25/05/2021
Dirk Raspe # 4
04:45 Publié dans carottages littéraires, pigments & pixels | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : drieu, drieu la rochelle, mémoires de dirk raspe, peinture, peinture flamande, peinture hollandaise
19/05/2021
Dirk Raspe # 3
Robert et Cyril restèrent face à face. Ils évitaient cela depuis longtemps. Ils s’aimaient tendrement, tous les Heywood s’aimaient tendrement ; mais ils avaient pris des chemins si différents. Pour se retrouver, il aurait fallu rebrousser ces chemins ; sinon, on ne pouvait que se héler d’un chemin à l’autre, se crier de loin des mots incompréhensibles ou blessants. Leur tendresse maintenant consistait à feindre de s’oublier l’un l’autre.
"Mémoires de Dirk Raspe"
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13/05/2021
Dirk Raspe # 2
La vue de ces dessins provoqua un malaise. Louise aimait la poésie, les arts ; mais elle était de ces bonnes gens qui ne peuvent admettre un ouvrage que déjà assimilé par d’autres. Il faut que les autres le leur donnent, l’ayant déjà accepté. Pour eux, un artiste, c’est quelqu’un de déjà fait, qui leur vient d’un monde inconnu et révéré, ce ne peut être quelqu’un d’entre eux, quelqu’un qui naît. Ces dessins étaient très faibles, remplis d’une timidité pitoyable. Ils dirent que c’était faible. C’est cela qui aurait dû leur plaire, les rassurer. Après tout, il y avait peut-être dans ces dessins une pointe de vie, quelque chose d’insolite, d’inquiétant. Par exemple, cette prédilection pour les pauvres, cette obsession des pauvres. Etaient-ce les pauvres de Robert ? Celui-ci ne les reconnaissait pas. Il ne pouvait pas plus reconnaître la pauvreté surgissant dans l’art, que Louise ne pouvait reconnaître la vie surgissant dans l’art.
Ils avaient le droit, le devoir de les condamner. Il y a quelque chose de fort, de nécessaire, de sacré, dans cette méfiance des hommes devant l’apparition de l’art. Cette apparition n’est bien souvent qu’une vaine allusion, une prétention infirme. Et l’art, c’est une menace autant qu’un danger pour la vie. Ils étaient la vie. Devant ce danger, eux qui s’étaient tant démis de la vie, redevenaient la vie.
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29/04/2021
Dirk Raspe # 1
08:34 Publié dans où je lis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : drieu, drieu la rochelle, mémoires de dirk raspe, dirk raspe
28/11/2018
Biscuits # 3
Vous pouvez questionner (ou éclairer) ces quelques pistes en commentaire !
01:07 Publié dans où je lis, où je youtube, tu dailymentionnes... | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : biscuits, jacques sternbeg, buffet, drieu la rochelle, drieu, louis malle, julien hervier, la ballade sauvage, terence mallick, the leftovers
26/10/2018
Lectures & relectures du moment (fin octobre 2018)
Cette semaine : du neuf, de l'occase + des bouquins & dvd glanés à la bibliothèque municipale, etc. D'une anthologie de poésie amérindienne contemporaine établie et traduite par Béatrice Machet à un essai inédit et récent sur Drieu... au mode d'emploi de ma bagnole récemment achetée.
L'ouvrage le plus important de cette tablée n'est pas décrit dans cette liste.
06:20 Publié dans où je lis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : drieu, drieu la rochelle, henry miller, miller, béatrice machet, poésie amérindienne, selby, red hawk
20/01/2017
"FOND DE CANTINE" de Drieu La Rochelle (#3)
VENGEANCE
J’ai bu quatre bouteilles avec mes compagnons.
Qui d’entre nous fut plus bouffon
Que moi qui feignais la douceur ?
Trinquant d’un geste bénisseur
Je les encourageais à souiller de dédains
Les héros et les saints
Et l’orgueil de mourir
Grave frivolité
Pour une idée.
Eux donc me méprisaient non sans cordialité
D’être homme intelligent, de payer ce délice
Et de feindre des amours vaines
Pour quelques sacrées rengaines.
Je riais narquoisement
Et tout bénignement
Faisant ma prière
Au dieu de la guerre
Et des révolutions
Vouais à la juste gueule de ses puissants canons
Ces bons compères
Mes compagnons.
Pierre Drieu La Rochelle, « Fond de cantine » (1920)
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07/01/2017
"FOND DE CANTINE" de Drieu La Rochelle (#2)
Dans le palais rouge, la dactylo papote tandis que les chefs tout neufs s’exhortent à commander : Chut ! le peuple vient de se retirer de la maison des jeunes mariés.
Devant le palais rouge, la mitrailleuse n’a pas l’air militaire. Un gros tube clos. Derrière le bec de gaz, par un petit trou, il en perce un regard oblique. On entend un tic-tac, le pas d’un ataxique. Cela débite à l’aveuglette des balles qui cinglent le pavé, pelletée de sable municipale.
Des soldats sur leur derrière font la guerre à leur façon.
Le taillis des machines dans l’atelier désert s’empêtre de courroies et de lianes. La matière se vautre dans son inertie au fond de la mine.
La dactylo tapote le verbe sur les feuilles touffues. Comme un démiurge trie les atomes, elle élit les touches. Le futur, infini, jusqu’à la dernière minute, se rétrécit soudain à la fatalité de l’alphabet.
La danseuse impériale se révolte contre le peuple parce qu’on ne trouve plus certains onguents pour ses pieds qui seuls peuvent débrouiller les figures de la beauté.
Cachant sous sa langue l’ordre de mobilisation révolutionnaire, l’envoyé débarque sur un continent placide et téléphone au camarade effaré.
Des armées victorieuses, ayant épuisé toute fureur, se complaisent, au bord d’un fleuve, en des musiques démodées.
Dans la terre slave aux chimies dissolutrices de l’esprit, la barbe de Tolstoï fleurira-t-elle perce-neige ?
Pierre Drieu La Rochelle, « Fond de cantine » (1920)
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30/12/2016
"FOND DE CANTINE" de Drieu La Rochelle
(…)
– Holà terre ! quelqu’un sur la terre.
Nous ne ferons aucune tentative vers les étoiles.
Nous ne demanderons pas la lune au central solaire.
Vous hommes
Vous – hé – holà – vous.
– Qui est là ?
– Nous les habitants des Pays Extérieurs, nous les Scythes à vous les Anciens d’Occident.
Il vient de se passer en nous quelque chose d’extraordinaire. Nous voudrions vous le communiquer.
– Nous vous déclarons le silence.
(…)
Pierre Drieu La Rochelle, « Fond de cantine » (1920)
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