28/01/2014
Premières planches
" je déroule ma scène
un tapis Ikea 125 X 195 cm
je n’ai pas purifié l’emplacement
en l’inondant d’un mélange de bouse de vache
d’eau
et de boue
le metteur en scène ne m’a pas poussé jusque là
il ne se prend pas pour Peter Brook à ce point
quant à l’auteur
il parle d’un lieu neutre
de trois portes semblables
de personnages déjà en scène
à tricoter et à jouer aux cartes
c’est comme ça qu’Anouilh plante le décor
il rajoute aussi que le Prologue se détache
et s’avance
alors je me détache
et m’avance
pour déclamer mon monologue
trois pleines pages à dire
à articuler
pour annoncer le programme de la pièce
pour tuer tout suspense
le drame ne comporte pas le moindre épisode comique
Antigone s’appelle Antigone
et il va falloir qu’elle joue son rôle jusqu’au bout
les pestateurs doivent s’attendre
à plus d’une heure de pestacle
sans pouvoir respirer
personne ne sortira vivant
de la pièce
le public reste froid
face à mes annonces
est-ce bon signe ?
mon message est-il bien passé ?
au moins mes parents
ne se sont pas déplacés
des profs baillent dans la salle
quand j’évoque le titre princier d’un personnage
qui ne lui donne que le droit de mourir
je vais au bout
finis les présentations
sans oublier personne
présente même les types rougeauds
qui jouent aux cartes
les gardes
pas de mauvais bougres
même si tout à l’heure
ils vous empoigneront tranquillement les accusés
je retourne dans les coulisses
où une apprentie comédienne me lâche
on a cru que tu finirais jamais
mais pour le reste
t’étais bien
t’étais audible "
extrait de "NO PARKING NO BUSINESS" (à paraître en mars aux éditions Gros Textes)
17:48 Publié dans a.2) MES TEXTES, planches | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : jean anouilh, antigone, no parking no business