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23/01/2025

Lecture d'insomnie

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Une anthologie concoctée par Jacques Chambon autour du thème « le voyage dans le temps », l'un des plus beaux champs de manœuvre que la S.F. se soit jamais proposé.
Tous les auteurs ne font pas le choix du spectaculaire. Certains vont parfois tellement loin dans l’intime que leur histoire peut faire songer à… une nouvelle (revisitée) de Carver.
Les paradoxes poético-temporels abondent.
Le plaisir de retrouver quelques auteurs comme Silverberg, la joie d’en découvrir certain-e-s (ex : Kit Reed).
 

17/01/2025

Un artiste, un vrai

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- Tu lis des trucs, en ce moment ?
- Je te rappelle qu’on me paie des millions de dollars pour ça.
- Tu lis quoi ?
- Entre autres, l’étrange bio de David Lynch.
- T’apprends des trucs ?
- Plein.
- Par exemple ?
- Qu’on lui a proposé de tourner « Le retour du Jedi » juste avant qu’il fasse « Dune ».
- C’est dingue. Ça aurait tout changer au Star Wars VI !
- Les Ewoks auraient eu une autre gueule.
- Même que c’est pas Dorothée qu’aurait chanté leur chanson !
- Voilà où je voulais en venir.
 

15/01/2025

"Un effondrement parfait"

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De quarante-cinq à cinquante-cinq ans : envie de plus en plus forte de ne pas rentrer, de ne plus rentrer. Le monde en vaut de moins en moins la peine : féroce, compétitif à outrance, guerre de tous contre tous, hystérie, surveillance généralisée, violence sociale, puritanisme pornographique des avant-gardes et retour du vieux fond pétainiste. (…)
De cinquante-cinq à nos jours : on retrouve peu à peu le rythme, le vrai goût du temps. On sait qu’il en reste moins, alors on en gagne. On ne s’embête plus avec les calendriers officiels, les demandes de tous ordres, les névroses. On cherche les moyens de ne plus rentrer du tout.
De laisser tomber.
D’oublier jusqu’au mot rentrée ou de le garder comme motif poétique de la période six-dix-sept.
L’éclipse est à portée de la main. 

 

10/01/2025

Dans la même après-midi...

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... passage à la librairie + boîte à livres + bibliothèque municipale = une pêche excellente !

J'en profite pour vous souhaiter une bonne année !

 

17/12/2024

"Demain les chiens"

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La question primordiale, bien sûr, consiste à demander si l’homme a existé. Pour l’heure, faute de preuve concluante, on s’accorde à répondre par la négative ; l’homme, tel que dépeint dans la légende, est une invention de la tradition populaire. 
 
Demain les chiens de Clifford D.Simak (nouvelle traduction de Pierre-Paul Durastanti)
 

08/12/2024

"Dès l'école primaire..."

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Dès l’école primaire, Alexandre rencontra des difficultés inquiétantes que Catilina, dans l’aveuglement de son amour de mère, attribuait à un excès de sensibilité, un caractère rêveur, voire à une forme peu orthodoxe de génie alors que leur cause réelle n’était que trop claire pour peu qu’on examinât objectivement la situation : le gosse était complètement con. 

 

05/12/2024

Parti ce jour

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Je ne suis pas prophète et je ne sais si le vroum-vroum deviendra ou non l’unique forme reconnue de la poésie. Sans aller jusqu’à cet état extrême, il me semble qu’il y a un risque (c’est pour moi un risque) de voir s’établir une domination écrasante de la dimension orale de la poésie, au détriment du livre et même de l’écran. Ce serait une amputation et une régression. Or il y a aujourd’hui en France, comme il y en a toujours eu, de la poésie ; de la très bonne poésie. Difficile ou pas ; qui parle de tout, de vous, de rien ; qui invente, qui renouvelle, qui surprend, qui enchante. On la trouve dans des livres, dans des revues, dans des enregistrements sonores, des vidéos. On la trouve dans les librairies (il y en a) qui n’ont pas renoncé à la présenter, la soutenir, la vendre. Lisez-la, copiez-la, apprenez-la, comme on le faisait autrefois.
Ce que je viens d’écrire est pour défendre le point de vue suivant : que la poésie a lieu dans une langue, se fait avec des mots ; sans mots pas de poésie ; qu’un poème doit être un objet artistique de langue à quatre dimensions, c’est-à-dire être composé à la fois pour une page, pour une voix, pour une oreille, et pour une vision intérieure. La poésie doit se lire et dire.
 
Jacques Roubaud
 

27/11/2024

"Nightmare Alley"

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L’unique roman* traduit en français de William Lindsay Gresham, deux fois adapté au cinéma**. Chacun de ses chapitres s’ouvre avec une lame du tarot, cela commence par Le Mat/Fou, et cela s’achève avec… Le Pendu.

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« Le langage le fascinait. Son oreille attrapait le rythme et il notait certaines tournures de phrases qu’il réutilisait ensuite dans son boniment. Il avait découvert la raison pour laquelle les vieux machinistes forains acceptaient de parler de cette manière traînante très particulière – c’était un ramassis de tous les dialectes des diverses régions de ce vaste pays. Un langage qui, aux oreilles des habitants du Sud, avait une résonnance méridionale, et occidentale aux oreilles des gens de l’Ouest. C’était le parler de la terre, et sa lenteur affichée servait à masquer l’agilité du cerveau qui lui donnait naissance. C’était une langue apaisante, illettrée, sortie de l’humus même. »

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Quand un charlatan (ex-forain) rencontre une psy redoutable et cherche à fomenter avec elle une escroquerie de haut-vol :
« La main de Lilith se glissa sous son bras et, d’une légère pression, guida Stan à travers l’avenue dans la direction de l’immeuble où elle habitait, où elle exerçait sa branche particulière de magie et gardait sous clé dans son fichier mille renseignements précieux. Là aussi où elle prescrivait aux gens ce qu’ils devaient faire le jour suivant lorsque leur prendrait l’envie de boire, de casser quelque chose, de se suicider à l’aide d’une dose excessive de somnifère, de trousser la femme de chambre, bref d’accomplir ce dont ils avaient si peur qu’ils étaient prêts à lui offrir vingt-cinq dollars de l’heure pour apprendre pourquoi il était bon qu’ils le fassent ou qu’ils continuent de le faire ou, au contraire, comment ils pourraient s’arrêter de le faire ou cesser de le désirer, ou cesser d’y penser ; ou bien alors qu’elle leur indique le moyen de manigancer autre chose qui soit presque aussi bon ou quelque chose de mauvais, mais qui les aide à se sentir mieux, ou tout simplement quelque chose qui les rende capable de faire quelque chose. »

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Un roman sidérant (freak show où Freud, Ouspensky et Houdini sont évoqués), une spirale descendante d’une noirceur et d’une profondeur dignes de Selby bien que publiés vingt-cinq ans avant Last exit to Brooklyn. Nick Toshes lui-même, dans la préface qu’il signe, parle de « lyrisme malfaisant ». Pour évoquer W.L.Gresham, il évoque un « lettré des caniveaux qui explore les étoiles en même temps qu’un lettré céleste qui explore les caniveaux ». Philippe Garnier, lui, traitera Gresham de « Tristan Corbière du Maryland » (tiens, tiens…).

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P.S. : allez lire la fiche Wikipédia de l’auteur et pincez-vous. Elle dépasse largement la courte bio au dos de la Série Noire : « Né en 1909 à Baltimore, William Lindsay Gresham a eu une vie marquée par la guerre, la maladie et l’alcoolisme. En quête d’apaisement spirituel, il s’est notamment tourné vers le marxisme, la psychanalyse, le tarot et le bouddhisme. Il est l’auteur de deux romans, Nightmare Alley et Limbo Tower, d’un court texte sur les Gitans, Le peuple du grand chariot, et de trois essais, dont un sur Houdini. Il s’est suicidé à New York en 1962. »
 
* : Le peuple du grand chariot a été récemment traduit en français grâce aux Editions Le passager clandestin.
** : Une première fois adapté au cinéma en 1947 (Le Charlatan avec Tyrone Power), la seconde fois avec le remake très dispensable de Del Toro. Les deux films édulcorent considérablement l’histoire originale.
 

03/11/2024

J.G. alias M.

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Giraud dessinait pour le plaisir dans son carnet de croquis ou sur un rond de bière, poursuit Patrice Leconte. Il dessinait comme d’autres chantonnent, tout en continuant à discuter, « oui, j’ai vu ce film, bof, pas terrible », c’était fou ! Giraud était un mutant, je ne vois pas d’autres explications. Quand il croquait un personnage, il commençait par sa botte gauche, puis il attaquait les ombres, la poussière, comme s’il était en train de repasser à l’encre un crayonné préexistant. J’avais l’impression qu’il projetait dans son cerveau le dessin terminé. Je n’avais jamais vu personne faire preuve d’une telle facilité. Il n’y avait ni rature ni repentir, et il lui arrivait de représenter l’ombre portée avant même d’attaquer le personnage.