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12/12/2024

"Personne ne passe..."

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Personne ne passe sur la route de Fontereau. Aussi le village n'a-t-il pas changé depuis un siècle. Ses rues tournent entre les maisons blanches où la garde est montée par un détachement de roses. La Seudre coule à l'ouest dans un paysage plat, entourée de santonine, l'herbe que fument les vauriens. Au centre du village se dresse un grand bois qui le sépare en deux. On le nomme le Liteau. Il est mystérieux comme le bois des contes où disparaissent les enfants. Liteau, en terme de chasse, c'est le lieu où le loup se repose pendant le jour. (...)
En arrivant à Fontereau, Florence comprit qu'elle disparaissait de l'univers connu.
 

26/08/2021

"bougnats et mastroquets..."

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En marge de Saint-Germain-des-Prés, il reste des bistrots ignorés du public interlope et qui ont chacun plus d’intérêt à mes yeux que les autres réunis. Ainsi tous les bougnats et mastroquets de la rue des Canettes qui vivent très loin du monde snobinard dit littéraire ou de celui pétrifié dit religieux qui les encadrent, et ne sont fréquentés que par les petits rentiers, commerçants, ouvriers, vieux et vieilles prêts pour l’hosto qui crèchent les uns sur les autres dans les maisons ventrues, et sous les toits mansardés de la rue Guisarde, population bistrotière dont les conversations ne dépassent pas la météorologie, la politique à petite semaine, les affres de la nourriture quotidienne, les derniers ragots pas bien méchants sur le voisin et les distractions s’arrêtent au domino, à la belote, au nain jaune, à la manille, et les consommations ne vont pas au-delà de trois verres. J’ai couché plus qu’habité, dans le plus discret hôtel de la rue, chez le père Jules, et l’étrange tranquillité, faite de silence respecté, de fatigue accumulée, d’obscurité économique, m’en semblait d’autant miraculeuse, qu’à moins de dix mètres le tabac du coin faisait un raffut de tous les diables, mais qui ne parvenait pourtant pas à faire le tour de la boulangerie jusque-là. Et son immense salle commune est encore le paradis du scribouilleur qui cherche un havre de paix pour pondre ses pages d’écriture, sans qu’il soit besoin de renouveler une consommation prise la matin et dont la tasse refroidit jusqu’au soir. 


PARIS INSOLITE de Jean-Paul Clébert, éd. Attila

« Le livre le plus étonnant, le plus vivant, le plus Mystères de Paris qui soit éclos depuis les vagabondages d’un Gérard de Nerval. »
René Fallet, Le Canard enchaîné, 08 10 1952

« Une purée déconcertante et féérique »
Kléber Haedens, Paris Presse, 21 10 52

« Un récit de voyage où tout est vrai, même la légende. Et qu’importe ? »
Georges Arnaud, Arts, 29 11 52