24/08/2021
UNE TERRA INCOGNITA ETRANGEMENT FAMILIERE
Longtemps avant « Jusqu'où la ville », Fabienne Swiatly a publié son premier roman.
Dès le début, « on ne voit pas si c’est une femme ou encore une enfant, celle qui se tient debout au milieu des ruines ». Ce qui est certain, c’est que l’anti-héroïne de Swiatly s’affaire. Pas n’importe comment, pas n’importe où, pas n’importe quand. Elle cherche du charbon en plein Berlin année zéro. Pas un décor déjà vu pour Swiatly, mais un épicentre invivable qu’elle sait nous faire redécouvrir, ressentir, sans misérabilisme. L’écriture de Swiatly n’a rien perdu de sa précision (qui a peu à voir avec l’objectivité, et permet au roman d’échapper aux chausse-trappes du naturalisme).
La femme allemande se tient debout au milieu des ombres qui habitent « sous terre même si les bombes ne tombent plus ». Sachant pertinemment que « la guerre dure plus longtemps que les accords sur papier », que les soldats vainqueurs qui défilent représentent un danger. Elle va suivre (choisir ?) l’un d’eux, pourtant.
D’une langue l’autre, la voilà qui passe par la case « Lorraine ». Elle y passe et s’y arrête. Pour toujours. La transition n’en était pas une. Encalminée dans un quotidien marqué par les enfants, les 3 /8 du mari à l’usine (longtemps qu’il n’est plus le beau soldat à l’uniforme à la taille cintrée), les regards des beaux-parents sur l’étrangère…
Mais là encore, nul manichéisme chez Swiatly. Le mari n’a rien d’un salaud, les femmes entre elles se convainquent volontiers que le malheur est contagieux. Pour finir ? Pour finir, « la femme allemande mourra en pays étranger ».
Frédérick Houdaer
Une femme allemande
de Fabienne Swiatly
éditions La fosse aux ours
120 pages, 16 €
ISBN 978 2 912042 98 9
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21/08/2021
" les seules histoires... "
(…) les seules histoires qui m’intéressent vraiment sont celles dont je suis sûr, dès le début, qu’elles ne sont jamais arrivées, qu’elles n’arriveront jamais, qu’elles ne peuvent pas arriver. J’estime qu’une histoire impossible, du seul fait qu’elle n’a pas, pour se justifier d’être, une quelconque prétention documentaire ou idéologique, a toutes les chances de contenir beaucoup plus de vérité profonde qu’une histoire simplement plausible. En quoi je suis peut-être – je dis ça pour me consoler – plus réaliste à ma manière que tous ces gens qui croient aimer la vérité, et qui passent leur vie à se laisser bêtement imposer des mensonges insipides – vraisemblables justement dans la mesure où ils sont insipides !
Extrait de la préface des Contes de la rue Broca de Pierre Gripari
08:34 Publié dans où je lis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : contes de la rue broca, gripari
20/07/2021
"Alors seulement..."
04:37 Publié dans où je lis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : saône-et-loire, la-chapelle-sous-dun, la clayette, charlieu, morand, l'homme pressé, greenland
06/07/2021
Le sapin pousse dans les caves
— J'ai souvent entendu parler des détectives privés, mais je n'avais jamais eu l'occasion d'en voir un d'aussi près, fit-il. C'est peut-être impardonnable pour un écrivain, mais le fait est là. Et nous ne pouvons tout savoir et connaître. En quoi consiste exactement votre tâche?
— Nous filons surtout des maris pour le compte de leur femme et des femmes pour le compte du mari, expliquai-je. Parfois, ça va plus loin... Quand on commence une enquête, on ne sait jamais dans quelles ramifications elle va nous entrainer.
— Je vois...
Il prit brusquement un air aussi concentré que le lait qui fait les plus beaux nourrissons du monde :
— ... Des cas psychologiques intéressants ? Vous comprenez, je suis écrivain et...
— La vie est certainement plus compliquée et fertile en péripéties que tout ce que vous pouvez accumuler dans vos livres, dis-je. Mais elle est aussi plus secrète. Alors, n'est-ce pas ? Vous, avec votre imagination, vous concluez. La vie ne conclut pas.
Léo Malet
Le sapin pousse dans les caves
03:58 Publié dans où je lis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : léo malet, malet, nestor burma
04/07/2021
"De si jolis chevaux"
20:19 Publié dans où je lis | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cormac mac carthy, mac carthy, de si jolis chevaux
27/06/2021
"Une histoire orale d'Andrzej Zulawski"
08:22 Publié dans où je lis, où je zieute des images qui bougent | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : zulawski, françois cau, matthieu rostac, une histoire orale d'andrzej zulawski, fabio testi, testi
11/06/2021
Retour de ma grosse baraque...
06:47 Publié dans où je lis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : crews, la foire aux serpents, greenland
01/06/2021
Et vous...
05:11 Publié dans où je lis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tilman, aérolithe éditions, françois-xavier farine, farine
19/05/2021
Dirk Raspe # 3
Robert et Cyril restèrent face à face. Ils évitaient cela depuis longtemps. Ils s’aimaient tendrement, tous les Heywood s’aimaient tendrement ; mais ils avaient pris des chemins si différents. Pour se retrouver, il aurait fallu rebrousser ces chemins ; sinon, on ne pouvait que se héler d’un chemin à l’autre, se crier de loin des mots incompréhensibles ou blessants. Leur tendresse maintenant consistait à feindre de s’oublier l’un l’autre.
"Mémoires de Dirk Raspe"
04:16 Publié dans où je lis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : drieu, drieu la rochelle, mémoires de dirk raspe, dirk raspe