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19/03/2005

Samedi 19 mars

Cet ami d’ami qui trimballe avec lui son ordi tout au long de sa virée croix-roussienne. À minuit passé, il ouvre son ordi et exhibe les photos hilarantes de ses parents qu’il conserve sur son disque dur (un diaporama montrant sa mère en train de plonger dans l’eau lui arrache des larmes de rire).

18/03/2005

Vendredi 18 mars

En début d’après-midi, je me rends à la prison Saint-Paul (sise tout contre la gare de Perrache et les quais du Rhône). Ce n’est pas une première. J’y retrouve Sylvie et Fabienne du groupe « Abus de langage », une association de lecteurs à voix haute. Il est prévu que nous lisions, que nous échangions quelques textes avec des détenus (je ne suis pas venu seul, mais accompagné de John Fante, de Withman et cie). Je n’évoquerai pas les petits problèmes que nous avons rencontrés dès l’entrée, je tiens à ce que nous puissions continuer à intervenir dans ces murs (fréquence prévue, tous les quinze jours).

Ceux qui ont lu mon premier livre publié (« L’idiot n°2 ») se souviennent qu’il y était abondamment question de la prison, des prisons, ainsi que de zen et de vedanta à la sauce Frédérick (où réside la dernière action possible, la vraie liberté, la marge de manœuvre inaliénable, avec un zest de hold-up par ci, une scène de poursuite par là, etc.).

À peine m’étais-je assis autour d’une table, entouré de huit détenus, que l’un d’entre eux me tend quelques feuilles photocopiées. Une nouvelle de Zweig (extraite de quel recueil ?) intitulée « VIRATA ». Comme son titre l’indique, l’histoire se passe en Inde, et le conte s’ouvre sur deux citations des Upanishads. Exemple :

« Ce n’est pas en évitant d’agir qu’on se libère en vérité de l’action,

Jamais on ne parvient à s’en rendre entièrement libre, fût-ce un instant. »

Moi :  - Pourquoi vous me refilez cette nouvelle ?

Le détenu :  - Pour que vous la lisiez. Vous connaissez Zweig ?        

- Oui. Mais pas ce texte là…

- Emmenez-le chez vous, quand vous sortirez, tout à l’heure.

- Je le lis et vous le ramène, promis.

Évidemment, cet homme n’avait pas lu mon « Idiot » (je ne me suis pas présenté comme auteur). Pourquoi est-ce à moi et non à Fabienne ou à Sylvie qu’il a refilé cette nouvelle de Zweig ?

16/03/2005

Jeudi 16 mars

Souvenir de ce garçon remarquable, très impliqué dans diverses luttes écolo-urbaines. Il y a 10 ans, je le voyais à l’œuvre, n’économisant jamais ses forces. Sa générosité était immense. Et pourtant, quelque chose n’allait pas, dans son attitude. Malgré (à cause de) son anticléricalisme déclaré, il avait un côté « moine-soldat » qui, tour à tour, m’agaçait et me fascinait. Très vite, cela m’a plus agacé que fasciné. Il détenait la Vérité , il se voulait un Pur (comme nombre de khmers verts, d’altermondialistes d’aujourd’hui). Quand il a écrit à l’Evêché pour être radié des listes des baptêmes, je me souviens lui avoir dit que son attitude était suspecte à mes yeux. Son rejet était trop fort pour être honnête.

Aujourd’hui, j’apprends qu’il fréquente l’église. Et je ne suis pas surpris.

07/03/2005

Lundi 7 mars

« Printemps des poètes » oblige, lecture de mes textes dans une mairie, sous le portrait officiel du Président. Ça a visiblement plu au grand Jacques. Je lui ai parlé presque trop gentiment entre deux poèmes.

25/02/2005

rencontre véritable, histoire vraie

Il n’est pas n’importe qui. Il préside la World Sunset Bank. Sur son site, il glane mille et une images de couchers de soleil. Un jour, une amie lui envoie le cliché d’un lever de soleil, en faisant croire qu’elle l’a pris juste avant le crépuscule. Il n’y voit que du feu et l’intègre à sa collection. Quand elle lui dévoile le pot-aux-roses, il se fâche tout rouge.

18/02/2005

Passé gigogne

Trouvé à la cave un exemplaire du Monde daté de 2000 :

"C'était un homme gentil, généreux et prenant soin des autres", soupire la veuve de Tom Ferebee, mort 55 ans après avoir largué une bombe sur Hiroshima, vendredi 17 mars, en Floride.

 

17/02/2005

Jeudi 17 février

Ce n’est pas tous les jours que l’on aveugle un cyclope, que l’on rencontre Calypso, Nausicaa ou Circé. Mais il y a des périodes comme ça, des périodes qu’il vaut mieux traverser ficelé au mât de son navire.

Là où certains parlent de « la nature de Bouddha » en la voyant chez les uns et chez les autres, je préfère parler de « la nature d’Ulysse », de ma nature d’Ulysse, de la vôtre, de la nature de tout homme.

Je comprends pourquoi Kazantzaki a commencé sa vie avec le Christ et a fini avec Ulysse (voir son autobiographie « Lettres au Gréco »)

07/02/2005

élevage/reproduction de manuscrits

 

ce qu’elle flashe

ne fait ni chaud ni froid

à la photocopieuse

faux

elle chauffe

30/01/2005

Dimanche 30 janvier

       Qui m’a appris que Kerouac n'avait pas son permis de conduire ? “ Sur la route ”, ha-ha ! 

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« Vous êtes la guérilla contre la mort climatisée qu’on veut vous vendre sous le nom d’avenir. »

Cortazar