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18/12/2024

"MARCELLO MIO" (Misère...)

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Un film français exemplaire… c’est-à-dire qui repose sur UNE idée que le metteur en scène étire comme un vieux chewing-gum, peu soucieux de rythmer sa comédie. Cela aurait passé en moyen métrage (et encore…).
Quitte à faire bosser les « enfants de… » (pas ça qui manque dans le cinoche hexagonal), l’idée de transformer Chiara Mastroianni en son père n’était pas mauvaise. Les seules bonnes scènes du film d’ailleurs sont celles la liant à un Fabrice Luchini frustré de ne pas avoir travaillé avec LE Marcello et ravi de donner le change à sa fille (il le crie – avec une sincérité émouvante – à chaque apparition). Pour le reste : la Deneuve joue comme un pied bot, Melvil Poupaud peine à convaincre… dans son propre rôle (!), etc. Biolay, faignasse comme d’hab’, sonne très juste au milieu de ce film qui mérite la palme de la complaisance. On regrette le sous-emploi de Nicole Garcia.
Là-dessus, tombent deux-trois pastilles musicales d’Alex Beaupain (pas de quoi qualifier le film de « musical » comme le prétend le dossier de presse) sur les épaules des acteurs qui semblent les premiers surpris.
Christophe Honoré est plus intéressé à rajouter une moustache à son actrice principale ou à filmer un éphèbe en slip qu’à infuser dans son film le quart de l’énergie qu’un Rappenau mettait dans n’importe laquelle de ses comédies. Et du côté de l’invention visuelle, la bascule de son film vers Rome ne le transforme pas en Sorrentino (alors que l’affiche de Marcello Mio copie-colle sans gêne celle de La grande bellezza).
Rajoutez encore une couche de « pop sympa » histoire de lier quelques plans (à ce stade de paresse…), et vous aurez un long métrage tel qu’en méritent les électeurs de Macron : 120 minutes (oui, 120 !) qui puent la mort. Ceux qui rêvent pour leurs vieux jours de suicide assisté avec Etienne Daho en fond musical seront aux anges.
 

17/12/2024

"Demain les chiens"

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La question primordiale, bien sûr, consiste à demander si l’homme a existé. Pour l’heure, faute de preuve concluante, on s’accorde à répondre par la négative ; l’homme, tel que dépeint dans la légende, est une invention de la tradition populaire. 
 
Demain les chiens de Clifford D.Simak (nouvelle traduction de Pierre-Paul Durastanti)
 

12/12/2024

"Personne ne passe..."

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Personne ne passe sur la route de Fontereau. Aussi le village n'a-t-il pas changé depuis un siècle. Ses rues tournent entre les maisons blanches où la garde est montée par un détachement de roses. La Seudre coule à l'ouest dans un paysage plat, entourée de santonine, l'herbe que fument les vauriens. Au centre du village se dresse un grand bois qui le sépare en deux. On le nomme le Liteau. Il est mystérieux comme le bois des contes où disparaissent les enfants. Liteau, en terme de chasse, c'est le lieu où le loup se repose pendant le jour. (...)
En arrivant à Fontereau, Florence comprit qu'elle disparaissait de l'univers connu.
 

10/12/2024

Remise à niveau (english) #187

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08/12/2024

"Dès l'école primaire..."

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Dès l’école primaire, Alexandre rencontra des difficultés inquiétantes que Catilina, dans l’aveuglement de son amour de mère, attribuait à un excès de sensibilité, un caractère rêveur, voire à une forme peu orthodoxe de génie alors que leur cause réelle n’était que trop claire pour peu qu’on examinât objectivement la situation : le gosse était complètement con. 

 

05/12/2024

Parti ce jour

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Je ne suis pas prophète et je ne sais si le vroum-vroum deviendra ou non l’unique forme reconnue de la poésie. Sans aller jusqu’à cet état extrême, il me semble qu’il y a un risque (c’est pour moi un risque) de voir s’établir une domination écrasante de la dimension orale de la poésie, au détriment du livre et même de l’écran. Ce serait une amputation et une régression. Or il y a aujourd’hui en France, comme il y en a toujours eu, de la poésie ; de la très bonne poésie. Difficile ou pas ; qui parle de tout, de vous, de rien ; qui invente, qui renouvelle, qui surprend, qui enchante. On la trouve dans des livres, dans des revues, dans des enregistrements sonores, des vidéos. On la trouve dans les librairies (il y en a) qui n’ont pas renoncé à la présenter, la soutenir, la vendre. Lisez-la, copiez-la, apprenez-la, comme on le faisait autrefois.
Ce que je viens d’écrire est pour défendre le point de vue suivant : que la poésie a lieu dans une langue, se fait avec des mots ; sans mots pas de poésie ; qu’un poème doit être un objet artistique de langue à quatre dimensions, c’est-à-dire être composé à la fois pour une page, pour une voix, pour une oreille, et pour une vision intérieure. La poésie doit se lire et dire.
 
Jacques Roubaud
 

04/12/2024

Ça recommence ?

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Ça recommence, le coup du "coup de dé qui jamais n'abolira…" quoi, au fait ?

 

03/12/2024

Rentrée littéraire (suite)

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27/11/2024

"Nightmare Alley"

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L’unique roman* traduit en français de William Lindsay Gresham, deux fois adapté au cinéma**. Chacun de ses chapitres s’ouvre avec une lame du tarot, cela commence par Le Mat/Fou, et cela s’achève avec… Le Pendu.

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« Le langage le fascinait. Son oreille attrapait le rythme et il notait certaines tournures de phrases qu’il réutilisait ensuite dans son boniment. Il avait découvert la raison pour laquelle les vieux machinistes forains acceptaient de parler de cette manière traînante très particulière – c’était un ramassis de tous les dialectes des diverses régions de ce vaste pays. Un langage qui, aux oreilles des habitants du Sud, avait une résonnance méridionale, et occidentale aux oreilles des gens de l’Ouest. C’était le parler de la terre, et sa lenteur affichée servait à masquer l’agilité du cerveau qui lui donnait naissance. C’était une langue apaisante, illettrée, sortie de l’humus même. »

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Quand un charlatan (ex-forain) rencontre une psy redoutable et cherche à fomenter avec elle une escroquerie de haut-vol :
« La main de Lilith se glissa sous son bras et, d’une légère pression, guida Stan à travers l’avenue dans la direction de l’immeuble où elle habitait, où elle exerçait sa branche particulière de magie et gardait sous clé dans son fichier mille renseignements précieux. Là aussi où elle prescrivait aux gens ce qu’ils devaient faire le jour suivant lorsque leur prendrait l’envie de boire, de casser quelque chose, de se suicider à l’aide d’une dose excessive de somnifère, de trousser la femme de chambre, bref d’accomplir ce dont ils avaient si peur qu’ils étaient prêts à lui offrir vingt-cinq dollars de l’heure pour apprendre pourquoi il était bon qu’ils le fassent ou qu’ils continuent de le faire ou, au contraire, comment ils pourraient s’arrêter de le faire ou cesser de le désirer, ou cesser d’y penser ; ou bien alors qu’elle leur indique le moyen de manigancer autre chose qui soit presque aussi bon ou quelque chose de mauvais, mais qui les aide à se sentir mieux, ou tout simplement quelque chose qui les rende capable de faire quelque chose. »

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Un roman sidérant (freak show où Freud, Ouspensky et Houdini sont évoqués), une spirale descendante d’une noirceur et d’une profondeur dignes de Selby bien que publiés vingt-cinq ans avant Last exit to Brooklyn. Nick Toshes lui-même, dans la préface qu’il signe, parle de « lyrisme malfaisant ». Pour évoquer W.L.Gresham, il évoque un « lettré des caniveaux qui explore les étoiles en même temps qu’un lettré céleste qui explore les caniveaux ». Philippe Garnier, lui, traitera Gresham de « Tristan Corbière du Maryland » (tiens, tiens…).

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P.S. : allez lire la fiche Wikipédia de l’auteur et pincez-vous. Elle dépasse largement la courte bio au dos de la Série Noire : « Né en 1909 à Baltimore, William Lindsay Gresham a eu une vie marquée par la guerre, la maladie et l’alcoolisme. En quête d’apaisement spirituel, il s’est notamment tourné vers le marxisme, la psychanalyse, le tarot et le bouddhisme. Il est l’auteur de deux romans, Nightmare Alley et Limbo Tower, d’un court texte sur les Gitans, Le peuple du grand chariot, et de trois essais, dont un sur Houdini. Il s’est suicidé à New York en 1962. »
 
* : Le peuple du grand chariot a été récemment traduit en français grâce aux Editions Le passager clandestin.
** : Une première fois adapté au cinéma en 1947 (Le Charlatan avec Tyrone Power), la seconde fois avec le remake très dispensable de Del Toro. Les deux films édulcorent considérablement l’histoire originale.