03/05/2016
Lettre de Michaux à Claude Gallimard, 17 janvier 1984
" Cher ami,
Je dois - cela va sans dire - vous remercier de votre proposition, qui témoigne hautement de l'attention que vous accordez à mes écrits. L'année dernière déjà dans votre bureau il avait été question de La Pléiade à quoi je vous répondis que cela n'était pas pour moi: en tant que distinction, d'abord, que je préfère éviter, parce qu'elle ferait de moi définitivement un professionnel au lieu de l'amateur que je préfère être et demeurer.
La raison majeure est qu'il s'agit dans les volumes de cette prestigieuse collection d'un véritable dossier où l'on se trouve enfermé, une des impressions les plus odieuses que je puisse avoir et contre laquelle j'ai lutté ma vie durant.
Me libérer de quantité de pages d'autrefois, retrancher, réduire au lieu de rassembler, voilà quel serait mon idéal, au lieu de l'étalement de tous mes textes, qui à coup sûr me dégoûterait et à brève échéance me paralyserait.
Je veux me persuader que j'en ai dit suffisamment pour éclairer et justifier ma décision et vous demande de bien vouloir ne plus songer à ce projet.
Agréez, je vous prie, l'expression de mes sentiments de grande considération et d'amitié. "
H. Michaux
10:09 Publié dans où je lis | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : michaux, henri michaux, gallimard, donc c'est non, la pléiade