UA-136760349-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

20/05/2019

Chany (bis)

42304719_10156763991833872_2635459608625283072_n.jpg

Nous avons compris leur valse macabre. Nous danserons ailleurs. Nous avons la patience enflammée qui nous garde de l’aigreur comme de l’assujettissement. (…) Et, dès lors, nous ne marchons plus seuls : des appels nous escortent. Nous fuyons la fuite et cela ne va pas tout seul : nous sommes en éveil permanent, malgré ce qui peut paraître. Nous ne chanterons pas la romance qui calme, ni le système engourdissant. Nous essaierons de faire des feux de joie, malgré tout : nous aurons donc beaucoup d’ennemis. Les phraseurs nous emmerderont, à n’en point douter. Si ce n’est que cela, nous aurons le plaisir de rire à perdre le souffle. Un enfant jouant au bilboquet nous sauvera toujours de la déroute. 

Alain Chany, « Vessies et lanternes », éd. de L’Olivier (collection « Replay »)

 

27/04/2019

"Vessies et lanternes"

Mon métier consiste à se méfier des mots. En dépit des apparences, il s’agit là d’un travail de force qui mérite d’être récompensé. L’Etat m’autorise un litre de vin par jour, ce qui me semble peu, vu l’ampleur de ma tâche (…)
Marie-Jeanne s’inquiète de mon silence qui, pense-t-elle, veut en dire long. Elle attend de moi des phrases que je ne saurais prononcer. C’est qu’elle m’a pris pour mes poèmes.

514iG5pqjXL__SX195_.jpg

03/04/2019

Réédition (plus que) bienvenue

jérôme leroy,le cimetière des plaisirs,la table ronde,éditions la t

- "Le cimetière des plaisirs" de Jérôme Leroy, c'est un peu comme "Simetierre" de Stephen King ?
- Pas vraiment, non.
- Et... C'est bien ?
- Oh, OUI !
- Ca fait du bien ? Sa lecture fait du bien ?
- Pas que. Du bien et du mal. Un grand bouquin. On se demande presque comment on a tenu aussi longtemps avant qu'il soit réédité.

 

29/03/2019

Selby

55798283_10157202789233872_7494859266008809472_n.jpg

Lecture de "Waiting Period", l'ultime roman de Hubert Selby Jr, le seul que je n'avais pas dévoré jusqu'à présent.

 

24/01/2019

G.

Witold-i-Rita-Gombrowiczowie-w-Vence-1967.jpg

Ai-je raison de penser que plus la littérature est téméraire et d’un accès difficile, plus elle devrait retourner vers des formes anciennes, faciles, auxquelles les lecteurs se sont habitués ? 

Gombrowicz (extrait de sa préface de « La pornographie », préface que je vous recommande de lire après le roman)

gombrowicz,witold gombrowicz,rita gombrowicz,la pornographie

 

02/01/2019

Biscuits # 4

Lectures z'& relectures z'& zique la veille de Noël

(la preuve : les clémentines) !

 

 

22/12/2018

Un artiste, un vrai

51ct+rJvCsL._SX323_BO1,204,203,200_.jpg

- Tu lis des trucs, en ce moment ?
- Je te rappelle qu’on me paie des millions de dollars pour ça.
- Tu lis quoi ?
- Entre autres, l’étrange bio de David Lynch.
- T’apprends des trucs ?
- Plein.
- Par exemple ?
- Qu’on lui a proposé de tourner « Le retour du Jedi » juste avant qu’il fasse « Dune ».
- C’est dingue. Ça aurait tout changer au Star Wars VI !
- Les Ewoks auraient eu une autre gueule.
- Même que c’est pas Dorothée qu’aurait chanté leur chanson !
- Voilà où je voulais en venir.
 

10/12/2018

Alchimie

mauvaise-photo-loupe-vieux-05.jpg

“ Quelle est la matière que les alchimistes avaient choisie pour point de départ ? (...) Ecoutons ce qu’en écrivirent les Adeptes. Selon Ruscepissa, la matière de la pierre (philosophale) est une chose de peu de prix, que l’on peut trouver partout; Morien lui fait écho, affirmant que : Unique est la matière et en tout lieu les riches et les pauvres la possèdent; elle est inconnue de tous, elle est devant les yeux de tous; elle est méprisée du vulgaire qui la vend à peu de prix comme de la boue, mais le philosophe qui la comprend la tient pour précieuse. ”

Extrait de “Alchimie, le grand secret” d’Andréa AROMATICO

 

06/12/2018

Extrait du discours de Kundera...

... à la réception du prix Jérusalem (1985). Précisons que l'auteur a tenu à recevoir cette récompense en sa qualité de "romancier". Je vous copie-colle ce passage en réponse à certaines prises de parole-position que je vois circuler sur les réseaux sociaux :

 

" Le romancier est celui qui, selon Flaubert, veut disparaître derrière son oeuvre. Disparaître derrière son oeuvre, cela veut dire renoncer au rôle de personnalité publique. Ce n'est pas facile aujourd'hui, où tout ce qui est tant soit peu important doit passer par la scène insupportablement éclairée des mass media, qui, contrairement à l'intention de Flaubert, font disparaître l'œuvre derrière l'image de son auteur. Dans cette situation, à laquelle personne ne peut entièrement échapper, l'observation de Flaubert m'apparaît presque comme une mise en garde : en se prêtant au rôle de personnalité publique, le romancier met en danger son oeuvre, qui risque d'être considérée comme un simple appendice de ses gestes, de ses déclarations, de ses prises de position. Or non seulement le romancier n'est le porte‑parole de personne, mais j'irais jusqu'à dire qu'il n'est même pas le porte‑parole de ses propres idées. Quand Tolstoï a écrit la première esquisse d'« Anna Karenine », Anna était une femme antipathique et sa fin tragique n'était que justifiée et méritée.

La version définitive du roman est bien différente. Mais je ne crois pas que Tolstoï ait changé entre‑temps ses idées morales ; je dirais plutôt que, pendant l'écriture, il écoutait une autre voix que celle de sa propre conviction morale. Il écoutait ce que j'aimerais appeler la sagesse du roman. Tous les vrais romanciers sont à l'écoute de cette sagesse suprapersonnelle, ce qui explique que les grands romans sont toujours un peu plus intelligents que leurs auteurs. Les romanciers qui sont plus intelligents que leurs oeuvres devraient changer de métier.

Mais qu'est‑ce que cette sagesse, qu'est‑ce que le roman ? Il y a un proverbe juif admirable : « L'homme pense, Dieu rit. » Inspiré par cette sentence, j'aime imaginer que François Rabelais a entendu un jour le rire de Dieu et que c'est ainsi que l'idée du premier grand roman européen est née. Il me plait de penser que l'art du roman est venu au monde comme l'écho du rire de Dieu.

Mais pourquoi Dieu rit‑il en regardant l'homme qui pense ? Parce que l'homme pense et la vérité lui échappe. Parce que plus les hommes pensent, plus la pensée de l'un s'éloigne de la pensée de l'autre. Enfin, parce que l'homme n'est jamais ce qu'il pense être. C'est à l'aube des Temps modernes que cette situation fondamentale de l'homme, sorti du Moyen Age, se révèle : Don Quichotte pense, Sancho pense, et non seulement la vérité du monde mais la vérité de leur propre moi se dérobe à eux. Les premiers romanciers européens ont vu et saisi cette nouvelle situation de l'homme, et ils ont fondé sur elle l'art nouveau, l'art du roman.

François Rabelais a inventé beaucoup de néologismes qui sont ensuite entrés dans la langue française et dans d'autres langues, mais un de ces mots est resté oublié et on peut le regretter. C'est le mot agélaste ; il est repris du grec et veut dire : celui qui ne rit pas, qui n'a pas le sens de l'humour. Rabelais détestait les agélastes. Il en avait peur. Il se plaignait que les agélastes fussent si atroces à son égard qu'il avait failli cesser d'écrire, et pour toujours.

Il n'y a pas de paix possible entre le romancier et l'agélaste. N'ayant jamais entendu le rire de Dieu, les agélastes sont persuadés que la vérité est claire, que tous les hommes doivent penser la même chose et qu'eux‑mêmes sont exactement ce qu'ils pensent être. Mais c'est précisément en perdant la certitude de la vérité et le consentement un­anime des autres que l'homme devient individu. Le roman, c'est un paradis imaginaire des individus. C'est le territoire où personne n'est possesseur de la vérité, ni Anna ni Karenine, mais où tous ont le droit d'être, et Anna et Karenine. C'est dans l'art roman que l'individualisme européen, pendant quatre siècles, se confirmait, se créait, se développait.

Dans le « Tiers Livre » de Gargantua et Pantagruel, Panurge, le premier grand personnage romanesque qu'a connu l'Europe, est tourmenté par la question : doit‑il se marier ou non ? Il consulte des médecins, des voyants, des professeurs, des poètes, des philosophes, qui à leur tour citent Hippocrate, Aristote, Homère, Héraclite, Platon. Mais après toutes ces énormes recherches érudites qui occupent tout le livre, Panurge ignore toujours s'il doit ou non se marier. Nous, lecteurs, nous ne le savons pas non plus mais, en revanche, nous avons exploré sous tous les angles possibles la situation aussi comique qu'élémentaire de celui qui ne sait pas s'il doit ou non se marier.

L'érudition de Rabelais, si grande qu'elle soit, a donc un autre sens que celle de Descartes. La sagesse du roman est différente de celle de la philosophie. Le roman est né non pas de l'esprit théorique mais de l'esprit d'humour. Un des de l'Europe est de n'avoir jamais compris l'art le plus européen ‑ le roman ; ni son esprit, ni ses immenses connaissances et découvertes, ni l'autonomie de son histoire. L'art inspiré par le rire de Dieu est, par essence, non pas tributaire mais contradicteur des certitudes idéologiques. A l'instar de Pénélope, il défait pendant la nuit la tapisserie que des théologiens, des philosoph­es, des savants ont ourdie la veille."