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11/01/2022

"Le train"

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Nous nous étions tellement mélangés l’un à l’autre que nous n’avions qu’une seule odeur. J’ignore à quoi je pensais en la regardant ainsi. J’étais grave, ni joyeux ni triste. L’avenir ne me préoccupait pas. Je refusais de le laisser intervenir dans le présent.

Simenon

 

18/11/2021

"... par le sentier de la cluse..."

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Il arriva par le sentier de la cluse, vers le seizième mois de l’automne, qu’on appelait là-bas : la saison pourrie.

Maurice Pons, Les saisons 

(gravure : Kasamatsu Shiro)

 

02/09/2021

Dandysme #1

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Heureux de l’approbation de sa famille, le jeune comte entra vigoureusement dans le sentier périlleux et coûteux du dandysme, il eut cinq chevaux, il fut modéré : de Marsay en avait quatorze. Il rendit au vidame, à de Marsay, à Rastignac, et même à Blondet le dîner reçu.
Ce dîner coûta cinq cents francs. Le provincial fut fêté par ces messieurs, sur la même échelle, grandement. Il joua beaucoup, et malheureusement, au whist, le jeu à la mode. Il organisa son oisiveté de manière à être occupé.
Victurnien alla tous les matins de midi à trois heures chez la duchesse ; de là, il la retrouvait au bois de Boulogne, lui à cheval, elle en voiture. Si ces deux charmants partenaires faisaient quelques parties à cheval, elles avaient lieu par de belles matinées. Dans la soirée, le monde, les bals, les fêtes, les spectacles se partageaient les heures du jeune comte. Viturnien brillait partout, car partout il jetait les perles de son esprit, il jugeait par des mots profonds les hommes, les choses, les évènements : vous eussiez dit d’un arbre à fruit qui ne donnait que des fleurs. Il mena cette lassante vie où l’on dissipe plus d’âme encore peut-être que d’argent, où s’enterrer les plus beaux talents, où meurent les plus incorruptibles probités, où s’amollissent les volontés les mieux trempées. 
 
Honoré de Balzac, Le Cabinet des Antiques (1832)
 

04/08/2021

Gagner sa vie

J’ai dit littérature, ils ont répondu gestion-commerce. Pas assez douée pour la voie littéraire, il aurait fallu redoubler mais les parents ne veulent pas le redoublement puisque ce n’est pas obligé. Préparer un bac pour une fille d’ouvrier, c’est déjà bien et puis gestion-commerce, ça fait sérieux. On dirait presque un métier. 

Et je me laisse convaincre. Aimer lire Kerouac et Miller ne fait pas de moi une littéraire. Trop de fautes dans mes dissertations. C’est inscrit au stylo rouge dans la marge : « des idées, certes, mais que de fautes ! » 

Fabienne Swiatly

Swiatly,Fosse aux ours,littérature,lecture,extrait,citation

 

 

 

31/07/2021

"Savez-vous..."

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– Savez-vous, dit-il, ce que nous devrions faire pour l’amitié ?
– Ce que vous voulez, dit Rieux.
– Prendre un bain de mer. Même pour un futur saint c’est un plaisir digne.
Rieux souriait.
– Avec nos laissez-passer, nous pouvons aller sur la jetée. À la fin, c’est trop bête de ne vivre que dans la peste. Bien entendu, un homme doit se battre pour les victimes. Mais s’il cesse de rien aimer par ailleurs, à quoi sert qu’il se batte ?
– Oui, dit Rieux, allons-y.
 
Albert Camus, La Peste 
 

18/07/2021

Facilité estivale

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J’aime le jeu, l’amour, les livres, la musique,
La ville et la campagne, enfin tout ; il n’est rien
Qui ne me soit souverain bien,
Jusqu’au sombre plaisir d’un cœur mélancolique. 
 
Jean de La Fontaine
 

18/06/2021

Illusions...

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Les illusions, – me disait mon ami, – sont aussi innombrables peut-être que les rapports des hommes entre eux, ou des hommes avec les choses. Et quand l’illusion disparaît, c’est-à-dire quand nous voyons l’être ou le fait tel qu’il existe en dehors de nous, nous éprouvons un bizarre sentiment, compliqué moitié de regret pour le fantôme disparu, moitié de surprise agréable devant la nouveauté, devant le fait réel.

Baudelaire

 

(et merci à Luc-Antoine Marsily pour m'avoir fait redécouvrir cet extrait des "Petits poèmes en prose)

 

07/06/2021

Henry Miller (parti un 7 juin)

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En ce temps-là, je n’osais penser à rien d’autre qu’aux « faits ». Pour aller chercher sous les faits, il m’eût fallu être artiste, et on ne devient pas artiste du jour au lendemain. Il faut d’abord qu’on soit écrabouillé un bon coup, que soient annihilés les éléments de contradiction que l’on porte en soi, que l’on soit entièrement balayé en tant qu’être humain, pour renaître en tant qu’individu ; carbonisé et minéralisé afin de s’élever progressivement en partant du dernier dénominateur commun de soi. Il faut dépasser la pitié si l’on veut que la sensibilité parte des racines mêmes de l’être. On ne fabrique pas un nouveau ciel, une nouvelle terre avec des « faits ». Il n’y a pas de « faits » : il n’y a qu’un fait, qui est que l’homme, n’importe quel homme n’importe où dans le monde, est en voie d’ordination. Certains prennent la route la plus longue, d’autres la plus courte. Tout homme travaille à sa destinée à sa façon et personne ne peut lui venir en aide, si ce n’est par générosité, bonté et patience. Dans mon enthousiasme d’alors, bien des choses m’apparaissaient inexplicables qui éclatent aujourd’hui. 


Henry Miller  "Tropique du Capricorne" 

 

04/06/2021

Genet dans le texte

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