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08/02/2022

"Tout..."

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Tout commence par une interruption.
Paul Valéry
 

04/02/2022

V.

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02/02/2022

Musicianes

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Dans le cadre des Musicianes, en partenariat avec l'Espace Pandora :
Vendredi 4 février
19h - Espace Pandora (en présence de Judith Wiart) Moment musical et poétique — avec les élèves des classes instrumentales
Lundi 7 février
19h - Centre d'art Madeleine Lambert (en présence de Frédérick Houdaer) Moment musical et poétique — avec les élèves des classes instrumentales, ensemble adulte
Pour nous, il s’agit des deux premiers rendez-vous de l’année 2022, et nous sommes très heureux d’accueillir Judith et Frédérick, deux auteurs que nous retrouverons à l’occasion de la prochaine édition de Magnifique Printemps.
Les deux rendez-vous ci-dessus sont ouverts à toutes et à tous. Venez « libres » & nombreux !
 

01/02/2022

L'année du Tigre d'eau s'ouvre aujourd'hui...

... et pas seulement pour les chinois.

Je repartage pour l'occasion cette extrait de Michaux :  

Mère-tigre… Rien qu’à la voir approcher de l’eau, on lui donne raison en tout, et tort à la vache, à la biche, au daim, aux herbivores.

Solennellement, et religieusement, prête à tout… Le feu de sa soif rend l’eau sacré… Dans la cage cependant, tout est dénuement et l’eau dans le baquet vient d’un affreux robinet rouillé. Mais le tigre est au-dessus du manque.

Le manque, c’est pour toi, le manque et l’agressivité, ce piteux semblant d’audace. 

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Seigneur tigre, c’est un coup de trompette en tout son être quand il aperçoit la proie, c’est un sport, une chasse, une aventure, une escalade, un destin, une libération, un feu, une lumière.
Cravaché par la faim, il saute.

Qui ose comparer ses secondes à celles-là ?

Qui en toute sa vie eut seulement dix secondes tigre ? 

Henri Michaux

 

31/01/2022

Nourritures de ce week-end

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30/01/2022

"Si tu ne fais pas tes devoirs..."

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"Si tu ne fais pas tes devoirs", disait ma femme pour faire peur à nos enfants, "tu ne sauras rien faire d'autre que de jeter des pierres sur des pianos - comme ton père".


Emmet Williams

 

27/01/2022

BEINEIX / DJIAN

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Alors que je m’étonnais de n’entendre ou de ne lire aucune réaction de Djian à la disparition de Beineix (peut-être est-il en train d’écrire un texte à ce sujet tandis que je tapote ces quelques mots), j’ai ré-écouté les trois heures de commentaires que le metteur en scène a laissé en bonus du DVD de « 37°2 » (des commentaires enregistrés en 2000). Beineix ne cesse, pendant ces 180 minutes riches d’anecdotes et de nostalgie – le tournage de « cette comédie qui finit mal » a été très heureux – , de louer l’écriture de Djian, de rappeler que 95% des dialogues et « toutes les voix off » sont directement tirés du roman, d’énumérer les raisons qui l’ont poussé à acheter les droits du roman (tel monologue du personnage principal, telle réplique) etc.

Extraits (sans filtre, c’est Beineix qui parle donc) :

J’essaye toujours de faire les films les plus simples possible, mais au fond, je n’y arrive pas… Maintenant, il n’y a plus qu’une seule version [de 37°2 le film] , c’est la version dite « intégrale »   que nous avons financée grâce à Canal + (le distributeur Gaumont ne jugeait pas opportun de faire cette version, il ne pensait pas que ça pouvait avoir le moindre succès… et moi j’étais persuadé du contraire et surtout je voulais rétablir le film dans sa version que j’aurais souhaité qu’il ait eue dès le départ)…

Philippe Djian, il a un rapport bizarre avec le film… Il l’aime et il le déteste… Il est pas clair avec ça. Je sais, moi, que le film… c’est le livre, mais d’une certaine façon il accepte pas l’idée de cette adaptation… mais ça a fait connaître le livre, et ça n’enlève rien au livre parce que le livre était exceptionnel… J’ai eu un coup de foudre quand je l’ai lu et je ne cherche pas un instant à évacuer le fait que c’est ce livre qui m’a suggéré ces images… C’est un fantasme d’écrivain… Ce livre ne parle que d’écriture… Pourquoi personne n’a parlé de ça ? Pourquoi personne ne s’est rendu compte de ça ? C’est vraiment une histoire qui célèbre l’écriture… 

 

26/01/2022

Où notre héros s'aperçoit que tout est un peu-beaucoup relié...

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25/01/2022

"Gurdjieff, un regard nouveau"

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Un livre important (auquel j'ai apporté ma petite pierre). Son traducteur est nul autre que mon ami Frédéric Blanc.

Pour le présenter, rien de mieux qu'un extrait de la préface signée Gilles Farcet :

Bien entendu, je n’ai pas physiquement rencontré Monsieur Gurdjieff.
C’est à travers celui qui fut et reste mon maître, mon « ami spirituel », Arnaud Desjardins, que je crois avoir pour la première fois entendu parler de Monsieur Gurdjieff et de son enseignement.
Entré dans les Groupes à Paris en 1949, donc l’année de la mort de leur fondateur qu’il ne devait lui non plus jamais approcher physiquement, Arnaud s’ y était éveillé à la spiritualité vivante , c’est à dire pratiquée. Exercices de « rappel de soi », « classes de mouvements », réunions questions réponses animées par des élèves chevronnés, au premier rang desquels Madame de Salzmann, tout cela fut pour le jeune Arnaud le fécond terreau d’une quête commençante à laquelle il devait vouer sa vie.
Après plus de quinze années de participation assidue, ayant rencontré en Inde son maître Swami Prajnanpad, Arnaud avait formellement quitté l’enseignement Gurdjieff, mais sans jamais renier ce qu’il en avait reçu. Bien au contraire, il ne manquait pas une occasion de reconnaitre sa dette. Nombre de ses livres sont émaillés de références au « travail » et l’une des premières photos avec laquelle, par un jour d’automne 1982, je me trouvai nez à nez en arrivant au Bost, son premier ashram en Auvergne, était un portrait de Monsieur Gurdjieff.
« Je me sens encore », écrivait Arnaud en 1992, « de plus en plus proche de cet homme que je n’ai pourtant pas connu au sens habituel du mot et de plus en plus admiratif des idées ou des vérités qu’il nous a transmises… Les années passent et j’oserais dire que dans mon existence Gurdjieff est toujours aussi présent ... Chaque fois que j’ai eu l’occasion de lire (ou de relire et de relire encore) un document, qu’il soit en français ou en anglais, témoignant du message de Georges Gurdjieff, j’y ai toujours trouvé un aspect ou un autre d’une extraordinaire somme particulièrement cohérente de connaissances à mettre en oeuvre pour cette structuration qui est garante de liberté... Parmi les photos des maîtres et des sages dont la rencontre a jalonné et orienté mon existence, il y aura toujours deux ou trois portraits de Gurdjieff. Il m’arrive de les regarder longuement comme si je voulais , au delà du temps, approfondir encore ma relation avec un homme dont je n’ai jamais été le disciple direct et qui, cependant, a tant compté pour moi. »
(« Hommage à Gurdjieff, » Les Dossiers H, l’Age d’Homme)
.........
J’eus connaissance de la parution aux Etats Unis du livre de Roger Lipsey.
Ce livre m’impressionna et me nourrit pour plusieurs raisons : d’abord, parce que , au sein de toute la bonne littérature gurdjevienne dans laquelle il a d’ores et déjà pris une place de choix, il s’agit un objet singulier , unique , difficilement identifiable : il ne s’agit pas de mémoires, d’un livre de souvenirs, puisque l’auteur n’a pas connu le maître de son vivant. Pas non plus d’une biographie, d’un commentaire, d’une analyse critique, ni même d’une synthèse pédagogique , mais un peu de tout cela à la fois, constituant un ensemble qui s’avère bien plus que la somme de ces parties. Ce livre , en fin de compte, tient les promesses de son titre : Il propose bien un nouveau regard , une perspective à la fois très rigoureusement documentée mais fraiche sur un homme et un enseignement dont , après la lecture d’une bonne quarantaine d’ouvrages , je pouvais m’imaginer en savoir beaucoup.
Tout en situant la figure de Gurdjieff dans la lignée des empêcheurs de vivre en rond tels Pythagore ou Diogène, Lipsey retrace son parcours , depuis les mystérieuses recherches de ses débuts jusqu’aux dernières années parisiennes en passant par l’épopée du Prieuré et la période de relatif retrait où il se consacre à un groupe d’intellectuelles homosexuelles ; il revient sur sa relation à certaines grandes figures , notamment Katherine Mansfield. Il s’interroge aussi sur cette mauvaise réputation qui le poursuit . Il en cerne les origines et ce faisant démontre comment de non négligeables esprits peuvent vite succomber à la malhonnêteté intellectuelle dès lors que leur précieuse image d’eux mêmes se trouve mise en cause.
Enfin et surtout, Lipsey fait vivre Gurdjieff sous nos yeux au fil des pages. Le tour de force de l’auteur est qu’il parvient à mettre l’érudition, l’abondance des citations, la rigueur de l’universitaire, au service d’une évocation , je dirais même plus d’une invocation. Car la présence de Monsieur Gurdjieff imprègne ces pages du début à la fin , donnant l’impression d’une nouvelle rencontre avec lui. Aussi ce livre, tout en constituant une manière de « somme »peut-il très bien servir d’introduction à Gurdjieff. Voilà à mon sens tout ce qu’il y a à dire à propos de cet ouvrage sans le paraphraser.
Américain, Roger Lipsey est aussi un francophile acharné parlant parfaitement notre langue et séjournant chaque année un certain temps à Paris. Ce n’est pas un détail si l’on songe que c’est en France que Gurdjieff s’est établi et a enseigné jusqu’à sa mort , tout en essaimant aussi au Etats Unis où il fit de longs séjours et eut beaucoup d’élèves. Roger bénéficie pour ainsi dire d’une « double culture » bien utile pour traiter de son sujet.
La bibliographie de cet historien d’art de formation, professeur d’université et auteur réputé a de quoi étonner et forcer l’admiration par sa richesse et sa variété. Alors que tant d’universitaires se cantonnent toute leur vie à un seul auteur ou sujet dont ils font leur chasse gardée, l’éclectisme de ses publications , témoigne d’un esprit à forte capacité d’émerveillement et à la curiosité insatiable. Il est vrai que , derrière cette apparente diversité d’intérêts, le lecteur attentif décèlera un fil commun : la quête de la beauté, de la vérité , de l’éthique et le culte- dans le bon sens du terme- d’hommes et de femmes qui y vouèrent leur existence.
Jugeons en plutôt :
Outre plusieurs ouvrages sur l’art, Lipsey a commis une biographie de référence du deuxième Secrétaire Général des Nations Unies , Dag Hammarskjöld, ainsi qu’un petit livre sur son éthique en politique.
Il est également un spécialiste du cistercien écrivain Thomas Merton, ayant consacré un livre passionnant à l’examen de ses relations compliquées avec son abbé , et un autre à son oeuvre artistique (calligraphie) peu connue .
Au cas où cela ne suffirait pas, Roger fait aussi autorité au sujet de l’historien et philosophe Ananda K Coomaraswami à qui il a consacré une trilogie (biographie et sélection de textes).
Le public anglophone lui doit la traduction d’une sélection de lettres de René Daumal axées sur sa quête intérieure, ainsi que celle du livre d’Henriette Lannes, disciple éminente de Gurdjieff … 

A toutes ces impressionnantes qualifications vient s’en ajouter une qui fait la différence et confère à ce livre ce que j’ai appelé sa dimension d’invocation. Ayant rencontré les Groupes dans sa jeunesse, Roger a derrière lui toute une vie de travail sur lui même et de partage en leur sein. S’il n’a pas physiquement connu le maître, il a bénéficié de contacts , en France comme aux Etats Unis, avec tout ce que « la galaxie Gurdjief » compte d’enseignants éminents qui furent ses disciples directs, et dont la quasi totalité ne sont désormais plus de ce monde. Il fut plus particulièrement l’élève de Lord Pentland, à qui Gurdjieff avait confié la responsabilité du « travail » en Amérique du Nord.
Alors oui, remarqueront les esprits méfiants, Roger n’est pas « objectif » en ce qui concerne Gurdjieff . Oui, et Dieu merci ! Car l’ « objectivité » quand il s’agit d’écrire sur le « travail », quelque forme qu’il prenne , n’est qu’un mythe inutile. Ce n’est que de l’intérieur qu’il est possible d’écrire et de dire quoi que ce soit à propos du « travail », à moins de se contenter de descriptions superficielles et de jugements manifestant une ignorance des lois à l’oeuvre. Tel est le paradoxe : les lois qui régissent toute forme de travail - par « travail », je n’entends pas seulement celui qui prend place dans la lignée de Gurdjieff mais toute modalité de maturation intérieure menée dans un cadre authentique- sont objectives, en cela qu’elles ne procèdent pas de la subjectivité du maître , des instructeurs, même si elles sont ensuite mises en oeuvre selon le style propre à chacun. Mais toute approche prétendument objective d’un processus initiatique est vouée à la superficialité.
Aussi est ce avec tout le poids de décennies d’investissement que Roger Lipsey se lance dans son entreprise de regard nouveau sur Gurdjieff. Ce qui ne le prive pas pour autant de sa formation universitaire.
Le regard nouveau qu’il propose participe ainsi à la fois d’un regard savant, celui de l’universitaire rompu à la navigation entre les textes et documents , et celui de « l’insider », l’élève de très longue date à même de comprendre et véhiculer la dimension intérieure de son sujet. Sans doute est ce la combinaison de toutes ces qualifications qui à travers ce livre, fait revivre la puissante figure de Monsieur Gurdjieff.
Outre sa vaste culture, Roger est de ces aînés qui méritent le terme d’ »ancien » . Une présence l’habite ; celle que le connaisseur (celui qui a lui même oeuvré dans cette ligne) retrouvera chez les êtres humains, pas si nombreux, ayant authentiquement « travaillé ». Force, intensité, sensibilité, en même temps que grande discrétion et pudeur.
Je me réjouis donc beaucoup de voir ce livre paraître en France, le pays d’adoption de Monsieur Gurdjieff, dans une traduction menée avec le plus grand soin , qui plus est revue par l’auteur lui même.
Au moment de clore cette préface, j’ai une pensée pour notre si cher ami Yvan Amar, fondateur des Editions du Relié. Il vouait une profonde révérence à Gurdjieff (« Monsieur Gurdjieff ! », corrigeait il quand quelqu’un se référait familièrement à lui) et je sais qu’il se serait lui aussi profondément réjoui de cette publication.
Voici un livre de fonds, un ouvrage de référence qui n’est pas destiné à vivre une saison mais à nourrir des générations de lecteurs sensibles à la puissance du vrai. Qu’un tel livre paraisse plus de cent ans après que Monsieur Gurdjieff ait commencé à enseigner en Russie et plus de soixante ans après sa mort à Paris témoigne d’une présence dont on n’a pas fini de mesurer la portée.
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