17/09/2020
"le culot, diras-tu"
Je pense que je vais te tenir pour
responsable de ma mort
mais je ne te connais pas
assez bien
sinon
nous serions maintenant mariés
Pour apprécier pleinement
(et je te promets
que c’est possible)
il n’est pas suffisant de lire
entre les lignes
ça c’est un jeu d’enfants
nous n’avons pas tant d’affection
pour les enfants
Un jour
tu prendras ce livre
comme
pour la première fois
et tu te diras :
j’ignore comment le type
a réussi son coup
Une ligne après l’autre
s’élève de ma fâcheuse situation
le culot, diras-tu
le putain de culot
Et ragaillardie par
ton indifférence
à ce sujet
sans parler
de toute la question du
passé
Tu te rappelleras
combien tu fus bonne avec moi
combien je fus bon avec toi
Et debout en quelque
lieu dominant
comme une fenêtre ou une falaise
tu apprécieras
pleinement
Leonard Cohen (trad. Nicolas Richard)
18:44 Publié dans C’est quoi, la poésie ? C’est ÇA, Ducon ! | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cohen, leonard cohen, nicolas richard, 37°2 le matin
12/09/2020
45 minutes consacrées à un jeune poète sans le moindre avenir
04:12 Publié dans C’est quoi, la poésie ? C’est ÇA, Ducon ! | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cohen, leonard cohen
01/11/2019
Toussaint
Qu'est-ce qu'un Saint ?
Un saint c'est quelqu'un qui a atteint une lointaine possibilité humaine.
Il est impossible de dire ce qu'est cette possibilité. Je pense que ça a quelque chose à voir avec l'énergie de l'amour.
Le contact avec cette énergie aboutit à une sorte d'équilibre dans le chaos de l'existence.
Un saint ne dissout pas le chaos ; s'il le faisait, le monde aurait changé depuis longtemps. Je ne pense pas qu'un saint dissolve le chaos même pour lui, parce qu'il y a quelque chose d'arrogant et de guerrier dans l'idée d'un homme mettant de l'ordre dans l'univers.
C'est une sorte d'équilibre qui fait sa gloire. Il glisse sur les congères comme un ski échappé. Sa course est une caresse de la colline. Sa trace est un dessin de la neige à un instant particulier de son rapport avec le vent et le rocher.
Quelque chose en lui aime tant le monde qu'il s'abandonne aux lois de la gravitation et du hasard.
Loin de voler avec les anges, il trace avec la fidélité d'une aiguille de sismographe l'état du paysage solide et sanglant.
Sa maison est dangereuse et limitée, mais il est chez lui dans le monde.
Il peut aimer la forme des êtres humains, les formes belles et sinueuses du coeur.
C'est bien d'avoir de tels hommes parmi nous, de tels monstres d'amour qui rétablissent l'équilibre.
Leonard Cohen, Les perdants magnifiques, 1966
05:43 Publié dans Boussole | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cohen, leonard cohen, saint, tousssaint
14/01/2019
MAGIE DU COUPLE
l’alpiniste escalade la montagne
quand il rejoint sa copine au camp de base
il lui parle de ce à quoi il a goûté là-haut
de cette réalité profonde
évanouie comme un rêve
depuis qu’il est redescendu
sa copine en bonne scientifique
ne trouve à lui parler que de l’hypoxie
rabaisse son expérience à une forme d’ivresse des hauteurs
facilement explicable
ils se disputent
fort
très fort
ils se réconcilient autour d’une bonne raclette
et d’une bouteille de bergeron
au son d’une avalanche
05:09 Publié dans a.2) MES TEXTES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : avalanche, alpinisme, leonard cohen, cohen
30/12/2018
Chère lectrice & lecteur de ce blog...
23:51 Publié dans Boussole | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : 2019, leonard cohen, cohen
26/08/2018
"... l'une des rares occasions..."
« La guerre est merveilleuse. Ils ne l’éradiqueront jamais. C’est l’une des rares occasions dans lesquelles les gens peuvent donner le meilleur d’eux-mêmes. Il y a une telle économie de gestes, de mouvements ; chaque geste est précis, chaque effort est porté à son maximum. Personne ne glande. Chaque homme est responsable de son frère. Il y a ce sens de la communauté, de la famille, de la fraternité, du dévouement. On peut sentir des choses tout bonnement impossibles à ressentir dans la vie urbaine moderne. C’est très impressionnant. »
Leonard Cohen (1973, pendant la guerre de Kippour)
08:16 Publié dans carottages littéraires | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : leonard cohen, cohen, kippour, guerre
15/06/2018
"Je me débarrasse du lézard..."
Tu me demandes comment j’écris. Voici comment j’écris. Je me débarrasse du lézard. Je fuis la pierre philosophale. J’enterre ma petite amie. Je prive mes vers de ma personnalité afin de pouvoir utiliser le mot « je » autant que je le désire sans offenser ma soif de modestie. Puis je démissionne. Je fais des courses pour ma mère, ou pour quelqu’un comme elle. Je bâfre. J’accuse mes proches de ruiner mon talent. Puis tu arrives. La bonne nouvelle est pour moi.
Leonard Cohen
08:16 Publié dans C’est quoi, la poésie ? C’est ÇA, Ducon ! | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cohen, leonard cohen, alexandre rodchenko
17/05/2018
Cohen le Dunkerquois
00:00 Publié dans où mon taux d'adrénaline augmente | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : dunkerque, dunkirk, nolan, leonard cohen, cohen, mer, marin
28/04/2018
"A Broken Hallelujah"
" Nous sommes pendant l'été 1965, il est assis sur un lit et lit de nouveaux poèmes à voix haute à une amie. La porte de la chambre contiguë est entrouverte et, par l'entrebâillement, Cohen et son amie peuvent apercevoir un couple faire l'amour. Ils peuvent également les entendre. Amusé par le spectacle, Cohen commence à synchroniser sa lecture avec les soupirs et les gémissements du couple, et le résultat le comble d'aise.
- Je pense que je vais m'enregistrer en train de chanter mes poèmes, annonce-t-il à son amie.
Et elle de lui répondre :
- S'il te plaît, non. "
17:48 Publié dans où je lis | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : a broken hallelujah, cohen, leonard cohen