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15/11/2020

Vaccin contre... quoi ?

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- Comment ça va, Fred ?
- M'en parle pas. LE VACCIN CONTRE LA GRIPPE "M'A TUER".
- Tu peux pas dire ça.
- Ah bon, je peux pas me plaindre d'une grosse réaction à ce putain de vaccin, des quatre pharmacies que j'ai dû faire pour pouvoir m'offrir, à mes frais, ce putain de...
- Non, tu ne peux pas. Tu parles comme un "anti-vax", là...
- Mais je suis pas...
- Et un "anti-vax", c'est un complotiste. Tu veux qu'on te prenne pour un complotiste ?
- ...
- A quoi tu penses ? A quoi je te fais penser, avec mes remarques frappées au coin du bon sens ?
- A Jean Jaurès.
- Le rapport ?
- Un Jaurès aujourd'hui, qui bataillerait pour... mettons, empêcher un conflit meurtrier, dénoncer des lobbys militaires... et se ferait des ennemis un peu partout, y compris dans son propre camp. Il ne se ferait peut-être pas buter. Pas tout de suite. Mais il se ferait immédiatement traiter de "complotiste". Je me demande si certains élèves ou profs y ont pensé.
- Tu débloques.
- C'est le vaccin.
 

11/11/2020

Le sujet

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- Et à part ça, t'as bien une opinion.
- Sur quoi ?
- Sur le sujet.
- Peut-être. J'ai surtout un souvenir.
- Vas-y, balance....
- Oh, c'est pas grand chose. C'était les illustrations très kitsch des revues des Témoins de Jéhovah qui ont tapissé mon enfance. On y voyait le loup lécher l'agneau, en plein paradis terrestre, après le jour du jugement dernier.
- Et bien ?
- Je peux envisager le jugement dernier. Mais le loup léchant l'agneau, j'y ai jamais cru.

 

07/11/2020

Vian 100 ans

vian,la passe du vent,on n’est pas là pour se faire engueuler

PROJECTION VIAN

 

ils sont nombreux à citer Vian

ainsi Ernest-Antoine Seillière

l’ex-patron des patrons

l’ex-boss du M.E.D.E.F.

intitulant son livre sur la crise financière

On n’est pas là pour se faire engueuler

ainsi l’écrivain Jean-Paul Dubois

fraîchement Goncourisé

reconnaissant sa dette envers le grand Boris

qui lui a appris à rédiger un roman

en un mois maximum

ainsi le repreneur de mon café préféré

fier de la fausse bibliothèque qui tapisse

les murs de son établissement

convaincu de voir mon quartier de la X-Rousse

se transformer d’ici peu en un

« nouveau Saint-Germain-des-Pré »

 

Vian ne s’en plaindra pas

Vian en a vu d’autres

Vian s’en fout

Vian est ailleurs

surtout là où on ne l’attend pas

 

F.H. (extrait de l'anthologie qui vient de paraître à La Passe du Vent)

 

 

02/10/2020

Si vous avez raté le début

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je regarde bien le film

je regarde bien la scène du bar dans le film

je regarde bien le serveur dans la scène du bar dans le film

je regarde bien l’acteur dans le rôle du serveur dans la scène du bar dans le film

elle m’en a parlé comme de l’un de ses ex

portant le même prénom que moi en plus

je regarde

bien bien bien

cette scène

j’attends l’accident de tournage

le décrochage de l’espèce de lustre malingre

qui pendule au-dessus des tables

le pépin technique qui vous scalpe un serveur en moins de deux

un acteur en moins de trois

comme la catastrophe ne survient pas

je trouve le film nul

et m’en vais l’écrire

sur AlloCiné

ma critique pleine de ressentiments

se noiera au milieu de plein d’autres critiques pleines de ressentiments

notre jalousie fait le pont

entre le monde d’avant et celui d’après

dans le meilleur des cas

elle inspirera de mauvais films

dans lesquels joueront les ex de nos chéries

et nous serons

bien attrapés

 

F.H.

 

26/09/2020

Dans le nouveau "Teste" (+ "Matricule des Anges")

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En bonne compagnie (Florentine Rey, Juliette Cortese, Marie de Quatrebarbes, Anne-Sophie Tritschler, Marija Dejanovic, Juliette Mézenc, Kenny Ozier-Lafontaine, Serge Pey, Christophe Manon, Vincent Tholomé, Lionel Lathuile...) !

Un grand merci à toute l'équipe de "Teste".

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Dans le dernier "Matricule", un gros dossier consacré à François Beaune, connu il y a quelques années sur Lyon... et qui a des mots très gentils à mon endroit, dans son entretien fleuve. Et, oui, ça fait plaisir.

 

 

08/09/2020

ACQUA IN BOCCA

Avec Judith Wiart, j'ai écrit une vingtaine de nouvelles horribles depuis le début du confinement.

En voici une (longue)...

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(Vous pouvez laisser des commentaires sous cette notule)

 

 

15/08/2020

Des nouvelles

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Depuis le début du confinement, Judith Wiart et moi-même avons écrit ensemble une floppée de nouvelles.

Voici la première, à découvrir sur le site de la revue "N.A.W.A.".

Âme bêcheuse s'abstenir...

 

16/07/2020

Même à distance

ce soir

de coupures publicitaires

de voisine pleurant à sa fenêtre

de martinets rendus saouls par l’orage qui arrive

je n’ai une nouvelle fois

pas gagné au loto

sans me plaindre de mon sort

mon téléphone vibre

un confrère m’appelle

il tient à me faire entendre le bruit de la bouteille de champagne

sabrée par ses soins

il tient à partager cela avec moi

même à distance

il vient de finir de rédiger

un gros essai sur le temps et le hasard

quelque chose dont il ne voyait pas la fin

dont il se croyait incapable

au moment de raccrocher

il a le réflexe

poli

de me demander comment ça va

pile poil

je lui réponds

 

(extrait d'un recueil à paraître)

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06/07/2020

PASOLINI SUR FOND D’ENNIO MORRICONE

 

d’un coffre rudimentaire

on sort d’extraordinaires pelisses

le générique est long

 

voiture des années 70

une Fiat blanche

dans le fossé

un homme blessé

supplie une femme plus jeune que lui

prête à décamper

 

percussions dans l’air et

rongeurs écorchés

pendus tête en bas

aux branches des arbres rachitiques

percussions deviennent

bruits de cloches

un prêtre séduisant est contraint de gravir des marches

les yeux bandés

une vieille aristo

reste cachée derrière son fauteuil

intérieur extérieur

un enfant enterre

une escalope d’homme

sous le regard impassible de Maria Callas

qui finit par prononcer quelques mots d’italien

mal doublés

tandis que des villageois masqués

courent dans la garrigue

 

ça n’a aucune chance de bien finir

 

une femme démêle

une épaisse pelote de laine écarlate

c’est comme si elle jouait avec de la barbaque

des chiens et des chasseurs traquent une mariée

jusqu’à une église de western spaghetti

et cette scène semble moins violente que la précédente

la mariée en fuite

décapite un homme au passage

la tête retrouvée dans le désert

arrêtera la meute

la freinera à tout le moins

puis ce sera un bras

une jambe

à chaque fois

le morceau sera récupéré avec soin

par les poursuivants

qui l’envelopperont dans une étoffe

tandis que la fugitive

gagnera le temps nécessaire

pour sauver sa vie

enfin c’est ce qu’elle croit

 

Pasolini a beau préférer les hommes

il sait que ce ne sont pas eux qui comptent le plus

message reçu cinq sur cinq

mon gars

 

une brune devient blonde

une blonde devient brune

une rousse se rase le crâne

une femme reste femme

pour pencher sa tête hors du lit

et zoom sur la main qui ramasse la rose tombée au sol

une sarabande d’étudiants joués par des acteurs trop âgés

passe devant la caméra

ce n’est plus du Pasolini me dit-on

qu’importe

Pasolini je le place où il me sied

et si je le veux polonais

il le sera

 

Frédérick Houdaer

(texte publié dans l'anthologie "Un printemps sans vie brûle" aux Editions La Passe du Vent)

 

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