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03/11/2024

J.G. alias M.

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Giraud dessinait pour le plaisir dans son carnet de croquis ou sur un rond de bière, poursuit Patrice Leconte. Il dessinait comme d’autres chantonnent, tout en continuant à discuter, « oui, j’ai vu ce film, bof, pas terrible », c’était fou ! Giraud était un mutant, je ne vois pas d’autres explications. Quand il croquait un personnage, il commençait par sa botte gauche, puis il attaquait les ombres, la poussière, comme s’il était en train de repasser à l’encre un crayonné préexistant. J’avais l’impression qu’il projetait dans son cerveau le dessin terminé. Je n’avais jamais vu personne faire preuve d’une telle facilité. Il n’y avait ni rature ni repentir, et il lui arrivait de représenter l’ombre portée avant même d’attaquer le personnage.

 

02/10/2024

de Spens

de spens,willy de spens,hussard malgré lui,drôle de guerre

Une fois de plus, je n’avais pas de chance car elle venait trop tard pour moi, cette guerre, alors qu’enfin la vie m’adressait quelques sourires. Je me sentais fin prêt pour combattre et mourir, quelques années plus tôt, la guerre me semblait la dernière aventure possible dans la pauvreté de ma vie. Et puis voilà que la guerre survenait, alors qu’elle ne m’intéressait plus. Je la détestais fermement, au contraire, elle m’arrachait à tout ce que j’avais appris à aimer. 

 

31/08/2024

C'est fini ?

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04:33 Publié dans où je lis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vacances, lecture

23/08/2024

"diviser par quatre..."

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Les années passèrent, c’est-à-dire qu’il fallut diviser par quatre le nombre des saisons. De tout ce temps, aucun mort ne fut à déplorer, quoique régulièrement, à la fin d’une journée un peu plus silencieuse, on crut pouvoir penser qu’une période s’achevait, et elle s’achevait en effet : ainsi sommes-nous chassés lentement. 

Frédéric Berthet, Simple journée d’été

 

10/08/2024

Le Havre # 2

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A la question "Pourquoi Le Havre ?", ma meilleure réponse : "Pour respirer".

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Autrement ? Lire POULET (Robert) rue POULET (Edgar).

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Autrement (bis) ? Plusieurs jours que j’espionne les goélands… Je sais maintenant où George Miller a puisé l’inspiration pour sa saga Mad Max.
Mon film des vacances, c’est Mad Max filmé par Allain Bougrain-Dubourg.

 

31/07/2024

Trouvaille de boîte à livres

Trouvaille de boîte à livres : un titre de la fameuse collection Défis fantastiques, un livre dont vous êtes le héros.
Et cette formidable entrée en matière :

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16/07/2024

"onze ans"

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Je pouvais avoir onze ans et je n’étais plus un novice à Saint-Christophe où je commençais ma seconde année. Mais si mon malheur n’était plus celui du déracinement et de la divagation dans l’inconnu, il n’en était que plus profond sous sa forme calme, réfléchie et comme définitive. A ce moment-là, j’avais fait le recensement de mes misères et je n’attendais de lueur d’espoir de nul horizon. J’avais tiré un trait sur les maîtres et sur le monde de l’esprit auquel ils étaient censés nous initier. J’en étais arrivé au point – mais me suis-je jamais départi de cette attitude ? – de considérer comme nul et radicalement disqualifié tout auteur, tout personnage historique, toute œuvre, toute matière d’enseignement quelconque, dès l’instant que les adultes paraissaient se l’être approprié et nous l’octroyaient en nourritures spirituelles. Par bribes, en feuilletant les dictionnaires, en glanant ce que je pouvais dans des ouvrages de compilation scolaire, en guettant dans un cours d’histoire ou de français l’allusion fugitive à ce qui m’importait au premier chef, je commençai à me constituer une culture en marge, un panthéon personnel où voisinaient Alcibiade et Ponce Pilate, Caligula et Hadrien, Frédéric-Guillaume Ier et Barras, Talleyrand et Raspoutine. Il y avait une certaine façon de parler d’un homme politique ou d’un écrivain – en le condamnant certes, mais cela ne suffisait pas, il y fallait autre chose encore – qui me faisait dresser l’oreille et soupçonner qu’il s’agissait peut-être de quelqu’un des miens. 

Michel Tournier, Le Roi des Aulnes 

 

21/06/2024

"il y eut un morceau de mon enfance..."

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Si j’anticipe c’est qu’en écrivant j’ai senti brutalement qu’il y eut un morceau de mon enfance où, tout en sachant que dans un certain temps je serais "grand", le souhaitant avec impatience, je croyais que j’irais toujours au cirque et que toujours je jouerais. 
 
Jacques Laurent, Histoire égoïste
 

03/06/2024

Les dangers du rail

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Le chemin de fer inspirait encore de la peur. On n’était pas si loin de la grande peur du XIXe que le guide Chaix combattait alors avec des arguments sublimes, non pas en essayant de rassurer le voyageur comme on aurait fait au XXe mais en jouant sur son goût du risque et sur son mépris de la mort. Ce vieux guide qui figurait dans les arrière-fonds de la bibliothèque de mon père proclamait : « C’est une grande erreur de chercher un préservatif contre la crainte de la mort dans l’éloignement de l’idée d’une catastrophe dont rien ne peut nous préserver. C’est un préjugé de croire que l’on souffre beaucoup en mourant. Les convulsions, les angoisses, les gémissements de quelques personnes mourantes ne doivent pas nous en imposer. Ces signes, ces accidents ne font souffrir que le spectateur et non le mourant qui ne ressent rien. Pensons souvent à ceux qui nous ont précédés, à ces êtres si chers à notre cœur qui semblent nous inviter à aller les rejoindre dans des régions que la faiblesse de notre vue ne nous permet pas d’apercevoir. Si vous êtes profondément pénétrés de ces préceptes sages, moraux et vrais, vous pouvez entrer dans un wagon sans éprouver la crainte d’une de ces rares catastrophes dont les chemins de fer ont été le théâtre. »
Le rail inquiétait donc assez mon père pour qu’il nous remît au départ une case écrite de sa main qui portait « bien arrivés, baisers ». Elle était timbrée ; il suffisait de la glisser dans une fente postale, au terminus. 
 
Jacques Laurent, Histoire égoïste