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08/03/2025

A Kerninon...

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A Kerninon, la vie était sauvage, quelquefois féroce. La plupart des hommes vivaient de la pêche ou pillaient les épaves. Nous adorions le feu et l’eau et notre misère était parfois si grande que trois jeunes filles du pays se firent voleuses et moururent sur l’échafaud très loin, à Nantes, je crois bien. Elles s’appelaient Marion du Faou, Yvonne Guigin et Rose Banec. Chez nous, on priait pour le repos de leurs âmes, car nous confondions ingénument le bien et le mal. 
 
Pierre Mac Orlan
 

25/01/2025

G.

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Ai-je raison de penser que plus la littérature est téméraire et d’un accès difficile, plus elle devrait retourner vers des formes anciennes, faciles, auxquelles les lecteurs se sont habitués ? 

Gombrowicz (extrait de sa préface de « La pornographie », préface que je vous recommande de lire après le roman)

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23/01/2025

Lecture d'insomnie

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Une anthologie concoctée par Jacques Chambon autour du thème « le voyage dans le temps », l'un des plus beaux champs de manœuvre que la S.F. se soit jamais proposé.
Tous les auteurs ne font pas le choix du spectaculaire. Certains vont parfois tellement loin dans l’intime que leur histoire peut faire songer à… une nouvelle (revisitée) de Carver.
Les paradoxes poético-temporels abondent.
Le plaisir de retrouver quelques auteurs comme Silverberg, la joie d’en découvrir certain-e-s (ex : Kit Reed).
 

17/01/2025

Un artiste, un vrai

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- Tu lis des trucs, en ce moment ?
- Je te rappelle qu’on me paie des millions de dollars pour ça.
- Tu lis quoi ?
- Entre autres, l’étrange bio de David Lynch.
- T’apprends des trucs ?
- Plein.
- Par exemple ?
- Qu’on lui a proposé de tourner « Le retour du Jedi » juste avant qu’il fasse « Dune ».
- C’est dingue. Ça aurait tout changer au Star Wars VI !
- Les Ewoks auraient eu une autre gueule.
- Même que c’est pas Dorothée qu’aurait chanté leur chanson !
- Voilà où je voulais en venir.
 

15/01/2025

"Un effondrement parfait"

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De quarante-cinq à cinquante-cinq ans : envie de plus en plus forte de ne pas rentrer, de ne plus rentrer. Le monde en vaut de moins en moins la peine : féroce, compétitif à outrance, guerre de tous contre tous, hystérie, surveillance généralisée, violence sociale, puritanisme pornographique des avant-gardes et retour du vieux fond pétainiste. (…)
De cinquante-cinq à nos jours : on retrouve peu à peu le rythme, le vrai goût du temps. On sait qu’il en reste moins, alors on en gagne. On ne s’embête plus avec les calendriers officiels, les demandes de tous ordres, les névroses. On cherche les moyens de ne plus rentrer du tout.
De laisser tomber.
D’oublier jusqu’au mot rentrée ou de le garder comme motif poétique de la période six-dix-sept.
L’éclipse est à portée de la main. 

 

10/01/2025

Dans la même après-midi...

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... passage à la librairie + boîte à livres + bibliothèque municipale = une pêche excellente !

J'en profite pour vous souhaiter une bonne année !

 

17/12/2024

"Demain les chiens"

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La question primordiale, bien sûr, consiste à demander si l’homme a existé. Pour l’heure, faute de preuve concluante, on s’accorde à répondre par la négative ; l’homme, tel que dépeint dans la légende, est une invention de la tradition populaire. 
 
Demain les chiens de Clifford D.Simak (nouvelle traduction de Pierre-Paul Durastanti)
 

08/12/2024

"Dès l'école primaire..."

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Dès l’école primaire, Alexandre rencontra des difficultés inquiétantes que Catilina, dans l’aveuglement de son amour de mère, attribuait à un excès de sensibilité, un caractère rêveur, voire à une forme peu orthodoxe de génie alors que leur cause réelle n’était que trop claire pour peu qu’on examinât objectivement la situation : le gosse était complètement con. 

 

05/12/2024

Parti ce jour

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Je ne suis pas prophète et je ne sais si le vroum-vroum deviendra ou non l’unique forme reconnue de la poésie. Sans aller jusqu’à cet état extrême, il me semble qu’il y a un risque (c’est pour moi un risque) de voir s’établir une domination écrasante de la dimension orale de la poésie, au détriment du livre et même de l’écran. Ce serait une amputation et une régression. Or il y a aujourd’hui en France, comme il y en a toujours eu, de la poésie ; de la très bonne poésie. Difficile ou pas ; qui parle de tout, de vous, de rien ; qui invente, qui renouvelle, qui surprend, qui enchante. On la trouve dans des livres, dans des revues, dans des enregistrements sonores, des vidéos. On la trouve dans les librairies (il y en a) qui n’ont pas renoncé à la présenter, la soutenir, la vendre. Lisez-la, copiez-la, apprenez-la, comme on le faisait autrefois.
Ce que je viens d’écrire est pour défendre le point de vue suivant : que la poésie a lieu dans une langue, se fait avec des mots ; sans mots pas de poésie ; qu’un poème doit être un objet artistique de langue à quatre dimensions, c’est-à-dire être composé à la fois pour une page, pour une voix, pour une oreille, et pour une vision intérieure. La poésie doit se lire et dire.
 
Jacques Roubaud