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17/12/2024

"Demain les chiens"

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La question primordiale, bien sûr, consiste à demander si l’homme a existé. Pour l’heure, faute de preuve concluante, on s’accorde à répondre par la négative ; l’homme, tel que dépeint dans la légende, est une invention de la tradition populaire. 
 
Demain les chiens de Clifford D.Simak (nouvelle traduction de Pierre-Paul Durastanti)
 

08/12/2024

"Dès l'école primaire..."

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Dès l’école primaire, Alexandre rencontra des difficultés inquiétantes que Catilina, dans l’aveuglement de son amour de mère, attribuait à un excès de sensibilité, un caractère rêveur, voire à une forme peu orthodoxe de génie alors que leur cause réelle n’était que trop claire pour peu qu’on examinât objectivement la situation : le gosse était complètement con. 

 

05/12/2024

Parti ce jour

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Je ne suis pas prophète et je ne sais si le vroum-vroum deviendra ou non l’unique forme reconnue de la poésie. Sans aller jusqu’à cet état extrême, il me semble qu’il y a un risque (c’est pour moi un risque) de voir s’établir une domination écrasante de la dimension orale de la poésie, au détriment du livre et même de l’écran. Ce serait une amputation et une régression. Or il y a aujourd’hui en France, comme il y en a toujours eu, de la poésie ; de la très bonne poésie. Difficile ou pas ; qui parle de tout, de vous, de rien ; qui invente, qui renouvelle, qui surprend, qui enchante. On la trouve dans des livres, dans des revues, dans des enregistrements sonores, des vidéos. On la trouve dans les librairies (il y en a) qui n’ont pas renoncé à la présenter, la soutenir, la vendre. Lisez-la, copiez-la, apprenez-la, comme on le faisait autrefois.
Ce que je viens d’écrire est pour défendre le point de vue suivant : que la poésie a lieu dans une langue, se fait avec des mots ; sans mots pas de poésie ; qu’un poème doit être un objet artistique de langue à quatre dimensions, c’est-à-dire être composé à la fois pour une page, pour une voix, pour une oreille, et pour une vision intérieure. La poésie doit se lire et dire.
 
Jacques Roubaud
 

27/11/2024

"Nightmare Alley"

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L’unique roman* traduit en français de William Lindsay Gresham, deux fois adapté au cinéma**. Chacun de ses chapitres s’ouvre avec une lame du tarot, cela commence par Le Mat/Fou, et cela s’achève avec… Le Pendu.

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« Le langage le fascinait. Son oreille attrapait le rythme et il notait certaines tournures de phrases qu’il réutilisait ensuite dans son boniment. Il avait découvert la raison pour laquelle les vieux machinistes forains acceptaient de parler de cette manière traînante très particulière – c’était un ramassis de tous les dialectes des diverses régions de ce vaste pays. Un langage qui, aux oreilles des habitants du Sud, avait une résonnance méridionale, et occidentale aux oreilles des gens de l’Ouest. C’était le parler de la terre, et sa lenteur affichée servait à masquer l’agilité du cerveau qui lui donnait naissance. C’était une langue apaisante, illettrée, sortie de l’humus même. »

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Quand un charlatan (ex-forain) rencontre une psy redoutable et cherche à fomenter avec elle une escroquerie de haut-vol :
« La main de Lilith se glissa sous son bras et, d’une légère pression, guida Stan à travers l’avenue dans la direction de l’immeuble où elle habitait, où elle exerçait sa branche particulière de magie et gardait sous clé dans son fichier mille renseignements précieux. Là aussi où elle prescrivait aux gens ce qu’ils devaient faire le jour suivant lorsque leur prendrait l’envie de boire, de casser quelque chose, de se suicider à l’aide d’une dose excessive de somnifère, de trousser la femme de chambre, bref d’accomplir ce dont ils avaient si peur qu’ils étaient prêts à lui offrir vingt-cinq dollars de l’heure pour apprendre pourquoi il était bon qu’ils le fassent ou qu’ils continuent de le faire ou, au contraire, comment ils pourraient s’arrêter de le faire ou cesser de le désirer, ou cesser d’y penser ; ou bien alors qu’elle leur indique le moyen de manigancer autre chose qui soit presque aussi bon ou quelque chose de mauvais, mais qui les aide à se sentir mieux, ou tout simplement quelque chose qui les rende capable de faire quelque chose. »

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Un roman sidérant (freak show où Freud, Ouspensky et Houdini sont évoqués), une spirale descendante d’une noirceur et d’une profondeur dignes de Selby bien que publiés vingt-cinq ans avant Last exit to Brooklyn. Nick Toshes lui-même, dans la préface qu’il signe, parle de « lyrisme malfaisant ». Pour évoquer W.L.Gresham, il évoque un « lettré des caniveaux qui explore les étoiles en même temps qu’un lettré céleste qui explore les caniveaux ». Philippe Garnier, lui, traitera Gresham de « Tristan Corbière du Maryland » (tiens, tiens…).

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P.S. : allez lire la fiche Wikipédia de l’auteur et pincez-vous. Elle dépasse largement la courte bio au dos de la Série Noire : « Né en 1909 à Baltimore, William Lindsay Gresham a eu une vie marquée par la guerre, la maladie et l’alcoolisme. En quête d’apaisement spirituel, il s’est notamment tourné vers le marxisme, la psychanalyse, le tarot et le bouddhisme. Il est l’auteur de deux romans, Nightmare Alley et Limbo Tower, d’un court texte sur les Gitans, Le peuple du grand chariot, et de trois essais, dont un sur Houdini. Il s’est suicidé à New York en 1962. »
 
* : Le peuple du grand chariot a été récemment traduit en français grâce aux Editions Le passager clandestin.
** : Une première fois adapté au cinéma en 1947 (Le Charlatan avec Tyrone Power), la seconde fois avec le remake très dispensable de Del Toro. Les deux films édulcorent considérablement l’histoire originale.
 

03/11/2024

J.G. alias M.

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Giraud dessinait pour le plaisir dans son carnet de croquis ou sur un rond de bière, poursuit Patrice Leconte. Il dessinait comme d’autres chantonnent, tout en continuant à discuter, « oui, j’ai vu ce film, bof, pas terrible », c’était fou ! Giraud était un mutant, je ne vois pas d’autres explications. Quand il croquait un personnage, il commençait par sa botte gauche, puis il attaquait les ombres, la poussière, comme s’il était en train de repasser à l’encre un crayonné préexistant. J’avais l’impression qu’il projetait dans son cerveau le dessin terminé. Je n’avais jamais vu personne faire preuve d’une telle facilité. Il n’y avait ni rature ni repentir, et il lui arrivait de représenter l’ombre portée avant même d’attaquer le personnage.

 

02/10/2024

de Spens

de spens,willy de spens,hussard malgré lui,drôle de guerre

Une fois de plus, je n’avais pas de chance car elle venait trop tard pour moi, cette guerre, alors qu’enfin la vie m’adressait quelques sourires. Je me sentais fin prêt pour combattre et mourir, quelques années plus tôt, la guerre me semblait la dernière aventure possible dans la pauvreté de ma vie. Et puis voilà que la guerre survenait, alors qu’elle ne m’intéressait plus. Je la détestais fermement, au contraire, elle m’arrachait à tout ce que j’avais appris à aimer. 

 

31/08/2024

C'est fini ?

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04:33 Publié dans où je lis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vacances, lecture

23/08/2024

"diviser par quatre..."

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Les années passèrent, c’est-à-dire qu’il fallut diviser par quatre le nombre des saisons. De tout ce temps, aucun mort ne fut à déplorer, quoique régulièrement, à la fin d’une journée un peu plus silencieuse, on crut pouvoir penser qu’une période s’achevait, et elle s’achevait en effet : ainsi sommes-nous chassés lentement. 

Frédéric Berthet, Simple journée d’été

 

10/08/2024

Le Havre # 2

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A la question "Pourquoi Le Havre ?", ma meilleure réponse : "Pour respirer".

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Autrement ? Lire POULET (Robert) rue POULET (Edgar).

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Autrement (bis) ? Plusieurs jours que j’espionne les goélands… Je sais maintenant où George Miller a puisé l’inspiration pour sa saga Mad Max.
Mon film des vacances, c’est Mad Max filmé par Allain Bougrain-Dubourg.