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15/02/2024

Trouvailles du jour

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La première dans une boîte à livres, la seconde dans ma boîte aux lettres.

 

13/02/2024

L’ARTISTE

secouer la citrouille,poésie amérindienne,anne talvaz,christophe lamiot enos,jérôme rothenberg

L’artiste : disciple, abondant, multiple, inquiet.

L’artiste véritable : capable, actif, habile ;

maintient le dialogue avec son cœur,

va à la rencontre des choses avec son esprit.

L’artiste véritable : retire tout de son cœur,

travaille avec enchantement, fabrique les choses avec calme, avec sagacité,

travaille comme un Toltèque véritable, compose ses objets,

travaille avec dextérité, invente ;

dispose les matériaux, les décore, fait en sorte qu’ils s’ajustent.

 

L’artiste charogne : travaille au hasard, se moque du peuple,

rend les choses opaques, effleure la surface du visage des choses,

travaille sans soin, escroque le peuple, est un voleur.

 

version anglaise de Denise Levertov

trad. de Anne Talvaz & Christophe Lamiot Enos

extrait de l'(extraordinaire) anthologie de poésie amérindienne parue récemment aux Presses Universitaires de Rouen et du Havre "SECOUER LA CITROUILLE" (dans la foulée du non moins extraordinaire "Techniciens du sacré")

 

12/02/2024

L'ennemi...

 

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L'ennemi est bête : il croit que l'ennemi c'est nous, alors que l'ennemi c'est lui. 

Pierre Desproges

 

09/02/2024

" Une certaine école... "

Une certaine école, dite « sérieuse », a arboré de nos jours ce programme de poésie : sobriété. Il semble que toute la question soit de préserver la littérature des indigestions. Autrefois on disait : fécondité et puissance ; aujourd’hui l’on dit : tisane. Vous voici dans le resplendissant jardin des Muses où s’épanouissent en tumulte et en foule à toutes les branches ces divines éclosions de l’esprit que les grecs appelaient Tropes, partout l’image idée, partout la pensée fleur, partout les fruits, les figures, les pommes d’or, les parfums, les couleurs, les rayons, les strophes, les merveilles, ne touchez à rien, soyez discret. C’est à ne rien cueillir là que se reconnaît le poète. Soyez de la société de tempérance. Un bon livre de critique est un traité sur les dangers de la boisson. Voulez-vous faire l’Iliade, mettez-vous à la diète. Ah ! tu as beau écarquiller les yeux, vieux Rabelais !

Le lyrisme est capiteux, le beau grise, le grand porte à la tête, l’idéal donne des éblouissements, qui en sort ne sait plus ce qu’il fait ; quand vous avez marché sur les astres, vous êtes capable de refuser une sous-préfecture ; vous n’êtes plus dans votre bon sens, on vous offrirait une place au sénat de Domitien que vous n’en voudriez pas, vous ne rendez plus à César ce qu’on doit à César, vous êtes à ce point d’égarement de ne pas même saluer le seigneur Incitatus, consul et cheval. Voilà où vous en arrivez pour avoir bu dans ce mauvais lieu, l’Empyrée. Vous devenez fier, ambitieux, désintéressé. Sur ce, soyez sobre. Défense de hanter le cabaret du sublime.

La liberté est un libertinage. Se borner est bien, se châtrer est mieux.

Passez votre vie à vous retenir.

Sobriété, décence, respect de l’autorité, toilette irréprochable. Pas de poésie que tirée à quatre épingles. Une savane qui ne se peigne point, un lion qui ne fait pas ses ongles, un torrent pas tamisé, le nombril de la mer qui se laisse voir, la nuée qui se retrousse jusqu’à montrer Aldébaran, c’est choquant. En anglais shocking. […]

Nous aimons mieux pas assez que trop. Point d’exagération. Désormais le rosier sera tenu de compter ses roses. La prairie sera invitée à moins de pâquerettes. Ordre au printemps de se modérer. Les nids tombent dans l’excès. Dites donc, bocages, pas tant de fauvettes, s’il vous plaît. La voie lactée voudra bien numéroter ses étoiles ; il y en a beaucoup.

Modelez-vous sur le grand Cierge Serpentaire du Jardin des Plantes qui ne fleurit que tous les cinquante ans. Voilà une fleur recommandable.

Un vrai critique de l’école sobre, c’est ce concierge d’un jardin qui, à cette question : Avez-vous des rossignols dans vos arbres ? répondait : Ah ! ne m’en parlez pas, pendant tout le mois de mai ces vilaines bêtes ne font que gueuler.

 

Victor Hugo, William Shakespeare.

 

04/02/2024

Pensée passable

Mes amis poètes qui se vantent de ne pas lire de romans valent-ils mieux que mes amis romanciers qui ne lisent pas de poésie ?

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31/01/2024

Le gadget de Pif

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Même cinq siècles de protestantisme ne sont pas parvenus à circonvenir le démon du bibelot, et la plus belle idée éditoriale, quoi qu'on en pense, reste le gadget de Pif Gadget.
 
Nathalie Quintane
 

30/01/2024

Bande d'idiots

On ne sait rien jusqu’à présent de ce qu’est au vrai la poésie, une expression, une connaissance ou simplement un jeu de mots. Mais le peu que l’on sache, et ceci empiriquement, du poète, même du plus inspiré, du plus inspiré surtout, c’est qu’il semble devoir être un peu bête, assez bête pour faire en sorte que sa raison brille par son absence devant la création, et que cette bêtise est une condition sine qua non, de son rendement.

Pouchkine fut un des premiers à faire cette observation paradoxale : « que Dieu me pardonne, écrivait-il, mais la poésie doit être toujours un peu bête. » Au sujet de William Blake, Chesterton écrivit de même : « Ce fut un idiot inspiré ; idiot parce qu’inspiré ! » Byron lui-même ; grand poète tout comme Pouchkine, affirmait que Wordsworth n’était qu’un « idiot dans sa gloire » ; Hugo trouvait que Barbey d’Aurevilly était un « formidable imbécile » et Leconte de Lisle que Hugo était bête comme l’Himalaya ! Ajoutons, si vous voulez, ce que Sophocle disait d’Eschyle : « Ce que celui-ci faisait était très bien, bien qu’il le fit inconsciemment ».

Benjamin Fondane, Rimbaud le voyou (1936)

 

Pédanterie # 1

encyclopédie populaire,Robespierre

Description de la mode sous le Directoire par L’Encyclopédie populaire (1899) :

Ce ne furent que tuniques grecques, cothurnes classiques, dolmans turcs, coiffures à la Caracalla…. Il y eut le bal partout. Mais le plus caractéristique fut celui sous le nom de « Bal des victimes » qui se tint à l’hôtel Richelieu. On n’y admit que les jeunes gens qui pouvaient citer le nom d’un père, d’un frère, d’une sœur ou d’un oncle immolés sur la place de la Révolution. En entrant à ce bal, les danseurs saluaient « à la victime » d’une inclinaison sèche, imitant le mouvement d’une tête que l’on coupe. De cyniques « merveilleux » imaginèrent même de se faire raser la nuque à la façon dont Samson accommodait ses victimes, et il y eut des « merveilleuses » qui osèrent serrer autour de leur cou un mince collier rouge imitant à ravir la section de la lame… Puis on chantait en chœur :

Quand Robespierre reviendra

Tous les jours deviendront des fêtes,

La terreur alors renaîtra

Et nous verrons tomber des têtes ! »

 

29/01/2024

Une nouvelle critique de "DURES COMME LE BOIS"

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J'ai visité dix-neuf tableaux au réalisme dérangeant parce qu'il faut bien le reconnaître, on vit dans un truc qui gratte. A chaque nouvelle lue, ça gratte un peu plus mais on n'y peut rien, on ne peut rien soulager, juste se satisfaire du point final et passer à la nouvelle suivante la gorge sanglée. Judith Wiart et Frédérick Houdaer proposent des histoires très courtes pour mieux sécher le lecteur, voilà la vérité, parce qu'il n'y a pas besoin de plus pour qu'un petit retour acide remonte jusqu'aux gencives. Ils sont doués, y a pas à dire, ils sont doués pour dépeindre le verdâtre de notre époque. J'en conseille vivement la lecture.
Le livre grinçait quand je l'ai refermé.
 
 
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