31/07/2024
Trouvaille de boîte à livres
Trouvaille de boîte à livres : un titre de la fameuse collection Défis fantastiques, un livre dont vous êtes le héros.
Et cette formidable entrée en matière :
06:21 Publié dans où je lis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : défis fantastiques, un livre dont vous êtes le héros, jeu, jeu de rôle
16/07/2024
"onze ans"
Je pouvais avoir onze ans et je n’étais plus un novice à Saint-Christophe où je commençais ma seconde année. Mais si mon malheur n’était plus celui du déracinement et de la divagation dans l’inconnu, il n’en était que plus profond sous sa forme calme, réfléchie et comme définitive. A ce moment-là, j’avais fait le recensement de mes misères et je n’attendais de lueur d’espoir de nul horizon. J’avais tiré un trait sur les maîtres et sur le monde de l’esprit auquel ils étaient censés nous initier. J’en étais arrivé au point – mais me suis-je jamais départi de cette attitude ? – de considérer comme nul et radicalement disqualifié tout auteur, tout personnage historique, toute œuvre, toute matière d’enseignement quelconque, dès l’instant que les adultes paraissaient se l’être approprié et nous l’octroyaient en nourritures spirituelles. Par bribes, en feuilletant les dictionnaires, en glanant ce que je pouvais dans des ouvrages de compilation scolaire, en guettant dans un cours d’histoire ou de français l’allusion fugitive à ce qui m’importait au premier chef, je commençai à me constituer une culture en marge, un panthéon personnel où voisinaient Alcibiade et Ponce Pilate, Caligula et Hadrien, Frédéric-Guillaume Ier et Barras, Talleyrand et Raspoutine. Il y avait une certaine façon de parler d’un homme politique ou d’un écrivain – en le condamnant certes, mais cela ne suffisait pas, il y fallait autre chose encore – qui me faisait dresser l’oreille et soupçonner qu’il s’agissait peut-être de quelqu’un des miens.
Michel Tournier, Le Roi des Aulnes
14:36 Publié dans où je lis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tournier, lecture, lecteur, enfance, adulte, raspoutine, caligula, hadrien, barras, talleyrandlcibiade, ponce pilate
21/06/2024
"il y eut un morceau de mon enfance..."
03:26 Publié dans où je lis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jacques laurent, laurent, histoire égoïste
03/06/2024
Les dangers du rail
08:39 Publié dans où je lis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jacques laurent, laurent, hussard, histoire égoïste
12/05/2024
Jerphagnon
Vient toujours un moment où les médecins ne vous guérissent pas. Julien en était sûr, maintenant : l’heure était venue pour lui d’aller voir les dieux, de rejoindre le Soleil dans sa course idéale. De ce monde, il ne connaissait encore que la partie visible qui était déjà si belle. Avoir part à cette gloire enfin dévoilée, qu’il cherchait depuis toujours ! Et puis, l’ami Saloustios avait raison : « Même si rien de pareil n’arrivait, la vertu suffirait déjà à vous rendre heureux. »
Julien n’avait pas peur. Seulement soif, mal, froid et chaud à la fois.
Premières lignes de Julien dit l’Apostat de Julien Jerphagnon, ouvrage que je viens de trouver « désherbé » devant une médiathèque de Saône-et-Loire, dans un simple carton.
11:35 Publié dans où je lis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jerphagnon, julien, julien l'apostat, désherbage
27/04/2024
Pollock (pas le peintre)
04:46 Publié dans où je lis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pollock, une mort qui en vaut la peine
18/04/2024
Wisława Szymborska
Comme beaucoup d'ami-e-s, je l'ai découverte l'année où lui a été attribué le prix Nobel de littérature. D'ordinaire, je ne m'intéresse pas à ce genre de récompense, mais cette fois-ci, que le prix aille à une poète polonaise maniant l'humour... cela m'a intrigué.
Depuis lors, je n'ai cessé de la retrouver sur ma route de lecteur.
Un portrait.
Quel recueil vous conseiller ? Sans doute De la mort sans exagérer ou Je ne sais quelles gens (trad. Piotr Kaminski), éd. Fayard.
Deux extraits :
" Voilà les petites filles,
maigres, et sans certitude
que leurs taches de rousseur disparaîtront un jour,
n'attirant l'attention de personne,
elles marchent sur les paupières du monde [...] "
" Un bon conseil :
n'emmenez pas de railleurs dans le cosmos.
Quatorze planètes mortes,
quelques comètes, deux étoiles ;
avant qu'on n'atteigne la troisième,
ils auront perdu tout sens de l'humour.
Le cosmos est ce qu'il est,
autrement dit : parfait.
Les railleurs ne lui pardonneront jamais.
Rien ne saura les réjouir :
Temps — trop éternel,
Beauté — trop immaculée,
Gravité — comment la tourner en dérision.
Les autres resteront bouche bée,
eux, ce sera pour bâiller.
(...) "
06:36 Publié dans où je lis | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : wisława szymborska, piotr kaminski, pologne
26/02/2024
Formules magiques pour la chasse au phoque
Ô Nuliajuk, déesse de la mer,
quand tu étais une petite orpheline dont personne ne voulait
nous t’avons laissé te noyer.
Tu es tombée à l’eau
et lorsque tu t’es accrochée aux kayaks en pleurant,
nous t’avons coupé les doigts.
Tu as sombré dans la mer
et tes doigts sont devenus
les phoques innombrables.
Toi douce orpheline Nuliajuk,
je t’en supplie maintenant,
apporte-moi un cadeau,
rien qui soit un don de la terre
mais un don de la mer,
qui fera une bonne soupe.
Osé-je le dire tout haut ?
Je veux un phoque !
Chère petite orpheline,
faufile-toi hors de l’eau
pantelante sur ce magnifique rivage,
peuh, peuh, comme ça, peuh, peuh,
Ô cadeau bienvenu,
Sous la forme d’un phoque !
Version anglaise d’Edward Fiel, d’après Knud Rasmussen
trad. de Anne Talvaz & Christophe Lamiot Enos
extrait de l'(extraordinaire) anthologie de poésie amérindienne parue aux Presses Universitaires de Rouen et du Havre "SECOUER LA CITROUILLE" (dans la foulée du non moins extraordinaire "Techniciens du sacré")
17:52 Publié dans où je lis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : secouer la citrouille, poésie amérindienne, anne talvaz, christophe lamiot enos, jérôme rothenberg
13/02/2024
L’ARTISTE
L’artiste : disciple, abondant, multiple, inquiet.
L’artiste véritable : capable, actif, habile ;
maintient le dialogue avec son cœur,
va à la rencontre des choses avec son esprit.
L’artiste véritable : retire tout de son cœur,
travaille avec enchantement, fabrique les choses avec calme, avec sagacité,
travaille comme un Toltèque véritable, compose ses objets,
travaille avec dextérité, invente ;
dispose les matériaux, les décore, fait en sorte qu’ils s’ajustent.
L’artiste charogne : travaille au hasard, se moque du peuple,
rend les choses opaques, effleure la surface du visage des choses,
travaille sans soin, escroque le peuple, est un voleur.
version anglaise de Denise Levertov
trad. de Anne Talvaz & Christophe Lamiot Enos
extrait de l'(extraordinaire) anthologie de poésie amérindienne parue récemment aux Presses Universitaires de Rouen et du Havre "SECOUER LA CITROUILLE" (dans la foulée du non moins extraordinaire "Techniciens du sacré")
15:27 Publié dans où je lis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : secouer la citrouille, poésie amérindienne, anne talvaz, christophe lamiot enos, jérôme rothenberg