01/03/2016
Pierre Tilman
je bande
elle mouille
rien que de très naturel
c'est elle
c'est moi
on s'aime
à moi il a fallu toute une vie pour en arriver là
une vie beaucoup plus longue que celle qu'il me reste à vivre
et pendant toute cette vie beaucoup plus longue
que celle qu'il me reste à vivre
je n'ai pas su écrire ce poème
je n'ai pas pu écrire ce poème
Pierre Tilman, "L'amour moderne", Editions La rumeur libre
(198p., 20€, ISBN : 978-2-35577-113-2)
Pierre Tilman, lors du Cabaret Poétique du 5 janvier 2014 (photo Denis Svartz)
12:36 Publié dans C’est quoi, la poésie ? C’est ÇA, Ducon ! | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pierre tilman, tilman, éditions la rumeur libre, la rumeur libre, andrea iacovella
15/02/2016
Roger Lahu
vas y avance
c'est comme entame
de jambon cru
ou blanc
ou fumé
mais "à l'os"
Merci à Thomas pour le livre-cadeau.
A signaler : cette année, paraîtra au Pédalo Ivre une "correspondance poétique" entre Thomas Vinau et Roger Lahu.
17:20 Publié dans C’est quoi, la poésie ? C’est ÇA, Ducon ! | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roger lahu, thomas vinau, le dé bleu, les anguilles
05/02/2016
Michel Bourçon
chaque jour
la vie nous promène
comme un chien
à peine éclose
des fleurs inondent les trottoirs
déjà perdu au levé
un homme ignore
ce dans quoi il entre
un sale goût sur la langue
le cœur ancré encore
dans la nuit monstre
Michel Bourçon, « Les rues pluvieuses n’iront pas au ciel »
00:56 Publié dans C’est quoi, la poésie ? C’est ÇA, Ducon ! | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : michel bourçon, éditions les carnets du dessert de lune
06/01/2016
REALPOETIK
LE site de poésie de ces quarante-douze dernières années, ICI...
17:40 Publié dans C’est quoi, la poésie ? C’est ÇA, Ducon ! | Lien permanent | Commentaires (0)
21/12/2015
21 décembre
"C'est peut-être le dernier jour de ma vie.
J'ai salué le soleil, en levant la main droite,
Mais je ne l'ai pas salué pour lui dire adieu,
J'ai fait signe que j'aimais bien le voir encore : rien d'autre."
Pessoa, Poèmes Païens (éd. Bourgois)
09:58 Publié dans C’est quoi, la poésie ? C’est ÇA, Ducon ! | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : solstice, pessoa, paganisme, soleil
02/11/2015
Dickinson, un 2 novembre
Nous ne jouons pas sur les Tombes –
Car il n'y a pas de Place –
De plus – ce n'est pas plat – ça penche
et des Gens viennent –
Et posent une fleur dessus –
Et leurs visages pendent tellement –
Que nous craignons que leurs Cœurs tombent –
Et écrasent notre joli jeu –
Emily Dickinson
14:59 Publié dans C’est quoi, la poésie ? C’est ÇA, Ducon ! | Lien permanent | Commentaires (2)
23/10/2015
C’est quoi, la Poésie ? C’est ÇA, Ducon ! (# 1 : Guillevic)
Avec Drieu la Rochelle en guest-star (ça va encore énerver)...
14:42 Publié dans C’est quoi, la poésie ? C’est ÇA, Ducon !, où je lis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : guillevic, vivre en poésie, drieu, drieu la rochelle, le temps des cerises, lucie albertini, alain vircondelet
16/09/2015
Thierry Radière
Nous ne reviendrons plus
dans cette maison où tu pleures
en cachette dès qu’on y séjourne
même quelques heures les coffres-forts
sont bien cachés : près de l’océan
on ne sait jamais du monde circule
et de plus en plus maintenant
que la route principale du village passe
devant chez eux
tu es sûre que c’est une vengeance du maire
il a voulu emmerder le propriétaire
c’est-à-dire ton père qui lui avait piqué
sa maîtresse et qu’il ne l’a jamais digéré.
Thierry Radière,
"Poèmes géographiques", à paraître tout prochainement au Pédalo Ivre !
04:52 Publié dans a.4) EDITEUR, C’est quoi, la poésie ? C’est ÇA, Ducon ! | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : thierry radière, poèmes géographiques
08/09/2015
LE DIEU BOUC
« La campagne est un pays de verts mystères pour l’enfant qui y passe l’été. Il y a des fleurs, si la chèvre les mord, qui lui gonflent le ventre et il faut qu’elle coure.
Quand l’homme a joui avec une fille – ils ont des poils là en bas -, l’enfant gonfle son ventre.
Lorsqu’ils gardent les chèvres, ils se font des bravades et ricanent entre eux,
mais chacun commence au crépuscule à épier tout autour.
Les enfants savent voir qu’une couleuvre est passée
A la trace sinueuse qui subsiste par terre.
Mais qu’elle passe dans l’herbe, personne ne le voit.
Il y a des chèvres qui s’arrêtent dans l’herbe,
Juste sur la couleuvre, et qui jouissent de se faire sucer.
Les filles aussi jouissent de se faire toucher.
Quand la lune se lève, les chèvres sont inquiètes,
il faut les regrouper et les mener à la ferme,
sinon le bouc se dresse. Bondissant dans les près,
il éventre les chèvres et puis il disparaît.
Des filles en chaleur viennent seules, la nuit dans les bois
et si couchées dans l’herbe elles bêlent, le bouc accourt les retrouver.
Mais que pointe la lune : il se dresse et les éventre.
Et les chiennes qui aboient sous la lune,
c’est qu’elles ont entendu le bouc qui bondit
sur les cimes des collines et flairé l’odeur du sang.
Et dans les étables, les bêtes s’agitent.
Seuls les chiens plus costauds mordent leur corde
et certains se libèrent et courent suivre le bouc,
qui les asperge et les enivre d’un sang plus rouge que le feu,
et puis ils dansent tous en se tenant dressés et en hurlant à la lune.
Quand le chien reparaît au matin, tout pelé et grondant,
les paysans lui donnent la chienne à coups de pied au derrière.
Et la fille qui erre dans le soir, et les enfants qui rentrent à la brune, avec une chèvre en moins, ils leur cognent dessus.
Ils bourrent les femmes et bûchent sans vergogne, les paysans.
Ils sont toujours dehors, le jour comme la nuit, et n’ont même pas peur
de piocher sous la lune ou d’allumer un feu
de chiendent dans le noir. C’est pour ça que la terre
est si belle et verte et que, piochée, elle a, quand vient l’aube,
la couleur des visages hâlés. On va faire les vendanges,
et l’on mange et l’on chante ; on effeuille le maïs
et l’on danse et l’on boit. Il y a des filles qui rient
car quelqu’un a évoqué le bouc. Tout là-haut, dans les bois,
sur les crêtes rocheuses, les paysans l’ont vu
qui cherchait une chèvre et donnait dans les troncs des coups de tête.
Car si une bête ne sait pas travailler
et qu’elle sert seulement d’étalon, elle aime détruire. »
Cesare Pavese, « Travailler fatigue » (trad. Gilles de Van)
07:39 Publié dans C’est quoi, la poésie ? C’est ÇA, Ducon ! | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cesare pavese, pavese, travailler fatigue, le dieu bouc, bouc, gilles de van