UA-136760349-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

11/05/2012

Ce type aurait-il voté Hollande ?

BUK.jpg

« (…)

le journal est bouillant

des hommes s’assassinent dans les rues

sans raison.

les pires ont les meilleurs boulots

les meilleurs ont les pires boulots

ou sont au chômage

ou enfermés dans des asiles de fous.

il me reste 4 boîtes de conserve

des troupes climatisées vont de maison en maison

d’une pièce à l’autre

emprisonnant, fusillant, passant à la baïonnette

les gens.

nous l’avons voulu,

nous le méritons

nous sommes comme des roses qui ne se sont jamais souciées

d’éclore quand nous aurions dû éclore et

c’est comme si

le soleil avait fini par être écœuré d’attendre

c’est comme si le soleil était un esprit qui

avait désespéré de nous.

(…)

d’une certaine façon je suis heureux que nous soyons condamnés –

les œuvres d’art

les guerres

les amours pourrissants

la manière dont nous vivons jour après jour.

je me fous de savoir ce que les soldats

feront quand ils seront ici

nous nous sommes déjà tués

chaque jour en sortant de notre lit. 

(…) »

 

BUKOWSKI, « Les jours s’en vont comme des chevaux sauvages dans les collines » (trad : Thierry Beauchamp)

20/03/2012

Deux manières...

yes.jpg

" Il n'y a que deux manières d'écrire : la première, en se passant d'autorisation, la seconde, en demandant une autorisation. "
Ossip Mandelstam

 

09/09/2011

Notule de rentrée

"Ecoles : établissements où l'on apprend à des enfants ce qu'il leur est indispensable de savoir pour devenir des professeurs."

Sacha Guitry

 

" - Avez-vous le sentiment d’avoir raté votre vie à cause de l’alcool ?

- Raté ou réussi ? … Je me le demande. Ca m’a aidé considérablement. L’alcool m’a endetté un peu partout, ce qui m’a obligé à travailler. Voilà pourquoi j’écris. Si je n’avais pas bu, je n’aurais pas écrit du tout. Et si je n’avais pas écrit, j’aurais été prof."

 

Extrait de “ Le flâneur de la rive gauche ”, entretiens BLONDIN/Assouline 

19/07/2011

De M. à M.

« Vous parlez des forces démocratiques en Europe et ailleurs. J’aimerais bien savoir où elles sont. La Grèce ancienne fit des centaines d’expériences démocratiques, du moins c’est ce que nous disent les historiens. Pour moi c’est un mot sans aucun sens, tant que le dernier des hommes ne sera pas pris en considération, tant que nous ne renverserons pas tout le système d’éducation, d’éthique, de moralité basé sur la peur et le besoin, les superstitions et la bigoterie, les traditions et les conventions. Je ne connais aucun parti dont le programme annonce cet objectif, et vous ? »

 

Extrait d’une lettre d’Henri Miller à Malaparte (trouvée dans ce livre passionnant signé Maurizio Serra)

17/04/2010

Lettre de Dubuffet à Asger Jorn

"Je m'aperçois chaque jour (et je ne cesse de m'en étonner) qu'il y a extrêmement peu de gens, et notamment parmi les écrivains et les artistes, qui aient comme vous et moi conscience du caractère spécieux et frelaté de l'art culturel… La culture tend à remplacer ce qu'a été l'église catholique au Moyen Âge comme moyen pour les castes dirigeantes de fortifier leur position et de conditionner les esprits à leur gré et à leur profit. D'où résulte que la vraie création d'art n'existe pratiquement presque plus, tandis que lui est substituée une mascarade tapageusement publicitaire où elle n'a guère de part."

 
 
nirvana.jpg

 

 

14/02/2010

Des vieux parlent (et c'est intéressant)

montherlant.jpg

Commençons par Ungaretti, le seul véritable Maître Yoda: ici et .

dfl_079_ernest_hemingway[1].jpg

Puis, sans transition, rendons visite à Léo malet (une heure d'entretiens).

bukowski.jpg

 

27/01/2010

Mai 68 (à Lyon) vu par Calaferte

« En 1968, je travaillais à la radio, je faisais des émissions littéraires et de la chronique. Je dois dire que j’ai été comme tout le monde : je n’ai rien compris. La première image fut une concentration de cars de police et de C.R.S. aux alentours de la préfecture de Lyon. Les premiers troubles commençaient à Paris. Personne n’avait véritablement cru au caractère émeutier de la chose. On a été les uns et les autres très longs à comprendre qu’il y avait –mais cela reste à éclaircir- un désir quelque part de renverser une vieille société incarnée par un vieil homme. Et il y a eu l’explosion. A ce moment-là, j’ai essayé de faire un effort de compréhension pour saisir ce que désirait cette jeunesse. J’ai même pensé à un moment donné que c’était un nouvel effort chrétien. Je me trompais complètement. Ensuite, nous sommes passés au degré de la fantaisie. L’art dans la rue, etc., tous ces discours de l’époque. J’ai replié mes ailerons et je me suis dit attendons que ça passe. Nous étions en pleine connerie. Effectivement, ça a passé. Mais l’explosion a été revigorante.

Ce fut la grève à la radio. Cela m’a permis d’écrire dans mon jardin Campagnes. Les choses se sont tues et le travail à la radio a recommencé comme auparavant. Un coup pour rien. »

 

Louis Calaferte, extrait de « Une vie, une déflagration / Entretiens avec Calaferte » de Patrick Amine

20/09/2009

"... la vie, mon honorable ami..."

« Devrait être dadaïste celui qui a compris, une fois pour toutes, qu’on n’a le droit d’avoir des idées que lorsqu’on les applique dans la vie – le type totalement actif ne vivant que d’action, son seul moyen de connaissance. Le dadaïste est l’homme qui loue un étage à l’hôtel Bristol sans savoir où prendre l’argent pour donner un pourboire à la femme de chambre. Le dadaïste est l’homme du hasard avec de bons yeux et le coup du père François. Il peut lancer son individualité comme un lasso, et il juge chaque cas suivant la situation. Il se résigne au fait que le monde abrite à la fois des mahométans, des zwingliens, des lycéens, des anabaptistes, des pacifistes, etc. Il voit d’un bon œil la diversité du monde sans s’en étonner pour autant. Le soir, l’orchestre joue au bord de la mer et les putes, qui se balancent sur leurs talons-aiguilles, te sourient en te dévisageant ouvertement. C’est un monde merdique et complètement dingue. Tu flânes comme ça, sans but précis, et tu te fabriques une philosophie pour le dîner. Mais sans crier gare, le facteur t’apporte le premier télégramme qui t’apprend que tous tes cochons sont morts de le rage, qu’on a jeté ton frac de la Tour Eiffel, et que ta femme de ménage a attrapé une carie des os. Tout étonné, tu regardes la lune qui te semble un bon terrain d’investissement, quand le même facteur t’apporte un autre télégramme, annonçant que toutes tes poules ont crevé de la fièvre aphteuse, que ton père, en tombant, s’est embroché sur une fourche et qu’il a gelé, que ta mère a volé en éclats à cause de ses noces d’argent (mais peut-être était-ce aussi la poêle qui est restée accrochée à ses oreilles, je n’en sais rien). C’est la vie, mon honorable ami. Les jours se suivent comme les mouvements de tes intestins, et toi, si souvent menacé d’étouffement par une arête de poisson, tu vis toujours. Tu tires la couverture sur tes oreilles et tu siffles La Madelon (…). Ça, c’est le vrai dadaïsme, Messieurs. »

Richard Huelsenbeck, « En avant Dada » 

 

 

29/05/2009

Musset on wire

« Figure-toi un danseur de corde, en brodequins d’argent, le balancier au poing, suspendu entre le ciel et la terre ; à droite et à gauche, de vieilles petites figures racornies, de maigres et pâles fantômes, des créanciers agiles, des parents et des courtisans, toute une légion de monstres, se suspendent à son manteau et le tiraillent de tous côtés pour lui faire perdre l’équilibre ; des phrases redondantes, de grands mots enchâssés cavalcadent autour de lui ; une nuée de prédictions sinistres l’aveuglent de ses ailes noires. Il continue sa course légère de l’Orient à l’Occident. S’il regarde en bas, la tête lui tourne ; s’il regarde en haut, le pied lui manque. Il va plus vite que le vent, et toutes les mains tendues autour de lui ne lui feront pas renverser une goutte de la coupe joyeuse qu’il porte à la sienne. Voilà ma vie, mon cher ami ; c’est ma fidèle image que tu vois. »

Alfred de Musset, « Les caprices de Marianne »