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13/07/2012

June et Johnny

"Je suis debout sur un tapis bleu layette taché dans la chambre de Johnny Cash. La pièce est vide, excepté le lit de Johnny et June, un portrait d'eux au mur, et l'élévateur qui a été installé pour que Johnny puisse monter et descendre les deux étages de sa maison pendant les dernières années de sa vie. June est partie et Johnny l'a doucement suivie(J'avais prédit qu'il mourrait environ trois mois après elle ; il en a tenu quatre.) Je suis chez lui, dans les environs de Nashville, car je voudrais acheter une partie de son terrain. Seul dans la salle de lecture cachée derrière la chambre à coucher où Johnny passait des heures avec sa guitare et ses livres, je l'imagine assis là, levant les yeux de son bouquin pour me sourire. Je vais pisser dans la salle de bain kitsch de June. Tout ça est si triste. Une vie incroyable, et voilà ce qu'il en reste. Une maison vide et un tapis taché. ça me renvoie brutalement au souvenir de ma maison de famille après que tout le monde était mort. Je décide de ne pas acheter le terrain. La maison de Johnny et June sera détruite par un incendie peu de temps après."

"Tais-toi ou meurs" ("Things the grandchildren should know") de Mark Oliver Everett (trad. Clémentine Goldszal), 13e Note Editions

 

23/06/2012

C'est qui, le Capitaine ?

(…)

Assez ! Ras-le-bol.

Tenez ! Tenez votre boussole.

Est. Ouest. Sud. Nord.

Sauf que voilà –

Du Havre à Carcassonne.

Sauf que voilà –

De la Rochelle au Kazakhstan

J’ai vu personne, vraiment personne,

A part un petit bouddhiste à poil sur un banc.

Et que c’était étrange et étonnant.

Que c’était triste.

Et mes textos débiles : « je pense à toi très fort.

Bises. »

Il va neiger. Rhabille-toi, le bouddhiste.

Qu’est-ce que tu veux,

Qu’est-ce que tu veux que je te dise ?

Que la Mer Noire a mal

Au bras gauche qui lui manque ?

Qu’ils sont mignons les mouches,

Les scarabées et les chenilles quand ils s’envolent.

Chenilles. Chenilles…

D’ailleurs, comment ça va, le mec dans le tank ?

Comment ça se fait que tu te sentes si seul ?

Qu’est-ce que tu veux que je te dise,

« Va-t’en » ou « reste » ?

Encore un mot et on est mort.

Encore un mot – on gagne l’hiver bien rude.

A mon Ouest on a amputé l’Est.

De mon Nord on a dévissé le Sud.

Qu’est-ce que tu veux que je te dise ?

Quelles paroles bien jolies ? Bien belles ?

Qu’est-ce que tu veux que je te chante ?

Quels hymnes ? Quelles chansons de geste ?

Je suis seulement un pays.

Un pays. Je dirai pas lequel.

Je suis un pays sans Sud, ni Est.

Comme une bouteille sans bouchon ni fond.

Comme un amour sans début ni fin.

Mes petits poissons ont peur.

Mes habitants ont faim.

Mes dirigeants sont cons.

Je vous propose alors qu’on dorme sous la tente

Et tant pis pour la belle étoile.

Regarde tes mains, elles sont gelées.

Qu’elles sont bizarres les voix

Des lendemains qui chantent.

Comme elle grince

La balançoire ailée

 

Katia Bouchoueva, "C'est qui, le Capitaine ?", éd. L'Harmattan

11/11/2011

Des cadeaux

Après vous avoir conseillé un roman, voici de la poésie (on est un lecteur omnivore ou on ne l'est pas)...

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 ... un essai passionnant...

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... une extraordinaire vidéo de Miller à Cannes (avec l'irruption d'un drôle de serveur)... et une mise au poing de Jean-Pierre Siméon concernant Tranströmer, le dernier Prix Nobel de Littérature.

Des "cadeaux", vous dis-je... 

08/11/2011

"MILIEU HOSTILE" de Marignac (un livre qui vous veut du bien ?)

"Que Daeninckx ne Franck Thilliez, ne Hugues Pagan n'eurent oncques plus d'excellence en leur stile."

 

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"Je connais Thierry Marignac depuis 31 ans. C'est un type vraiment noir : sévère et terrible, sans tendresse. Vagabond incorrigible, voici un nouvel épisode de son parcours sur la terre. Il faut le lire." Edouard Limonov

Une critique du premier livre de Marignac sur ce blog.

Une vidéo récente de l'auteur. 

02/11/2011

IL Y A UN SIÈCLE…

Spéciale dédicace à mes amis poètes qui se cramponnent à leurs rêves de Bisounours :

« Plus sombre encore sera 1911. Guillaume [Apollinaire], injustement compromis dans l’affaire du vol de la Joconde, fera une semaine de prison, ce qui l’affectera outre mesure et pour longtemps, malgré le non-lieu prononcé en sa faveur quelques mois plus tard. À cette occasion, il sera déçu par son ami Picasso qui, fou de terreur à l’idée d’être compromis, lui aussi, dans cette mésaventure, le reniera et leur amitié en sera modifiée.

Viré du journal L’Intransigeant, à la suite du scandale auquel son nom a été mêlé, Guillaume sera violemment attaqué dans L’œuvre, organe socialiste de Gustave Téry, par le journaliste Urbain Gohier qui le traitera de « métèque » et de « pornographe ». Deux ans plus tard, Georges Duhamel reprendra le même thème quand paraîtra Alcools. Dans un méchant article du Mercure de France, il traitera Guillaume de « marchand brocanteur qui tient à la fois du Juif levantin, de l’Américain du Sud, du gentilhomme polonais et du facchino… ».

« La gourmandise de Guillaume Apollinaire » de G.Dormann

 

Ceci étant posé, j'en profite pour signaler aux lecteurs de mon blog que les mois qui viennent me verront rebondir (Skippy?) en tant que directeur de collection... quelque part, du côté de la poésie. Histoire de gagner beaucoup plus d'argent qu'en publiant des romans pour le compte des éditions "A plus d'un titre".

17/10/2011

De quelques contrepoisons...

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LE livre de Thomas Vinau (mais pas le premier, sûrement pas le premier contrairement à ce qui se dit/s'écrit ici ou là).

 

 

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Une réédition étonnante aux Editions Le Pont du Change.

 

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"La saga Maigros" signée Eric Dejaeger. Un feuilleton trash comme un San-Antonio sous acide n'aurait pas osé en écrire. ATTENTION, livre déconseillé aux âmes sensibles et à François Bon.

Et zou, une photo compromettante de mézigue avec l'auteur qui remonte à ma virée nordesque de la fin août :

 

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(C'est clair, sur cette image, Dejaeger ne ressemble pas à San-Antonio).

 

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Les nouveaux livres de François Beaune et Fabienne Swiatly... qui n'ont pas besoin de mon coup de projecteur, mais comme ce sont de belles personnes et qu'elles ont commis de rudement bons livres...

Oui, j'aime ces quatre auteurs. Et non, cette notule ne relève d'aucun copinage.

05/09/2011

Virée "nordesque" # 2

 Dunkerque

Flash-back belge : je me suis également rendu chez l'homme à la Chimay Bleue. Qui m'a mis entre les mains les centaines et les centaines de pages inédites (en français) de Bukowski, Brautigan... Sans compter le coin de sa bibliothèque réservée à l'oeuvre de Jacques Sternberg (dont il a... TOUT).

Sternberg

Eric Dejaeger, donc. Le responsable pénal de la revue "Microbe" dont le 67ème numéro sort ces jours-ci.

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Au sommaire :
Illustrations de Samantha Barendson
Textes de
justin.barrett
M
arc Bonetto
N
icolas Brulebois
É
ric Dejaeger
F
abrice Farre
P
ascal Feyaerts
M
ahrk Gotié
F
rédérick Houdaer
J
ean-Marc La Frenière
P
ierre-Brice Lebrun
H
ervé Merlot
A
ndré Stas
M
arlène Tissot
F
lorian Tomasini

Les abonnés le recevront début septembre.
Les autres ne recevront rien. Pour tout renseignement, contacter ericdejaeger@yahoo.fr

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22/11/2010

L’APRÈS « SANG D’ENCRE »

Week-end au salon Sang d’Encre marqué par la présence-absence de l’ami Pascal Garnier.

Précision : je travaille depuis juillet à l'écriture d'un roman qui est dédié à Pascal Garnier (ainsi qu’à Cécile Philippe).

Au salon du polar de Vienne, comme par hasard, le libraire m’installe "à la table de Pascal Garnier", tout à côté d'une photo de lui et des piles de ses livres...

Tout au long de ces deux jours, je vais parler de lui avec des lecteurs (j’apprendrai son décès à certains d’entre eux). Il y en aura même un pour me demander… de lui dédicacer un livre de Pascal Garnier !

Mon autre voisin de tablée s’appelait François Joly. Il m’a raconté une belle anecdote, remontant à quelques années. Joly était dans les locaux de Gallimard, en train de signer les services de presse de sa première Série Noire, quand un vieux monsieur l’a abordé… pour le remercier. Pour lui dire que grâce aux polars et à leur tirage confortable, Gallimard pouvait publier de la poésie. Lui, le vieux Monsieur, poète de son état, avait vendu son dernier titre à 1500 exemplaires (dix fois moins que certains polars).

Le vieux monsieur s’appelait Guillevic.

Pour en finir avec ce week-end, précisons que je me suis procuré un excellent premier roman :

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01/10/2010

LE COW-BOY QUI TIRE LA GUEULE PLUS VITE QUE SON OMBRE

Il était une fois l’une de mes B.D favorites (au milieu de la surproduction de ces dernières années). L’une des plus intelligentes et des plus jouissives.

Il était une fois « Lincoln » (« C’est pas mon vrai nom d’ailleurs, car je l’ai jamais su, on m’a toujours appelé Crâne de bois ! Si j’ai choisi Lincoln c’est parce que celui-là quand ils l’ouvraient, ils devaient tous la fermer autour de lui ! »)

Pour saluer la naissance du héros, « pas de signe merveilleux ou prémonitoire dans le ciel, pas de bagage héréditaire particulièrement encourageant ». Au contraire même, « un jour sans ciel et sans histoire » (d’après la première planche du premier tome) !

Sauf que… ce n’est pas vrai. Etre fils d’une pute, grandir dans un bordel du Far-West, ça vous garantit peut-être un karma de « poor lonesome cow-boy », mais loin des piste fréquentées par Lucky Luke. D’ailleurs, Lincoln n’est pas du genre à troquer sa clope contre un brin d’herbe ! Il « ouaipe » comme le cow-boy de Morris, mais ses (més)aventures sont plutôt celles d’un Unlucky Luke.

Lincoln, rendu à sa liberté malgré lui, apprend très vite à se débrouiller tout en récitant le chapelet d’injures qu’il annone depuis l’enfance. Il se comporte avec une remarquable cohérence tel le fumier nihiliste qu’il est. Un bon client pour la rédemption ? Sa rencontre avec Dieu est décevante à souhait (le cow-boy est dérangé par le vieux barbu alors qu’il pêchait à la dynamite). Pourtant, il s’agit bien du fil rouge qui parcourt les différents albums.

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Page 28 du premier tome, Lincoln est pendu sans autre forme de procès, et on ne peut guère parler d’injustice. Las… Dieu lui a fait un drôle de cadeau empoisonné juste avant. Voilà notre héros immortel. De quoi encaisser plus de coups que la moyenne. De quoi ne pas dire « merci ».

Lincoln vire justicier « par défaut », flanqué de disciples qui plus est, et on ne peut pas dire que cela l’enchante. Cela durera ce que cela durera.

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Les indiens, c’est pour le deuxième tome où il rencontre Wakiza Ohanko (« Guerrier déterminé mais un peu nerveux »).

Les scènes de bagarre qui s’y trouvent sont à la B.D ce que celles du « Seigneur des porcheries » sont à la littérature (O.K, je place la barre haut).

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Manichéenne, cette B.D ? Même pas. L’histoire, à cheval (forcément) sur le XIX et le XXème siècle, enregistre des changements brusques. Les immeubles surgissent dans le troisième tome où notre héros découvre la grAUsse ville (New-York 1900) en compagnie de Satan himself en personne. Sacré tandem (rappel de ce petit mot sympathique de Dieu sur le Diable : « C’est un vieux pote à qui je refile du boulot de temps à autre »). Un album qui donne à voir la version de « Gangs of New-York » qu’aurait pu tourner le Arthur Penn de « Little big man ». Au milieu des rues sordides, le cow-boy le plus teigneux de l’histoire de la B.D trouvera pire que lui, en la personne d’un gamin qui devrait lui rappeler quelqu’un… s’il n’était pas occupé à défourrailler à tout va.

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 Quatrième tome (Jarmush et les Daltons)

Lincoln a pris « sa place » au sein de la société New-Yorkaise, ainsi que pas mal de kilos supplémentaires. Devenu flic (ripoux, cela va sans dire) dans la cité, il commet l’arrangement de trop. Un petit passage par la case « prison » (une condamnation à 200 ans de travaux forcés) permettra à Lincoln de retrouver la ligne dans son pyjama rayé, entre deux cavales façon « O’Brother ». Le danger le plus terrible qui le menace étant celui de finir… canonisé (il faut le lire pour le croire !).

 

Cinquième et sixième tome

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Il est grand temps pour notre héros (non, anti-héros… non, héros… non, anti-héros…) de s’offrir une virée mexicaine. Et qui dit Mexique, dit filature au milieu des cactus, soldats moustachus se faisant botter le train dans leur caserne poussiéreuse, jeux de cache-cache dangereux… L’aventure se poursuit sur deux tomes, pour cause d’amour révolutionnaire sur le feu. Le cynisme de Lincoln en sortira-t-il indemne ?

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Il est rare qu’une B.D emporte mon enthousiasme sur la durée (plusieurs tomes) tant dans le domaine du dessin que dans celui du scénario (et même de la couleur !). Mais là, faisons les comptes : découpage impressionnant de justesse, excellents dialogues (pas trop « malins » non plus… pas de mépris pour les personnages de la part des auteurs), ton remarquablement tenu (humour au rasoir, cruauté partiellement désamorcée, tendresse sans mièvrerie), record de coups de poings essuyés dans la tronche du héros (si Mel Gibson avait de l’humour… il adapterait la B.D au cinoche !).

Quand j’ai découvert « Lincoln », j’ignorais que ses auteurs étaient lyonnais. Quelle n’a pas été ma surprise quand j’ai appris qu’ils travaillaient tous au sein de l’Atelier K.C.S, un atelier qui se trouvait… à quarante mètres de chez moi !

Mon unique déception : Jouvray (le scénariste) est tellement bon que Jouvray (le dessinateur) n’a pas besoin d’un nouvel acolyte au scénario (et j’en fais quoi, moi, de ma super histoire travaillée depuis dix ans censée raconter le pourquoi et le comment d’une invasion extraterrestre déclenchée pile-poil au-dessus du Sacré-Cœur, et ses conséquences avec la conversion en masse des martiens qui finissent par catholiciser le reste de l’univers, le tout en quarante-douze tomes ?! M’en fous, vais la caser chez Marvel).