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31/07/2021

"Savez-vous..."

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– Savez-vous, dit-il, ce que nous devrions faire pour l’amitié ?
– Ce que vous voulez, dit Rieux.
– Prendre un bain de mer. Même pour un futur saint c’est un plaisir digne.
Rieux souriait.
– Avec nos laissez-passer, nous pouvons aller sur la jetée. À la fin, c’est trop bête de ne vivre que dans la peste. Bien entendu, un homme doit se battre pour les victimes. Mais s’il cesse de rien aimer par ailleurs, à quoi sert qu’il se batte ?
– Oui, dit Rieux, allons-y.
 
Albert Camus, La Peste 
 

18/07/2021

Facilité estivale

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J’aime le jeu, l’amour, les livres, la musique,
La ville et la campagne, enfin tout ; il n’est rien
Qui ne me soit souverain bien,
Jusqu’au sombre plaisir d’un cœur mélancolique. 
 
Jean de La Fontaine
 

18/06/2021

Illusions...

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Les illusions, – me disait mon ami, – sont aussi innombrables peut-être que les rapports des hommes entre eux, ou des hommes avec les choses. Et quand l’illusion disparaît, c’est-à-dire quand nous voyons l’être ou le fait tel qu’il existe en dehors de nous, nous éprouvons un bizarre sentiment, compliqué moitié de regret pour le fantôme disparu, moitié de surprise agréable devant la nouveauté, devant le fait réel.

Baudelaire

 

(et merci à Luc-Antoine Marsily pour m'avoir fait redécouvrir cet extrait des "Petits poèmes en prose)

 

07/06/2021

Henry Miller (parti un 7 juin)

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En ce temps-là, je n’osais penser à rien d’autre qu’aux « faits ». Pour aller chercher sous les faits, il m’eût fallu être artiste, et on ne devient pas artiste du jour au lendemain. Il faut d’abord qu’on soit écrabouillé un bon coup, que soient annihilés les éléments de contradiction que l’on porte en soi, que l’on soit entièrement balayé en tant qu’être humain, pour renaître en tant qu’individu ; carbonisé et minéralisé afin de s’élever progressivement en partant du dernier dénominateur commun de soi. Il faut dépasser la pitié si l’on veut que la sensibilité parte des racines mêmes de l’être. On ne fabrique pas un nouveau ciel, une nouvelle terre avec des « faits ». Il n’y a pas de « faits » : il n’y a qu’un fait, qui est que l’homme, n’importe quel homme n’importe où dans le monde, est en voie d’ordination. Certains prennent la route la plus longue, d’autres la plus courte. Tout homme travaille à sa destinée à sa façon et personne ne peut lui venir en aide, si ce n’est par générosité, bonté et patience. Dans mon enthousiasme d’alors, bien des choses m’apparaissaient inexplicables qui éclatent aujourd’hui. 


Henry Miller  "Tropique du Capricorne" 

 

04/06/2021

Genet dans le texte

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31/05/2021

Aller-retour

Pratt,Le désir d'être inutile

À l’école primaire, quand j’avais sept ans, il m’est arrivé un incident étrange. À la suite d’une insolation, j’ai perdu la mémoire. Je suis resté pendant six mois en état de choc, ne me souvenant plus que d’une grande lumière, puis je suis brusquement redevenu normal. Pendant toute cette période, on m’avait mis dans une section spéciale de mon école, réservée aux élèves déficients mentaux. Nous étions huit, et devions porter un uniforme noir, alors que les élèves normaux étaient habillés en blanc.

Quand je me suis comme réveillé, on m’a redonné l’uniforme blanc, et les élèves considérés comme débiles m’ont demandé : “ Mais qu’est-ce que tu fais là, habillé en blanc comme tous ces cons ? ”.

 

Hugo Pratt (extrait de son autobiographie “ Le désir d’être inutile ”)

 

25/05/2021

Dirk Raspe # 4

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(…) dans la ville, tous les musées m’étaient ouverts ; j’y passais mes heures de congé. Je découvrais avec stupeur la peinture hollandaise. Je n’avais vécu que jusqu’à six ans à La Haye avec ma grand-mère. Certes, cela était resté dans mes yeux. Maintenant, j’étais mis en face du rêve des hollandais, ce qui était plus que leur vie : la lumière, la naissance et la mort de la lumière, la lumière dans ses prisons et faisant de ses prisons des palais, la lumière entre le ciel et la terre, brillant dans l’entrebâillure des nuages et dans une tache soudaine sur une maison, combattue par l’immense conspiration des ciels couverts, des brouillards, des bruines, par les opacités et les louches interceptions ou filtrations, s’éprouvant, s’assouplissant, s’aiguisant dans ces difficultés et en faisant les éléments de son triomphe inattendu, étrange, tour à tour dissimulé et éclatant, unique, irremplaçable, la lumière du Nord.
C’était à peu près la même dont je suivais le destin misérable et émouvant dans la ville. La lumière d’ici n’était pas la lumière de là-bas ; il y a de subtiles mais rigoureuses différences, je n’avais pas les moyens de m’en rendre maître.
Je ne regardais pas beaucoup les italiens ni les français. (…) J’allais à ce qui était mon besoin. (…) Je ne vis pendant longtemps chez les français que ce qui était comme le complément infirme, nostalgique des hollandais. Dans leurs aises, dans leur originalité, dans leur exquise intégrité, ils me paraissaient infirmes, privés de quelque chose.
J’étais faible, un enfant tâtonnant, mais un enfant qui jouissait avec une profondeur sourde d’animal de ce qui pouvait être sa nourriture. 
 
"Mémoires de Dirk Raspe" de Pierre Drieu la Rochelle
 

17/05/2021

Sunshine

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Considérez le ciel solaire
à l’heure de l’extrême incandescence :
c’est là qu’il nous faut traverser.
Des barques croisent dans ce lac de lumière.
Aiguisez mieux votre regard :
vous les verrez franchir sans bruit cette brume éblouie
et, par-delà, s’ancrer dans les eaux de la nuit
pour y plonger éternellement leurs filets
dans les profondeurs. 
 
Philippe Jaccottet
 

16/04/2021

Météo Blanchard

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La météo hésite, et la saison nouvelle enlace encore l'ancienne, le temps d'être sevrée.
 
André Blanchard