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28/06/2020

Extrait du festival "Faim !"...

... Session du 7 juin.

 

23/06/2020

La peur loin derrière

(à Léonard D.)

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l’enfant va bien

très bien même

il parle

à sa manière d’enfant qui apprend à parler

d’enfant qui a traversé des périls récemment

il parle à sa manière

d’enfant qui est passé à autre chose

mais veut absolument

résolument

me décrire le ballon perché sur la bibliothèque

hier l’important c’était de

survivre

aujourd’hui l’essentiel est de me pointer ce ballon

et que celui-ci ne vienne pas à chuter

sur le chat qui dort juste en-dessous

que je comprenne bien l’importance de cette triade

ballon-bibliothèque-chat

le reste

tout le reste

c’est moi qui dramatisais

et qui loupais le cœur des choses

que l’enfant s’échine à me faire redécouvrir

il ne s’impatiente pas avec moi

alors qu’il y a de quoi

il se découvre des trésors de patience

en même temps que ses premiers mots

aucun de nous deux

ne contrôle son propre cerveau

chacun se laisse

surprendre

 

18/06/2020

Douzième mois de confinement

après manger

elle a secoué les serviettes sur le rebord de sa fenêtre

les miettes de pain ont chuté

avant de rester suspendues dans les airs

retenues dans une toile d’araignée

c’était spectaculaire

elle s’est demandée si cela attirerait encore plus les oiseaux

ou les effraierait

puis elle a refermé la fenêtre

et tiré le rideau

à la radio

une voix androgyne s’occupait à

théoriser les différents sous-genres

de la comédie musicale

afin d’y voir plus clair

 

(extrait d’un recueil à paraître)

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08/06/2020

Efforts facebookiens

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- Et là, pour ma nouvelle photo de profil, j'ai essayé le filtre "yeux de biche" avec l'effet "mèche de Bruno Doucey"...
- Oui...
- Et puis torse nu, aussi… C'est important, le torse nu, quand c'est encore jouable à quarante ans...
- Très bien, oui...
- Et bien, tu sais quoi… Ca a rien changé. RIEN. Mon dernier texte a tourné à cinq lïkes, comme d'hab'. Mais qu'est-ce qu'il leur faut, QU'EST-CE QU'IL LEUR FAUT ?!
- Tu devrais pas...
- Je sais, tout ça c'est dans ma tête.
- Et à part ça, ta femme, tes gosses ? Ils te l'ont rendu, ton bureau ? C'est important, un bureau. Même pour pleurer...

 

01/06/2020

CARTE POSTALE PRÉ-REMPLIE

sous un ciel d’un bleu parfait

ma terrasse & mon double café

buvable

face à moi

ma fille plongée dans son nouveau cahier de vacances

je mate le corbillard

les vêtus de noir

qui animent le parvis de l’église un peu plus loin

à la table d’à côté

des femmes parlent du contrôle technique de leur voiture

elles s’y connaissent visiblement plus que moi

sous mon coude

un recueil d’Apollinaire décevant

Guillaume m’aura tout fait

 

F.Houdaer

(extrait d'un recueil à paraître)

 

18/05/2020

L'invitation

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Chez lui, l’ordre régnait. Sitôt entrée, j’ai repéré, sur la table basse de son salon, mes différents ouvrages alignés. Tous fendus par le milieu d’un signet beige. Il me les a montrés du doigt, comme s’il ne les avait pas suffisamment mis en évidence. Il m’a invitée à m’asseoir, m’a demandé si je voulais boire quelque chose pour accompagner les quelques bretzels qu’il avait disposés au fond d’un bol. Je lui ai demandé ce qu’il avait.

– Que du Perrier.

C’était parfait, j’aimais l’eau et les bulles.

Il ne s’est pas levé tout de suite, il avait autre chose à me demander. Acceptais-je d’écouter quelques uns de ses propres textes ?

J’ai acquiescé et pris un bretzel. Mon hôte s’est mis en mouvement. Il s’est redressé, a quitté la pièce, est revenu avec une pochette jaune sous le bras. Épaisse.

– Mes textes

J’avais soif. Le stick salé avait irrité le fond de ma gorge. Je lui ai rappelé mon / notre Perrier. Il a souri, est allé chercher deux verres et la bouteille mais il ne nous a pas servis. Il a tout de suite commencé à lire un premier texte. Long. Au troisième, j’ai décidé de remplir moi-même mon verre.

J’étais venue chez lui pour que l’on parle du projet qui se montait dans la bibliothèque où il travaillait. Aux dernières nouvelles, il avait réussi à convaincre ses collègues et sa directrice de lâcher un mini budget pour une double lecture poétique. J’allais partager le micro avec Machin, un poète qui, à défaut de me bouleverser, m’inspirait un certain respect. Où en était ce projet ?

Le fonctionnement d’une bibliothèque municipale ressemblait parfois à une usine à gaz. La décision finale avait-elle été prise ? Une date décidée pour de bon ?

J’ai senti un malaise chez mon hôte. Je me suis mise à tousser. Toujours ce fichu bretzel. Il m’a demandé si je voulais boire autre chose, je lui ai rappelé qu’il n’avait que du Perrier. J’attendais la suite

– J’ai fait une erreur.

À ces mots, j’ai su que c’était mort. J’ai voulu le contredire, lui dire qu’il avait fait de son mieux quand sa précision est tombée.

– J’ai viré Machin du programme, je l’ai remplacé.

Je n’ai pas osé demander par qui ? Il s’est resservi en Perrier, a vidé la bouteille.

– Mes collègues ne l’ont pas bien pris. Je vous dis les choses honnêtement, ma chère, ils n’ont pas supporté que je veuille lire mes textes à vos côtés. Pour eux, je ne suis que l’un des leurs, pas un poète. Je n’ai pas le droit de me positionner comme poète sur mon lieu de travail. J’ai voulu forcer un peu leur décision, ils se sont braqués. Ils ont tout annulé.

Le consoler ? J’ai pensé au café qui se trouvait en bas de chez lui. Et si on y descendait pour se changer les idées ?

Il a prononcé une réponse inaudible. Devant mon absence de réaction, il l’a répétée…

– Parfois, on croit bien faire.

… puis il m’a proposé de finir les bretzels avant de quitter les lieux.

 

F.Houdaer

 

12/05/2020

"...longtemps fait partie..."

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Il y a ceux qui ne voient qu’une partie, qu’une toute petite partie du spectre. Et ceux-là en voient rarement, des spectres.

J’ai longtemps fait partie de cette catégorie d’individus. Puis, peu à peu, quelque chose s’est ouvert. Cela avait sûrement à voir avec mes premiers bricolages tardifs en poésie. Je me suis rendu compte que mon calendrier, dans son entièreté, était faux. J’ai écrit un recueil qui parlait de ça : des mensonges des dates et des heures… des murs que l’on nie puis que l’on traverse… des cloisons entre les morts et les vivants qui ne sont jamais étanches. J’ai appris à manier quelques outils aussi discrets qu’efficaces. J’ai surmonté ma répugnance vis-à-vis de toute méthode, bref… j’ai donné dans la magie. Grise.

J’ai gravi, j’ai cru gravir une marche. C’était une marche à la con. Je ne devrais pas la qualifier ainsi ; elle m’a permis de hausser mon point de vue de quelques centimètres, d’élargir mon champ de vision… mais le piège – encore un – était bel et bien réel. Comme disait l’Autre : laissez les morts enterrer leurs morts.

Maintenant ? J’ai rendez-vous avec quelques vivants. Nous avons un dessin en commun à tracer. Chacun amènera ses feutres.

F.Houdaer

 

05/05/2020

Un peu de V.H.S. dans les oreilles...

– Non, mais… Parce que tes références musicales, là, elles sont un peu-beaucoup datées…

– Bien sûr. C’est un peu-beaucoup comme ce que j’écris, en ce moment.

– Comment tu peux en être aussi sûr ?

– Parce que j’y travaille.

 

 

 

28/04/2020

AUTO-PROPHÉTIE

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une mère fait des pieds et des mains

pour récupérer la garde de ses enfants

tandis qu’un satellite de la Nasa

s’abime dans le pacifique peu après son lancement

qu’une guerre des clans est relancée dans un parti minoritaire

que les gardiens d’un gymnase se mettent en grève

non loin de chez moi

et

et ?

et j’ai du mal à comprendre que personne

n’en ait rien à foutre de mon dernier recueil

pourtant écrit dans une langue intelligible de tous

me vient l’idée de jouer du cutter

de désosser mes livres déjà parus

pour vendre mes poèmes un par un

histoire de me faire une marge plus importante

 

(extrait d'un recueil à paraître)

 

07:29 Publié dans a.2) MES TEXTES | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : nasa