10/05/2024
Ce mardi...
03:38 Publié dans C’est quoi, la poésie ? C’est ÇA, Ducon ! | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : leroy, jérôme leroy
23/04/2024
"... mains vides..."
16:51 Publié dans C’est quoi, la poésie ? C’est ÇA, Ducon ! | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : juarroz, roberto juarroz, la belle et la bête, cocteau, josé corti, éditions josé corti
11/04/2024
"Pour vivre ici"
Aucun homme n’est invisible
Aucun homme n’est plus oublié en lui-même
Aucune ombre n’est transparente.
Je vois des hommes là où il n’y a que moi
Mes soucis sont brisés par des rires légers
J’entends des mots très doux croiser ma voix sérieuse
Mes yeux soutiennent un réseau de regards purs
Nous passons la montagne et la mer difficiles
Les arbres fous s’opposent à ma main jurée
Les animaux errants m’offrent leur vie en miettes
Qu’importe mon image s’est multipliée
Qu’importe la nature et ses miroirs voilés
Qu’importe le ciel vide je ne suis pas seul.
Paul Eluard, Pour vivre ici
11:19 Publié dans C’est quoi, la poésie ? C’est ÇA, Ducon ! | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : eluard, brassens, fred mella, ventura, mella, georges brassens, lino ventura
09/02/2024
" Une certaine école... "
Une certaine école, dite « sérieuse », a arboré de nos jours ce programme de poésie : sobriété. Il semble que toute la question soit de préserver la littérature des indigestions. Autrefois on disait : fécondité et puissance ; aujourd’hui l’on dit : tisane. Vous voici dans le resplendissant jardin des Muses où s’épanouissent en tumulte et en foule à toutes les branches ces divines éclosions de l’esprit que les grecs appelaient Tropes, partout l’image idée, partout la pensée fleur, partout les fruits, les figures, les pommes d’or, les parfums, les couleurs, les rayons, les strophes, les merveilles, ne touchez à rien, soyez discret. C’est à ne rien cueillir là que se reconnaît le poète. Soyez de la société de tempérance. Un bon livre de critique est un traité sur les dangers de la boisson. Voulez-vous faire l’Iliade, mettez-vous à la diète. Ah ! tu as beau écarquiller les yeux, vieux Rabelais !
Le lyrisme est capiteux, le beau grise, le grand porte à la tête, l’idéal donne des éblouissements, qui en sort ne sait plus ce qu’il fait ; quand vous avez marché sur les astres, vous êtes capable de refuser une sous-préfecture ; vous n’êtes plus dans votre bon sens, on vous offrirait une place au sénat de Domitien que vous n’en voudriez pas, vous ne rendez plus à César ce qu’on doit à César, vous êtes à ce point d’égarement de ne pas même saluer le seigneur Incitatus, consul et cheval. Voilà où vous en arrivez pour avoir bu dans ce mauvais lieu, l’Empyrée. Vous devenez fier, ambitieux, désintéressé. Sur ce, soyez sobre. Défense de hanter le cabaret du sublime.
La liberté est un libertinage. Se borner est bien, se châtrer est mieux.
Passez votre vie à vous retenir.
Sobriété, décence, respect de l’autorité, toilette irréprochable. Pas de poésie que tirée à quatre épingles. Une savane qui ne se peigne point, un lion qui ne fait pas ses ongles, un torrent pas tamisé, le nombril de la mer qui se laisse voir, la nuée qui se retrousse jusqu’à montrer Aldébaran, c’est choquant. En anglais shocking. […]
Nous aimons mieux pas assez que trop. Point d’exagération. Désormais le rosier sera tenu de compter ses roses. La prairie sera invitée à moins de pâquerettes. Ordre au printemps de se modérer. Les nids tombent dans l’excès. Dites donc, bocages, pas tant de fauvettes, s’il vous plaît. La voie lactée voudra bien numéroter ses étoiles ; il y en a beaucoup.
Modelez-vous sur le grand Cierge Serpentaire du Jardin des Plantes qui ne fleurit que tous les cinquante ans. Voilà une fleur recommandable.
Un vrai critique de l’école sobre, c’est ce concierge d’un jardin qui, à cette question : Avez-vous des rossignols dans vos arbres ? répondait : Ah ! ne m’en parlez pas, pendant tout le mois de mai ces vilaines bêtes ne font que gueuler.
Victor Hugo, William Shakespeare.
17:21 Publié dans C’est quoi, la poésie ? C’est ÇA, Ducon ! | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : victor hugo, hugo, shakespeare
30/01/2024
Bande d'idiots
On ne sait rien jusqu’à présent de ce qu’est au vrai la poésie, une expression, une connaissance ou simplement un jeu de mots. Mais le peu que l’on sache, et ceci empiriquement, du poète, même du plus inspiré, du plus inspiré surtout, c’est qu’il semble devoir être un peu bête, assez bête pour faire en sorte que sa raison brille par son absence devant la création, et que cette bêtise est une condition sine qua non, de son rendement.
Pouchkine fut un des premiers à faire cette observation paradoxale : « que Dieu me pardonne, écrivait-il, mais la poésie doit être toujours un peu bête. » Au sujet de William Blake, Chesterton écrivit de même : « Ce fut un idiot inspiré ; idiot parce qu’inspiré ! » Byron lui-même ; grand poète tout comme Pouchkine, affirmait que Wordsworth n’était qu’un « idiot dans sa gloire » ; Hugo trouvait que Barbey d’Aurevilly était un « formidable imbécile » et Leconte de Lisle que Hugo était bête comme l’Himalaya ! Ajoutons, si vous voulez, ce que Sophocle disait d’Eschyle : « Ce que celui-ci faisait était très bien, bien qu’il le fit inconsciemment ».
Benjamin Fondane, Rimbaud le voyou (1936)
10:19 Publié dans C’est quoi, la poésie ? C’est ÇA, Ducon ! | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : fondane, rimbaud, poésie, pouchkine, blake, chesterton, idiot
03/09/2023
"... décidé à écrire net, à boire frais et à se tenir gaillard."
Je relis Paul-Jean Toulet. « Les Contrerimes », au hasard et souvent, autrement et encore. (…) A l’âge des aéroplanes et des premiers carnages industriels, l’auteur de « Mon amie Nane » a aimé « L’Art Poétique » de Boileau, le tracé voluptueux des jardins à la française, les taxautos pris sur les Champs-Elysées avec des filles vénéneuses et les paquebots des Messageries maritimes. Par là, il a relevé l’antique tradition de subversion de la laideur établie, décidé à écrire net, à boire frais et à se tenir gaillard. Refusant la poésie prétentieuse et les vers tarabiscotés, il a cultivé un lyrisme simple et mélancolique. « Que tu es loin, mon beau septembre, / Loin comme le Pays, / Quand ses hanches, et le maïs, / Etaient couleur de l’ambre » Classique et fantaisiste, il a réinventé les enjambements, les phrases nominales, les ellipses et les accélérations : « On rit, on se baise, on déjeune… / Le soir tombe : on n’est plus très jeune. »
Las des effusions romantiques, Toulet a congédié les ruines, les gondoles et les parcs ravagés au profit de motifs proches de la vie : la tonnelle fleurie, l’aubergette, la table de bois blanc et les jambons pendus. D’une santé fragile, usé par la vie d’artiste et les abus divers commis avec Curnonsky, Toulet est mort à Guéthary, sur le rivage basque, le 6 septembre 1920. Amateur de règles anciennes, virtuose du vers français, il fut un grand novateur. (…) Merveilles formelles, les contrerimes sont formées de quatrains alternés de huit et six pieds dont les vers s’embrassent, faisant rimer entre eux des mètres différents. « Trottoir de l’Elysé’-Palace / Dans la nuit en velours / Où nos cœurs nous semblaient si lourds / Et notre chair si lasse. » On note l’élision du e muet, qui marque la rigueur de l’auteur des Contrerimes. Mais il y a aussi de la liberté dans ses vers, ainsi que le rappelle Jean-Luc Steinmetz. « Contemporain d’un Apollinaire dont le livre Alcools comporte une pareille observance de l’ancienne prosodie (à égalité avec les audaces du vers libre), Toulet occupe cette marge étroite où la tradition s’autorise maintes transgressions, guère visibles toutefois pour les yeux peu exercés. »
C’est ainsi que Paul-Jean est grand »
Sébastien Lapaque, Au hasard et souvent, éd. Actes Sud
04:00 Publié dans C’est quoi, la poésie ? C’est ÇA, Ducon ! | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : toulet, lapaque, les contrerimes, au hasard et souvent, steinmetz, apollinaire, boileau, curnonsky, guétary
29/08/2023
Élégie
Il a plu des saumons
le jour où sa mère a été enterrée.
Les saumons sont tombés dans l’herbe
au milieu des pierres tombales
et se sont efforcés de respirer.
Ils voulaient survivre.
Elle en a pris autant qu’elle pouvait
dans ses bras, dans ses poches
et a couru vers la rivière
qui coulait à travers le cimetière.
Les saumons agonisaient.
La rivière était morte.
Elle a plongé dans l’eau.
Elle avait besoin des saumons pour nager.
Sherman Alexie, RED BLUES (trad. Michel Lederer)
12:27 Publié dans C’est quoi, la poésie ? C’est ÇA, Ducon ! | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : alexie, red blues, lederer, amérindien, poésie, saumon, nageuse, rivière, eau, sherman alexie
17/07/2023
" On affectionne... "
On affectionne les choses nettes
la coupe du monde de football
la fatigue, l’hétérosexualité
comme à vélo le mouvement nous
tient debout on se dévore
en commençant par les doigts
on a maints tics qui nous rendent
pitoyable à nos propres yeux
et - quelquefois – célèbre dans le monde
les nuits et les jours ne roulent
jamais assez vite pour assouvir
notre démence mille fées Carabosse
se penchant chaque matin sur
le berceau de nos journées.
OÛ ÊTRE BIEN, Jean-Pierre Georges, éd. Le dé bleu
10:25 Publié dans C’est quoi, la poésie ? C’est ÇA, Ducon !, oreillettes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean-pierre georges, éditions le dé bleu, nine inch nails
25/05/2023
Sur le trottoir...
Au sortir d'un rendez-vous poétique en hommage à l'éditeur Yves Artufel (de son vivant), cette photo d'anthologie prise devant le tunnel de Perrache où le Gang des Lyonnais a braqué un fourgon il y a longtemps.
De gauche à droite, donc (ou à peu près) : Emanuel Campo, Sammy Sapin, Fabien Drouet, (Chéri-)Bibi, Jean-Baptiste Happe, Grégoire Damon, Pauline Catherinot, Judith Lesur, Yves Artufel !
03:02 Publié dans C’est quoi, la poésie ? C’est ÇA, Ducon !, LyonnÈseries, pigments & pixels | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : artufel, gros textes, houdaer, campo, damon, drouet, catherinot, lesur, happe, fabien drouet, emanuel campo, grégoire damon, pauline catherinot, le périscope, gang des lyonnais, perrache