02/11/2015
Dickinson, un 2 novembre
Nous ne jouons pas sur les Tombes –
Car il n'y a pas de Place –
De plus – ce n'est pas plat – ça penche
et des Gens viennent –
Et posent une fleur dessus –
Et leurs visages pendent tellement –
Que nous craignons que leurs Cœurs tombent –
Et écrasent notre joli jeu –
Emily Dickinson
14:59 Publié dans C’est quoi, la poésie ? C’est ÇA, Ducon ! | Lien permanent | Commentaires (2)
23/10/2015
C’est quoi, la Poésie ? C’est ÇA, Ducon ! (# 1 : Guillevic)
Avec Drieu la Rochelle en guest-star (ça va encore énerver)...
14:42 Publié dans C’est quoi, la poésie ? C’est ÇA, Ducon !, où je lis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : guillevic, vivre en poésie, drieu, drieu la rochelle, le temps des cerises, lucie albertini, alain vircondelet
16/09/2015
Thierry Radière
Nous ne reviendrons plus
dans cette maison où tu pleures
en cachette dès qu’on y séjourne
même quelques heures les coffres-forts
sont bien cachés : près de l’océan
on ne sait jamais du monde circule
et de plus en plus maintenant
que la route principale du village passe
devant chez eux
tu es sûre que c’est une vengeance du maire
il a voulu emmerder le propriétaire
c’est-à-dire ton père qui lui avait piqué
sa maîtresse et qu’il ne l’a jamais digéré.
Thierry Radière,
"Poèmes géographiques", à paraître tout prochainement au Pédalo Ivre !
04:52 Publié dans a.4) EDITEUR, C’est quoi, la poésie ? C’est ÇA, Ducon ! | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : thierry radière, poèmes géographiques
08/09/2015
LE DIEU BOUC
« La campagne est un pays de verts mystères pour l’enfant qui y passe l’été. Il y a des fleurs, si la chèvre les mord, qui lui gonflent le ventre et il faut qu’elle coure.
Quand l’homme a joui avec une fille – ils ont des poils là en bas -, l’enfant gonfle son ventre.
Lorsqu’ils gardent les chèvres, ils se font des bravades et ricanent entre eux,
mais chacun commence au crépuscule à épier tout autour.
Les enfants savent voir qu’une couleuvre est passée
A la trace sinueuse qui subsiste par terre.
Mais qu’elle passe dans l’herbe, personne ne le voit.
Il y a des chèvres qui s’arrêtent dans l’herbe,
Juste sur la couleuvre, et qui jouissent de se faire sucer.
Les filles aussi jouissent de se faire toucher.
Quand la lune se lève, les chèvres sont inquiètes,
il faut les regrouper et les mener à la ferme,
sinon le bouc se dresse. Bondissant dans les près,
il éventre les chèvres et puis il disparaît.
Des filles en chaleur viennent seules, la nuit dans les bois
et si couchées dans l’herbe elles bêlent, le bouc accourt les retrouver.
Mais que pointe la lune : il se dresse et les éventre.
Et les chiennes qui aboient sous la lune,
c’est qu’elles ont entendu le bouc qui bondit
sur les cimes des collines et flairé l’odeur du sang.
Et dans les étables, les bêtes s’agitent.
Seuls les chiens plus costauds mordent leur corde
et certains se libèrent et courent suivre le bouc,
qui les asperge et les enivre d’un sang plus rouge que le feu,
et puis ils dansent tous en se tenant dressés et en hurlant à la lune.
Quand le chien reparaît au matin, tout pelé et grondant,
les paysans lui donnent la chienne à coups de pied au derrière.
Et la fille qui erre dans le soir, et les enfants qui rentrent à la brune, avec une chèvre en moins, ils leur cognent dessus.
Ils bourrent les femmes et bûchent sans vergogne, les paysans.
Ils sont toujours dehors, le jour comme la nuit, et n’ont même pas peur
de piocher sous la lune ou d’allumer un feu
de chiendent dans le noir. C’est pour ça que la terre
est si belle et verte et que, piochée, elle a, quand vient l’aube,
la couleur des visages hâlés. On va faire les vendanges,
et l’on mange et l’on chante ; on effeuille le maïs
et l’on danse et l’on boit. Il y a des filles qui rient
car quelqu’un a évoqué le bouc. Tout là-haut, dans les bois,
sur les crêtes rocheuses, les paysans l’ont vu
qui cherchait une chèvre et donnait dans les troncs des coups de tête.
Car si une bête ne sait pas travailler
et qu’elle sert seulement d’étalon, elle aime détruire. »
Cesare Pavese, « Travailler fatigue » (trad. Gilles de Van)
07:39 Publié dans C’est quoi, la poésie ? C’est ÇA, Ducon ! | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cesare pavese, pavese, travailler fatigue, le dieu bouc, bouc, gilles de van
13/08/2015
Jean-Pierre Georges # 2
Un été qui ne se confie pas, une inquiétude
qui avoue enfin son nom...
Fenêtre fourbe il échappe
(de justesse) à une tête de loup !
Tous les bouchers sont fermés.
Dès qu'il le peut il compare ses genoux
Très rares incursions dans le tragique, peu de drames
On le reconnaît il avance masqué
et toujours tenant en laisse le désir
imprévisible.
Jean-Pierre Georges ("Où être bien", éd. Le Dé Bleu)
00:46 Publié dans C’est quoi, la poésie ? C’est ÇA, Ducon ! | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean-pierre georges, où être bien, éditions le dé bleu
10/08/2015
Jean-Pierre Georges # 1
Petite féérie matinale, neige partout
je décline toute responsabilité, je ne suis
qu’un front sur un carreau.
La mobylette zézayante du facteur
porte en elle-même un message destiné
aux seules vieilles dames
et aux poètes !
(mais ce serait un hasard si grand…)
Le cerisier, la table de jardin restent stoïques
sous tant de blanc
quand on songe au peu de poids d’une pensée
on en est consterné.
« OÛ ÊTRE BIEN » de Jean-Pierre Georges, éd. « Le dé bleu »
14:57 Publié dans C’est quoi, la poésie ? C’est ÇA, Ducon ! | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : jean-pierre georges, éditions le dé bleu, où être bien
08/08/2015
RIEN D’IMPORTANT
Je ne désire pas être profond
je voudrais simplement écrire des idioties
pour les dire en public
J’écris pour les têtes en l’air
dont la cervelle
est restée accrochée à un portemanteau
avec ou sans la casquette
Rien n’est plus agréable
que de dire ses poèmes à de simples gens
tels que vous mes amis
sans exigence d’aucune sorte
Vous êtes gentils
Je ne voudrais ennuyer personne
Vous trouverez ci-joint
un trou
un simple trou
Avec une petite lumière
Il n’y a rien d’autre.
Alfonso Jimenez, « On ignore l’heure du train », éd. Gros Textes
08:55 Publié dans C’est quoi, la poésie ? C’est ÇA, Ducon ! | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : alfonso jimenez, on ignore l’heure du train, gros textes, éditions gros textes
02/08/2015
"Lus par personne"
" Les plus grands poètes ne sont lus par personne. Ils ne servent qu’à « fournir » des titres merveilleux à des romans. En vitrine de la Maison de la Presse de Chinon aujourd’hui : L’espoir d’aimer en chemin de… peu importe. "
Jean-Pierre Georges, "L’éphémère dure toujours", éd. Tarabuste
23:46 Publié dans C’est quoi, la poésie ? C’est ÇA, Ducon ! | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : soul williams, jean-pierre georges
17/07/2015
Le roi Desbiens
Patrice Desbiens... Sans doute l'une de mes rencontres les plus marquantes à Montréal, lors de la résidence d'auteur que j'y ai effectuée il y a dix ans.
Ses livres sont difficilement trouvables en France. Cela vaut la peine de se battre pour vous les procurer.
Cet enregistrement date de l'année dernière :
06:09 Publié dans C’est quoi, la poésie ? C’est ÇA, Ducon ! | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : patrice desbiens, montréal, desbiens, poésie québécoise