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13/05/2021

Dirk Raspe # 2

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La vue de ces dessins provoqua un malaise. Louise aimait la poésie, les arts ; mais elle était de ces bonnes gens qui ne peuvent admettre un ouvrage que déjà assimilé par d’autres. Il faut que les autres le leur donnent, l’ayant déjà accepté. Pour eux, un artiste, c’est quelqu’un de déjà fait, qui leur vient d’un monde inconnu et révéré, ce ne peut être quelqu’un d’entre eux, quelqu’un qui naît. Ces dessins étaient très faibles, remplis d’une timidité pitoyable. Ils dirent que c’était faible. C’est cela qui aurait dû leur plaire, les rassurer. Après tout, il y avait peut-être dans ces dessins une pointe de vie, quelque chose d’insolite, d’inquiétant. Par exemple, cette prédilection pour les pauvres, cette obsession des pauvres. Etaient-ce les pauvres de Robert ? Celui-ci ne les reconnaissait pas. Il ne pouvait pas plus reconnaître la pauvreté surgissant dans l’art, que Louise ne pouvait reconnaître la vie surgissant dans l’art.
Ils avaient le droit, le devoir de les condamner. Il y a quelque chose de fort, de nécessaire, de sacré, dans cette méfiance des hommes devant l’apparition de l’art. Cette apparition n’est bien souvent qu’une vaine allusion, une prétention infirme. Et l’art, c’est une menace autant qu’un danger pour la vie. Ils étaient la vie. Devant ce danger, eux qui s’étaient tant démis de la vie, redevenaient la vie.

 

29/04/2021

Dirk Raspe # 1

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(…) ce ne fut pas Louise qui entra, mais Robert, le fils aîné. Il était en vacances pour quelques jours à la cure.
« Eh bien, papa, avez-vous fini ?
- Pas du tout, mon fils. »
Il disait cela d’un ton jovial, satisfait ; il était incroyablement au-delà de tout respect humain. 
 
Extrait du dernier roman (inachevé) de Pierre Drieu la Rochelle
 

08/03/2021

Biscuits

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26/02/2021

Rilke / Jaccottet

Il serait temps maintenant que les dieux
sortent des choses habitées...
Et qu'ils renversent chaque mur de ma maison.

Nouvelle face. Le vent seul
que ferait cette page en tournant, suffirait
à retourner comme une motte l'air :
champ nouveau pour le souffle. Vous, dieux ! 
souvenez-vous, qui dormez dans les choses,
qui vous levez gaiement, qui vous lavez le cou
et le visage aux sources que nous devinons,
qui ajoutez légèrement votre fraîcheur
à ce qui semble plein, au plein de notre vie : 
que ce soit encore une fois votre matin.
Nous répétons. Vous seuls êtes premiers.
Le monde en même temps que vous se lève ; aux cassures
de nos échecs brille un commencement. 

"Poèmes épars"

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08/01/2021

Parutions imminentes

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Le nouveau Jérôme Leroy. C'est pas rien. Et comme on a bien l'intention que cette année ne ressemble pas à la précédente...

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Que voulez-vous? Il n'est pas à la mode, et peu de cinéastes ont aussi peu cherché à plaire. De son vivant, il a été qualifié entre autres de féministe, de misogyne, d'atroce, de dégueulasse, de génie, de sublime. J'ai trouvé cela fascinant, quelqu'un qui dérange autant, cultissime pour les uns, inconnu pour les autres. On a besoin d'œuvres qui osent l'âpreté, le grincement, l'humour cruel. Qui nous font réfléchir. Et c'est pourquoi je trouve très important de (re)découvrir Ferreri.
Un homme amoureux de son porte-clé? Une femme à barbe veut fonder un foyer ? Un homme élever un petit singe? Que fait le dernier couple sur terre? Un homme qui veut calculer combien d'air peut entrer dans un ballon? Quatre amis veulent se suicider? Que faire en cas d'amour fou?
C'est le cinéma de Marco Ferreri, qui disait "Le cinéma ne sert à rien" - le titre que j'ai donné, par provocation est-il besoin de le rappeler, à mon livre qui sort aujourd'hui en librairies - on sait bien, surtout de nos jours, que sans le cinéma et l'art en général on ne vit pas assez.
La couverture est rose fluo, kinky pinky (on vous racontera, les débats furent houleux), et on y voit le sublime duo Deneuve-Mastroianni, dans LIZA, un film écrit par Marco Ferreri et Jean-Claude Carrière d'après le roman de l'immense Ennio Flaiano.
(PS/ Vous n'avez pas besoin d'avoir tout vu pour lire le livre, le point de départ est cette méconnaissance, justement!)
Gabriela Trujillo
 

 

 

31/12/2020

Pour clore l'année, de la poésie publiée chez un nouvel éditeur !

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(...)

Je remarque les plaques de glace brisées
comme des vitres par les pieds des joggers.
Sur la seule palissade du retour
quelqu’un a écrit une longue phrase de Tolstoï.
Je pense à sa mort doublement glacée.
Au maître, au serviteur perdus par la neige.
Une sentence comme un vin chaud.
(...)

Stéphane Bernard

L'un des deux premiers recueils publiés aux nouvelles éditions "Aux cailloux des chemins"

 

05/12/2020

Anouilheries #2

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Lady Hurf : - Prenez une décision !

Lord Edgard : - Je vais faire venir un détective en spécifiant que je le veux honnête.

- Jamais, entendez-vous ! S’il est honnête, il sentira mauvais et il courtisera mes femmes de chambre. Ce sera intenable. D’ailleurs, je ne sais pas pourquoi je vous dis tout cela. Je m’ennuie comme une vieille tapisserie.

- Oh ! chère amie…

- Je ne suis pas autre chose.

- Vous avez été si belle.

- Oui. Vers 1900. 

 

Anouilh, « Le bal des voleurs » (illustration : Eduard Thöny)

 

19:08 Publié dans où je lis | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : anouilh, thöny

30/11/2020

Anouilheries #1

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- On connaît toujours trop de gens. D’ailleurs, j’ai horreur des histoires de noyés. Votre pauvre oncle nageait comme une clé. Il s’est noyé sept fois. Je l’aurais giflé. 

Anouilh, « Le bal des voleurs » (illustration : Eduard Thöny)

 

09:10 Publié dans où je lis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : anouilh, thöny, noyade

26/11/2020

G.

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- T'es sur un truc, en ce moment ?
- On est même deux.
- Et ça donne quoi ?
- On appelle ça "une cordée".