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24/09/2025

"Pourquoi..."

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Jogging le long de la plage havraise. Je croise plusieurs couples repliant-démontant leur cabane, le coeur lourd. Le ciel est chargé et sublime. Un pur chaos d'équinoxe. Et, je ne sais pas pourquoi, me reviennent ces quelques lignes lues récemment dans ce remarquable ouvrage (lignes qui trouvent un écho dans les statuts d'amis auteurs sur facebook évoquant la réalité des chiffres dans le paysage éditorial hexagonal) :
 
"Si vous prêtez une oreille attentive à ce qui se passe outre-Atlantique, vous le savez. Là-bas, les écrivains écrivent. Et ils le font jusqu'au bout : Asimov, Herbert, K.Dick (...) ont emmené leur machine à écrire dans la tombe...
(...) Quand une nouvelle génération d'écrivains prend son envol, aux Etats-Unis elle n'est pas seule face aux lecteurs, ni déjà un peu oubliée, grâce à des éditions régulières. Une bonne partie des auteurs des générations précédente (...) est toujours là - toujours active. Les connexions, les filiations s'établissent naturellement entre les anciens et les nouveaux. Les écoles sont durables (à tout le moins, peuvent l'être). (...)
Pourquoi certains écrivains révélés par les pulps dans les années trente continuèrent-ils d'écrire ? Parce que c'est leur boulot. Parce qu'ils gagnent leur vie avec ça.
Pourquoi en France les auteurs même importants s'effacent-ils au bout d'un moment ? Parce que ce n'est pas un boulot et qu'il est excessivement difficile de gagner sa vie en écrivant à plein temps, dans le marché contraint de l'imaginaire en francophonie."
 

30/09/2009

BARDAMU CHEZ LES ELFES

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Il était une fois un genre littéraire aussi mésestimé en France que l’Héroïc-Fantasy. Dans ce domaine (comme dans celui de la S-F), on pouvait compter sur les éditions des « Moutons électriques » pour nous faire rattraper le temps perdu. Gageons qu’avec ce « GAGNER LA GUERRE », premier roman de Jean-Philippe Jaworski, la barre a été placée très haut.

Soit Benvenuto Gesufal, assassin émérite de la Guilde des Chuchoteurs de son état, maître espion de son Excellence le Podestat de la République de Ciudalia en sus. Voilà notre (anti) héros qui ne trouve rien de mieux à faire que de… vomir, dès la première page. La navigation maritime ne lui profite pas. « Beauté des horizons changeant et souffle du grand large ? Foutaises ! La mer, c’est votre cuite la plus calamiteuse, en pire et sans l’ivresse. » Une pareille entrée en matière est pour le moins inusitée en Héroïc-Fantasy. Jaworski sait donner le ton. Son style à la crudité très travaillée ne tombe jamais dans l’exercice de style médiéval. Pour les besoins de l’ouvrage, Jaworski n’a pas hésité à élaborer un argot original.

Pour résumer, le personnage de Benvenuto Gesufal est une sorte de Ferdinand Bardamu plongé en pleine « Tolkiennerie » (on songe aussi au Capitaine Alatriste, la plume de Jaworski égalant largement celle de Pérez-Reverte). Les complots politiques sont de règle, dans un monde « imaginé » extrêmement crédible. La République de Ciudalia ? On songe autant à Florence qu’à Venise. Le livre s’ouvre d’ailleurs sur un extrait du « Prince » de Machiavel !

« Gagner la guerre », grâce à son univers riche et cohérent (ni débauche de magie ni anachronisme facile, une gouaille qui fait mouche entre deux adresses au lecteur), convaincra les réfractaires au genre « Héroïc-Fantasy » et surprendra les aficionados de Tolkien (ou mieux, de Gene Wolfe).

Frédérick Houdaer

 

« Gagner la guerre »

de Jean-Philippe Jaworski

Les Moutons Électriques Éditeurs

688 p., 28€

ISBN 978 2 915793 64 2