13/04/2020
Un jeudi soir
ils sont censés lui rendre hommage
ils se sont réunis pour l’occasion dans la plus belle librairie de la ville
chacun a attendu son tour pour causer
personne n’a coupé la parole à son voisin ou à sa voisine
on était entre personnes polies
et bien intentionnées
ce que n’avait pas toujours été le cher disparu
une critique littéraire qui l’avait connu s’est exprimée la première
a parlé d’une certaine poésie chez lui
puis s’est excusée d’employer ce terme
a précisé qu’elle ne lisait jamais de poésie
personne n’a sursauté
personne n’a tiqué dans le public quand elle a avoué cela
le fantôme de l’ami trop tôt parti n’est pas apparu
pour lui tirer les oreilles
ou lui botter le cul
la soirée a suivi son cours tranquille
trop tranquille
pour quelle raison
pour qui s’étaient-ils tous réunis de la sorte ?
pour Pierre Autin-Grenier ?
nous étions-nous vraiment retrouvés
pour évoquer l’auteur des Radis bleus ?
n’avaient-ils pas d’autres choses à partager
que ce chapelet d’anecdotes répétitives
qu’ils dévidaient à tour de rôle
où il n’était question que de salons du livre ennuyeux
au cours desquels ils avaient vu
notre ami à l’œuvre
les pauvres
ils étaient tellement incapables de magie
même dans leur façon de raconter
le seul à se démarquer de cette bande a été Thomas
le plus jeune
il n’avait jamais rencontré Pierre de son vivant
mais avait noué avec lui une correspondance
il a été celui qui en a parlé le mieux
même si j’ai regretté que ses interventions n’aient pas été plus nombreuses
je suis sorti des lieux avant la fin
l’air était étrangement doux pour une fin novembre
la nuit avait préservé les couleurs des façades
certaines couleurs de certaines façades
j’ai attendu Thomas sur le trottoir
devant la librairie
puisque je l’hébergeais le soir même
il n’a pas voulu dîner avec les autres
nous avons gravi ensemble la colline de la Croix-Rousse
au sommet de laquelle j’habitais
arrivés chez moi
nous avons éprouvé le besoin de comparer nos versions de cette soirée
qu’avions-nous réellement vu
entendu ?
subi ?
comment cela avait-il pu être raté à ce point ?
de fil en aiguille
nous avons parlé du reste de nos vies
et nous sommes interdit de mourir
afin que jamais
un pareil hommage puisse nous être rendu
(extrait d'un recueil à paraître)
05:05 Publié dans a.2) MES TEXTES | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : autin-grenier, pierre autin-grenier, vinau, thomas vinau
04/04/2020
P.A.G.
C’est une amie que j’étais venu visiter en ce lieu un peu retiré de la ville. Le gardien m’avait indiqué : allée 146 A, emplacement 58, près le monument. Peut-être m’étais-je bien traîné deux heures déjà d’un passage l’autre et sans succès aucun lorsque, abandonnant ma quête et décidé à m’en retourner, mon ridicule bouquet de lilas sous le bras, une date gravée seule sur une plaque attira mon attention.
4 avril 1952. Ma propre date de naissance ! Coïncidence sans doute si à trois enjambées de là une deuxième inscription, en tout semblable à la première, n’était venue troubler ma bonne conscience. Et puis, à deux pas, une autre ; guère plus loin, une autre à nouveau ! Et toujours cette absence de nom ; aussi, plus curieux encore, nulle mention d’une seconde date qui, en somme, bouclerait la boucle et surtout eût pu varier d’une plaque à l’autre. Non, uniquement cet intrigant 4 avril 1952.
Pierre AUTIN-GRENIER, "Je ne suis pas un héros", Gallimard
Et un bon anniversaire également à Philippe Bouvier !
05:13 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pierre autin-grenier, anniversaire, je ne suis pas un héros, autin-grenier, philippe bouvier, bouvier
15/04/2019
"N.A.W.A.", Jour J !
C’est quoi, « N.A.W.A » ? Une revue musico-littéraire, avec de gros morceaux de poésie-documentaire à l’intérieur. La périodicité ? Mensuelle.
C’est où, « N.A.W.A. » ? Là
Et c’est gratuit.
Concrètement, y’a quoi, dans « N.A.W.A. » ? Dans le # 1, vous trouverez par exemple un édito saignant, des histoires de braconnage et de catastrophe, un hommage (raté) à Pierre Autin-Grenier, un triple hommage (réussi) à Mark Hollis, des rêves de videur, la vue en coupe d’un salon du livre…
Faites tourner l’adresse vers ceux que vous aimez, glissez-la dans vos favoris, rajoutez-le lien sur vos blogs…
05:13 Publié dans a.2) MES TEXTES | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : nawa, n.a.w.a., pierre autin-grenier, mark hollis, judith wiart, isabelle bonat-luciani, benoît jeantet
09/01/2018
TOUTE UNE VIE BIEN DISPARUE
Quand Pierre Autin-Grenier se lance dans une enquête autour d’Élodie Cordou, une femme censément disparue, on n’attend pas de lui un strict procès-verbal comme celui établi par Breton autour de sa Nadja. Et de fait, son récit progresse par longues phrases qui toutes s’enroulent autour du même cœur. « Élodie Cordou », plus qu’un nom, presque un mantra poétique.
Petit florilège pour mieux situer cette Élodie Cordou : elle a « toujours eu pour premier soucis de ne rien laisser au hasard » (page 12), « le don d’être toujours là où on ne l’attend pas » (page 22), « simplement faussé compagnie à tous les faiseurs » (page 45).
Sans compter tout ce qu’elle n’est pas. Elle « n’est pas un mouton résigné que l’on mène par le licou », « n’est pas folle, comme ces menteurs-nés dont on ne partage pas du tout les fantasmes »…
Le portrait en creux qu’Autin-Grenier nous offre est celui d’une personne en danger. Si Élodie Cordou se garde de « tous ces gens à digestion lente mais impeccablement réglée dont il ne faut contrarier en rien l’étriquée cervelle », si elle maîtrise l’art de « leur envoyer quelques vérités utiles à la figure, sans méchanceté aucune mais quand même », elle reste en fâcheuse posture… au point de disparaître ?
Élodie Cordou « a mal tourné », antienne reprise par sa famille « depuis des siècles ». Ses proches veulent plus que tout « assurer la suprématie des coffres-forts sur les versatiles rêveries de son tempérament romanesque et frondeur à la fois », fut-ce au prix de calomnies… voire pire. Folle, Élodie Cordou ? « Pas assez pour s’exposer stupidement à la gourmandise de petits truands trop bien intentionnés ». Folle peut-être, mais « à sa façon ».
Son regret ? « Que ne suis-je né de l’union d’un jardinier inculte mais heureusement doué et d’une marchande des quatre-saisons ».
Les peintures de Ronan Barrot dialoguent avec les phrases d’Autin-Grenier pour donner naissance à ce qu’il faut bien appeler un « déjà classique ».
F.Houdaer
« Élodie Cordou, la disparition »
de Pierre Autin-Grenier
avec des peintures de Ronan Barrot
Les éditions du Chemin de Fer
70 p., 14 €
ISBN 978 2 916130 27 9
00:33 Publié dans où je lis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pierre autin-grenier, autin-grenier, élodie cordou
29/06/2014
"M’étant affranchi de la tyrannie des chefs..."
« Ayant échappé aux turpitudes de l’enfance, m’étant affranchi de la tyrannie des chefs, je rattrapais la vie que l’on m’avait volée. Je cherchais aussi, en cornant les pages, à pénétrer les mystères de la création comme on brûle de dérober un secret considérable. »
Pierre Autin-Grenier
peinture signée Shahda
19:44 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pierre autin-grenier, autin-grenier, ibrahim shahda
22/05/2014
C'était le Cabaret Poétique du 18 mai...
Vu par Josette Vial :
avec Didier Vignali, pour annoncer "Les Agapes Littéraires"
Marie-Hélène Tufel, Grégoire Damon, Michel Thion & Paola Pigani pour saluer l'ami Pierre Autin-Grenier...
Lucas Ottin
Estelle Dumortier
Yves Artufel (Monsieur "Gros Textes")
Laurent Cachard & Clara Védrèche
Le même Cabaret, vu par Béatrice Brérot :
Et, pour finir, ce Cabaret du 18 mai vu par le Non-Photographe (il est le premier à avoir volé quelques images de l'after qui, traditionnellement, se déroule dans ma cuisine, quelque part sur le plateau de la Croix-Rousse) :
Un retour sur Cabaret signé Laurent Cachard ICI.
Et n'oubliez pas les Agapes Littéraires de ce week-end !
13/04/2014
Pierre
00:09 Publié dans où mon taux d'adrénaline augmente | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pierre autin-grenier, autin-grenier
16/01/2013
" Après huit mois de socialisme...
... à la Croix-Rousse, on fait la queue pour avoir du pain !"
Pierre Autin-Grenier (sur son mur Facebook)
13:43 Publié dans Compile Face-Bouquienne, LyonnÈseries | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : croix-rousse, boulangerie, pierre autin-grenier, autin-grenier