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18/09/2012

"le respect s'perd / dans les usines de mon grand-père...

Appris à écrire en écoutant cette chanson.

Pas progressé depuis.


 

En quelque sorte, ma réponse à la polémique Millet-Ernaux, même si je peux également faire mien ce texte de Pierre Jourde ou cet autre texte signé (du grand) Pennequin.

Autrement ? Je n'arrive plus à écrire le moindre poème... depuis que j'ai appris la mort d'Edouard Leclerc. Ce que c'est que la sensibilité, tout de même...

12/09/2012

Bonne fête à tous les Apollinaire...

apollinaire.jpg

Le poète... photographié lors de son arrestation (on le soupçonnait d'avoir volé la Joconde !).

08/09/2012

Italia # 3

" J'entre en Italie. Terre faite à mon âme, je reconnais un à un les signes de son approche. Ce sont les premières maisons aux tuiles écailleuses, les premières vignes plaquées contre un mur que le sulfatage a bleui. Ce sont les premiers linges tendus dans les cours, le désordre des choses, le débraillé des hommes. Et le premier cyprès (si grêle et pourtant si droit), le premier olivier, le figuier poussiéreux. Places pleines d'ombres de petites villes italiennes, heures de midi où les pigeons cherchent un abri, lenteur et paresse, l'âme y use ses révoltes. La passion chemine par degrés vers les larmes. Et puis, voici Vicence. Ici, les journées tournent sur elles-mêmes, depuis l'éveil du jour gonflé du cri des poules jusqu'à ce soir sans égal, doucereux et tendre, soyeux derrière les cyprès et mesuré longuement par le chant des cigales. Ce silence intérieur qui m'accompagne, il naît de la course lente qui mène la journée à cette autre journée. Qu'ai-je à souhaiter d'autre que cette chambre ouverte sur la plaine, avec ses meubles antiques et ses dentelles au crochet. J'ai tout le ciel sur la face et ce tournoiement des journées, il me semble que je pourrais le suivre sans cesse, immobile, tournoyant avec elles. Je respire le seul bonheur dont je sois capable – une conscience attentive et amicale. Je me promène le jour : de la colline, je descends vers Vicence ou bien je vais plus avant dans la campagne. Chaque être rencontré, chaque odeur de cette rue, tout m'est prétexte pour aimer sans mesure. Des jeunes femmes qui surveillent une colonie de vacances, la trompette des marchands de glaces (leur voiture, c'est une gondole montée sur roues et munie de brancards), les étalages de fruits, pastèques rouges aux graines noires, raisins translucides et gluants – autant d'appuis pour qui ne sait plus être seul. Mais la flûte aigre et tendre des cigales, le parfum d'eaux et d'étoiles qu'on rencontre dans les nuits de septembre, les chemins odorants parmi les lentisques et les roseaux, autant de signes d'amour pour qui est forcé d'être seul. Ainsi, les journées passent. Après l'éblouissement des heures pleines de soleil, le soir vient, dans le décor splendide que lui fait l'or du couchant et le noir des cyprès. Je marche alors sur la route, vers les cigales qui s'entendent de si loin. À mesure que j'avance, une à une, elles mettent leur chant en veilleuse, puis se taisent. J'avance d'un pas lent, oppressé par tant d'ardente beauté. Une à une, derrière moi, les cigales enflent leur voix puis chantent : un mystère dans ce ciel d'où tombent l'indifférence et la beauté. Et, dans la dernière lumière, je lus au fronton d'une villa : « In magnificentia naturae, resurgit spiritus. » C'est là qu'il faut s'arrêter. La première étoile déjà, puis trois lumières sur la colline d'en face, la nuit soudain tombée sans rien qui l'ait annoncée, un murmure et une brise dans les buissons derrière moi, la journée s'est enfuie, me laissant sa douceur. "
 
Albert Camus, "L'envers et l'endroit"
 



05/09/2012

Apéro poétique...

 

En attendant le Cabaret Poétique délocalisé place Sathonay le dimanche 23 septembre à l'occasion du Forum des Langues, ainsi que son grand retour au Périscope le dimanche 14 octobre...

apéro poétique.jpg

Image détournée par les bons soins de Samantha Barendson.

 

02/09/2012

"Chamanes au fil du temps"

narby,huxley,chamanes au fil du temps

 

- Vous ne connaissez jamais vraiment les yoshi ; ils sont comme quelque chose que vous reconnaissez et, en même temps, ils sont différents – comme quand je vois un jaguar – il y a quelque chose en lui qui ressemble au jaguar, mais peut-être aussi quelque chose qui ressemble à l’homme – et il change… » Pour les Yaminahua, les yoshi échappent à toute définition univoque. Ils sont toujours « comme… et pas comme », « les mêmes… mais différents ».

 

Apprendre à être chamane consiste donc à apprendre à chanter, à entonner les chants au rythme puissant, à patiemment tisser des images verbales formulées dans le langage métaphorique et abstrus du chant chamanique, et à les suivre. « La chanson est une piste – tu la construis propre et droite et ensuite tu la suis. »

 

« Ce qui compte, comme le soulignent tous les chamanes, c’est qu’aucune des choses mentionnées dans une chanson ne soit évoquée par son nom véritable. »

 

Extrait du chapitre « Le chamanisme et le marché truqué » :

« Une fois transplanté et transformé en marchandise, le savoir indigène finit par adopter la nature fragmentaire de la société qui se l’approprie. C’est certainement la raison pour laquelle le savoir indigène ou local doit toujours rester épistémologiquement en marge de la connaissance globale. S’il y a une chose que la culture globale est incapable de capturer, c’est bien la nature holistique de la connaissance indigène. Mais même là où l’épistémologie est admirée, il n’existe pas de contexte approprié pour la croyance et la mise en œuvre du savoir.

Bien que l’astronomie voit toujours plus loin dans l’espace, le champ de la conscience humaine s’est rétréci du cosmos à la petite sphère terrestre. Ainsi, et de manière ironique, plus les choses deviennent globales, moins elles sont holistiques, puisqu’elles se confinent à notre planète. Entre-temps, la nature coercitive de l’interaction entre les composantes sociales du monde requiert, non pas l’homogénéisation du modèle Coca-Cola, mais le maintien d’un certain nombre de différences. Ces différences n’ont toutefois qu’un pouvoir relatif et impliquent une structure de classe ou une hiérarchie épistémologique, dans laquelle la connaissance globale ne peut être assurée de sa supériorité que si elle peut montrer du doigt d’autres types de connaissance inférieurs. Peut-être est-ce là la véritable conséquence de la globalisation : que la nature coercitive de l’interaction entre les différentes composantes sociales amène les parties les plus faibles à se soumettre ou à adopter des déguisements de plus en plus habiles. »

 

« Dans le cas du curare, l’écorce est râpée et placée dans une compresse faite de feuilles en forme d’entonnoir suspendu entre deux lances de chasse. On y fait ensuite passer de l’eau froide par percolation, puis on recueille les gouttes dans un pot de céramique. Ce liquide de couleur sombre est doucement chauffé sur le feu et amené plusieurs fois à légère ébullition, jusqu’à ce qu’il s’épaississe. Il est ensuite refroidi puis réchauffé à nouveau, jusqu’à ce qu’une couche épaisse d’écume visqueuse se forme graduellement à la surface. Une fois l’écume retirée, on plonge les pointes des fléchettes dans le liquide visqueux, après quoi elles sont séchées précautionneusement près du feu. Si la procédure est en soi banale, le fait de comprendre que cette substance, tirée d’un nombre infime de lianes par rapport aux centaines d’espèces peuplant la forêt, est inactive quand on l’administre par voie orale mais  létale en injection intramusculaire fait appel, en revanche, à un processus cognitif profondément articulé.

Dans le cas de l’ayahusca, c’est la sophistication de la préparation elle-même qui est impressionnante. La drogue peut être préparée de différentes manières, mais, habituellement, on racle l’écorce fraîche de la tige, puis on la fait bouillir pendant plusieurs heures, jusqu’à la formation d’un liquide épais et amer. (..) De façon évidente, les effets psychotropes de l’ayahuasca sont extraordinairement rehaussés si l’on y ajoute un certain nombre de plantes subsidiaires. Il s’agit là d’une caractéristique de bon nombre de préparations indigènes traditionnelles. »

« Chamanes au fil du temps », Narby/Huxley

30/08/2012

Journées Brautigan !!!

 

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Le premier Cabaret Poétique de l'année 2012-2013, je l'animerai le samedi 1er septembre hors les murs du Périscope puisque dans les Hautes-Alpes, à l'occasion des JOURNEES BRAUTIGAN. Pour ce faire, j'entasserai dans mon break les poètes Brigitte Baumié, Katia Bouchoueva, Jean-Baptiste Cabaud & David Champey (Saint-Octobre), Anas Alaili, Grégoire Damon...

 

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29/08/2012

"Conneries" (extrait d'un recueil à paraître)

 

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à quatorze ans ils m'ont foutu entre les mains Baudelaire et puis à dix-sept

Henry Miller

à dix-huit ils m'ont dit passe ton bac d'abord et à vingt-deux

Et prof ? Ça te plairait pas, prof ?

allez piger

 

Grégoire Damon

27/08/2012

Lyon, cet été...

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Photo d'Hélène Massip

Photo de Mimmo Pucciarelli

Mon quartier de la Guillotière en été, vu par mes yeux.

26/08/2012

Compile Face-Bouquienne # 5

Frédérick Houdaer

est un artiste très très courageux & très très engagé qui ne craint pas de dire HAUT & FORT que... la poutine est un plat dégueulasse saturé de graisse. Voilà. / hurlait quand sa mère essayait de lui enfiler une cagoule dans les années 70. N'est donc pas prêt à se coiffer d'une espèce de chaussette géante à trou, en solidarité avec les Pussy Riots. Mon courage a ses limites. / encore impressionné par la pleine page que le journal Le Progrès a consacrée à la ville de Sète, où il est question de son port, de son Brassens, de son Valery, de son (ses) cimetière(s), avec l'interview d'une nana de l'office du Tourisme à la clé... Une pleine page du Progrès, ça fait plein de signes, celle-ci comptait au moins trois ou quatre articles... et PAS UNE LIGNE sur le Festival de Poésie Voix Vives qui s'y tient chaque année ! Chapeau... / en pleine injonction intra-musculaire ! / « J’en reviens au côté utilitaire des langues et ne puis que constater qu’il porte un détriment sérieux à ce qu’il y a en elles de beaucoup plus important qui est afférent à la cantilène et ce qu’elle signifie et au rythme et ce qu’il signifie, et au timbre, au registre, aux espacements, au silence, aux tenues, aux anacrouses, aux phénomènes de rationalité ou au contraire d’irrationalité connumérée, dinumérée, en bref, tout ce qu’il y a de si excitant et de si digne d’intérêt dans le débit prosaïque. C’est splendide, à vrai dire, d’entendre vibrer comme vibre un bocal dangereusement significatif cet instrument étourdissant qu’est un être. » Charles-Albert Cingria in *Florides helvètes et autres textes*, L'Âge d'Homme, 1983 (p.89) / Ciao Toppi

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/ La pire restauration de l'histoire ? / Claude Hagège : "Imposer sa langue, c'est imposer sa pensée" / à suivre...