17/09/2020
"le culot, diras-tu"
Je pense que je vais te tenir pour
responsable de ma mort
mais je ne te connais pas
assez bien
sinon
nous serions maintenant mariés
Pour apprécier pleinement
(et je te promets
que c’est possible)
il n’est pas suffisant de lire
entre les lignes
ça c’est un jeu d’enfants
nous n’avons pas tant d’affection
pour les enfants
Un jour
tu prendras ce livre
comme
pour la première fois
et tu te diras :
j’ignore comment le type
a réussi son coup
Une ligne après l’autre
s’élève de ma fâcheuse situation
le culot, diras-tu
le putain de culot
Et ragaillardie par
ton indifférence
à ce sujet
sans parler
de toute la question du
passé
Tu te rappelleras
combien tu fus bonne avec moi
combien je fus bon avec toi
Et debout en quelque
lieu dominant
comme une fenêtre ou une falaise
tu apprécieras
pleinement
Leonard Cohen (trad. Nicolas Richard)
18:44 Publié dans C’est quoi, la poésie ? C’est ÇA, Ducon ! | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : cohen, leonard cohen, nicolas richard, 37°2 le matin