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18/12/2013

Où l'on continue de parler de "FIRE NOTICE"

" Quand y a-t-il poésie ?

Dès qu'il y a langage ? Dès qu'il y a écoute ? Dès qu'on le décide ?

Dès qu'il y a un peu de tout cela sans doute, et dans des proportions que je ne m'aviserai pas de démêler, la tâche étant au-dessus de mes capacités.

Par contre, j'affirme que dans Fire Notice de Frédérick Houdaer il y a poésie. Sans rime, sans ponctuation presque, sans lyre, sans vers ou alors en ombres, poésie quasi nue, mais poésie. Pourquoi ? Parce qu'il y reste le langage, et que cela suffit pour être au cœur d'où ça pulse.

Mais langage avec quelle façon ? Eh bien, en surface à la façon moderne, c'est-à-dire sans manières, j'ai envie de dire sans chichis, langage offert un peu comme un apéritif à des amis qui passent, pour parler de tout et de rien, de la vie comme elle va, de la magie, de la souris de l'ordinateur, de tatouages, du catalogue de La Redoute, de forains aux portes de la ville, en vrac tout ça, en coq-à-l'âne assumé aussi parfois, avec, quand les sujets, les références, deviennent plus graves, mille pudeurs, délicatesses, je le répète, exactement comme avec des amis. Et en profondeur ? Ah, là, du classique ! Car c'est rien de moins qu'un recueillement qui nous est proposé, comme depuis toujours et jusqu'à récemment encore avec les vrais poètes. Le langage comme naissance du monde et de soi. Départ et fin, terminé, tout est dit. Mais attention ! Là encore sans appuyer ! Comme si de rien n'était. À vous de voir, vous êtes du voyage ou vous restez à quai, vous avez le droit de mourir sans avoir vécu.

Un petit moment entre amis pour sans façon prier, le café du village transformé en église, voilà la poésie de Frédérick Houdaer.

On en a bien besoin. "

Marc PELLACOEUR

 

Tout savoir (et commander) "FIRE NOTICE"

 

 

 

 

13/10/2013

Pourquoi publier de la poésie ? # 1

 

C’est la question que je me suis posée un peu plus intensément ces derniers jours, après avoir renoncé à publier un(e) poète(sse) au dernier moment (le re-travail sur le manuscrit avait été fait, les contrats étaient prêts).

Pour commencer à y répondre, j’ai envie d’évoquer une expérience marquante dans mon petit parcours éditorial. L’anecdote (aussi cruelle que fondatrice pour moi) remonte à ce jour où, au terme d’une aventure éditoriale de presque quatre ans, je cessai de m’occuper d’une collection de romans francophones chez un petit éditeur (les éditions A plus d’un titre). L’aventure prenait fin pour moi, pour des raisons strictement personnelles, sans rapport avec le relatif insuccès des huit titres que j’avais sortis (un seul avait rencontré son public, « Les ruines de la future maison » d’Hélène Dassavray, critique élogieuse dans le Canard Enchaîné, premier tirage de 1500 ex. épuisé… le Pérou).

L’aventure prenait donc fin et j’essayais de faire un bilan en présence de certains des auteurs que j’avais défendus. Si j’avais sans doute commis des erreurs, je n’avais aucun regret (n’avais-je pas aidé à la parution de deux ouvrages aussi formi-formidables et opposés que « Aux vents » de M.Pellacoeur et « Shopping Bang Bang ! » du tandem Flahaut-Labedan ? J’en étais et en suis toujours fier). J’étais - cette fois - également convaincu que publier des romans dans la petite édition était une mission vaine (pour des raisons que je ne développerai pas ici),  qu’il y avait autre chose à faire dans la petite édition. Alors que je dressais ce bilan à voix haute, j’ai lâché comme une évidence que, de toute façon, n’ayant jamais gagné le moindre euro dans cette aventure, je n’avais jamais raboté ma liberté d’initiative, etc, etc.

Je me suis sans doute écouté parler à cet instant, et n’ai pas tout de suite compris la réaction des personnes autour de moi. Je ne l’ai pigée que plus tard. J’ai pigé que certains de mes proches ne m’avaient tout simplement… pas cru quand j’avais rappelé ne pas m’être fait un centime dans l’histoire.

Et alors, me  direz-vous ? Et alors, je crois que c’est l’un des souvenirs les plus cuisants de ma vie. Que de nombreux auteurs ignorent la réalité économique de la petite édition, c’est une chose (même si je leur trouve de moins en moins d’excuse). Que des proches me méconnaissent à ce point en est une autre (voir "Fire Notice" pge 26).

Aujourd’hui, grâce au soutien de Jean-Marc Luquet, c’est la poésie que je veux défendre au Pédalo Ivre. Pas n’importe laquelle. Dans le jeu des sept familles de la poésie, il y en a deux qui me tiennent particulièrement à cœur (lesquelles ? Ben, lisez ce qui est déjà publié au Pédalo Ivre pour vous faire une idée). Et il y a beaucoup, beaucoup de choses à faire (des éditeurs aussi remarquables que Les Carnets du dessert de lune, Gros Texte, Les Etats Civils, Le Pont du Change, Pré Carré, Color Gang, La Passe du Vent, Cousu Main et quelques autres ne peuvent y suffire).

Les enjeux financiers de la poésie étant à peu près nuls, j’ai cru pouvoir avancer sur un terrain relativement déminé. Erreur. Bien sûr, il y a les egos. Mais je n’ai jamais craint les egos un peu forts, du moment qu’ils s’accompagnaient d’une véritable générosité, d’une prise de risque authentique.

Je publie donc des poète(sse)s, pas des princes(sses) au petit pois. Des gens qui prennent et qui donnent, pas ceux qui se croisent les bras au bord de la piscine, pas ceux qui sortent de la cuisse de Jupiter (qu’ils y retournent). Exit, les petits malins qui n’ont jamais lu un titre publié au Pédalo Ivre et qui m’envoient leurs z’œuvres en pièce jointe sans me demander si je ne préfèrerais pas une version papier.  À cette engeance, je dis simplement : je ne suis pas là pour vous servir.

Bref, donc, en résumé, au milieu des derniers hommes et des princesses au petit pois, pourquoi publier de la poésie ? Pour prouver que la vie est autre chose qu’une course de rats. Mais peut-être que j’ai tort, peut-être que c’est Ptiluc qui a raison.

 

Ptiluc.png


Mauvais exemple... À bien y réfléchir, je pense avoir trouvé beaucoup de poésie, gamin, dans les B.D de Ptiluc.