UA-136760349-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

10/04/2005

Dimanche 10 avril

Un blog à la tonalité très juste, « Tu écris toujours ? » ou le feuilleton quotidien d’un écrivain en 2005. Sans aigreur, mais avec précision et humour, que demander de plus ?

 

29/03/2005

aux marches du Palais

Avec François Barcelo, nous descendons dans la Drôme jusqu’à la maison-musée (invisible de la route) de Cécile Philippe. Quand je parle de « maison-musée », je n’exagère pas. Dans ce chalet monté comme un Lego (les poutres sont arrivés de Finlande, chacune numérotée pour que l’on sache les emboîter sans vis ni clou dans le bon ordre, sauf que les étiquettes se sont décollées durant le transport), se sont accumulés les œuvres de plasticien achetées par Cécile(1) durant sa carrière de journaliste. Sans compter les artistes qui sont venus ici pour peindre la plupart de ses portes (de Jim Léon à Mignot). 

        Nous parlons littérature, Montréal (Cécile y a également effectué une résidence d’auteur et a pris l’habitude d’y vivre six mois par an), frelons (qui lui posent des problèmes sur son terrain drômois et composent le pire de mes cauchemars d’enfance depuis le jour où j’ai été coursé par tout un essaim, plus « Orphelin de Perdide » que moi, tu meurs !), manuscrits de François (en exclu mondiale, j’ai lu et commenté les deux derniers : « Pompes Funèbres » et « Bossalo »), Calaferte (que Cécile a bien connu), Chantal Pelletier (sa résidence d’auteur à Montréal est plus récente)…

        Avec François, nous allons visiter le Palais Idéal du Facteur Cheval à Hauterives.

        Enfant (j’habitais dans le nord de la France), j’étais un inconditionnel du Facteur. À mes yeux, il était l’artiste idéal. Quand j’ai visité une première fois son Palais, âgé de 15 ans, la désillusion a été rude. Vingt ans plus tard, j’y retourne. Je me surprends à être ému. Quand un autodidacte rencontre un autre autodidacte…

        Cécile nous parle du reportage qu’elle a voulu consacrer au Facteur Cheval il y a quelques années. Bien sûr que de son vivant, tous ses proches l’ont pris pour un cinglé. Cécile nous raconte sa rencontre avec les petites-filles du facteur. Des dizaines d’années après sa mort, alors que la consécration officielle (Malraux et cie) était passée par là, les membres de sa famille n’avaient pas changé de regard sur lui !

        Suite de la visite du Palais du Facteur :

        Ses auto-citations écrites sur les murs de son palais, truffées de fautes d’orthographe (elles ont mystérieusement disparues quand les phrases du facteur sont reproduites dans les brochures touristiques, blasphème !).

 

        « La vie est combats »

 

        « Ce que Dieu écrivit sur ton front’arivera »

 

        Il sait aussi bien faire parler sa femme que sa brouette :

 

        « Je suis fidèle compagne        

du travailleur intelligent        

qui chaque jour dans la campagne        

cherchait son petit contingent »        

« Moi, sa brouette, j’ai eu cet honneur        

d’avoir été 27 ans sa compagne de labeur »        

À l’intérieur du Palais : « J’ai voulu dormir ici ».

 

        J’attire l’attention de François sur cette formule irrésistible que l’on retrouve en plusieurs endroits du palais, et que l’on pourrait faire figurer sur les quatrième de couv’ de nos livres :

 

        « TRAVAIL D’UN SEUL HOMME »

 

        Nous avons beaucoup ri. Et je n’ai pas manqué d’acheter un portrait-carte postale du grand homme. Dire qu’il a commencé son œuvre à 43 ans ! À 70, il la finissait pour s’atteler à son tombeau qu’il acheva à 86 ans, juste avant de mourir).

 

  (1)              par déontologie, Cécile a toujours refusé les cadeaux. Un jour, un peintre qui avait appris indirectement qu’elle aimait son travail, lui a envoyé trois petites œuvres. Elle les lui a renvoyées avec un mot d’explications, je ne peux pas accepter, etc. Le type les lui a renvoyées à son tour, mais pas du tout, vous n’avez pas compris, je ne tiens pas à vous demander quoi que ce soit, mais simplement à, etc. Elle les lui a renvoyées une nouvelle fois avec un mot « si, à l’avenir, vous faites une exposition, soyez certain que je n’en parlerai pas… »

19/03/2005

Samedi 19 mars

Cet ami d’ami qui trimballe avec lui son ordi tout au long de sa virée croix-roussienne. À minuit passé, il ouvre son ordi et exhibe les photos hilarantes de ses parents qu’il conserve sur son disque dur (un diaporama montrant sa mère en train de plonger dans l’eau lui arrache des larmes de rire).

18/03/2005

Vendredi 18 mars

En début d’après-midi, je me rends à la prison Saint-Paul (sise tout contre la gare de Perrache et les quais du Rhône). Ce n’est pas une première. J’y retrouve Sylvie et Fabienne du groupe « Abus de langage », une association de lecteurs à voix haute. Il est prévu que nous lisions, que nous échangions quelques textes avec des détenus (je ne suis pas venu seul, mais accompagné de John Fante, de Withman et cie). Je n’évoquerai pas les petits problèmes que nous avons rencontrés dès l’entrée, je tiens à ce que nous puissions continuer à intervenir dans ces murs (fréquence prévue, tous les quinze jours).

Ceux qui ont lu mon premier livre publié (« L’idiot n°2 ») se souviennent qu’il y était abondamment question de la prison, des prisons, ainsi que de zen et de vedanta à la sauce Frédérick (où réside la dernière action possible, la vraie liberté, la marge de manœuvre inaliénable, avec un zest de hold-up par ci, une scène de poursuite par là, etc.).

À peine m’étais-je assis autour d’une table, entouré de huit détenus, que l’un d’entre eux me tend quelques feuilles photocopiées. Une nouvelle de Zweig (extraite de quel recueil ?) intitulée « VIRATA ». Comme son titre l’indique, l’histoire se passe en Inde, et le conte s’ouvre sur deux citations des Upanishads. Exemple :

« Ce n’est pas en évitant d’agir qu’on se libère en vérité de l’action,

Jamais on ne parvient à s’en rendre entièrement libre, fût-ce un instant. »

Moi :  - Pourquoi vous me refilez cette nouvelle ?

Le détenu :  - Pour que vous la lisiez. Vous connaissez Zweig ?        

- Oui. Mais pas ce texte là…

- Emmenez-le chez vous, quand vous sortirez, tout à l’heure.

- Je le lis et vous le ramène, promis.

Évidemment, cet homme n’avait pas lu mon « Idiot » (je ne me suis pas présenté comme auteur). Pourquoi est-ce à moi et non à Fabienne ou à Sylvie qu’il a refilé cette nouvelle de Zweig ?

16/03/2005

Jeudi 16 mars

Souvenir de ce garçon remarquable, très impliqué dans diverses luttes écolo-urbaines. Il y a 10 ans, je le voyais à l’œuvre, n’économisant jamais ses forces. Sa générosité était immense. Et pourtant, quelque chose n’allait pas, dans son attitude. Malgré (à cause de) son anticléricalisme déclaré, il avait un côté « moine-soldat » qui, tour à tour, m’agaçait et me fascinait. Très vite, cela m’a plus agacé que fasciné. Il détenait la Vérité , il se voulait un Pur (comme nombre de khmers verts, d’altermondialistes d’aujourd’hui). Quand il a écrit à l’Evêché pour être radié des listes des baptêmes, je me souviens lui avoir dit que son attitude était suspecte à mes yeux. Son rejet était trop fort pour être honnête.

Aujourd’hui, j’apprends qu’il fréquente l’église. Et je ne suis pas surpris.

07/03/2005

Lundi 7 mars

« Printemps des poètes » oblige, lecture de mes textes dans une mairie, sous le portrait officiel du Président. Ça a visiblement plu au grand Jacques. Je lui ai parlé presque trop gentiment entre deux poèmes.

25/02/2005

rencontre véritable, histoire vraie

Il n’est pas n’importe qui. Il préside la World Sunset Bank. Sur son site, il glane mille et une images de couchers de soleil. Un jour, une amie lui envoie le cliché d’un lever de soleil, en faisant croire qu’elle l’a pris juste avant le crépuscule. Il n’y voit que du feu et l’intègre à sa collection. Quand elle lui dévoile le pot-aux-roses, il se fâche tout rouge.

18/02/2005

Passé gigogne

Trouvé à la cave un exemplaire du Monde daté de 2000 :

"C'était un homme gentil, généreux et prenant soin des autres", soupire la veuve de Tom Ferebee, mort 55 ans après avoir largué une bombe sur Hiroshima, vendredi 17 mars, en Floride.

 

17/02/2005

Jeudi 17 février

Ce n’est pas tous les jours que l’on aveugle un cyclope, que l’on rencontre Calypso, Nausicaa ou Circé. Mais il y a des périodes comme ça, des périodes qu’il vaut mieux traverser ficelé au mât de son navire.

Là où certains parlent de « la nature de Bouddha » en la voyant chez les uns et chez les autres, je préfère parler de « la nature d’Ulysse », de ma nature d’Ulysse, de la vôtre, de la nature de tout homme.

Je comprends pourquoi Kazantzaki a commencé sa vie avec le Christ et a fini avec Ulysse (voir son autobiographie « Lettres au Gréco »)