UA-136760349-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

11/04/2024

"Pour vivre ici"

437566091_10161398880023872_288972586895268130_n.jpg

Aucun homme n’est invisible
Aucun homme n’est plus oublié en lui-même
Aucune ombre n’est transparente.
Je vois des hommes là où il n’y a que moi
Mes soucis sont brisés par des rires légers
J’entends des mots très doux croiser ma voix sérieuse
Mes yeux soutiennent un réseau de regards purs
Nous passons la montagne et la mer difficiles
Les arbres fous s’opposent à ma main jurée
Les animaux errants m’offrent leur vie en miettes
Qu’importe mon image s’est multipliée
Qu’importe la nature et ses miroirs voilés
Qu’importe le ciel vide je ne suis pas seul. 

Paul Eluard, Pour vivre ici 

 

20/12/2023

Dans le script

410153917_10161227105323872_4870798270751200942_n.jpg

- Tu as vu, Alain, ce qu’ils me réservent dans la scène ?
- Mmmh ?
- Non, mais… LIS. Lis-moi ça, c’est dans le scénar' qu’ils m’ont filé, hein… J’invente rien…
- Mmmh…
- Tu vois ce que je veux dire ? Tu vois ce qu’ils me font… Dans la scène, là, c’est bien marqué, ce que le raptor me fait quand il m’attrape ?!
- ‘fectivement, c’est malaisant.
- Ils me croient pas capable d’en venir à bout de leur raptor, ou quoi ?
- Ne t’inquiète pas, c’est de l’animatronique.
- De la quoi ?
- Ça ne fait pas mal.
- Tu es sûr ? Sûr et certain ?
- C’est mou, le latex.
 

14/12/2021

Sortir du rôle

53646134_10157175820238872_1602758005319794688_n.jpg

Isabelle Adjani & Lino Ventura, tournage de La gifle

 

12/10/2021

"La désunion..."

204493528_3942221515890184_8025004616818961037_n.jpg

La désunion n'est
que le mauvais profil
du répit
son poème commençait comme ça
Il se demande encore
si la vie est grave
si le désir se porte
à la boutonnière
si l'on met indéfiniment
des rustines à ses rêves. 
 
Jean-Pierre Georges
 

01/01/2016

Tout ça, tout ça...

 

Je hais le nouvel an, par Antonio Gramsci.

Chaque matin, à me réveiller encore sous la voûte céleste, je sens que c’est pour moi la nouvelle année. C’est pourquoi je hais ces nouvel an à échéance fixe qui font de la vie et de l’esprit humain une entreprise commerciale avec ses entrées et sorties en bonne et due forme, son bilan et son budget pour l’exercice à venir. Ils font perdre le sens de la continuité de la vie et de l’esprit. On finit par croire sérieusement que d’une année à l’autre existe une solution de continuité et que commence une nouvelle histoire, on fait des résolutions et l’on regrette ses erreurs etc. etc. C’est un travers des dates en général. On dit que la chronologie est l’ossature de l’Histoire; on peut l’admettre. Mais il faut admettre aussi qu’il y a quatre ou cinq dates fondamentales que toute personne bien élevée conserve fichée dans un coin de son cerveau et qui ont joué de vilains tours à l’Histoire. Elles aussi sont des nouvel an. Le nouvel an de l’Histoire romaine, ou du Moyen Âge, ou de l’Époque moderne. Et elles sont devenues tellement envahissantes et fossilisantes que nous nous surprenons nous-mêmes à penser quelquefois que la vie en Italie a commencé en 752, et que 1490 ou 1492 sont comme des montagnes que l’humanité a franchies d’un seul coup en se retrouvant dans un nouveau monde, en entrant dans une nouvelle vie. Ainsi la  date devient un obstacle, un parapet qui empêche de voir que l’histoire continue de se dérouler avec la même ligne fondamentale et inchangée, sans arrêts brusques, comme lorsque au cinéma la pellicule se déchire et laisse place à un intervalle de lumière éblouissante. Voilà pourquoi je déteste le nouvel an. Je veux que chaque matin soit pour moi une année nouvelle. Chaque jour je veux faire les comptes avec moi-même, et me renouveler chaque jour. Aucun jour prévu pour le repos. Les pauses je les choisis moi-même, quand je me sens ivre de vie intense et que je veux faire un plongeon dans l’animalité pour en retirer une vigueur nouvelle. Pas de ronds-de-cuir spirituels. Chaque heure de ma vie je la voudrais neuve, fût-ce en la rattachant à celles déjà parcourues. Pas de jour de jubilation aux rimes obligées collectives, à partager avec des étrangers qui ne m’intéressent pas. Parce qu’ont jubilé les grands-parents de nos grands parents etc., nous devrions nous aussi ressentir le besoin de la jubilation. Tout cela est écœurant.

 

(Antonio Gramsci, 1er janvier 1916 sur l’Avanti!, édition de Turin, rubrique « Sotto la Mole ») Traduit par Olivier Favier.