04/04/2020
P.A.G.
C’est une amie que j’étais venu visiter en ce lieu un peu retiré de la ville. Le gardien m’avait indiqué : allée 146 A, emplacement 58, près le monument. Peut-être m’étais-je bien traîné deux heures déjà d’un passage l’autre et sans succès aucun lorsque, abandonnant ma quête et décidé à m’en retourner, mon ridicule bouquet de lilas sous le bras, une date gravée seule sur une plaque attira mon attention.
4 avril 1952. Ma propre date de naissance ! Coïncidence sans doute si à trois enjambées de là une deuxième inscription, en tout semblable à la première, n’était venue troubler ma bonne conscience. Et puis, à deux pas, une autre ; guère plus loin, une autre à nouveau ! Et toujours cette absence de nom ; aussi, plus curieux encore, nulle mention d’une seconde date qui, en somme, bouclerait la boucle et surtout eût pu varier d’une plaque à l’autre. Non, uniquement cet intrigant 4 avril 1952.
Pierre AUTIN-GRENIER, "Je ne suis pas un héros", Gallimard
Et un bon anniversaire également à Philippe Bouvier !
05:13 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pierre autin-grenier, anniversaire, je ne suis pas un héros, autin-grenier, philippe bouvier, bouvier
03/04/2020
"Le vrai drame..."
03:33 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : josette day, jean marais, cocteau, jean cocteau, la belle et la bête
02/04/2020
Actualité de Nietzsche
Oh, pauvres bougres des grandes cités de la politique mondiale, jeune gens doués, torturés par l'ambition, vous qui croyez de votre devoir de dire votre mot à propos de tous les évènements qui surviennent - et il en survient toujours ! Qui, lorsque, vous avez soulevé ainsi beaucoup de poussière et de bruit, croyez être le char de l'histoire ! Qui, parce que vous épiez toujours, guettez toujours le moment de placer votre mot, perdez toute véritable productivité ! Quelle que soit votre soif de grandes manoeuvres : le profond silence de la maturation ne vous visite jamais ! L'évènement du jour vous chasse devant lui comme paille au vent, alors que vous croyez chasser l'évènement, - pauvres bougres ! Lorsque l'on veut jouer un héros sur scène, on ne doit pas penser à faire le choeur, on ne doit même pas savoir comment faire le choeur.
Nietzsche, "Aurore", trad. de Julien Hervier
05:54 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : nietzsche, aurore, hervier
01/04/2020
Confinage Laurapalmerien #1
Plutôt que de vous infliger des extraits de mon journal de confinement, partager avec vous quelques images volées de la "mère de toutes les séries", pas revue depuis vingt-cinq ans… La dernière fois, c'était en version française et sur la Cinq de Berlusconi ! Il était temps de m'y remettre.
Et vous savez quoi ? C'est encore meilleur que dans mon souvenir.
J'espère que le Covid19 n'aura pas la peau de David Lynch.
04:03 Publié dans où je zieute des images qui bougent | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : twin peaks, david lynch, berlusconi, lynch
31/03/2020
Confinement, jour quarante-douze
04:21 Publié dans où je zieute des images qui bougent | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : georges schwizgebel
30/03/2020
Remise à niveau (english) # 121
05:10 Publié dans où je trouve à rire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : confinement, odin
29/03/2020
"... toujours un saltimbanque..."
La poésie vient quand elle veut et je n’ai jamais eu la moindre idée sur la façon de la faire apparaître.
Qui sait ce qui provoque l’ouverture ou la fermeture de la porte .
Il y a toujours eu parmi les poètes, pendant les périodes "ramollies" une tendance à limiter eux-mêmes leurs meilleurs efforts, mais cela apparaît désagréablement évident à leurs lecteurs. C’est un peu comme essayer de susciter un fantasme sexuel convaincant et se trouver interrompu (en si bon chemin …) par votre mère qui téléphone pour savoir pourquoi vous êtes toujours un "saltimbanque" à 59 ans.
Jim Harrison
07:53 Publié dans C.A.P de lettres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : harrison, jim harrison
28/03/2020
"L'ÎLE ATLANTIQUE" de Tony Duvert
Sans le moindre doute, le meilleur roman que j'ai lu depuis le début de l'année. Son auteur ? Tony Duvert (le très sulfureux). C'est paru en 79 chez Minuit. Mordillat en a tiré un téléfilm (pas vu). Ce n'est pas le plus important. Le plus important, c'est son écriture.
« Alain Viaux s’y intéresse aux touristes. Il n’irait pas les voir là où ils logent (quartiers pauvres d’époque, quartiers riches actuels) ; et il sait que les riches ne mettent pas les pieds dans les endroits sans visage où on habite. Mais il existe quelques régions intermédiaires, assez indigènes pour que Viaud y aille comme chez lui, assez singulières pour que les étrangers les visitent. La plage des Pins. Le Festival des Poteries, Coquilles peintes & Parasols. La rue piétonnière, avec ses chaînes où on se balance et ses commerces trop chers pour acheter, trop surveillés pour voler ; s’y promènent des gens beaux deux par deux, qui ne s’occupent que de se montrer avec la main, les yeux, combien ils se trouvent beaux l’un l’autre, et combien ils sont au-delà de ces sottises : les produits. A se demander pourquoi ils viennent tous ensemble, et aux mêmes heures, manifester – sourire voilé sur œil vitreux, œil alangui sur sourire mou – dans l’unique rue marchande de la ville, qu’ils sont au-delà de ça et n’ont de passion que pour l’amour d’eux-mêmes.
Lui, Viaux, il comprend très bien. C’est si luxueux d’être indifférent au luxe : mais où le montrer, sinon sur ces deux cents mètres de commerces ruineux ?
(…) C’est cela qu’il vient voir, Viaud, justement. Les mannequins, les pantins. C’est brillant et ça bouge comme à Noël. C’est une chance d’être une île touristique : on a ça toute l’année. C’est des têtes qui frappent. »
« Il n’y avait, à vrai dire, aucun mort. Cependant, Camille Gassé avait reçu une balle dans la poitrine. Il s’était évanoui. Personne ne savait quoi en faire.
Son frère Benoît retrouva instantanément le ton grand-bourgeois, et il s’indigna dignement contre Guillard comme il se serait plaint au directeur d’une agence de voyages dont le programme a mal tourné. Pour un peu, il l’aurait menacé d’un avocat, de poursuites, ou l’aurait traité de fils d’ouvrier. Il sentit, à temps, l’hostilité qu’inspirait son genre d’en haut ; on était plus de dix dans la grotte ; même François Boitard ne se ralliait pas à ces protestations prétentieuses ; Benoît eut donc une crise de larmes intéressantes, comme si quelqu’un de son milieu, par-dessus le toit, avait pu voir, apprécier, évaluer sa prestation sociale. On dévêtit Camille. Benoît bouda. Il y avait vraiment une blessure, avec un vrai trou rond, qu’on regarda. On écouta le cœur. Ça marchait. Mais comment arrêter ce sang, et où trouver, sans conséquences, un médecin ? Guillard appuya sur la plaie avec un chiffon. Dommage, pensait-il, que la balle n’ait pas atteint l’autre Gassé. »
11:56 Publié dans où je lis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : l'île atlantique, tony duvert, duvert, éditions de minuit, antpine brea, realpoetik
27/03/2020
COMPLICITéS #5
08:28 Publié dans où sont rangées diverses notules incasables | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : complicités, pasolini, callas, carmet, marielle, nougaro, jarreau