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30/11/2020

Anouilheries #1

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- On connaît toujours trop de gens. D’ailleurs, j’ai horreur des histoires de noyés. Votre pauvre oncle nageait comme une clé. Il s’est noyé sept fois. Je l’aurais giflé. 

Anouilh, « Le bal des voleurs » (illustration : Eduard Thöny)

 

09:10 Publié dans où je lis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : anouilh, thöny, noyade

29/11/2020

Remise à niveau (english) # 137

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26/11/2020

G.

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- T'es sur un truc, en ce moment ?
- On est même deux.
- Et ça donne quoi ?
- On appelle ça "une cordée".

 

25/11/2020

Dialogue en chantier

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- Faudra qu'on reparle de cette année 2020...

- Tu crois ?

- Oui.

- Ah, O.K...

 

24/11/2020

Remise à niveau (english) # 136

english

 

22/11/2020

AU-DELÀ DE CETTE LIMITE

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magie pas perdue pour tout le monde

vengeance encore tiède

train qui arrive à l’heure

pour l’homme sans montre

mais qui l’emmène dans la mauvaise direction

j’écris cela

est-ce que je prétends

connaître

la bonne direction

pour qui que ce soit ?

 

"Anges profanes"

 

21/11/2020

Un peintre, deux écrivains

Passage terrible dans “ Rencontres avec Bram Van Velde ” de Charles Juliet : 

Je lui parle d’un garçon que je connais, qui admire des écrivains et des peintres qui se situent aux antipodes, dont la démarche n’a rien de commun.

La réponse jaillit sur-le-champ :

- Ça montre combien sa tête est loin de son œil. ”

Juliet,Djian,Van Velde,peinture

Bram Van Velde = LE lien (le seul ?) entre Juliet et Djian. Tout deux lui ont consacré un livre. À ma connaissance, cela n’a jamais été souligné par les critiques.

 

19/11/2020

Qui reviendre ?

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" - J'ai l'impression de rêver...

- Moi, de me réveiller... On ne se rencontrera jamais dans ces conditions-là..." 

"Un revenant" (1946), premier film de fiction tourné à Lyon (dialogues de Jeanson)

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18/11/2020

"ANGES PROFANES" (Préface)

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Je ne vous referai pas le coup, non.

Je ne vous rejouerai pas cette scène mythique où Charles Bukowski raconte  – dans la préface de Ask the Dust – comment un jour, en sortant au hasard un bouquin des rayonnages de la Bibliothèque Municipale de Los Angeles, il est tombé amoureux de l’œuvre de John Fante. Non, je ne vous referai pas ce coup-là. Même si... Allez, je dois bien l’avouer : j’ai toujours trouvé que cette préface était l’une des plus belles du monde. Elle me revient en mémoire à l’instant où m’incombe la lourde tâche de glisser ici-même quelques mots d’introduction à cette édition complète des Anges Profanes. Rien d’étonnant à cela, en définitive.

D’abord, parce que moi aussi, j’étais encore assez jeune et toujours affamé lorsque je découvris, au début des années 2000, la poésie de Frédérick Houdaer ; une arme de destruction massive qu’il arborerait quelques années plus tard par un tatouage en forme de peinture de guerre sur le bras – à défaut de perdre une main comme un autre Frédéric[1]. Ensuite, de l’or et de la passion, j’en cherchais également à cette époque dans toutes mes lectures. Et il arrivait que j’en débusque parfois chez quelques poètes américains du siècle dernier que je faisais sortir en douce des bibliothèques lilloises pour leur faire prendre l’air enfumé de mon meublé. Mais cela ne me suffisait pas. J’avais envie d’autre chose. J’ai toujours considéré que la littérature était un seul pays, une même nation. C’est la raison pour laquelle je me moque des frontières. Mais jamais des racines ou des héritages des individus. Voilà pourquoi, je cherchais cela aussi autour de moi. Parmi mes contemporains. D’aucuns me disaient pourtant que la poésie en France, c’était fini. Qu’elle n’avait plus lieu d’être, plus rien à dire sur le monde ou sur nos vies. Et que le poète-travailleur rêvé par Guillevic, préoccupé par les problèmes du présent, avait disparu depuis pas mal de temps déjà de nos tablettes et de nos écrans.

Un poète français, rien que le fait de prononcer ces deux mots ensemble, suffisait à terrifier ma voisine de palier. Un poète français. Le dernier héros romantique d’un imaginaire en noir et blanc. A cheval entre la Nouvelle Vague et le Nouvel Hollywood. Un poète français né avec les années 70, la pop culture, la musique, la bande-dessinée et les films mais qui se souviendrait malgré tout de Villon, d’Apollinaire et de Baudelaire. Un poète français qui n’aurait peur, ni d’évoquer le 11 Septembre 2001 derrière des lunettes de soleil sur la plage de Dunkerque, ni d’employer les mots Playmobil, VHS ou Nutella  dans un de ses poèmes. Vous voyez un peu le truc ? What the hell ! Bon sang, un poète français, c’était trop demander ?

Et puis un jour, je l’ai fait. Je me suis hasardé dans la section poésie française de ma bibliothèque de quartier, rayon nouveautés. J’ai sorti un livre. Je l’ai ouvert et c’était ça. Frédérick Houdaer. Prononcez Hou-Dar comme Dard, le grand Frédéric, le père de San Antonio – tiens, encore un autre Frédéric, décidément…

 

Frédérick Houdaer n’était pas passé par l’école buissonnière de la poésie mais par celle de la rue. Il maîtrisait les codes du polar et transmettait avec passion et en bon artisan de la fiction, les règles du récit dans le cadre de ses ateliers d’écriture. Il était né en 1969 à Paris mais Paris ne s’en souvenait plus. Il avait exercé différents métiers avant de devenir l’auteur de plusieurs romans inspirés par les vies en marge qui peuplent les faits-divers. Et aussi étonnant que cela puisse paraître, le voici qui déboulait dans le vers libre comme un chien loup dans un jeu de quilles après une résidence à Montréal où cette fois, il s’était juré d’écrire autre chose qu’un roman.

Sa poésie enneigée semblait facile d’accès mais elle montrait tout ; n’épargnait rien, ni personne. En revue : les petits renoncements et les lâchetés ordinaires, les relations de couple et leur lot d’accidents domestiques, tout autant que la vie sociale de l’écrivain en proie aux affres de la création, à l’hypocrisie et aux mesquineries d’un milieu littéraire rarement dépeint avec autant de lucidité. Poème après poème, on ressentait une envie farouche d’en découdre avec le réel, de nous faire visiter les coulisses, de tout déballer dans une forme courte, mordante, souvent drôle et sans concession. Sans parler de cette manière si culottée d’injecter à une poésie narrative, toute l’énergie du roman noir ; à commencer par l’emploi d’un langage trivial pour décrire la gravité des situations. Une observation minutieuse de notre quotidien dans un style direct et flamboyant ; une écriture féroce, tantôt crue ou roublarde mais toujours libre. Humaine, bien trop humaine. Une poésie de genre, en somme. Qui frappait là où ça fait mal. Parfois même, en dessous de la ceinture. Tout en cherchant une échappatoire, une fin grandiose, un passage secret vers un âge d’or, celui de l’enfance et de son innocence perdue. 

Tant et si bien que lorsqu’on se rencontra pour la première fois, Frédérick Houdaer me fit penser d’emblée à Franck Poupart, le beautiful looser incarné au cinéma par Patrick Dewaere dans le film Série Noire d’Alain Corneau. Comme lui, il possédait la folie douce d’un Jim Thompson. Poétisait sur la banlieue et les paysages urbains comme Georges Perec. Tout en philosophant sur l’art, l’amour et l’amitié à la manière d’un Leonard Cohen. Mais revenons à nos anges, si vous le voulez bien.

Angiomes sortit en 2005 à la Passe du Vent. Puis, ce fut le tour d’Engelures, cinq ans plus tard. Enfin, Engeances, vit le jour en 2012. Soit, trois recueils en 7 ans. 225 poèmes au total. Un projet que l’auteur avait conçu dès le départ comme un premier triptyque. Celui des « Anges Profanes »[2]. C’est cette édition complète que vous tenez aujourd’hui entre les mains. Je vous promets que vous y trouverez de l’or et de la passion mais aussi tout un tas d’autres choses qui ont secoué le petit monde de la poésie qui en avait bien besoin. Ces instantanés sont un régal de lecture. Un vrai manuel de survie bourré de conseils utiles en milieu hostile et de gestes qui sauvent.

 

On y croise en outre, des figures amies : Richard Brautigan, Patrice Desbiens, etc. Ne passez pas à côté de ces pépites. Je vous en prie, ne boudez pas votre plaisir.

Le temps passe et il y aurait encore tant de choses à dire sur Frédérick Houdaer car l’écrivain ne s’est pas arrêté là. Il a ensuite fait souffler un vent nouveau dans le ciel littéraire hexagonal – d’abord comme directeur de collection puis comme éditeur – ainsi que dans les lectures de poésie de son fameux Cabaret Poétique sur la scène du Périscope à Lyon où durant de longues années, il a permis à un large public d’écouter de jeunes poètes comme de redécouvrir les grands oubliés.

Mais ceci est une autre histoire.

Allez, vous avez assez attendu comme ça. 

Maintenant, comme dirait l’autre, ces poèmes sont à vous.

Ils sont merveilleux.

Profitez-en.

  

Jean Marc Flahaut16 Mars 2020.

 

[1] J’évoque bien entendu ici, Frédéric Sauser dit Blaise Cendrars, poète à la main coupée.

[2] Frédérick Houdaer est aussi l’auteur d’un second triptyque poétique dit "anglo-saxon" (No Parking No Business - Fire Notice - Pardon my french)

anges profanes,flahaut