14/07/2005
Jeudi 14 juillet
21:15 Publié dans où sont rangées diverses notules incasables | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Chevillard
11/07/2005
Double visite
Tout commence par une séance photo normale. Éric Soudan, photographe pour Lyon-Découverte, souhaite me tirer le portrait dans un cadre intéressant. Il passe me prendre en scooter et m’emmène au Musée automobile de la Rochetaillée. Là, je prends la pose au fond de deux voitures dont un taxi de la Marne. Le musée étant officiellement fermé, nous l’avons pour nous tout seul. Nous nous attardons. Nous examinons la monstrueuse voiture de Hitler, ou celle qui a servi à Jean-Paul II pour faire deux fois le tour du stade de Gerland lors de son passage à Lyon, dans les années 80. Cette dernière affiche 250 kilomètres au compteur !
Nous remontons sur le scooter… Éric, au lieu de me ramener directement à la Croix-Rousse, me dit qu’il a « un truc » à me montrer. Et le voilà qui me conduit jusqu’à LA DEMEURE DU CHAOS (je ne l’avais vu qu’au travers de quelques reportages dans la presse, jusqu’à présent). Voilà qu’Éric pousse son scooter jusque devant les grilles de la propriété, voilà que ces grilles s’ouvrent car mon photographe-chauffeur vient de saluer de loin une connaissance… Thierry Ehrmann, le Maître des lieux, qui nous accueille avec la plus grande gentillesse… et nous fait visiter son chantier, son lieu de travail et son lieu de vie (les bureaux du groupe Serveur sont cachés sous le sol). Le site bénéficie d’une autonomie totale en matière d’électricité, d’eau, etc. L’un des toits, en cuivre, est farci de capteurs. Un autre est décoré/flanqué d’une énorme météorite. Tout est taggué de rouge et de noir.
L’homme fait montre d’un bel enthousiasme en nous montrant l’ancien temple protestant qu’il est en train de mettre à jour dans ce qui reste d’un potager, ou les nouveaux portraits géants peints sur la façade. De quoi ravir les voisins (Ben laden, Ratzinger du temps des jeunesses hitlériennes, « d’après une photo repêchée dans la mémoire de la banque de données du Vatican ! » nous explique notre guide).
Nous voyons l’ancien maire du village, qui fut l’un des farouches opposants au projet, venir saluer Thierry Ehrmann et lui dire « bravo ». Éric n’en croit pas ses oreilles, ni ses yeux.
Deux molosses dignes des Baskerville viennent réclamer leur lot de caresses (non, je ne charge pas le tableau, je n’ai pas parlé de l’hélicoptère fracassé, racheté en l’état, et posé au milieu de la cour, ni de l’épée de maçon de Thierry Ehrmann plantée dans l’un des murs extérieurs, ni de la salamandre…).
Quelques heures plus tard, je lirai cette phrase de Nimier dans un texte consacré à la thébaïde de Kléber Haedens : « Deux chiens d’une philosophie profonde hument et gardent cette maison. »
20:40 Publié dans LyonnÈseries | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Soudan, Lyon-Découverte, Musée automobile de la Rochetaillée, taxis de la Marne, Hitler, Jean-Paul II, stade de Gerland
07/07/2005
Jeudi 7 juillet
Soldes ! – 30 % sur les baskets ! Va pour cette paire d’Adidas.
À la caisse, je découvre que les godasses que j’ai choisies ne sont rien moins que des « Adidas Esoteric » (sic !).
20:40 Publié dans où sont rangées diverses notules incasables | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Adidas
06/07/2005
Mercredi 6 juillet
D’autres publications à venir : une nouvelle dans le numéro estival de LYON-DECOUVERTE, un long poème dans le numéro 4 de la revue « ON ».
Enfin, cerise sur le gâteau, à compter de la rentrée de septembre, je tiendrai une chronique hebdomadaire dans « Lyon-Capitale ».
20:35 Publié dans où sont rangées diverses notules incasables | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Lyon-Découverte, Lyon-Capitale, revue On, journaux lyonnais
28/06/2005
sur Manchette
Où il est intelligemment question de Manchette…
06:35 Publié dans polar | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : quadruppani, manchette, debord, marx, lebovici, samizdat, tardi
21/06/2005
Mardi 21 juin
Vu à 130 km/h, sur l'A.46:
Deux voitures garées sur la bande d’arrêt d’urgence. Derrière une glissière de sécurité, un homme et une femme. Ils s’embrassent.
Je poursuis ma route jusqu’à Villard-les-Dombes où j’anime un atelier d’écriture dans une résidence de personnes âgées depuis plusieurs semaines. À vol d’oiseau, la résidence n’est qu’à quelques centaines de mètres du… parc ornithologique. Fil rouge de l’atelier : le pain. Aujourd’hui, une mamie de 95 ans écrit ses textes sans aide puis les lit elle-même à voix haute. Elle retrouve sans difficulté le nom du premier boulanger qu’elle a connu, enfant.
Toutes ces personnes que je rencontre ont grandi, vécu, vieilli en milieu rural. Je ne risque pas de les confondre avec les mamies et les papis que j’ai connus comme veilleur de nuit dans la banlieue lyonnaise.
06:25 Publié dans où sont rangées diverses notules incasables | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Villard-les-Dombes, atelier d'écriture, pain, personnes âgées
15/06/2005
Kerouac mode d'emploi
Croyances et techniques pour la prose moderne
Evergreen Review, vol 2, n.8, 1959
Jack Kerouac
Liste des points essentiels:
1. Carnets secrets, couverts de gribouillis, et pages follement dactylographiées, pour votre propre plaisir
2. Soumis à tout, ouvert, à l'écoute
3. N'essayez jamais de vous soûler en-dehors de chez vous
4. Soyez amoureux de votre vie
5. Ce que vous ressentez trouvera sa propre forme
6. Soyez fou, soyez un saint abruti de l'esprit
7. Soufflez aussi profondément que vous souhaitez souffler
8. Ecrivez ce que vous voulez sans fond depuis le fin fond de l'esprit
9. Les visions indicibles de l'individu
10. Pas de temps pour la poésie, mais exactement ce qui est
11. Des tics visionnaires tremblant dans la poitrine
12. Rêvant en transe d'un objet se trouvant devant vous
13. Eliminez l'inhibition littéraire, grammaticale et syntaxique
14. Comme Proust, soyez à la recherche du joint perdu
15. Racontez la véritable histoire du monde dans un monologue intérieur
16. Le joyau, centre d'intérêt, est l'œil à l'intérieur de l'œil
17. Ecrivez pour vous dans le souvenir et l'émerveillement
18. Travaillez à partir du centre de votre oeil, en vous baignant dans l'océan du langage
19. Acceptez la perte comme définitive
20. Croyez en le contour sacré de la vie
21. Luttez pour esquisser le courant qui est intact dans l'esprit
22. Ne pensez pas aux mots quand vous vous arrêtez mais pour mieux voir l'image
23. Prenez note de chaque jour la date blasonnée dans votre matin
24. Pas de peur ou de honte dans la dignité de votre expérience, langage et savoir
25. Ecrivez de façon que le monde lise, et voie les images exactes que vous avez en tête
26. Livrefilm est le film écrit, la forme américaine visuelle
27. Eloge du caractère dans la solitude inhumaine et glacée
28. Composer follement, de façon indisciplinée, pure, venant de dessous, plus c'est cinglé, mieux c'est
29. On est constamment un Génie
30. Scénariste-Metteur en scène de films Terrestres Sponsorisés et Financés par les Anges au Paradis
06:20 Publié dans carottages littéraires | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Kerouac, Proust, saint, fou, génie, écriture
14/06/2005
HISTOIRE DE MES LIVRES (Premier épisode)
L'IDIOT N°2
(éditions du Serpent à Plumes, Collection Serpent Noir, neuf euros,
ISBN 2 84261 114 4) :
Ecrit en deux mois, durant l’été 1997 (j’ai 28 ans).
Mon cinquième roman écrit (les quatre premiers pas publiés parce que pas publiables).
Mon premier « roman noir ». Je me passe cette commande après avoir constaté la multiplication des collections noires chez les éditeurs. Résultat : un roman plus personnel que les précédents, malgré l’abandon de la première personne du singulier et de ma veine auto-fictionnesque.
Le thème principal de « L’idiot n°2 » n’a rien d’original, mais me tient à cœur : l’enfermement et la libération, dans tous les sens que l’on peut donner à ces mots. La prison est au centre de l’histoire.
Quatrième de couve copiée-collée :
« Dosto, vingt ans, est incarcéré à Shitland. Dans sa cellule, Abdel-Sammy, un sage, et Richard Sebasteni, « le nouveau Dreyfus ».
Dosto philosophe, lit tout ce qu’il peut trouver, abhore la télévision, s’essaye au bouddhisme zen. Il aime Fanny Charpentois qui le lui rend très bien. M.Charpentois, le père, est quant à lui une institution : politicien véreux et fascisant de Lyon, impliqué dans divers trafics, il viole sa fille tous les soirs depuis son entrée en sixième.
Rapide, déjanté, nerveux, un texte dérangeant et atypique dans la lignée du meilleur néo-polar à la Fajardie. »
De la pure prose d’éditeur, comme dirait Polac. À signaler que dans cette même quatrième de couv’, il est question de ma (brève) correspondance avec Frédéric Dard ainsi que de mes huit échecs consécutifs au permis de conduire (ce dernier détail, c’est moi qui ai tenu à le faire figurer).
Pour écrire ce roman sur une période relativement courte, je prends soin de quitter la plupart des associations dont je fais partie. En deux mois d’écriture, je perds sept kilos.
J’envoie le manuscrit à une trentaine d’éditeurs. Pour dégoter leurs adresses, j’abuse de la patience de Mme et Mr Péju. Dans leur librairie La Proue déjà très encombrée, je bloque tout le monde (« Je peux jeter un coup d’œil dans votre botin d’éditeurs, oui ? Histoire de recopier quelques coordonnées… J’en ai juste pour une petite heure, je m’installe, mais pas pour longtemps, etc… »).
Le roman est pris par le Serpent à Plumes et sort en mars 1999. Atterrit dans la vitrine de La Proue.
Beaucoup de presse (parisienne et Rhône-Alpine). Des chiffres : une quarantaine d’articles. Dans deux articles sur trois, le journaliste n’a pas été fichu d’écrire mon nom ou mon prénom sans l’écorcher (je n’ose pas imaginer ce qu’a vécu Daeninckx à ses débuts !).
« Etrange roman noir, qui a du style à l’évidence et qui fait froid dans le dos. » (Cathy Bouvard, Lyon-Capitale)
L’article le plus intéressant est signé Pascale Vannereux dans le défunt mensuel lyonnais « Nota Bene ».
Cathy Bouvard me racontera une anecdote amusante par la suite. Durant l’été 99, elle est partie du côté de l’Himalaya. Au pied d’une grande montagne (forcément), elle trouve un bouquiniste (on reconnaît la droguée de livres). Pratiquement que des bouquins en anglais. Une petite caisse de bouquins en français. Et au milieu, mon « Idiot ». Quand elle m’a raconté ça, Cathy ignorait tout ce qui pouvait me lier à cette région du monde… où je n’ai jamais mis les pieds.
Si j’additionne la totalité des droits d’auteurs perçus depuis la sortie du livre, je n’obtiens pas la somme de 2000 francs/300 euros nets (en comptant les 0 francs d’à-valoir). L’une des rares obligations d’un éditeur est d’envoyer un relevé de compte annuel à ses auteurs (où il peut avancer les chiffres les plus fantaisistes). Au Serpent, ils ne l’ont fait que pendant deux années consécutives. Le livre continue à se vendre à ce jour (je signe une dizaine d’Idiot à chaque salon du livre auquel je peux participer).
L’extrême violence de « L’idiot n°2 » m’a valu d’être rangé dans la même case que Virginie Despentes par plusieurs critiques. C’est ce qui m’amènera à pousser le bouchon complètement dans l’autre sens avec mon livre suivant (« La Grande Érosion »).
A suivre...
23:15 Publié dans polar | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : l'idiot n°2, polar, Polac, Dard, Péju, Serpent à Plumes, La Proue
07/06/2005
Mardi 7 juin
Lundi dernier, j’anime un atelier d’écriture à la prison avec Marie C., prof de français. Elle me montre un gars dans un couloir, me souffle « je te raconterai plus tard », et m’invite à aller lui serrer la main. Je sais que l’homme ne va pas participer à l’atelier, je suis un peu surpris mais ne pose pas de question.
Deux heures plus tard, Marie m’explique : « pas un méchant, un escroc. Il se faisait passer pour un prêtre, il a marié des gens, et tout… »
Je reste devant Marie la bouche ouverte. Lui demande le nom du gars. C’est bien lui.
J’explique à Marie qui n’a pas lu « Je viendrai comme un voleur », qui ne se rend pas compte de l’énormité de la coïncidence :
- J’ai écrit tout un bouquin autour de ce type, autour de ce fait-divers. Je sais que des faux curés, il y en a plusieurs qui sillonnent la province française, mais c’est bien de lui dont je me suis inspiré. Et tout à l’heure, l’air de rien, tu me l’as présenté, tu m’as invité à lui serrer la main !
23:00 Publié dans polar | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : je viendrai comme un voleur, prison, atelier d'écriture