23/05/2011
"La Scène et le Cabaret… PoétiqueS !"
Un article signé Leila Lovato pour le Bloc-Note de la Mapra :
" Ce mois-ci, nous retrouvons Patrick Dubost et Frédérick Houdaer, écrivains, agitateurs de littérature et de poésie, déjà invités pour cette page par Gérard Mathie ou moi. C’est vrai qu’ils sont sur plusieurs ponts, et notamment ceux de la Scène pour l’un, du Cabaret pour l’autre… poétiques of course ! Petit échange alors que la Scène Poétique, pilotée par Patrick Dubost, reprend en mai à l’ENS à l’invitation de Eric Dayre (qui dirige le Centre d’Etudes et de Recherches comparées sur la Création), et après son éviction brutale du programme de la Bibliothèque de la Part-Dieu. L’occasion, selon Patrick Dubost, de “repenser certaines choses, de formuler des propositions que je réservais pour la BM. Tout cela verra doucement le jour, mais pas de gros changements sur le fond : donner la parole aux poètes, sans artifice, sans béquille”. Quant au Cabaret Poétique, emmené par Frédérick Houdaer, il fête son premier anniversaire en juin, au Périscope où il a vu le jour, en partenariat avec “L’Université Populaire” que Françoise Bressat a créé il y a quelques années. “Chaîne d’amitiés” qui de fil en aiguille a conduit à ouvrir le Cabaret dans “ce lieu formidable” initialement dévolu à la musique (Jazz). “J'aspirais à un rendez-vous qui ne se prenne pas au sérieux, mais où seraient conviés des personnes qui, elles, prennent l'écriture au sérieux. Pas une scène ouverte, non, le fruit d’une vraie programmation, mais réellement curieuse, avec mélange des genres et des générations. Et à l’arrivée, le contraire d’un zapping stérile”. Suite de l’entretien…
L - Pouvez-vous chacun donner une définition du moment de poésie que vous pilotez ?
F - Le Cabaret Poétique, ce n’est pas la messe. Ce n’est pas non plus le lieu du grand n’importe quoi. C’est un lieu (magique, une salle de jazz coincée entre deux prisons désaffectées) où souffle quelque chose qui fait beaucoup de bien aux gens qui y passent… On appellera ça “une brise fraîche” pour ne pas employer de formules trop connotées. C’est fragile. Rythmé. Pas question de s’y ennuyer.
P - La Scène Poétique permet de découvrir, à Lyon, des poètes qui font un travail singulier et fort, dans toute la diversité de la production poétique actuelle. Une attention particulière est portée sur l’oralité, et la capacité dans laquelle se trouve le poète de gérer cette situation de lecture publique, avec sa voix, son corps, son énergie et les différents moyens techniques dont il veut disposer. Je tente de trouver un équilibre entre poètes reconnus et poètes en devenir, hommes et femmes, jeunes ou moins jeunes, de la Région ou venant de loin, d’une modernité batailleuse ou d’une sagesse tranquille, sans oublier les inclassables.
L - Et présenter le moment que l'autre pilote ?
F - J’ignore les changements que connaîtra “La scène Poétique” en passant de la Bibliothèque de La-Part-Dieu à l’E.N.S. Penser à retirer à Patrick les poignards que certains lui ont plantés dans le dos.
P - À la différence de la Scène Poétique, le Cabaret Poétique animé par Frédérick Houdaer est beaucoup plus convivial, moins sévère, avec des interventions plus nombreuses et plus courtes, presque exclusivement centré sur des auteurs de la Région, avec une plus grande volonté encore de faire découvrir des jeunes et leur servir de tremplin. Le contexte plus institutionnel de la Scène Poétique (aujourd’hui l’ENS) m’oblige à plus de rigueur, en invitant des poètes avec un parcours déjà solide (sauf rares exceptions) en termes d’édition et d’interventions publiques, à l’échelon national.
L - Quelle est votre acception (ou acceptation) du mot “poésie” ?
F - Le lieu, le temps, l’espace de tous les “Why not ?” (dernière phrase prononcée par un cow-boy à la fin de “La horde sauvage”).
P - Cette question est un continent. Je vais livrer ici quelques phrases qui, chacune, mais aussi prises dans leur ensemble, seront toujours trop réductrices. La poésie est avant tout, pour moi, un travail sur la langue. (C’est là où l’on retrouve, souvent, tous les écrivains qu’on ne sait où situer, trop inventeurs dans leur domaine, parfois romanciers ou auteurs de théâtre, mais accueillis bras grands ouverts chez les poètes). C’est le lieu d’une langue utilisée non comme véhicule d’une pensée, ou d’images, mais d’une langue qui devient matière de pensée ou d’images. Une langue qui navigue entre les yeux et la bouche de celui qui écrit / dit, et entre les yeux et les oreilles de celui qui lit / voit / écoute. En situation d’écriture, la question de l’oralité induit des choix parfois difficiles : la parole agissant dans les yeux n’obéit pas toujours aux mêmes contraintes qu’une parole pensée pour la déclamation, ou simplement la voix haute. Enfin, lorsque j’emploie le mot “poésie”, c’est toujours dans un sens “littéraire”. Je distingue fortement dans leurs usages les mots “poésie” et “poétique”. Je me souviens toujours avec un sourire d’avoir lu, autrefois, un article dans un journal qui parlant d’une représentation théâtrale titrait : “Spectacle très poétique, dommage que le texte ne soit pas à la hauteur” !
L - La poésie est-elle soluble aujourd'hui ? C'est à dire se désintègre-t-elle, s'intègre-t-elle, ou va-t-elle toujours contre ?
F - Elle a tout l’avenir devant elle. Et le présent ne peut la menacer sérieusement, malgré…
P - Soluble je n’aime pas trop ce mot. Elle se désintègre (dans le sens où elle explose) oui, et se reforme ailleurs. Elle s’intègre, oui, avec le temps. Elle va souvent contre, et souvent profondément avec. Elle est partout et nulle part, et jamais soluble.
L - Y a-t-il une spécificité de la poésie à Lyon aujourd’hui ? Une spécificité du milieu lyonnais de la poésie ? Comment te débrouilles-tu / vous débrouillez-vous avec l’idée de milieu ? À quel milieu poétique (une région, un courant, un temps…) vous affileriez-vous le mieux, le plus volontiers ?
P - Non, je ne crois pas qu’il y ait de spécificité de la création poétique sur Lyon aujourd’hui. J’aimerais. Il faudrait pour cela une plus grande synergie, sur des années. Une ville comme Lyon pourrait certainement jouer un rôle, mais force est de constater que l’imagination et la volonté politique ne sont pas au rendez-vous. Quand au “milieu” de la poésie, il existe certainement, mais il me semble avoir des frontières suffisamment floues pour être supportables. Et j’aime cette richesse, ce territoire étendu. Je ne me sens d’aucune affiliation, sinon mon attention particulière pour la poésie orale, ceux d’aujourd’hui et ceux d’hier, et pour des formes expérimentales ou novatrices qui n’abandonneraient ni le sens ni le sensible. J’ai une grande tendresse pour ce qui sonne juste - juste jusqu’à la singularité - et ce qui, d’une manière ou d’une autre, a quelque chose à voir avec la profondeur.
F - Qui vous dit que nous sommes à Lyon ? Mes affinités ? Thomas Vinau, Jean-Marc Flahaut, Daniel Labedan, etc…
L - Quels seraient les invités d’un Cabaret / d’une Scène poétique idéal(e), merveilleuse, révolutionnaire ?…toutes époques confondues.
P - Jolie question. Mais quand je réfléchis plus de quinze secondes, je vois des dizaines de figures qui se bousculent au portillon, certaines venant de la Renaissance ou du XIXe, d’autres de plus en plus nombreuses en avançant dans le XXe, et tous ces anciens noyés dans la foule innombrable de ceux qui, bien vivants, ont encore le pouvoir de regarder leur montre.
F – D’Agrippa d’Aubigné à Christian Prigent, avec de nombreuses joutes, des démonstrations d’escrime. Puisque “style” et “stylet” ont la même étymologie. Des musiciens. Des séances de spiritisme (demander au grand Buck combien de bières il a sifflées dans l’au-delà). Et du feu. Du vrai feu (à l’instar de ce qui a été proposé au Parc de la Tête d’Or lors de la dernière Fête des Lumières). Que des trucs “pas aux normes de sécurité”.
L - En peu de mots, à quelle expérience langagière, physique, sociale répond le besoin, le désir, d'écrire, d'entendre de la poésie ?
P - Une seule phrase ?…Très courte ?…Alors…Tout cela pour…Ne pas mourir ?!
F - Me souviens du beau texte d’un poète nommé Patrick D. Il s’intitulait “Pour ne pas mourir”.What else ? "
07:02 Publié dans a.5) ANIMATEUR DU CABARET POETIQUE, LyonnÈseries | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cabaret poétique, la scène poétique, dubost, périscope, e.n.s, houdaer, poésie, labedan, flahaut, vinau, prigent, agrippa d'aubigné
12/01/2011
Pour sauver « La Scène Poétique » à la Bibliothèque Municipale de Lyon !
Mise à jour le 14 janvier
La Scène Poétique est un cycle de poésie parlée dont le poète Patrick Dubost s’est occupé de 2003 à décembre 2010, à la Bibliothèque Municipale de la Part-Dieu, à Lyon.
En décembre 2010, en beau milieu d’année, le cycle a été supprimé par Mr Bertrand Calenge, directeur intérimaire de cette bibliothèque (l’une des plus importantes bibliothèques municipales de France, sinon d’Europe) sans que celui-ci ait rencontré son animateur ni ne lui ait adressé le moindre reproche. Et sans que « La scène poétique » soit remplacée par un autre cycle de lectures bénéficiant des mêmes conditions matérielles qui autorisaient la venue de poètes venus « de tous les horizons ».
Si « La scène poétique » disparaît, elle ne sera pas remplacée !
Parce que nous refusons la suppression pure et simple de ce rendez-vous privilégié avec la poésie, signons cette pétition et faisons-la circuler.
POUR SIGNER LA PETITION, C’EST ICI !
Quelques liens pour mieux « cerner » ce qui est en péril :
http://www.sitaudis.fr/Excitations/chagrin-de-la-poesie-comme-peau-de-chagrin.php
http://patrick.dubost.free.fr/la_scene_poetique.html
http://paulinecatherinot.kazeo.com/Jardin-poetique/Dispar...
http://texte-et-toile.blogspot.com/2011/01/lyon-le-10-jan...
Liste (partielle) des auteurs reçus à la « Scène Poétique » Démosthène Agrafiotis (Grèce)
Nadine Agostini
Anas Alaïli (Palestine)
Jean Antonini
Isabel Asunsola (Espagne)
Pierre Autin-Grenier
Edith Azam
Isabelle Baladine Howald
Vincent Barras (Suisse)
Hervé Bauer
Philippe Beck
Janick Belleau (Québec)
Patrick Beurard-Valdoye
Julien Blaine
Jean-Pierre Bobillot
Yves Bonnefoy
Lionel Bourg
Le Groupe BoXoN
Thomas Braichet
Cyril Bret
Jean de Breyne
Charles-Mezence Briseul
Anne-James Chaton
Nicolas Chazel
Giuseppe Conte (Italie)
Christian Cottet-Emard
Séverine Daucourt-Fridriksson
Florence Delay
Saleh Diab (Syrie)
Frank Doyen
Ariane Dreyfus
Jean-Pascal Dubost
Armand Dupuy
Duo Duo (Chine)
Werner Dürrson (Allemagne)
Antoine Emaz
Denis Ferdinande
Violaine Forest (Québec)
Alessandro de Francesco (Italie)
Mohammed El Amraoui
André Gache
Renée Gagnon (Québec)
Pierre Gallais
Albane Gellé Nicolas Giral
Sandrine Gironde
Liliane Giraudon
Jean-Marie Gleize
Michaël Gluck
Jacques Goorma
Fred Griot
George Hassomeris
Vincent Hoarau
Jean-Louis Houchard
Frédéric Houdaer
Charles Juliet
Béatrice de Jurquet
Leslie Kaplan
Anne Kawala
D. Kimm (Québec)
Roger Lahu
Catherine Lalonde (Québec)
Patrick Laupin
Mylène Lauzon (Québec)
Samuel Lequette
Sébastien Lespinasse
Geneviève Letarte (Québec)
Sophie Loizeau
Sabine Macher
Thierry Martin-Scherrer
Odile Massé
Jérôme Mauche
Emmanuel Merle
Jacqueline Merville
Michèle Métail
Jean-Baptiste Monat
François Montmaneix
Proteus Morganii
Chantal Neveu (Québec)
Sylvie Nève
Bernard Noel
Valère Novarina
Camille Olivier
Charles Pennequin
Christophe Petchanatz
Serge Pey
Robert Piccamiglio
Jean-Yves Picq
Isabelle Pinçon
Emmanuelle Pireyre
Siegfried Plümper-Hüttenbrink
Claudio Pozzani (Italie)
Christian Prigent
Thierry Renard
Jacques Rebotier
Jean-François Robic
Alain Robinet Germain Roesz
Jacques Roubaud
Valérie Rouzeau
James Sacré
Caroline Sagot-Duvauroux
Annie Salager
Yann Serra
Jean-Pierre Spilmont
Gwenaëlle Stubbe (Belgique)
Michel Thion
Pierre Tilman
Roland Tixier
Serge Tomé (Belgique)
Véronique Vassiliou
Joël Vernet
Eric Villeneuve
Hubert Voignier
Cosima Weiter
Alain Wexler
Klaus-Dieter Wirth (Allemagne)
Claude Yvroud Annie Zadeck
10:11 Publié dans LyonnÈseries, où mon taux d'adrénaline augmente | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : scène poétique, poésie, pétition, lyon, bibliothèque de la-part-dieu, dubost, novarina, loizeau, spilmont, bonnefoy, autin-grenier, pennequin, laupin, prigent, roubaud, pey, salager, zadeck, gellé, pireyre
07/12/2009
En attendant Clément Bulle
Ma façon à moi d'annoncer qu'il va être très prochainement question, sur ce blog, de "ROCOCO TOKYOÏTE", le roman de Clément Bulle paru aux Editions "A plus d'un titre", collection "A charge".
21:47 Publié dans a.4) EDITEUR, où je lis | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : bulle, rococo tokyoïte, costes, prigent, grand père, grand-mère quéquette, pellacoeur, aux vents, à charge, à plus d'un titre
15/12/2008
Texte et polémique intéressantes
Quelques heures après avoir animé un atelier d'écriture en prison, je découvre le texte que Clément Bulle et Julien Bielka ont consacré aux "Chroniques carcérales" de Rouillan, et la polémique qu'il a suscitée.
Bravo à Bulle & à Bielka pour la justesse de leur regard (lire les commentaires croisés qui suivent l'article, avec un Christian Prigent qui n'est pas homme à rater l'essentiel).
J'aurai l'occasion de reparler de Clément Bulle dans ce blog (un futur auteur de la collection "A charge", du moins je l'espère).
21:07 Publié dans où mon taux d'adrénaline augmente | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : bulle, bielka, prigent, rouillan, chroniques carcérales, éditions agone