30/04/2014
Lecture parfaite pour une nuit de Walpurgis
08:40 Publié dans où je lis, SIGNATURES | Lien permanent | Commentaires (0)
19/04/2014
C.Q.F.D.
Jean-Marc Flahaut vient de publier un livre rouge avec une nana et un flingue en couverture. Un flingue baveux. Le style de l’auteur, lui, n’a rien de baveux. Il est même d’une redoutable précision. Tout ce qu’il ne mentionne pas (à commencer par le nom de son héroïne), c’est à dessein.
L’histoire de « Stockholm » où des « étudiants végètent sur la pelouse comme après une sortie de route », où une pov’petite fille riche est enlevée par « l’armée du peuple » avant d’épouser la cause de ses ravisseurs ? Elle est vraie. Paul Schrader en a fait un film. Pierre Bellemare en a sûrement causé à la radio. Est-ce une raison pour que Flahaut s’interdise de nous en proposer sa version ?
« C’est simple comme bonsoir. Et facile comme passer la porte d’une boulangerie. Parce que c’est justement là qu’on y trouve le blé. C’est à ça qu’elle pense lorsqu’elle pénètre dans la banque en suivant les autres en diagonale comme un pion sur un damier. »
Flahaut est un poète. Il est donc pauvre et a les moyens. Qu’on en juge :
« Au bout du voyage et d’une route de terre passablement longue et ennuyeuse, se dresse une colline. Et derrière cette colline, se cache une vallée. Et quelque part au milieu de cette vallée, se trouve une ferme. Entourée par des étangs. Et une forêt de bouleaux.
Devant, quelqu’un est là, qui les attend. C’est une jeune femme japonaise. Recherchée pour des attentats à la voiture piégée.
Et qui avance dans leur direction.
Dans un concert de grenouilles et de grillons.
Pour leur souhaiter la bienvenue.
Comme une trêve imaginaire.
Un possible retour au calme.
Et une invitation à la paix. »
La Patty Hearst de Jean-Marc Flahaut est l’une des héroïnes les plus troublantes de cette non-rentrée littéraire d’avril.
« Stockholm » de Jean-Marc Flahaut
50p., 12,50 €
ISBN 978 2 919098 08 8
Editions Les États Civils
Le commander ? ICI
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16/04/2014
Empruntés à la bibliothèque municipale ce jour...
... accompagnés quelques heures plus tard de ce charmant courriel envoyé par cette même bibliothèque :
" ATTENTION : vos privilèges de transactions sont suspendus, veuillez contacter un membre du personnel de la bibliotheque pour mettre à jour votre dossier. Vous avez un litige dans votre compte.
Vous avez atteint le maximum de frais permis.
Vous avez des documents en retard.
Votre abonnement arrive à échéance. "
J'ai intérêt à me tenir A CARREAU maintenant.
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11/04/2014
"LE MOUTON NOIR" de Jean-Jacques Nuel
Encore un nouveau recueil de textes courts de Jean-Jacques Nuel ? Oui, et l'un de ses meilleurs, et l'un de ses plus... courts !
« Frédérick Houdaer m’avait donné rendez-vous au café COURT-CIRCUIT, sis à l’angle de la rue Jangot et de la rue Sébastien Gryphe. Depuis longtemps Frédérick écrivait des poèmes dans les cafés, mais aussi des poèmes sur les cafés ; il lui arrivait même d’écrire un poème sur un café dans un café, voire dans le café même qui était le sujet du poème en cours. Il en éprouvait un sentiment de puissance et de jouissance comme s’il était à l’intérieur de sa création, à l’instar d’un peintre qui se mettrait à peindre les murs, le sol et le plafond de l’atelier autour de lui. Quand je le rejoignis, il était déjà attablé ; il écrivait un poème qu’il avait intitulé COURT-CIRCUIT, comme s’il était l’auteur de la raison sociale. Il avait intégré dans ses vers les éléments du décor, le serveur et les rares clients présents dans la salle, il écrivait que j’allais le rejoindre, il écrivait que je l’avais rejoint. Un moment, je fus tenté de refuser d’entrer dans cette fiction, ne sachant où elle me mènerait, mais en voyant la tête de Frédérick Houdaer à la verticale de son texte, considérant les mots de haut avec une sévère distance critique, les toisant presque, je compris, rassuré, qu’il dominait la situation. »
Jean-Jacques Nuel
11:04 Publié dans où je lis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean-jacques nuel, nuel, le mouton noir, passage d'encres, trait court
09/04/2014
Vrac de vrac # 14
Ce vendredi, je participerai à une soirée autour d'Hubert Selby jr à la librairie "Au bal des ardents" dans le cadre du festival "Hallucinations Collectives".
Samedi, à midi, je serai à la bibliothèque de Lans-en-Vercors pour une performance autour de mes différents recueils (et particulièrement le dernier).
Autrement ? Un drôle de phénomène se produit autour de ce "No Parking no business". Des lecteurs (se sont-ils donnés le mot ? Peut-on parler d'un complot ?) me font parvenir de drôles de photos du livre. Voici la première (cela finira peut-être par composer un rébus) :
Remerciements à Carlo de Boisset pour cette première pièce à charge.
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07/04/2014
"La compagnie noire" de Glen Cook
Pas lu de roman d'héroïc-fantasy depuis ceux de Jean-Philippe Jaworski... Ne regrette pas le voyage. Autrement plus troublant que "Le trône de fer". La parole est à Toubib :
" Un bataillon de la grande armée rebelle se trouvait à un ou deux jours derrière nous. Nous aurions pu faire demi-tour et les battre à plate couture, mais le capitaine préférait leur fausser compagnie. L'idée me plaisait. (...) Dans l'état de fatigue qui était le nôtre, nous nous attendions à devoir livrer d'autres combats acharnés avant que l'hiver mette un frein à la guerre.
- Toubib ! Vise-moi ça !
Blanchet a déboulé à fond de train vers le bivouac où j'étais assis avec le capitaine, Silence et un ou deux autres. Il portait une femme nue sur l'épaule. Elle aurait été belle si on ne lui avait pas fait subir les derniers outrages.
- Pas mal, Blanchet. Pas mal, ai-je dit avant de me replonger dans l'écriture de mon journal. Derrière Blanchet, les cris de triomphe et les hurlements continuaient. Les hommes récoltaient les fruits de la victoire.
- Des barbares, a fait observer le capitaine sans animosité.
- De temps en temps,faut leur laisser la bride sur le cou, lui ai-je rappelé. Vaut mieux qu'ils fassent ça ici qu'avec les habitants de Seigneurie.
Le capitaine l'a reconnu à contrecoeur. Il manque un peu de cran pour le pillage et le viol, bien que ça fasse partie du boulot. Je le crois secrètement sentimental, du moins quand des femmes sont en cause.
J'ai essayé de soulager sa conscience.
- Ils l'ont cherché, ils ont pris les armes.
La mine sombre, il m'a demandé :
- Depuis combien de temps ça dure, Toubib ? Depuis toujours, on dirait, non ? Est-ce que tu te souviens d'une époque où tu n'étais pas soldat ? A quoi ça nous mène? Pourquoi ne pas décider que tout est fini et qu'on rentre chez soi ?
(...)
Il y avait des cadavres partout. Ces crétins devaient se croire en parfaite sécurité. Ils n'avaient pas dressé de palissade ni creusé de tranchées autour du camp. Idiot. C'est la première précaution à prendre, même avec la certitude qu'il n'y a pas d'ennemi dans un rayon de cent cinquante kilomètres. On s'installe un toit sur la tête seulement après. Mieux vaut mouillé que mort.
Je devrais avoir l'habitude de tels spectacles. Je suis depuis longtemps dans la Compagnie. Et ils me gênent moins qu'autrefois. J'ai protégé par des plaques d'armure mes faiblesses intimes. mais j'évite autant que possible de regarder des horreurs.
Vous qui continuerez après moi à griffonner ces annales, comprenez sans tarder que je répugne à révéler toute la vérité sur notre bande de canailles. Vous savez qu'ils sont dépravés, violents et ignares. Ce sont de vrais barbares qui réalisent leurs fantasmes les plus cruels, et dont seule la présence de quelques hommes droits tempère la conduite. Je ne montre pas souvent ces travers car ces hommes sont mes frères, ma famille, et j'ai appris tout jeune à ne jamais dire du mal de mes parents. Les leçons de l'enfance ont la vie dure.
Corbeau se marre toujours quand il lit mes comptes rendus; "Du sucre et des épices", il appelle ça, et il me menace d'embarquer les Annales pour écrire les évènements tels qu'il les voit se produire.
Corbeau le dur à cuire. Qui se moque de moi. Mais qui donc rôdait dans le camp et dispersait les hommes chaque fois qu'ils se livraient à une petite torture, histoire de se divertir ? Qui trimballe derrière lui une gamine de dix ans sur un vieux mulet ? Pas Toubib, les gars. Pas Toubib. Toubib n'est pas un sentimental. Il laisse ça au capitaine et à Corbeau."
15:52 Publié dans où je lis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean-philippe jaworski, la compagnie noire, glen cook, le trône de fer
14/01/2014
LE PAVÉ VINAU (ceci n’est pas une critique littéraire)
Reçu le pavé Vinau ce jour dans ma boite aux lettres (290 pages de poésie !). Je dis « le pavé », mais ça n’a rien de péjoratif, rien d’indigeste. Au contraire. Le volume est fort riche, mais fort digeste. Tout ce qu’il me fallait pour entrer dans la nouvelle année et laisser derrière moi les dix dernières journées de décembre (la pire décade de l’année 2013 en ce qui me concerne).
Thomas, cela fait quelques années que je le lis. J’ai publié l’un de ses recueils au Pédalo Ivre. Les gens qui m’en ont dit du bien, les gens qui m’en ont dit du mal, je les ai rarement rejoints sur leurs conclusions. Vinau, comme de nombreux poètes qui me sont chers, est un auteur que l’on peut aimer ou détester pour de mauvaises raisons. Il y en a pour le traiter de « ravi de la crèche », je crois simplement qu’ils ne l’ont pas lu. Certes, son bestiaire est plus riche que le mien et il évoque plus facilement les nuages et les rivières que je ne le fais.
Au fond, Thomas Vinau, c’est quelqu’un que j’ai toujours pris au sérieux. Et jamais, à chaque fois que nous nous sommes vus, nous ne nous sommes pris la tête.
J’ai lu un poème assez cruel de lui dans une école primaire (j’y ai également lu des textes de Bukowski !). Je ne suis pas prêt d’oublier la réaction des gosses à l’écoute de ce texte. Ça fait ça, d’entrer en contact avec la poésie ? Oui, c’est comme enfoncer ses doigts dans une prise et ne pas en sortir indemne… d’autres questions ?
Et "JUSTE APRES LA PLUIE", ce nouveau recueil paru chez Alma éditeur ? J’y reviens, j’y reviens. Avec un nouvel extrait :
COMPLICES
Nous sommes les complices
d’une grande et belle évasion
il y a celui qui aime
celui qui lit
celui qui écrit
celui qui rêve
celui qui refuse
celui qui plante
celui qui marche
celui qui joue
celui qui nie
celui qui apprend
celui qui doute
celui qui se moque
celui qui se saoule
celui qui dit non
nous sommes tous les complices
d’une grande et belle évasion
nous creusons des tunnels
nous tressons des cordages
nous prenons des notes
nous rusons nous savons
que les détours sont nécessaires
qu’il faut esquiver l’ordre des choses
qu’au bout il y a dehors
demain
dedans
Thomas Vinau persiste. Et signe.
10:41 Publié dans où je lis | Lien permanent | Commentaires (2)
30/09/2013
Rêves d'ours...
" Une fois j'ai eu un problème : chaque fois que je mangeais de l'ours, je faisais des rêves d'ours. J'en ai parlé à un chamane - un type que j'avais fréquenté pendant vingt-cinq ans avant d'apprendre qu'il était chamane. Il bossait comme géomètre. Il m'a alors dit :
- Eh bien, à moins que tu apprécies les rêves d'ours, arrête de manger de l'ours. "
Jim Harrison (trad. Matthieu Dumont)
07:45 Publié dans où je lis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jim harrison, gary snyder, aristocrates sauvages, matthieu dumont
22/08/2013
Rentrée littéraire
Un premier roman signé Paola Pigani (lauréate du prix Prométhée de la Nouvelle il y a quelques années), publié aux Editions Liana Lévi.
Quatrième de couv' :
Autour du feu, les hommes du clan ont le regard sombre en ce printemps 1940. Un décret interdit la libre circulation des nomades et les roulottes sont à l’arrêt. En temps de guerre, les Manouches sont considérés comme dangereux. D’ailleurs, la Kommandantur d’Angoulême va bientôt exiger que tous ceux de Charente soient rassemblés dans le camp des Alliers. Alba y entre avec les siens dans l’insouciance de l’enfance. À quatorze ans, elle est loin d’imaginer qu’elle passera là six longues années, rythmées par l’appel du matin, la soupe bleue à force d’être claire, le retour des hommes après leur journée de travail… C’est dans ce temps suspendu, loin des forêts et des chevaux, qu’elle deviendra femme au milieu de la folie des hommes.
N’entre pas dans mon âme avec tes chaussures, dit le proverbe: on n’entre pas impunément chez les Tsiganes, ni dans leur présent ni dans leur mémoire… Mais c’est d’un pas léger que Paola Pigani y pénètre. Et d’une voix libre et juste, elle fait revivre leur parole, leur douleur et leur fierté.
« Voici enfin le grand roman de ceux qui comme tant d’autres à cette époque souffrirent de l’exclusion, persécutés, affamés, mais qui toujours gardèrent la tête haute. Fiers d’être Gitans ! Magnifique ! »
Le Cadran lunaire, Mâcon
« Une belle réussite, touchant cette part sauvage et ivre de liberté qui veille en chacun de nous. »
« Un regard unique et passionnant sur la communauté manouche perdue dans la tourmente de l’Histoire, porté par l’écriture sobre et délicate de Paola Pigani. »
09:16 Publié dans où je lis | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : pigani, paola pigani, éditions liana lévi