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30/01/2024

Bande d'idiots

On ne sait rien jusqu’à présent de ce qu’est au vrai la poésie, une expression, une connaissance ou simplement un jeu de mots. Mais le peu que l’on sache, et ceci empiriquement, du poète, même du plus inspiré, du plus inspiré surtout, c’est qu’il semble devoir être un peu bête, assez bête pour faire en sorte que sa raison brille par son absence devant la création, et que cette bêtise est une condition sine qua non, de son rendement.

Pouchkine fut un des premiers à faire cette observation paradoxale : « que Dieu me pardonne, écrivait-il, mais la poésie doit être toujours un peu bête. » Au sujet de William Blake, Chesterton écrivit de même : « Ce fut un idiot inspiré ; idiot parce qu’inspiré ! » Byron lui-même ; grand poète tout comme Pouchkine, affirmait que Wordsworth n’était qu’un « idiot dans sa gloire » ; Hugo trouvait que Barbey d’Aurevilly était un « formidable imbécile » et Leconte de Lisle que Hugo était bête comme l’Himalaya ! Ajoutons, si vous voulez, ce que Sophocle disait d’Eschyle : « Ce que celui-ci faisait était très bien, bien qu’il le fit inconsciemment ».

Benjamin Fondane, Rimbaud le voyou (1936)