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23/09/2006

Samedi 23 septembre

On trouve mes livres n’importe où (même ceux dont le tirage est officiellement épuisé).

05/09/2006

R de jeu

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ÈRE DE JEUX

 

 

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square

 

square

 

gratter la terre là où elle n’existe plus

 

mais ça ne fait rien

 

on finit toujours par dénicher quelque chose

 

alors on gratte

 

avec le seau plus qu’avec le râteau

 

on ne tient pas à avoir le sens pratique trop développé

 

trop tôt

 

les outils sont recouverts de motifs rigolos

 

cela n’empêche personne

 

de s’appliquer à la tâche

 

on gratte fouille creuse

 

et on trouve

 

on trouve à ramasser des cailloux

 

jusque dans les endroits les plus incongrus

 

sous les semelles des parents

 

ou dans la serrure du portillon par exemple

 

on ne porte pas les cailloux à la bouche

 

surtout pas

 

on a passé l’âge de faire des frayeurs faciles aux grandes personnes

 

on voit plus loin

 

on échafaude

 

on “ tire des plans sur la comète ”

 

on ne sait pas très bien ce que signifie cette expression

 

on l’a entendue la veille

 

on l’a trouvée chouette

 

on l’a prise

 

 

square

 

square

 

square

 

on garde les cailloux prisonniers dans son poing gauche

 

pourquoi le gauche ?

 

parce que c’est le poing le plus méchant

 

on le sait

 

on n’a pas eu besoin d’une grande personne

 

pour l’apprendre

 

on escalade le petit muret d’une seule main

 

on se cramponne au grillage branlant

 

là encore d’une seule main

 

on jette les cailloux de l’autre côté

 

où ?

 

de l’autre côté

 

 

square

 

square

 

square

 

on grimpe sur l’avion-balançoire

 

monté très haut sur ressort

 

en l’attaquant par le flanc droit

 

parce que c’est plus facile de l’escalader de ce côté là

 

une fois qu’on est installé à ses commandes

 

on se jette dans les orages

 

dans des cyclones qui ne portent pas de nom

 

c’est à ce genre de détail

 

qu’on reconnaît les cyclones les plus violents

 

on pourrait apprendre ces choses aux grandes personnes

 

mais on n’en a pas l’envie

 

 

square

 

square

 

square

 

la convoitise nous fait redescendre sur terre

 

on veut le ballon de l’autre

 

on ne peut pas le chiper au vu et au su de tous

 

avant on pouvait

 

plus maintenant

 

on veut se faire bien voir

 

corriger son image

 

on ramasse un biberon tombé

 

la tétine la première

 

on reçoit des félicitations

 

on en profite

 

on vient de créer son association

 

alors on demande des subventions

 

quand on les obtient

 

c’est bien

 

quand on se les voit refusées

 

ça ne va pas

 

on commence à se faire des cheveux blancs

 

puis plein d’autres maladies

 

 

square

 

square

 

square

 

on essaie d’autres manèges

 

on s’en lasse en trois secondes deux dixième

 

on change de femme

 

on essaie de déménager un banc

 

sous le regard amusé des grandes personnes

 

elles ne croient pas en notre révolte

 

elles ne misent pas un bonbec sur notre insurrection

 

elles ont raison

 

on ne fait pas bouger le banc d’un millimètre

 

même en s’y mettant à plusieurs

 

on court dans tous les sens

 

il faut bien compenser notre frustration

 

quel que soit notre âge

 

on pousse la provocation

 

on veut escalader le toboggan

 

par le mauvais côté

 

on menace de manger notre soupe

 

avec une fourchette

 

ce soir même

 

 

square

 

square

 

square

 

on entend sans les voir

 

les joueurs de tennis qui s’affrontent sur le terrain voisin

 

on s’amuse à reprendre leurs cris de victoire

 

ou de rage

 

et l’on commence à aimer

 

prendre des insolations en haut du manège

 

caresser des chiens inconnus

 

peut-être féroces

 

on oublie d’ouvrir le capot de sa voiture

 

de vérifier ses niveaux

 

on espère être seul

 

le jour de l’accident

 

on n’en est même pas certain

 

 

square

 

square

 

square

 

 

on veut sentir

 

ressusciter en nous

 

l’enfant aux doigts dans la prise

 

l’enfant traversé

 

 Frédérick Houdaer

extrait de "ANGIOMES", éditions de la Passe du Vent

03/09/2006

L'essentiel...

« L’essentiel de la biographie d’un écrivain consiste dans la liste des livres qu’il a lus »

 

Valery Larbaud

01/09/2006

Vendredi 1ier septembre

Quelque soit les représailles que je doive essuyer après un pareil aveu, disons-le : je suis entré en maçonnerie. Je veux parler de la Ligue des Lugduniens Extraordinaires. Je lui prête l’intention de devenir la plus connue des sociétés secrètes. On verra bien… Deux noms à balancer : les sieurs Alexis Nevil et Markus Leicht

 

19/08/2006

Manège industriel

Jamais pris des poses « situ », et pour cause… Quand j’ai découvert Debord, il avait été déjà bien récupéré (détail rigolo : à 16 ans, je croyais que lui et Manchette ne formait qu’un seul et même bonhomme !).

C’est donc sur le tard que je m’invite chez Guy D. (qui a « Guy D. » combien de personnes ?) pour creuser sa moquette. Et voilà que je découvre ses notes sur l’immigration. Ça fait très, très mal.

Pour se soigner après une telle lecture, faites rouler souris et yeux vers les sites de Virginie Poitrasson et de Marie-Ange Sebasti.

Je descends en bas de chez moi, re-lire le re-cueil de l’une de ces poétesses au pied d’un toboggan digne du Couloir de la Chimie.

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05/08/2006

Brest

Huit ans après, il était temps de retourner en Bretagne.

Une semaine dans le Morbihan, avec une parenthèse Brestoise de 24 heures, le jour de mon anniversaire. Dans cette ville attachante mais dont le moins que l’on puisse dire est que ses rues ne puent pas l’argent, je me suis attaché les services d’un très bon guide : Renaud.

Attention, portrait ! Après « L’homme de l’Atlantide », après « L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux », voici « L’homme qui nageait au milieu des sous-marins » !!! Pour ceux qui m’accuseraient d’irresponsabilité après avoir lu le paragraphe suivant, qu’ils sachent que décrire une pratique n’est pas forcément l’encourager, que Renaud est écrivain (ce qui n’excuse pas tout, certes, mais bon…),etc., etc.

Donc, bref, en résumé, Renaud me retrouve à Brest, non loin de deux voitures garées, d’une poubelle, et d’un feu de la circulation (pour préciser). Il me fait faire le grand tour, de la loooongue rue de Siam à la peinture giganto-murale de Paul Bloas (puis-je parler d’une fresque alors qu’elle ne comporte qu’un personnage ?).

On descend de voiture, on marche, on remonte dans la voiture, on roule, on redescend de voiture, on sort les grappins, on escalade le château de la ville, on re-remonte dans la voiture, on redémarre le plus vite qu’on peut, on baisse la vitre à cause de la vitre arrière qui vole sous les impacts, etc.

Arrive le moment où Renaud me montre, non sans fierté, SA base de sous-marins. Je ne le vois pas venir. Il prend soin de me préciser pourtant :

-         C’est là que je me fais plaisir. Ce sont les eaux les plus surveillées de la Rade. 

-         Et ?

-         Et quand je suis satisfait d’un chapitre que je viens d’écrire, c’est ici que je me récompense.

À peine a-t-il fini sa phrase que le voilà en maillot de bain (la transformation vestimentaire est digne de Fregoli). Et plouf ! Au milieu de tant de béton, de militaires et d’alarmes de toutes sortes, Mister Renaud nage. Je laisse faire. J’ai passé l’âge de suivre mes amis dans leurs folies. Est-ce que je me ruine en publiant de la poésie comme Éric ? Est-ce que j’essaye de survivre à la Duchère comme d’autres ? Sûrement pas !

Pendant ce temps, Renaud est tout à ses jeux d’eau : et que je saute au dessus de la surface pour tenter un double salto, et que je recrache de la flotte par la bouche pour lâcher un geyser d’un mètre de haut, et que je jongle avec un bidon retrouvé flottant entre deux eaux… Pas l’ombre d’une mitraillette n’a encore pointé le bout de son nez (je m’améliore, du côté des métaphores) au dessus d’un muret de béton.

C’est alors que j’aperçois une masse énorme qui se déplace dans la mer (spontanément, je pense plus à un énorme « étron » qu’à un cétacé). J’ai beau crier sur la rive, tout faire pour alerter Renaud, celui-ci ne prête aucune attention à mes avertissements. Quand il sent le sous-marin lui effleurer la plante des pieds, il avale une grande bouffée d’air avant de se laisser couler.

Je m’agite sur la plage, commence à courir de droite et de gauche, bouscule quelques marins joggeurs…

Je vois réapparaître Renaud un peu plus loin. Il caresse la coque du sous-marin, tandis que l’eau a pris une jolie couleur rouille. Ô vision Homérique (Homéresque ?).a8df3a2e51b2d245ee098a2974c3ffae.jpg

Je n’ai pas entendu les militaires m’encercler, l’arme au poing.

-         Le gars qui fait le con dans l’eau, là, c’est votre ami ?

-         Heu… Oui, c’est un ami. Il est écrivain, mais pas seulement, il est aussi directeur de collection, et… je peux pas lui dire ce qu’il doit faire ou pas faire, vous comprenez ?

-         Ça lui prend souvent ?

-         Quand il est très satisfait de lui. Mais il est super exigeant quant à ce qu’il écrit.

Quelques heures plus tard, seul, je me remets de mes émotions dans le train pour Auray. Je me réjouis de ne pas avoir pris mon nouvel appareil photo numérique Polaroïd 2500X. Ce blog n’aurait pas supporté certaines images.

Conclusion (provisoire ?) : ce n’est pas parce qu’on est un spécialiste international des lutins, ou que l’on a prouvé que Ron Hubbard était Témoin de Jéhovah, que l’on doit se permettre d’embêter notre Marine Nationale. À bon entendeur...

30/06/2006

Vendredi 30 juin

Un lien vers une vidéo relatant ma lecture (im)mobile, voir note du 17 mai.

 

Autrement ? Je relis ce blog. J’élague, j’élague pas ? Je décide de ne pas virer la citation d’Olivier Py en date du 24 février, malgré sa prise de position écœurante dans l’affaire Handke. Ce n’est pourtant pas l’envie de censurer les inquisiteurs qui me manque… Je préfère me souvenir de ma découverte de « La servante », la première pièce de Py que j’ai lue.

 

Handke. Une phrase de lui : « Ecrire, c’est être attentif à la manière dont on vit. »

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03/06/2006

Samedi 3 juin

C’est signé de la sœur de Nietzsche, championne toute catégorie de la trahison, qui n’a pas hésité à offrir la canne de Friedrich à Hitler !

 

 

« À cette époque, il a écrit quelques pages où, en d’étranges fantaisies, se mêlent la légende de Dionysos-Zagreus, la passion des Évangiles et ses contemporains les plus proches : le dieu déchiré par ses ennemis erre, ressuscité, sur les rives du Pô, et voit alors tout ce qu’il a jamais aimé, ses idéaux, les idéaux du temps présent en général, loin au-dessous de lui. Ses amis et ses proches sont devenus ses ennemis qui l’ont mis en pièces. Ces pages sont dirigées contre Richard Wagner, Schopenhauer, Bismarck, ses plus proches amis : le professeur Overbeck, Peter Gast, Madame Cosima, mon mari, ma mère et moi… Même dans ces pages, il y a des passages d’une beauté saisissante, mais dans l’ensemble elles se caractérisent par un délire maladif. Dans les premières années de la maladie de mon frère, lorsque nous nourrissions encore l’espoir trompeur qu’il pourrait guérir un jour, ces feuilles ont été en grande partie détruites. Le cœur aimant et le bon goût de mon frère auraient été trop gravement blessés si de telles notations lui étaient un jour tombées sous les yeux. » 

 

30/05/2006

Mardi 30 mai

Cet été, je devrais passer quelques jours en Bretagne (Renaud, y es-tu ?). Détour obligé par le Havre où le sculpteur québécois Michel Goulet vient de faire aboutir son projet « Voix-Voies » pour lequel il m’a demandé deux textes très brefs à percer dans ses fameuses chaises (les lyonnais peuvent déjà découvrir son travail au belvédère Abbé Larue…).

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De nombreux poètes québécois ont été sollicités par Michel Goulet pour ce projet. Merci à Luc Larochelle qui a soufflé mon nom quand il s’est agi de donner une, voire même deux chaises à un poète français.

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