux furtives médisances en émoi, c’était vraiment pas la peine. D’autant que, cette nuit, pour sa pomme, c’était la der des der. Son petit bouclard de fleurs, dont elle avait dissimulé l’existence à Aldo et consorts, voulant définitivement couper les ponts, elle l’avait bien à elle désormais, grâce à l’ultime complaisance d’un micheton haut placé dans le croum professionnel. Dorénavant, et pour un temps qu’elle espérait infini, elle vendrait plus aux clilles que des gerbes de roses, en nombre impair évidemment, et plus jamais des « feuilles de rose » qu’elle avait, dans le passé, accordées au bonus. (…) Terminarès !

dobermann,joël houssin,houssin

 

11/06/2018

LA réédition

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Au cas où certain-e-s n'auraient pas compris pourquoi j'ai dédié "ARMAGUéDON STRIP" à John Fante...

 

28/04/2018

"A Broken Hallelujah"

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" Nous sommes pendant l'été 1965, il est assis sur un lit et lit de nouveaux poèmes à voix haute à une amie. La porte de la chambre contiguë est entrouverte et, par l'entrebâillement, Cohen et son amie peuvent apercevoir un couple faire l'amour. Ils peuvent également les entendre. Amusé par le spectacle, Cohen commence à synchroniser sa lecture avec les soupirs et les gémissements du couple, et le résultat le comble d'aise.
- Je pense que je vais m'enregistrer en train de chanter mes poèmes, annonce-t-il à son amie.
Et elle de lui répondre :
- S'il te plaît, non. "

 

19/04/2018

"Fast-food" de Grégoire Damon

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- Ça ne te dérange pas de travailler pour le Grand Capital ?

- Pardon ?

- Tu as chanté « L’Internationale » trois fois en cuisine ce mois-ci. Voyons… Le 6, le 12 et le 21.

- Et alors ?

- Et alors, tu admettras que les paroles de cette petite chanson portent des valeurs légèrement différentes de celles de Meecoy Mickey Ltd.

- Bien sûr que non.

- Ah bon ?

- C’est international, quoi.

- …

- Meecoy aussi, c’est international.

- Tu joues sur les mots.

- Et toi, tu joues sur quoi ?

- Sur rien. Je cherche à te connaître.

- Greg. Equipier polyvalent à Meecoy Mickey France. Depuis trois ans. Je peux y retourner ?

Suma s’est renversé sur sa chaise.

- Je crois que tu n’as pas compris la finalité de ses entretiens. (…) Je ne suis pas là pour juger ton boulot, il y a les fiches compétences pour ça. Moi, je suis là pour m’assurer que chacun ici puisse s’épanouir dans un esprit d’efficacité pour instaurer une vraie collaboration entre les équipiers et la direction.

- On t’a fait apprendre tout ça par cœur ?

Suma a ouvert le questionnaire et l’a parcouru du doigt.

- A la question « Quelles sont à ton avis les principales qualités d’un équipier de restauration ? », tu as répondu « 1) Crever la dalle. 2) Savoir fermer sa gueule. 3) Aimer les brûlures. » C’est ça que tu appelles des réponses sérieuses ?

- Ce sont des réponses sérieuses.

(…)

- Pour ce qui est du boulot, je vois dans ton dossier que tu as démissionné deux fois. Tu ne te plais pas ici ?

- Je suis venu bosser ici parce que j’avais un loyer à payer, et je suis revenu parce que j’ai toujours un loyer à payer. Je joue le jeu. Quand les huiles de la direction régionale font leur audit annuel, je suis le règlement à la lettre. Toutes les procédures. Même les inutiles. Mais dès qu’elles ont le dos tourné, je me remets à bosser à ma façon, et jusqu’à preuve du contraire, c’est cette façon qui vous rapporte du pognon. Tous les anciens font comme moi. Jipé le sait. Les managers le savent. Ils ferment les yeux parce que c’est dans l’intérêt de tout le monde. Et oui, j’aime bien les brûlures. Ça réveille.

(…)

- Tu en as dans le crâne. Tu as des diplômes. Je t’ai vu travailler. Effectivement, tu n’es pas un branleur. Tu fais partie des anciens. Pourquoi tu n’as jamais gravi le moindre échelon. Tu n’es même pas formateur, alors que ça fait un bail que tu formes des nouveaux. Pourquoi ?

- Ça ne m’intéresse pas.

- Ça, je m’en doute. Mais alors, qu’est-ce que tu comptes faire ? C’est quoi, ton projet ?

- Rien. Vivre.

- Je ne suis pas sûr que ça corresponde à la politique de l’entreprise.

 

« FAST-FOOD » de Grégoire Damon,

éd. Buchet-Chastel (collection « Qui Vive)

Retour d'Italie...

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On pourra parler d'un "atterrissage un peu rude"... Enfin, l'essentiel n'est-il pas d'être correctement outillé ?

 

06/02/2018

Cartouches

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