29/11/2023
"Mais naturellement..."
- Cesare, excuse-nous, je crois qu’hier, nous t’avons pris pour un milliardaire.
- Mais naturellement, c’est la moindre des choses ; chers amis, je serai toujours tout ce que vous voudrez, assura Silvagni en leur ouvrant les bras.
Plusieurs siècles de raffinement, des années de Légion, quelques minutes d’égarement ; l’amour des livres poussé jusqu’à en écrire ; un sens proliférant des mots superbes et des images crues, images de peintre ; une jovialité courtoise et désabusée, enracinée dans une surprenante rigueur morale, et beaucoup d’autres traits burinés par toutes sortes de macérations, composaient un personnage aristocratique et aventureux de Grand d’Italie, comme on est Grand d’Espagne, aux rides totalement dépourvues d’austérité. Il frotta l’une contre l’autre deux longues mains fines, alourdies de chevalières aux armes de diverses familles princières.
- Le vin est frais, ce matin, trop froid pour mes vieux os. Vous seriez de saints et dignes frères si vous consentiez à m’accompagner durant un verre ou deux. Jean, s’il vous plaît ?
Antoine Blondin, Monsieur Jadis
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15/11/2023
"... comme Cadet Rousselle...
Monsieur Jadis, comme Cadet Rousselle, avait trois maisons : l’une où ses enfants dormaient avec leur mère ; une autre où sa compagne dormait avec son mari ; la troisième où sa mère dormait avec son accordéon. Mais il en habitait, le plus souvent, une quatrième où tout le monde dormait avec tout le monde, car celle-ci, la seule où il disposât d’une clef, généralement pendue au tableau, était un hôtel sur le quai Voltaire où il lui arrivait de s’enfermer à double tour pour mieux poser sur les paysages de son enfance le regard d’un homme libre.
Antoine Blondin, Monsieur Jadis
04:55 Publié dans où je lis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : blondin, antoine blondin, monsieur jadis, cadet rousselle
07/11/2023
"Si je n’avais été aussi retardé en calcul..."
Ma mère n’avait jamais été hostile à un joli visage d’enfant dessiné par la bagarre. A la lecture des cicatrices, elle distinguait toutefois ceux qui donnent les coups de ceux qui les reçoivent et trouvais que j’appartenais trop souvent à la seconde catégorie. Si je n’avais été aussi retardé en calcul, elle m’aurait certainement fait prendre des leçons de boxe.
Antoine Blondin, Monsieur Jadis
10:55 Publié dans où je lis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : blondin, antoine blondin, fallet, rené fallet, monsieur jadis