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23/02/2018

D'après Vinau

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Qu'est vraiment Armaguédon Strip de Frédérick Houdaer ? Un catakit millénariste ? Un croisement entre "Métal Hurlant" et "La petite maison dans la prairie" ? Le livre sur sa mère que Cohen n a jamais écrit ? Le plan B d'un plan B ? Un nouveau sens à donner à l'expression coup de crayon ? Une invitation à m'interroger sur la raison pour laquelle la petite amie du narrateur s'appelle Émilie ? Une bombe pour mon voyage en train jusqu'à St Nazaire (dois-je prévenir la police du rail) ? Il est dédié à Dino Risi et à John Fante. Il est écrit par un poète gardien de nuit. Il est édité par Le Dilettante, l'excellent éditeur de Georges Hyvernaud. ÇA vous donne une idée... 

Thomas Vinau

 

25/09/2015

Hyvernaud

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« Je ne me moquerai pas de ce garçon roux, volubile et maladroit qui m’a donné ce matin un cahier bleu en me demandant de jeter un regard sur ça. Ça, c’est une vingtaine de poèmes qu’il a écrits ici. Surtout, que je lui dise sincèrement ce que j’en pense, sans complaisance. Il en a assez des compliments automatiques qu’on lui fait d’habitude (si souvent ?).

Je feuillette le cahier. Honnêtes descriptions de paysages bretons, avec rochers, phares, genêts et ajoncs. Paysanneries sentimentales : le promis et sa promise, la veste neuve et la coiffe du dimanche. Méditations sur la vie, sur la mort. Poèmes d’amour, surtout, avec caresses et tendresses, de l’azur, de la pureté, des cheveux blonds et des mains douces.

C’est pâle, c’est fade, c’est niais. On reconnaît des voix trop connues : celle du vieil Hugo, celle de Verlaine, celle –hélas- d’Albert Samain. Et dans ce pauvre écho, elles paraissent bien misérables.

Mais je ne veux pas me moquer de lui. Bien que cela m’agace de ne trouver que des mièvreries chez cet homme qui a traversé la guerre et la prison. Ces choses-là, quand même, auraient dû le délivrer des romances et des pastiches, tirer de lui autre chose que des chansons d’automne, des complaintes d’amour et des peintures consciencieuses de décors pour cartes postales.

Il faut croire que ces expériences violentes que nous vivons ne servent exactement à rien, puisqu’on peut en sortir inchangé, serein, avec au cœur les mêmes sentiments de tout repos, et aux lèvres la même bonne chanson, la sempiternelle chanson qu’on eût murmurée pendant toute une existence  d’immobilité et de quiétude bourgeoise. »

 

 Georges Hyvernaud, « Carnets d’oflag »