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15/11/2023

"... comme Cadet Rousselle...

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Monsieur Jadis, comme Cadet Rousselle, avait trois maisons : l’une où ses enfants dormaient avec leur mère ; une autre où sa compagne dormait avec son mari ; la troisième où sa mère dormait avec son accordéon. Mais il en habitait, le plus souvent, une quatrième où tout le monde dormait avec tout le monde, car celle-ci, la seule où il disposât d’une clef, généralement pendue au tableau, était un hôtel sur le quai Voltaire où il lui arrivait de s’enfermer à double tour pour mieux poser sur les paysages de son enfance le regard d’un homme libre. 
 
Antoine Blondin, Monsieur Jadis 
 

07/11/2023

"Si je n’avais été aussi retardé en calcul..."

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Ma mère n’avait jamais été hostile à un joli visage d’enfant dessiné par la bagarre. A la lecture des cicatrices, elle distinguait toutefois ceux qui donnent les coups de ceux qui les reçoivent et trouvais que j’appartenais trop souvent à la seconde catégorie. Si je n’avais été aussi retardé en calcul, elle m’aurait certainement fait prendre des leçons de boxe. 
 
Antoine Blondin, Monsieur Jadis 
 

30/10/2023

"DES BLONDES POUR HOLLYWOOD"

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« La diriger [Marylin], c’était comme arracher des dents, mais quand vous en aviez fini avec elle, que vous étiez passé par les quarante ou cinquante prises, que vous aviez subi ses retards, vous vous retrouviez avec quelque chose d’unique. »
Billy Wilder
 
Marylin Monroe est morte seule, la nuit du 4 au 5 août 1962, dans sa villa de Brentwood, à l’âge de 36 ans. Quelques heures plus tard, dans les couloirs de la Columbia, on aurait entendu le producteur Harry Cohn hurler : « Trouvez-moi une autre blonde ! » En réalité, depuis des années, les studios n’avaient jamais cessé de chercher « une autre blonde ».
 
DES BLONDES POUR HOLLYWOOD / Marylin et ses doubles, d’Adrien Gombeaud
 

22/10/2023

"Le nez qui voque"

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J'ai lu, dans cet ouvrage sur le Nouveau-Québec, que Port-Burwell, où Ivugivic est née, a été traduit en français par le ministère toponymique. Ivugivic n'est plus née à Port-Burwell. J'ai hâte de voir le visage qu'elle fera quand je lui dirai qu'elle est née à HAVRE-TURQUETIL. Brillamment traduit. Ministère toponymique, brillamment traduit !
(…) Comment ce continent peut-il être français si pour être français, il faut parler français et qu'un continent ne parle pas, n'a pas de bouche ? Ce continent a une bouche, une gueule, une gueule molle de vieux loup soûl : le Saint-Laurent. Et cette gueule parle français. Hostie de comique !

Réjean Ducharme

 

01/09/2023

"Un endroit nommé la vie"

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Des années avaient passé. J’avais séjourné dans des villes grandes et savantes où on m’avait enseigné des sciences et donné des aperçus prudents sur les philosophies.
En ces endroits fiers de leur savoir, on n’avait guère entendu parler de la Maison Etincelante. Le peu que je recueillis sur elle de la bouche des conférenciers, ou que je lus dans les profondes bibliothèques, la présentait comme un banal mythe folklorique, une création d’esprits arriérés et superstitieux.
(…)
Etait-ce l’effet de mes longues contemplations devant [la maison étincelante] ? Je me sentais comme dans mon enfance au contact des miens, d’une autre sorte. Je me refusais à donner à « je » et à « moi » le sens qu’ils ont couramment. Trop de houles m’avaient traversé, et sans cesse m’avaient fait et défait, et j’y avais prêté trop d’attention pour que je me crusse « distinct ». Je ne me sentais ni unique ni à tout jamais irremplaçable. J’avais éprouvé comme tout autre la peur, la colère, la joie et la peine. En revanche, la vanité, le sentiment d’une supériorité due à mon seul « moi », le mépris m’était aussi étrangers qu’ils doivent l’être à un caillou. Mes séjours dans les villes studieuses m’avaient enrichi de connaissances, préceptes, recettes et techniques sans me rendre différent. « Je » me semblait un leurre, une illusion – au demeurant très explicable. 
 
Roger Blondel, Un endroit nommé la vie 
 

22/08/2023

Brûle-livre

- D’ici à ce que je n’aille pas travailler aujourd’hui, ni demain, que je ne remette plus jamais les pieds à la caserne, il n’y a qu’un pas.

- Mais tu vas quand même aller travailler ce soir, non ?

- Je n’ai rien décidé. Pour l’instant, j’ai une terrible envie de tout casser, de tout foutre en l’air.

- Prends la coccinelle.

- Non merci.

- Les clefs sont sur la table de nuit. J’apprécie toujours de rouler à toute allure quand je me sens comme ça. Tu pousses à cent cinquante et ça va beaucoup mieux. Des fois, je conduis toute la nuit et je reviens sans que tu t’en aperçoives. En pleine campagne, c’est l’éclate. On écrase des lapins, parfois des chiens. Prends la coccinelle.

- Non, je n’en ai pas envie, pas cette fois. Je veux me concentrer sur ce drôle de truc. Bon sang, ça me travaille. Je ne sais pas ce que c’est. Je suis horriblement malheureux, je suis dans une rogne folle et je ne sais pas pourquoi, mais on dirait que je prends du poids. Je me sens lourd. Comme si j’avais mis un tas de choses en réserve sans savoir quoi. Pour un peu, je me mettrais à lire des bouquins.

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Qu’est-ce que le feu a de si beau ? Qu’est-ce qui nous attire en lui quel que soit notre âge ? C’est le mouvement perpétuel, ce que l’homme a toujours voulu inventer sans y parvenir. Ou quelque chose d’approchant. Si on le laisse brûler, c’est pour la vie. Qu’est-ce que le feu ? Un mystère. Les savants nous servent un charabia où il est question de friction et de molécules. Mais ils ne savent pas vraiment ce qu’il en est. Sa vraie beauté réside dans le fait qu’il détruit la responsabilité et les conséquences.

Ray Bradbury, né un 22 août

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08/07/2023

Livre le plus éclairant lu depuis la fin de la pandémie

 

Au plus fort de la guerre, l’attention des puissances belligérantes fut attirée par le problème de l’heure d’été, lequel, semblait-il, n’avait pas été envisagé dans toute son ampleur...
 

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Ce recueil si fameux de Marcel Aymé est tout simplement l’une de mes (re)lectures les plus éclairantes depuis la fin de la pandémie. Il n’y est question que de décrets absurdes régentant la vie des gens, de normalités zarbis et toxiques et… acceptées par tous. A croire que Marcel Aymé a inspiré certains épisodes de Black Mirror ou Time out (ce film de S-F où le temps devient littéralement de l’argent ainsi que le propose Marcel dans l’une de ses nouvelles).
Quant à l’écriture…
Et comme si cela ne suffisait pas, Marcel n’hésite pas à convoquer ses potes (Céline, Gen Paul, etc.) comme personnages secondaires de ces histoires, pour mieux nous faire croire à ses cauchemars… et nous annoncer la couleur. Sans le ton sentencieux du prophète. Affaire de style.
 
 

30/05/2023

Garcia Marquez

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Vous qui connaissez le laisser-aller de ces royaumes, vous savez bien que nul n'obéit aux lois plus de trois jours. 

 

17/05/2023

"Il y allait..."

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Parfois, on lui parlait d'une région où on ne lapidait pas les nymphes.
Il y allait, il en revenait.
Il coloriait de gris un nouveau canton, un nouveau département, un nouveau pays sur le planisphère de son bureau.
On se moquait de lui.
Tant de voyages pour rien.
 
Jérôme Leroy, Le Petit Nulle Part, Aérolithe Editions