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31/01/2005

Lundi 31 janvier

       Enième opération sur mon vélo (un pneu crevé à réparer depuis un mois!). Malheureusement, celui que Miller a surnommé "mon meilleur ami" ne comprend pas que je ne désire que son bien... et il ne se laisse pas faire ! 

 

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       Lectures :

"Les usages de l’éternité" essai de Patrick Kechichian sur Ernest Hello

« Les auteurs de la Série Noire, Voyage au bout de la Noire, 1945-1995 »

30/01/2005

Dimanche 30 janvier

       Qui m’a appris que Kerouac n'avait pas son permis de conduire ? “ Sur la route ”, ha-ha ! 

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« Vous êtes la guérilla contre la mort climatisée qu’on veut vous vendre sous le nom d’avenir. »

Cortazar

29/01/2005

Une femme sous influence

DVD : "Une femme sous influence".

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Casavettes / Gena Rowlands. Un film d’amour, ça ressemble à ça, pas à West Side Story.

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Une dernière notule cinématographique comme ça, l’air de rien, pour dire l’époque : « Bad Lieutenant », LE film catholique de ces dernières années (j’ai bien écrit « catholique ») est classé X aux Etats-Unis et purement et simplement interdit en Irlande. Il y a 40 ans, avec son sulfureux « Théorème », Pasolini décrochait le Grand Prix de l’Office Catholique.

Je n'en conclus rien.

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Samedi 29 janvier

Etrange rêve fait cette nuit (et ce n'est pas la première fois) : je me perds dans un cinéma labyrinthique, une sorte de multiplexe aux couloirs interminables. Quand je rentre dans une salle de projection, c'est pour "rentrer" dans le film qui éclaire l'écran et avoir le plus grand mal à en sortir... mais pas moyen de sortir du cinéma lui-même. Un rêve presque trop exemplaire (j’ai hésité à le noter). 

       “ Ils n’ont pas encore de machines à détecter les rêves subversifs, mais ça viendra : faisons-leur, en ce domaine, le plus large crédit. ”

       André Hardellet (Lourdes, lentes)

28/01/2005

Vendredi 28 janvier

Déjeuner avec l’ami François Barcelo (le premier québécois publié dans la Série Noire) au resto croix-roussien « Mon père était limonadier ». François est en résidence d’auteur à Lyon pour trois mois. Il est arrivé à Lyon-ST-Exupéry la semaine dernière, en même temps que la neige. Je n’ai jamais vu le boulevard de la Croix-Rousse ressembler à ce point à une avenue de Montréal. Le marché baignait dans la slotche. Nous avons dû nous cramponner à une rampe pour contourner le Gros Caillou et gagner la place Bellevue. Mais pas de glissade aujourd’hui.

Tout à la joie des retrouvailles, j’ai oublié de le questionner sur l’avenir de la Série Noire.

Hier, François a fait du vélo. Il est fou (et c’est un ancien kamikaze à deux roues qui l’écrit).



En parlant de fou… Rien à voir avec François sur son vélo un peu plus haut. Dantec (je sens que je vais faire souffrir certains de mes amis). Ça ne choque personne qu’il se trouve actuellement sans éditeur, que Gallimard puis Flammarion n’aient pas osé sortir le tome 3 de son Théâtre des Opérations. Ce n’est pas que je me fasse du soucis pour l’avenir éditorial de Maurice G., mais ses tribulations actuelles en disent long sur l’état de l’édition française et son auto-censure permanente.

Là encore (voir plus bas, à la date du 24 janvier), ça devrait être une porte ouverte que j’enfonce. Et bien non, ce n’est pas le cas.

Antoine Gallimard s’est dégonflé en premier. Son pirate de grand-père, lui au moins, était capable de dire à Nimier « Il n’y a qu’avec Drieu et avec ? que je ne me sois pas emmerdé. »

En tant que lecteur, un débat (un peu, beaucoup) contradictoire entre Dantec et… mettons Daeninckx (ou Marhic, qui est sûrement moins cher, connaît aussi bien les sujets à aborder, est peu suspect de, etc.), voilà quelque chose que j’aimerais voir, qui nourrirait ma réflexion. Malgré les innombrables salons du polar qui fleurissent en France, c’est tout simplement IMPOSSIBLE. Quelle radio organiserait une pareille rencontre ?

Il y en a un qui connaît également bien les sujets, est peu suspect de, etc. C’est Pouy. Pouy connaît bien Dantec. Il l’a connu tout jeune. Dantec et Benacquista, et d’autres, étaient « ses élèves ». Pouy n’était pas prof mais conseiller d’orientation ou pion ou un truc comme ça.

J’ai questionné directement Pouy sur Dantec, l’automne dernier. Tous deux, nous participions à un salon du livre où il n’y avait pas un rat. Nous avions bouffé à trois (Pouy, Pierre-Jean Balzan éditeur -la Fosse aux Ours- et moi), et durant tout le déjeuner, Pouy et Balzan avaient parlé des problèmes de la petite et de la moyenne édition, et tout ce qu’ils avaient dit n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd (je gamberge sérieusement autour de l’idée d’une petite structure éditoriale, des problèmes de distribution, etc.).

Après le repas, je demande à Pouy « t’en es où avec Dantec ? C’est quoi ton histoire avec lui ? »

Je regrette de ne pas avoir noté immédiatement ce qu’il m’a dit. Disons qu’il m’en parlé avec une réelle chaleur humaine, qu’il mettait les courriels de Maurice G. avec les Identitaires sur le compte de sa naïveté, qu’il lui reconnaissait un gros talent, depuis le début, etc. Évidemment, chacun des deux avait les pieds posés sur un continent différent. Mais rien à voir avec le Pouy que j’ai découvert en 1999 lors d’une table ronde à la Bastille (mon premier salon en tant qu’auteur), date à laquelle il se vantait d’avoir aidé à virer tous les auteurs de droite de la Série Noire. Je me souviens de ma consternation à l’époque, de mes pensées du style « c’est fini le temps où un Manchette pouvait publiquement reconnaître le talent d’un A.D.G tout en l’appelant son ennemi ».

Dans un journal que j’ai tenu il y a deux ans (avant que je n’apprenne l’existence des blogs), j’ai recopié et commenté le portrait chinois de Pouy. Son principal défaut ? La méchanceté. C’est ce qu’il répondait. Je n’en suis pas si sûr.

Pouy ne tient pas un double langage. Mais je le crois aussi compliqué que son écriture (merde, c’est un écrivain !).

Son écriture, j’ai eu l’occasion de la goûter, de la mâcher (voir aussi ma rubrique « Frédérick lecteur »). Je fais partie d’un groupe de « lecteurs à voix haute », « Abus de langage ». L’année dernière, j’ai lu en public (et dans un jardin ouvrier) les premières pages de « La belle de Fontenay ». Je les ai portées sur le bout de ma langue. Il m’en a coûté un sacré travail en amont. L’écriture de Jibé, je l’ai redécouverte de l’intérieur, elle est encore plus complexe que je ne le pensais. Et pas faite pour être lue à voix haute, d’après le même Jibé. Sûr qu’il n’écrit pas à l’oreille.

Donc, QUI organisera un débat Dantec-Pouy (je sais qu’il y a des journalistes qui me lisent) ? Et d’où viendront les freins, qui érigera des barrages ?



One shot :

“Celui qui se consacre au roman noir doit rencontrer la métaphysique tôt ou tard, car toute sa concentration, que ce soit dans la vie ou dans l’écriture, est dirigée vers ce combat sans fin entre le bien et le mal; sa carrière est comme une vie entière de travail passée à franchir chaque jour à bicyclette dans les deux sens la frontière entre un pays civilisé et l’Allemagne nazie.”

Robin Cook (si la citation était de Dantec, j’imagine les réflexions qu’elle s’attirerait…)

26/01/2005

Mercredi 26 janvier

Me hantent encore les images de « L’année du dragon » repassé dernièrement sur Arte. La première fois que je les ai vues, j’avais 17 ans, et j’ai tout de suite su qu’elles sonnaient le glas de mes belles idées. Aucun regret.

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Dans ma boîte aux lettres, une épaisse enveloppe qui arrive de Belgique : l’intégrale (ou presque) Éric Dejaeger, auteur-éditeur avec lequel Renaud Marhic m’a mis en contact. Un vaste trafic de Speculoos poétiques est en train de se mettre en place. Je ne puis en dire plus, sans mettre la vie des miens en danger… Je tenais simplement à dénoncer ces deux individus.

Au passage, j’apprends grâce à eux que de très nombreux textes de Bukowski restent inédits, des poèmes pas encore traduits en français ni publiés.

Et zou, un petit morceau du sieur Dejaeger, reproduit sans son autorisation (il est trop cher) :

« Mes voisins savaient que je lisais beaucoup et qu’il m’arrivait d’écrire de la poésie, deux activités assez mal considérées dans le quartier.

À chaque barbecue, ils s’amusaient à lancer des livres de gare par-dessus la haie en criant « pull ! ». Il savaient aussi que j’étais le seul dans le coin à ne pas posséder de riot-gun.

Un dimanche midi ensoleillé, alors qu’ils se livraient à leur jeu favori, je ripostai en leur envoyant quelques uns de mes derniers poèmes.

L’effet fut immédiat : ils cessèrent. Et déménagèrent le lendemain. Depuis, je laisse toujours l’un ou l’autre petit poème bien en vue quand je dois partir en espérant que les voleurs ne soient pas analphabètes. Je n’ai aucune envie d’acheter un riot-gun.
»

Extrait de « Elagage Max », éditions Mémor, collection Transparences

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25/01/2005

Mardi 25 janvier

Perdu dans Vaulx-en-Velin (un atelier d’écriture à animer). Je ne l’invente pas ce panneau qui m’indique la direction du « CIMETIÈRE DE L’ÉGALITÉ ».  

 

-                  J’ai jamais vu le Roi Lear tout seul, dit la libraire excédée à sa cliente. On nous le fourre toujours avec Hamlet ou une autre pièce de Shakespeare.

-                 Vraiment ? C’est pas possible de trouver juste le Roi Lear en livre ?

-                   Pas tout seul. Le Roi Lear n’est jamais tout seul. Avec Hamlet, les trois-quarts du temps. Je vous l’ai dit.       

Les deux femmes étaient charmantes.

 

24/01/2005

Lundi 24 janvier

-        Tu me stresses, quand je te vois manger ta pomme.

-        Quand je quoi ?

-        Quand tu croques ta pomme aussi vite, comme ça. Tu la manges comme un carnivore. Je vois mon homme croquer dans une pomme, et je vois un carnivore !

-      Même quand je croque dans une pomme bio ?  

 

Dispution (discution + dispute) au téléphone avec un ami, auteur d’un « Poulpe ». Cela fait deux ans que je sais la chose suivante : la date de décès officiel de Gabriel Lecouvreur dit « Le Poulpe » est le 21 avril 2002. Ça devrait être une évidence, une porte ouverte que j’enfonce, là.

Si mes collègues polardeux, mes confrères (j'adore ce mot) noiristes veulent bien faire suivre...

Pour finir, peu de temps avant la date fatidique du 21 avril, un journaliste (John Paul Lepers, je crois) a demandé à Jospin s'il s'imaginait absent au second tour des Présidentielles. Sa réaction en photo:

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23/01/2005

Anouilh et Audiberti, champions du monde

Recopiées dans mon disque dur depuis belle lurette, ces phrases somptueuses signées Anouilh et Audiberti. Question: où les ai-je repêchées ? Ce n’est pas un jeu… Je l’ignore vraiment.  Qui me rafraîchirait la mémoire ?        

“ Je veux que tout redevienne difficile, qu’on paie tout soi-même, l’amour et la liberté, et que ça coûte cher. ” 

Jean Anouilh

               

“ La rage de découvrir une droite et une gauche dans le strict domaine du style ne se recommande, certes, d’aucune science, d’aucune méthode. Il n’est pas interdit, néanmoins, de constater que l’aisance, la fluidité, disons “ aristocratique ” de la plupart des écrivains du XVIIIème siècle, reliées à la prose incolore et suprêmement aisée de Fénelon et de Mme de La Fayette , se prolongea jusqu’à nous dans un certain ton élégant, désinvolte, volontiers bâclé, où se restitue le langage parlé d’une bonne société altière et bien-disante. Cette formule rassemblerait à la fois Lamartine, Alfred de Musset, les gens qui écrivent leurs mémoires, tous ceux qui pratiquent un rythme moralement “ impair ” à la fois coulant et entrecoupé, talon rouge même si le signataire s’appelle Verlaine. A cette formule s’opposerait le martèlement laborieux, cordonnier, forgeron, “ prolétaire ” de certains, Michelet, Hugo, Péguy. Ceux-là, par une sorte de hantise matérielle et carrée de la phrase, quels que soient par ailleurs les souffles qui les portent, ceux-là suggèrent la C.G .T. Chateaubriand est à cheval sur eux et sur Talleyrand. Ces forgerons prosodiques engendrent Jaurès. Zola frappe à leur porte. Ils montrent sans cesse leurs bras, leur sueur. Ils ont, au moins, un prédécesseur, Bossuet. En effet Bossuet, comme Hugo, fait valoir le muscle. Il brandit le marteau. Mais Stendhal (…), comme Saint-Simon, tout en passant sa vie à écrire, donne l’impression qu’il n’en a pas le temps, requis par des rendez-vous, des bains à prendre, des pédicures, des archevêques. Leconte de Lisle, travaillant ses vers sous un étau, serait un écrivain de gauche. De droite, Jean Paulhan, pour autant qu’il feint de pondre du bout des doigts. De droite aussi Drieu La Rochelle , toujours à la limite de la faute d’orthographe, par dandysme subtil, par brillant laisser-aller. Mais cette division, je le répète, n’a quelque sens qu’en cuisine écrivassière pure. ”

Audiberti

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