17/05/2023
"Il y allait..."
10:35 Publié dans C’est quoi, la poésie ? C’est ÇA, Ducon !, où je lis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jérôme leroy, leroy, aérolithe éditions, le petit nulle part, françois-xavier farine
06/02/2023
Jérôme Leroy a lu "CHEZ ELLE"
Ce qui me plait beaucoup dans "Chez elle" (..) c'est qu'il se passe au bord de la mer, dans une grande ville portuaire. Vous me direz que pas mal de romans se passent au bord de la mer dans une grande ville portuaire mais la question n'est pas là, la question est de savoir rendre une certaine qualité de l'air, un reflet sur la mer, une odeur salée sur une serviette qui sèche.
On connaissait le Houdaer poète, le Houdaer satiriste dans "Armaguédon Strip", on connaissait moins le Houdaer paysagiste. L'animal doit s'attendrir avec l'âge, il se voit sans doute désormais sur un quai, à peindre des tableaux avec volontairement trop de ciel dedans, comme chez Boudin.
Mais d'autres choses m'ont plu assez vite dans "Chez elle", un de ces titres qu'on regrette de n'avoir pas trouvé avant. Ce qui m'a plu, c'est cette histoire d'amour entre un homme et une femme qui ont parfaitement compris, vu leur âge, que ce serait la dernière. Ou bien, que si quelque chose devait venir par la suite, ce ne serait plus tout à fait de l'amour.
Il y a un peu de sexe pour le prouver, dans le roman de Houdaer, et plus généralement quelque chose de charnel, de sensuel qui signe les relations amoureuses à leur commencement, quand tout donne envie de jouer la bête à deux dos. L'avantage, et "Chez elle" le montre très bien, des hommes et des femmes qui se rencontrent tard dans leur vie, c'est qu'ils gagnent du temps sur ce plan-là : ils connaissent les corps, le leur, celui des autres, ils évitent aisément les maladresses rédhibitoires.
Ce temps gagné, les amants l'utilisent à leur gré. "Chez elle" raconte comment Clarisse, une romancière de cinquante piges ou presque, qui a eu sa petite heure de gloire mais se retrouve plutôt dans les bacs à solde, décide de montrer à Jam, son amoureux récent, la ville où elle a grandi, la ville natale, ce port qui à mon avis est inspiré par le Havre, une cité qui est stalinienne sous la pluie mais d'une pureté utopique au soleil.
On est hors saison, le temps change dix fois par jour mais c'est frais et allègre, lumineux. On se baigne, on constate que les villes, hélas, changent plus vite que le coeur d'un mortel, que le petit toboggan n'est plus là, et tant d'autres choses.
C'est Jam qui raconte. Une narration à la deuxième personne. Exercice dangereux si on ne s'appelle pas Apollinaire dans Zone ou Butor dans la Modification. Houdaer s'en tire bien, d'autant que d'une certaine manière, "Chez elle" est l'histoire d'une modification. Celle de Clarisse. On ne vous en dira pas plus, sinon que cette impression de dépaysement , de radicale étrangeté, si bien rendue par Jam, cette sensation d'être à la fois dans une autre dimension et une autre époque, à suivre cette femme aimée dans les méandres de sa vie passée sur fond d'écume et de galets, elle est fondée.
"Chez elle", dieu merci, n'est pas un roman de poète. Je veux dire n'est pas un roman poétique au sens où le Houdaer poète abuserait de la métaphore. Parce que le Houdaer poète sait que s'il y a quelque chose de commun entre un bon poème et un bon roman, ce n'est pas dans les thèmes, le vocabulaire, la forme, c'est dans la manière de faire un pas de côté, de trouver un nouvel angle de tir.
A ce titre, Houdaer a fait mouche. Parfaitement.
05:57 Publié dans a.1) MES LIVRES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chez elle, sous le sceau du tabellion, éditions sous le sceau du tabellion, jérôme leroy, leroy, armaguédon strip
17/11/2022
Pas King ou Carver... King ET Carver.
08:00 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : king, stephen king, carver, raymond carver, leroy, jérôme leroy, misery, billy summer
10/08/2022
Tous ensemble, tous...
En ce début août, Jérôme Leroy partage un extrait de mes Anges profanes dans Causeur !
Autrement.... n'oublions pas que nous sommes tous dans le même bain.
17:09 Publié dans a.1) MES LIVRES | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : leroy, jérôme leroy, anges profanes, causeur, bain
14/03/2021
Les placements de produits, quelle honte
On sait comment et pourquoi Ferrari, Cartier et autre Hugo Boss apparaissent dans tel ou tel blockbuster.
On sait moins que le phénomène touche la littérature la plus intègre.
Ainsi, dans le dernier ouvrage de Jérôme Leroy, « Vivonne », où il est question d’un écrivain nommé Adrien Vivonne justement, voici ce qu’on peut lire en dernière page, dans la bibliographie imaginaire de ce personnage !
On ne visualise que trop bien la mallette pleine de billets de Monopoly filée par Le Pédalo Ivre à l’auteur du « Bloc » et de « Un peu tard dans la saison » ».
Une honte, vous disais-je…
15:13 Publié dans a.4) EDITEUR | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vivonne, jérôme leroy, leroy, éditions la table ronde, éditions le pédalo ivre, le pédalo ivre
08/01/2021
Parutions imminentes
Le nouveau Jérôme Leroy. C'est pas rien. Et comme on a bien l'intention que cette année ne ressemble pas à la précédente...
04:34 Publié dans où je lis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jérôme leroy, vivonne, leroy, gabriela trujillo, ferreri, marco ferreri le cinéma ne sert à rien, capricci
23/04/2012
Lendemain de premier tour... Besoin de vous faire un dessin ?
21:24 Publié dans politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : twixt, battaglia, leroy, mélenchon, causeur, buisson
28/01/2012
"LE BLOC" de Jérôme Leroy
« C’était Brou qui conduisait. Il avait une Fiat Polski verte, une vraie caisse à savon, qui n’avait aucune tenue de route. L’habitacle puait le tabac et l’alcool. Tu montas à l’arrière avec Simon. Le CRS était le seul du groupe à avoir une carrure encore plus impressionnante que la tienne.
C’était un garçon mélancolique qui vivait tout le temps à la caserne de Darnétal, contrairement à nombre de ses collègues. Il en devenait populaire car il était toujours prêt à rendre service pour les astreintes du week-end ou des jours fériés.
Simon était persuadé, sincèrement persuadé, que les Soviétiques allaient franchir le Rhin et que Giscard était un agent du KGB, tout comme Mitterrand. La gauche avait perdu les dernières législatives, celles de 78, mais ça ne le rassurait pas. Il souffrait de fait d’une légère paranoïa et passait ses loisirs à lire dans sa chambrée des magazines de cul comme ses collègues : il n’aurait pas voulu qu’on le prenne pour une tafiole. Mais, dès qu’il se retrouvait seul, il se gavait de romans d’espionnage avec une prédilection pour les SAS que lui prêtait Brou. Pour aggraver les choses, Brou lui prêtait aussi des romans de Saint-Loup et de Jean Mabire.
Il te demanda de sa voix douce ce que tu lisais et sans que tu saches au juste ce qui te prit, tu lui lus un extrait d’ « Union libre » :
Ma femme aux jambes de fusée
Aux mouvements d’horlogerie et de désespoir
Ma femme aux mollets de moelle de sureau
Ma femme aux pieds d’initiales
Aux pieds de troupeaux de clés aux pieds de calfats qui boivent
Ma femme au cou d’orge imperlé
Ma femme à la gorge de Val d’or
De rendez-vous dans le lit même du torrent
Aux seins de nuit »
Tu fus presque gêné par sa réaction.
Là, au milieu des clients, du bruit de la rue qui couvraient brièvement les conversations à chaque entrée ou sortie d’un client, les yeux du CRS s’étaient emplis de larmes et il répétait mécaniquement :
- Qu’est-ce que c’est beau, qu’est-ce que c’est beau, qu’est-ce que c’est beau.
Depuis, tu lui prêtais ou lui offrais très régulièrement de la poésie. Après Breton, ce fut Alcools qu’il aima moins, René Char qu’il n’aima pas du tout, Verlaine, Rimbaud, Musset. Inexplicablement, Simon eut une véritable passion pour Michaux dont il ne se lassait pas. Bien qu’il t’ait demandé de garder cette dilection secrète, « ils vont se foutre de ma gueule », et que tu n’aies rien dit, cela finit par se savoir.
Jean Emile fut effondré. Il trouvait de très mauvais aloi que l’homme d’action s’émollie avec des vers.
Brou, lui, fut plus tolérant et indiqua que nous étions là dans une vieille tradition occidentale, celle des guerriers poètes. Il parla de Charles d’Orléans ou de Drieu.
Simon, rassuré, n’eut plus à se cacher mais il était très étrange, tout de même, de l’entendre murmurer comme une prière des extraits de Misérable Miracle, alors que vous incendiez au cocktail Molotov la permanence d’un conseiller général communiste du côté du Petit-Quevilly. »
« LE BLOC » de Jérôme Leroy (lien vers le site de l'auteur dans la colonne "Passerelles" à gauche), éd. Gallimard, Série Noire.
Une critique du livre par Thierry Marignac, auteur du récent et tout aussi excellent "MILIEU HOSTILE".
Une autre critique du livre signée Christopher Gérard.
Je vous épargne les papiers parus dans la presse traditionnelle, aussi nombreux qu'insignifiants.
12:27 Publié dans polar | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : leroy, jérôme leroy, gallimard, série noire, extrême-droite, michaux, mabire, saint-loup, drieu