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30/06/2025

Centenaire de Jaccottet

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A partir de l’incertitude avancer tout de même. Rien d’acquis, car tout acquis ne serait-il pas paralysie? L’incertitude est le moteur, l’ombre est la source. Je marche faute de lieu, je parle faute de savoir, preuve que je ne suis pas encore mort. Bégayant, je ne suis pas encore terrassé. Ce que j’ai fait ne me sert à rien, même si ce fut approuvé, tenu pour une étape accompli. “Magicien de l’insécurité le poète”..., juste parole de Char. Si je respire, c’est que je ne sais toujours rien. “Terre mouvante, horrible, exquise”, dit encore Char. Ne rien expliquer, mais prononcer juste.
Comment recommencer pourtant ? Tout est là. Par quel chemin détourné, indirect? Par quelle absence de chemins? A partir du dénuement, de la faiblesse, du doute. Avec l’aide de l’oubli de ce qui fut fait, du mépris de ce qui est fait et applaudi, conseillé ou intimé aux écrivains d’aujourd’hui.
En particulier par défi à l’aplatissement des âmes. Non point les défroques des princes, des chevaliers, mais leur fierté, leur réserve. Il n’est pas de poésie sans hauteur. De cela au moins je suis sûr, et fort de cette assurance à défaut d’une autre force. Mais pas de château: les rues, les chambres, les chemins, notre vie. 
 
Philippe JACCOTTET (cent ans aujourd'hui !)
 

26/02/2021

Rilke / Jaccottet

Il serait temps maintenant que les dieux
sortent des choses habitées...
Et qu'ils renversent chaque mur de ma maison.

Nouvelle face. Le vent seul
que ferait cette page en tournant, suffirait
à retourner comme une motte l'air :
champ nouveau pour le souffle. Vous, dieux ! 
souvenez-vous, qui dormez dans les choses,
qui vous levez gaiement, qui vous lavez le cou
et le visage aux sources que nous devinons,
qui ajoutez légèrement votre fraîcheur
à ce qui semble plein, au plein de notre vie : 
que ce soit encore une fois votre matin.
Nous répétons. Vous seuls êtes premiers.
Le monde en même temps que vous se lève ; aux cassures
de nos échecs brille un commencement. 

"Poèmes épars"

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